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17/07/2014

Conversion d'un libéral au réalisme ?

 économie,libéralisme

L'universitaire-banquier Lorenzi fait des constats

à réveiller les somnambules :

 


Le dévoiement ultralibéral des années 1990 est dans l'impasse en 2014. Il empêche même de voir que c'est une impasse : les mal-voyants disent que ça va mal parce qu'on paie trop d'impôts. Les aveugles disent qu'on paie trop d'impôts à cause du ''soviétisme d'Etat'' français, ou du ''communiste'' Obama... On lit encore ce genre de choses sur les sites de la droite-fière-de-ses-valeurs (et qui ferait mieux de consulter un ophtalmologiste).

Mais si vous vous intéressez au réel, lisez Un monde de violences – L'économie mondiale 2015-2030, de Jean-Hervé Lorenzi et Mickaël Berrebi (Eyrolles). Lorenzi, de chez Rothschild, est un ex-Paribas, ex-enseignant à Dauphine, président du Cercle des économistes, membre du cercle écolophobe de Claude Allègre : carte de visite d'une cohérence impeccable... et pourtant le livre est instructif. Il prend acte des réalités du système : vieillissement des populations, fossé croissant entre riches et pauvres, désindustrialisation des pays occidentaux, épuisement de ressources vitales comme l'eau, ''déconnexion'' (euphémisme) entre économie réelle et casino financier, résistance victorieuse du système à l'encontre de toute tentative de réforme... ''Un cinquième seulement des réglementations promises dans ce domaine sont aujourd'hui en place'', reconnaît Le Monde (17/06) : ''l'afflux de liquidités créé pour combattre la crise est ainsi en grande partie gaspillé, alors que le vieillissement de la population va conduire à une baisse du taux d'épargne et à un assèchement tendanciel du capital dans les prochaines années.''

Tous ces faits sont imputables en dernière instance au système ultralibéral, et non à un ''étatisme'' – qui n'existe qu'en France et à l'état résiduel, alors que l'impasse systémique concerne l'ensemble des pays occidentaux.

Que propose Lorenzi, pourtant libéral bon teint ? 

...''Dompter la rente'' [1]  !

...Instaurer ''une taxe mondiale'' [2]  !

Le diable est dans le beffroi. Si les dogmaticiens du libéralisme en viennent aux hérésies, c'est que l'heure est grave.

 

__________ 

[1] ici le lecteur libéral tombe en syncope. Y compris le libéral catholique... Lu sur un site pieux : « L'Eglise elle-même a désormais un rapport décomplexé à l'argent.'' Or le site s'orne d'une grande photo du pape François, auteur de la plus radicale dénonciation de l'idole Argent ! Ces cathos applaudissent le pape pour couvrir le son de sa voix.

[2] Ici la femme du lecteur libéral appelle le Samu.

 

 

 

économie,libéralisme

  

Commentaires

ACCORD

> Libéralisme et "soviétisme d'état" peuvent très bien s'accorder...
Le mode règlementariste peut-être très avantageux - car il ne va par définition jamais au fond du problème, au fond du drame et des vraies décisions, "on règlemente" - pour les grandes multinationales qui peuvent se payer les experts juridiques et les lobbyistes. Le mode de gestion par les taxes peut aussi masquer un certain immobilisme à prendre de vrais parti pris et construire des lois simples et vraiment contraignantes pour les entreprises sur des points essentiels écologiques notamment.
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Écrit par : Chris / | 17/07/2014

FAUSSE ET VRAIE FAÇON DE POSER LE PROBLÈME

> Chris a raison. La ligne de partage ne passe pas , ou pas seulement, par la question des règles. Dans la folle avancée libérale, il y a une débauche de règlementations qui cause une exaspération qualifiée de "poujadiste" genre Bonnet Rouges, quitte à ce que celle-ci soit récupérée.
Rappel: code du travail: 3000 pages!
Nombre de lois et décrets en application: plus de 100000.
C'est un processus de dégradation de l'Etat en administration. C'est aussi un résultat de la société maternante dénoncée par J.C. Michéa. L'indivdualisme libéral se défend et produit une débauche de Droit et de droits contradictoires.
Et d'interdits! Il est obligatoire d'interdire! Savez-vous qu'on n'a plus le droit d'appeler "Tête de nègre" la grosse meringue enrobée de chocolat?

