Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17/06/2014

Bernanos contre Platini

Ma chronique de Radio Espérance (16/06)  :

 


<< Bonjour à  tous. Comment ne pas parler de la Coupe du monde de football ? C'est l'actualité majeure, au moins sur le plan médiatique : on nous en parle nuit et jour, et cette actualité occupe l'horizon alors qu'il se passe dans le monde des choses autrement plus graves et plus significatives : par exemple la terrible tragédie de l'Irak, où les djihadistes (outils de l'Arabie saoudite) conquièrent le nord du pays pour s'emparer du pétrole... Mais puisque la Coupe du monde est tellement plus importante que tout le reste, parlons de la Coupe du monde.

Ou plutôt, non : ne nous laissons pas impressionner par le sport-spectacle. Parlons de ce que Mgr Dominique You vient de déclarer à propos de la Coupe du monde.

Mgr Dominique You est un Français né à Toulon. Pourtant, il est évêque (depuis 2006) du diocèse de Santissima Conceição de Araguaia, dans le nord amazonien du Brésil. Mgr You vient d'être interviewé à propos de cet énorme événement brésilien qu'est la Coupe du monde. Et il a répondu par un diagnostic sévère.

Mgr You attire notre attention sur quatre choses.

Première chose, dit-il : le business mondial du foot orchestré par la FIFA détourne le sport de son sens. Deuxième chose : parmi les milliers de pseudo-supporters consuméristes qui déferlent sur les grandes villes brésiliennes, beaucoup sont là pour le ''tourisme sexuel'' et c'est une catastrophe humaine. Troisième chose : le gouvernement brésilien présidé par Mme Dilma Rousseff (l'idole de la presse française) fait semblant d'entendre la grande protestation du peuple brésilien contre le gaspillage financier pour la Coupe du monde ; il fait semblant, mais il n'écoute pas.

Face à tout cela, que faire ? L'évêque est lucide mais non fataliste, et voilà la quatrième chose sur laquelle il veut attirer notre attention : il cite en exemple les milliers de jeunes catholiques brésiliens engagés dans les diocèses aux côtés des plus pauvres.

Ecoutons ce message d'un successeur des apôtres. À côté de la clairvoyance de l'évêque français d'Amazonie, nos sujets de polémique ici dans l'Hexagone, même entre catholiques, n'ont-ils pas l'air un peu artificiels ?

C'est vrai que le football est un splendide art populaire depuis ses origines en 1900, et que cet art populaire est pratiqué sur toute la planète, par quelques 300 millions de joueurs à travers le monde. C'est vrai que non seulement l'Amérique latine mais l'Afrique et l'Europe sont presque entièrement dominées, sur le plan sportif, par le football. Mais c'est vrai aussi que le football (comme presque tout aujourd'hui) est encadré, régenté, mis en scène et exploité par l'argent, et que tous ses scandales actuels viennent de là. Il suffit de rappeler les polémiques autour du Qatar, qui a acheté à coups de millions de dollars sa désignation pour la Coupe du monde de 2022 ; ces polémiques éclaboussent le célèbre Platini, ancienne gloire du foot français devenu grand notable de la fédération internationale.

Quand on entend Platini faire la leçon aux Brésiliens en colère (en leur disant que leurs manifestations pour la justice sociale ça commence à bien faire), et quand le même Platini dit aux Brésiliens : « calmez-vous et comprenez que vous êtes là pour montrer votre beau pays à la planète football », comme si le Brésil était un Disneyland... alors on comprend que les habitants des favelas répondent à Platini par des injures pittoresques.

Français pour Français, les Brésiliens aiment mieux Mgr You, le Toulonnais, que Platini, le Lorrain. Il est vrai que depuis Georges Bernanos les catholiques français ont une solide relation d'amour avec le Brésil. A la semaine prochaine !  >>