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10/04/2014

Que le fascisme n'est pas toujours fasciste, et que le chat n'est pas toujours un chat

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Pour la 17e chambre correctionnelle, le terme ''fasciste'' n'est pas injurieux s'il est employé... ''sur un sujet politique''. Les mots n'ont donc plus aucun sens :

 


 

Mme Le Pen perd son procès contre M. Mélenchon. Celui-ci l'avait qualifiée de ''fasciste'' en 2011 ; Mme le Pen a voulu le faire condamner ; les juges de la 17e (plus sourcilleuse naguère sur le sens des mots) viennent de débouter Mme Le Pen. Ce qui est surprenant, c'est l'énoncé du motif :

« Si le terme "fasciste" peut prendre une connotation outrageante quand il est utilisé en dehors de tout contexte politique ou s'il est accompagné d'autres termes dégradants, il est, en revanche, dépourvu de caractère injurieux lorsqu'il est employé entre adversaires politiques sur un sujet politique. »

Autrement dit :

- le terme ''fasciste'' n'est à prendre au sérieux qu'en dehors de son seul champ d'application naturel (le politique) et à condition d'être explicité par ''d'autres termes dégradants''... Quel genre de termes ? sexuels  (''hétéro-fasciste'') ? ou religieux (''islamo-fasciste'') ? ou quoi d'autre ?

- Si le mot perd tout sens injurieux dans le domaine politique, ce n'est pas que la 17e correctionnelle veuille honorer subitement la mémoire de Mussolini. C'est que le politique, ayant perdu tout pouvoir objectif au profit du financier, se réduit à un spectacle : la polémique entre ''adversaires'', guignol dont le Gnafron est M. Mélenchon. Si l'on devait prendre au sérieux les tombereaux d'injures pittoresques que Méluche déverse sur ses partenaires, où irait-on ? Et désormais seule compte l'intention individuelle de l'insulteur, l'authenticité de sa pulsion, le niveau de sa cote sur le marché du politically-correct ; les mots n'ont plus de sens objectif (mais celui que chacun leur prête selon sa fantaisie et son niveau d'études), et le même mot n'aura pas la même valeur selon l'image que vous avez et le lieu d'où vous parlez.

''Il faut appeler un chat un chat'', a conclu Me Raquel Garrido, avocate de M. Mélenchon. J'ai fait la connaissance de Me Garrido il y a trois semaines lors d'un débat de LCI où nous étions d'accord, elle et moi, sur plusieurs sujets d'actualité ; qu'elle me permette de ne plus être d'accord, et de la mettre en garde contre l'idée - fâcheusement réactionnaire -  selon laquelle un chat serait un chat en toutes circonstances. Le chat est comme le fascisme : il n'existe que par rapport au contexte.

 

20:14 Publié dans Histoire, Idées | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : idées

Commentaires

BON À SAVOIR

> Ah c'est nouveau ça ! Moi qui croyais toujours que le mot "fasciste" s'applique à un contexte politique ! Les mœurs, même en politique, comme quoi il faut vraiment que je me mette aux goût du jour. C'est bon à savoir pour n'être pas condamné un jour pour une parole de travers quand on ne fait pas de politique !
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Écrit par : Antoine / | 11/04/2014

COMIQUES

> Clémentine Autain a déclaré que la nature était fasciste.
Est-ce que c'est un contexte politique ça?

Cyril B


[ PP à CB :
- Dire que la nature est à combattre, c'est le stade ultime du néolibéralisme : chose comique dans le cas d'une ultragauche persuadée d'être anticapitaliste.
- Dans le même ordre d'idées, on pourrait aussi rappeler la célèbre absurdité de Roland Barthes sur "la langue" qui serait "fasciste" :
" La langue, comme performance de tout langage, n'est ni réactionnaire ni progressiste ; elle est tout simplement fasciste ; car le fascisme, ce n'est pas d'empêcher de dire, c'est d'obliger à dire."
(Leçon inaugurale au Collège de France, 1977 ; cela dit, je mesure combien l'idée d'assimiler Autain à Barthes est injuste envers Barthes.
- Plus sérieusement : récuser et combattre toutes les réalités est l'aboutissement du processus de déformation de la démocratie, devenue une croisade contre toutes les "limites" depuis son annexion à un certain modèle économique (le mode de production consumériste). ]

réponse au commentaire

Écrit par : Cyril B / | 11/04/2014

> Et Luc Ferry ?
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Écrit par : Blaise / | 11/04/2014

MA CONCIERGE ET HOLLANDE

> Bon, j'essaie de m'y retrouver dans cette casuistique en toc.
Si je dis à ma concierge, avec qui je n'ai aucun rapport politique, que c'est une fasciste (pourtant, j'ai toutes les raisons de soupçonner qu'elle fait exprès de taper dans ma porte d'entrée quand elle passe l'aspirateur), j'ai toutes les chances d'être condamné (d'autant qu'elle est descendante de républicains espagnols).

En revanche, si j'annonce froidement à monsieur Hollande (pour qui je me suis toujours refusé de voter et donc avec qui je suis en relation politique par défaut) que c'est un fasciste, vais-je pouvoir me prévaloir de la jurisprudence mélenchonesque pour bénéficier d'une bienveillante immunité ?
______

Écrit par : Réginald de Coucy / | 11/04/2014

Les commentaires sont fermés.