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29/01/2014

Témoignages sur des questions terribles

Ce matin chez Yves Calvi (RTL) et Louis Daufresne (RND) :

 


 

Les lignes bougent à RTL. Ce matin, Yves Calvi recevait Angèle Liéby, auteur du livre Une larme m'a sauvée (Artège). Les auditeurs ont appris qu'un patient avec ''électro-encéphalogramme plat'' peut être conscient, souffrir physiquement et mentalement, et... sortir du coma, grâce au contact auditif-émotionnel avec son entourage :

« Hospitalisée pour une simple migraine, cette Strasbourgeoise a été victime d'un syndrome extrêmement rare et s'est retrouvée prisonnière de son corps pendant deux semaines. Les médecins et ses proches la croient dans le coma, et définitivement perdue, alors qu'elle entend tout, ressent tout. Elle raconte notamment dans cet ouvrage le manque d'humanité des équipes soignantes qui s'occupent d'elle comme un "paquet de viande" puisqu'elle n'est censée rien ressentir, les paroles de certains médecins devant elle ("elle va clamser")... Au final, c'est une larme qui a fini par instiller le doute chez ses proches, qui refuseront de la débrancher, comme le proposaient les médecins. Aujourd'hui parfaitement rétablie, elle espère que son livre aidera à faire prendre conscience aux médecins qu'un malade n'est pas qu'un corps, et que certaines pratiques devraient être revues. »

Alors que le gouvernement s'apprête à ouvrir la loi au lobby de l'euthanasie [1] (après bombardement de préparation médiatique), Yves Calvi a eu le courage d'inviter Mme Liéby, qui oppose au système cette protestation de la réalité : ''tant qu'on n'est pas mort, on est vivant !''

 

Ce matin aussi, à Radio Notre-Dame, Louis Daufresne recevait Pascale Devos : l'auteur du livre L'inceste – Le silence sur un crime (Cerf). Résumé de l'éditeur :

« Sous un nom d'emprunt pour protéger ses proches, l'auteure fait le récit des violences qu'elle a subies durant sa jeunesse. Outre le témoignage qu'il donne au plan humain, psychologique, affectif et spirituel, ce récit interpelle les autorités législatives, médicales, éducatives et ecclésiales. Il décrit la difficulté d'accès à la parole pour les victimes et le mutisme des autorités... »

Au micro de RND, Pascale Devos témoigne d'une réalité terriblement dérangeante pour la bien-pensance : l'abus sexuel par le père dans une famille nombreuse de notable catholique ; et la pression morale exercée sur la victime par ses parents, au nom du 4e commandement détourné. Autrement dit, une triple perversion : par subversion du Décalogue (couvrir l'odieux au nom du respect de l'autorité paternelle), par subversion du familial [2] (au nom de ''l'image de la famille à préserver du scandale''), et par subversion du christianisme transformé en prétexte (d'un culte de la Famille-idole et de l'honorabilité de façade).

« ''Surtout ne dis rien à maman, cela pourrait lui faire de la peine.''  Cette parole, prononcée par son père le jour de l'irréparable, hantera les nuits de l'auteure tout au long de sa vie. Pascale Devos avait tout juste dix ans. L'âge de tous les rêves, de toutes les espérances. Le temps de l'insouciance, aussi. Et pourtant... Cette phrase insidieuse, tellement inique, illustre, mieux que le tranchant d'une lame, la torture morale et psychologique - plus encore que physique - des victimes de l'inceste. Meurtrissant témoignage, L'Inceste. Le silence sur un crime raconte le combat d'une femme, d'une mère, d'une soeur, pour la vérité, le plus souvent envers et contre tous... »

Ces choses redoutables devaient être mises au jour. Qu'elles le soient par les éditions catholiques du Cerf et  la radio catholique de Paris, et juste en ce moment, est un signe des temps.

 

_________

[1] Je ne parle pas de l'absence d'acharnement thérapeutique, ni même du trépas volontaire, mais d'autre chose : la ''mort administrée'' qui progresse (à l'abri du prétexte de dignité) en Belgique et aux Pays-Bas.

[2]  Et subversion dans l'esprit de la fillette qui se retrouvait "rivale" de sa mère... De cette atteinte-là à la filiation, il fut peu question l'an dernier.

 

 

Commentaires

BELGIQUE

> Je note cependant que c'est en Belgique que la medecine experimentale est le plus en pointe pour les etats vegetatifs, et notamment pour le 'locked-in syndrome' decrit dans le premier livre.
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Écrit par : christophe b / | 29/01/2014

MOUCHE

> Patrice de Plunkett, vous savez que je prise votre courage, et surtout votre coeur…mais quelle mouche vous pique de rapprocher les deux choses ? Ne pouviez vous faire deux billets différents ? Quel rapport, enfin, entre la honte collective qui recouvre le second cas, et le premier, aussi douloureux qu'exceptionnel, et sans volonté criminelle de personne ?
Je veux bien comprendre qu'une personne emmurée ait pu percevoir avec horreur l'attitude du personnel qui la croyait en état de mort clinique, mais je crois que ces gens étaient tout simplement de bonne foi, et pas hostiles. Enfin, vous avez rencontré inévitablement des soignants ! Le portrait vous semble t-il juste ?