PH


( PP à PH :

Pardon, mais c'est un faux débat. Et cette fausseté même dans la position du problème, est le ressort de la propagande libérale.
Car la question réelle n'est pas : "combien y a-t-il de règles".
La question réelle est : QU'EST-CE QUON RÉGULE.
Moins on régule le casino financier,
plus on harcèle la vie quotidienne et professionnelle des simples gens !
C'est la logique de l'ultralibéralisme, aggravée par la manie bureaucratique française. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre Huet / | 17/07/2014

@ PP

> Ah mais bien sûr! je n'ai pas dit le contraire.
Il n'empêche que la critique du libéralisme ne doit pas occulter celle du harcèlement administratif.
Le débat n'est quand même pas si faux que cela car comme Chris le signale "ceux qui peuvent se payer les experts juridiques et les lobbyistes" sont avantagés, les autres pénalisés, voir ce qui se passe dans l'agriculture et l'alimentaire.
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Écrit par : Pierre Huet / | 18/07/2014

UNE ÉNORME BLAGUE

> Franchement,je ne suis pas convaincu. Je travaille dans une TPE de 4 personnes, gérant compris, depuis plus de 15 ans. Je suis censé crouler sous les règlements absurdes et kafkaïens, subir le harcèlement des inspections et l'impossibilité ubuesque de faire vivre l'entreprise, lutter chaque jour contre l'emprise d'une régulation aussi lourde que fluctuante...

Mais la vérité, c'est qu'avec mon patron nous avons créé la boîte en 15 minutes, que nous avons été contrôlé 3 fois en 15 ans (une fois l'inspection du travail, une fois les impôts, une fois la médecine du travail), qu'on rate régulièrement la visite médicale obligatoire parce qu'on a du boulot et qu'on n'y pense plus, et que l'année suivante personne ne nous dit rien, que les honoraires que nous réclame notre cabinet d'experts-comptables sont dérisoires et suffisent à résoudre tout l'administratif à la plus grande satisfaction de l'Etat...
Pour moi qui suis censé être dans l'antre de la bête, l'histoire des tentacules de l'administration ligotant les pauvres gens ardemment désireux de travailler est une énorme blague.

Cela dit, Pierre, je comprends que vous visez beaucoup plus loin, et je ne suis pas insensible moi non plus aux théoriciens de "l'envie du pénal". Je voudrais moi aussi, comme vous, qu'on légiférât beaucoup moins et beaucoup mieux, nous ne sommes pas vraiment en désaccord.
Mais les slogans sur la Marque Jaune étatique planant sur les honnêtes gens me paraît la plupart du temps, en effet, un épouvantail libéral caractérisé.
Je me souviens qu'il y a dix ans, la mode était aux exilés français dans des pays de langue anglaise qui sortaient en masse leur bouquin ou leur éditorial type BFM sur l'impossibilité de faire et de produire en France (il n'y a pas de mot en français pour dire "entrepreneur", pour parler comme Newsweek ou George W Bush).
La crise de 2008 nous a révélé que les brillants capitaines d'industrie français exilés à Londres n'y avaient bâti que du vent et que, balayés immédiatement par l'explosion de la bulle universelle, ils avaient su se faire discrets pour revenir mendier leurs prestations sociales en France.
Avançons une hypothèse : et si, dans un certain nombre de cas, nos exilés britons si honteux d'être français avaient échoué à monter leur boîte dans le Calvados parce qu'en fait d'entrepreneurs, ce sont des ratés, et pas à cause de l'Etat ? Comme Hollywood nous montre les Marines repoussant héroïquement les hordes extraterrestres pour nous faire oublier que, dans la vie réelle, ils perdent toutes les guerres ?
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Écrit par : Christian / | 18/07/2014

@ Christian

> Tant mieux! Cela dépend des secteurs d'activité, des lieux, peut-être du degré d'intelligence de tel chef de service.
Un de mes proches a galèré pendant des mois avec l'administration et l'ordre des médecins pour intégrer un cabinet médical prééxistant. Un autre, artisan, n'a jamais embauché dans son garage quand sa clientèle l'aurait justifié ayant vu à quoi ça le conduirait au moins théoriquement.
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Écrit par : Pierre Huet / | 19/07/2014

TOUT VA BIEN

> malheureusement, la conversion n'est pas le cas de tout le monde, voici une interview surréaliste sur l'euro et l'Europe:
tout est parfait en Europe ! elle a réponse à tout !

www.la-croix.com/Actualite/Europe/Tchat-euro-et-chomage-en-direct-avec-la-presidente-deleguee-au-Conseil-d-analyse-economique-2014-05-20-1153157

Grâce à La Croix, la bonne parole libérale se répand.
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Écrit par : E Levavasseur / | 31/07/2014

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