Logique politicienne

Pourquoi Mme Aubry ne veut pas des Picards  :

 

Le bon sens élémentaire, la proposition d'amendement PS, et le voeu des Picards (voire des Calaisiens), voudrait que la Picardie rejoigne le Nord-Pas-de-Calais plutôt que le puzzle Champagne-Lorraine-Alsace. Or Mme Aubry ne veut pas des Picards ! Non seulement elle n'en veut pas, mais elle explose de rage ! Elle menace : ''si elle n'est pas écoutée, elle prendra la parole pour de bon et pas seulement sur ce sujet'', fait-elle dire par ses proches (Le Monde, 17/07)... En clair : elle transformera en révolution la révolte des frondeurs du PS. Pourquoi cette colère ? Pour des raisons géographiques, historiques, économiques, administratives ? Non : pour une raison politicienne. Selon l'un des piliers de l'équipe Aubry (Bernard Roman, député du Nord et vice-président du conseil régional), créer une grande région avec la Picardie – comme le propose le groupe PS de l'Assemblée – serait ''ouvrir un boulevard au Front national''. Car la Picardie a voté FN aux européennes plus que la moyenne des régions... Il n'en faut pas plus pour exiger qu'Amiens soit accouplée à Strasbourg plutôt qu'à Lille.

C'est ainsi que l'électoralisme s'unit à l'artificialité, dans une République crépusculaire.

Plutôt que de refuser les Picards parce que 38,4 % d'entre eux ont mal voté, Mme Aubry pourrait se demander pourquoi ils votent mal : aussi mal que 35,17 % des Calaisiens... et maintenant 18,87 % des Lillois, pourtant chasse gardée de l'équipe Aubry ! Ce serait plus utile que de vouloir saborder des amendements qui cherchent – eux – à construire ''pour les cinquante ans qui viennent'', comme l'explique André Vallini ; ou, plus modestement, à améliorer la réforme bâclée par MM. Valls et Hollande.