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21/08/2014

Economie famélique, finance obèse, Hollande impotent

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Dans son entretien au Monde (21/08), le président de la République se répand en souhaits démentis par la stratégie de Gattaz & C° : 


 

On lui demande : « Le patronat joue-t-il le jeu du pacte de responsabilité ? » Il répond : « Le pacte, c'est un contrat dans lequel chacun doit respecter ses engagements ; le gouvernement a tenu les siens. […] Les syndicats qui ont fait le choix d'adhérer au pacte ont obtenu qu'il y ait des contreparties en termes d'emplois. J'attends donc du patronat qu'il aille jusqu'au bout de la logique du pacte, qu'il utilise pleinement les moyens du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi [CICE] pour investir et embaucher et non pour distribuer des dividendes ou formuler d'autres revendications. »

Or que fait le patronat, le grand, celui qui hypnotise M. Hollande ? Il répond sèchement que le pacte ne créera pas d'emplois. Et il inonde les actionnaires de dividendes.

Jamais les aides publiques aux entreprises n'ont été aussi élevées, soi-disant « pour relancer l'investissement et l'emploi ».  Atteignent-elles ce but ?

Quant à l'emploi, c'est non : à la question « qu'avez-vous fait du CICE ? », la PDG d'un groupe de 1500 salariés répond : « Nous développons nos usines à l'étranger » (Libération 18/08).

Quant à l'investissement, c'est non également : au deuxième trimestre, l'investissement des entreprises a reculé, mais le montant des dividendes distribués aux actionnaires par des firmes françaises s'est enflé jusqu'à 40,7 millions de dollars : une hausse de 30,3 % par rapport à 2013, très loin devant le Japon (18,5 %) et le reste de l'Europe (18,2%) !

Cet obscène arrosage d'actionnaires – dans des régions du monde en grave crise – montre ce qu'est le système né du putsch ultralibéral des années 1990 : un casino financier qui snobe l'économie réelle... « On vit dans une économie casino », confirme le professeur d'économie Benjamin Coriat (Paris-XIII) : « L'Europe, qui a le taux de croissance le plus faible de la planète et un chômage record, distribue à elle seule 40 % des dividendes mondiaux à ses actionnaires ! L'Europe agonise économiquement, et la finance, elle, se porte à merveille. » [*]

Parmi ce système global, les grandes firmes françaises – spécialement le secteur banque-assurance – sont l'exemple le plus joyeux. Elles distribuent aux actionnaires infiniment plus que celles des pays voisins. Ces largesses de firmes surviennent alors qu'elles ont touché la première tranche du CICE, censé leur permettre d'investir et d'embaucher.  Et le chômage ne cesse d'augmenter ! Sachant que le CICE est financé en partie par la hausse de la TVA sur les ménages, on devine l'ampleur du problème... et la colère prévisible de l'opinion ; une colère, cette fois, qui ne se laissera pas coiffer d'un bonnet rouge par les amis de M. Gattaz.

On ne peut qu'approuver Pierre Larrouturou déclarant à la presse : « Il faut revenir sur ce pacte mal pensé, mal orienté. Il est outrageant de donner de l'argent aux multinationales qui font déjà des profits phénoménaux. On ferait mieux de donner de l'argent à la recherche, au logement, à l'emploi... »

 

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[*] Libération, 20/08. Seuls les prédateurs (et quelques benêts) continuent à professer ''l'effet de ruissellement'' : axiome de business-school selon lequel les dividendes aux actionnaires profiteraient à l'ensemble de l'économie, donc de la population... Ce mensonge est qualifié d'opinion grossière et naïve par le pape François dans l'exhortation apostolique La joie de l'Evangile, § 54 : « cette opinion, qui n'a jamais été confirmée par les faits, exprime une confiance grossière et naïve dans la bonté de ceux qui détiennent le pouvoir économique et dans les mécanismes sacralisés du système économique dominant. » C'était un coup de crosse pontificale. Mais les « grossiers naïfs » (même parmi les papistes professionnels) ont fait mine de ne pas l'avoir reçu.

 

 

 

économie,françois hollande

 

 

Commentaires

LES RACHATS D'ACTION

> Outre ces distributions de dividendes littéralement obscènes, tout spécialement dans les circonstances présentes, on n'oubliera pas également l'utilisation d'une partie toujours plus importante des profits des entreprises, en vue de rachats massifs d'actions sur le marché secondaire, pour faire augmenter mécaniquement la valeur des actions, au bénéfice des actionnaires - au détriment des réinvestissements dans l'entreprise, et accessoirement d'un éventuel intéressement des salariés aux bénéfices -.

Vu l'ampleur et l'impact de ce qui s'apparente à un essorage ou une mise en coupe (dé)réglée de l'économie de notre pays, les cadeaux sans contre-partie consentis aux plus grosses entreprises s'apparentent toujours davantage à une redistribution inversée (prendre aux pauvres pour donner aux riches, une forme très aboutie de la lutte des classe), et à un "cancer de l'assistanat" puissance dix.
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Écrit par : jwarren / | 21/08/2014

PACTE DE RESPONSABILITE

> Heureusement que ce n'est qu'un pacte de "responsabilité", je me demande ce que serai un pacte d'irresponsabilité.
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Écrit par : Aurélien Million / | 21/08/2014

CHARISME DES HUÎTRES

> Sur un site, commentaire sous un article consacré à V. Poutine (il faut reconnaître que c'est souvent assez bas de plafond, mais là, j'ai trouvé que l'internaute avait le sens de la (des) formule(s)) :

"Poutine est "autre chose, quelqu'un d'autre", en effet. Un leader. Dans "chef d'Etat", il y a "chef". On élit un patron d'exécutif, pas un vendeur de voitures électriques. Le maréchal Foch disait "j’aime mieux une armée de moutons commandée par un lion qu’une armée de lions commandée par un âne". Mais aujourd'hui, le pays occidental moyen, c'est une armée d'ânes commandée par un protozoaire.

L'incarnation du pouvoir à la nouvelle manière occidentale, c'est une statue de cire, au regard presque aussi expressif que celui d'une huître et en perpétuelle quête de consensus mou. Hollande, Merkel, Cameron, Obama, Renzi, Di Rupo, ouah! Quel charisme! Quelle envergure! Quelle stature! Vite, mes lunettes de soleil! Pas la peine de réfléchir longtemps pour comprendre en quoi Poutine attire l'attention."
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Écrit par : Feld | 21/08/2014

MÉLANGE

> En plus, le gouvernement mélange les genres et les intérêts: illustration de ce mélange et de ses dangers. Les nationalisations ont parfois du bon, mais elles rendent l'Etat juge et partie! Dans ce cas, il devient protecteur d'intérêt foinancier auxquels il est lié.

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2014/08/24/20002-20140824ARTFIG00134-emprunts-toxiques-les-collectivites-furieuses-contre-le-gouvernement.php
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Écrit par : Pierre Huet / | 25/08/2014

BUZZ ATLANTIQUE

Témoignage lu sur Atlantico :
http://www.atlantico.fr/decryptage/dur-retour-realite-entrepreneur-revenant-vacances-aux-etats-unis-denis-jacquet-1719209.html/page/0/1

Les considérations de cet "entrepreneur" en vacance aux Etats-Unis recoupent (au moins en partie) celles de personnes que je connais, qui ont visité le pays ou qui y ont étudié… Je dois avouer mon trouble: le rêve américain, pas tout à fait mort ?
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Écrit par : Feld / | 26/08/2014

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