Et pouvez-vous nous lâcher avec vos lobbies ? Regardez ce qui se passe sur votre blog.
La différence de parole (avec d'ailleurs, des points de vue opposés) est très nette entre ceux, en gros, qui ont souffert, dans leur corps, et dans leurs proches — et les autres. Les premiers ont l'anathème beaucoup moins facile…Moi, je ne suis pas un lobby. Eh bien je demande qu'en cas de nécessité, on me donne le choix. J'ai le droit d'entendre qu'on ne m'imposera pas une décision contraire à ce que j'estimerai être sinon la meilleure, du moins la moins mauvaise solution pour mes proches et pour moi.

Si le diable se niche dans les détails, ça arrive aussi aux bons anges…dans les notes, par exemple; quand vous dites "Je ne parle pas de l'absence d'acharnement thérapeutique, ni même du trépas volontaire, ", j'ai enfin de m'exclamer "Enfin !". Et je retiens votre expression de trépas volontaire : oui, c'est ainsi qu'il faut dire. En espérant que ce choix n'ait jamais à être envisagé (et il faut souligner que c'est, heureusement, le plus souvent le cas). Inch'allah, comme disent mes voisins.
Pour "la ''mort administrée'' qui progresse (à l'abri du prétexte de dignité) en Belgique et aux Pays-Bas.", Je vous suis, pour le coup, si vous le prouvez de manière irréfutable. Et pas avec des trucs de TF1 ou d'associations intégristes.

H.


[ PP à H. - Vous en convenez vous-même : il y a un abîme entre le trépas volontaire et la mort administrée. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Haglund / | 29/01/2014

A PP :

> assurément. Mais le trépas volontaire avec aide reste un trépas volontaire.

Et sur les dérives de la mort administrée dans certains pays, vous ne me répondez pas
(encore ?).
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Écrit par : Haglund / | 29/01/2014

@ PP,

> l'association que vous faites en une même note entre ces deux témoignages en apparence si distincts et sans rapports, est PARTICULIEREMENT bienvenue!
Quel obscur lien psychique relie la mort administrée sous le couvert d'une prétendue expertise médicale, et l'inceste familial? Aucun? Tiens donc!
C'est précisemment l'objet d'un livre dont je vous enverrai dès que possible la synthèse, d'en révéler le lien structural.
Il y aura plein de surprises et des grincements de dents, notamment chez les bien-pensants de gauche qui n'aiment pas trop être bousculés
dans l'étroitesse de leur moi-humaniste.
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 29/01/2014

À PART ÇA

> L'étroitesse de mon moi humaniste vous salue bien, Serge Lellouche. A part la correction fraternelle, je ne connais que la lutte contre la bien- pensance qui permette tranquillement de dire n'importe quoi, et d'accuser ses semblables des pires choses.
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Écrit par : Haglund / | 29/01/2014

@ Haglund

> Si "ces gens étaient tout simplement de bonne foi", la situation n'en est que plus inquiétante ! Ce sont des soignants, pas des agents de nettoyage. Il serait donc tout simplement naturel de considérer un corps humain souffrant comme un simple amas de viande privé de volonté propre (et a fortiori d'âme)...

C'est ainsi là que s'opère le lien entre les deux témoignages. Euthanasie, viol, inceste - de même pour l'avortement qui, ici, n'avait pas été évoqué -, on est dans l'instrumentalisation des corps qui perdent (qui sont dépossédés de) leur statut de personne pour être chosifiés.

Pour déplaisant que cela soit de l'entendre répéter, il y a des lobbies - c'est une réalité, institutionnalisée, de surcroît, dans le monde anglo-saxon - et celui "de l'euthanasie" est un des plus délétères qui soient.
______

Écrit par : Réginald de Coucy / | 29/01/2014

DU VÉCU

> Et oui Haglund, le personnel soignant tout "simplement de bonne foi et pas hostile " se conduit de cette façon médiocre et parfois cynique ou même cruelle. Cette précipitation à vouloir en finir, c'est du vécu et ça ne tient pas à une quelconque " méchanceté " (bien que cela existe aussi ... ) parce que les soignants ou les médecins ne supportent bien ni l'échec, ni l'impuissance. C'est une explication liminaire ...

"Vous ne savez pas de quoi vous parlez..."
Moi, si. Pourquoi puis-je affirmer cela ? Bêtement parce que je suis médecin .... Mais cela n'est absolument rien en comparaison de mes 21 années de fréquentation des hôpitaux pour un proche parent (services de réanimation au moins à une dizaine de reprises et plus de trois ans en cumulés dans des services de réadaptation long séjour).

J'ai donc, de mon point de vue, une expérience approfondie du côté du "malade " et de son entourage (parfois avec d'autres malades et parents).
Croyez le ou non, j'ai accompagné cette personne tous les jours pendant deux à quatre heures (sauf quelques jours qui se comptent sur deux mains) et j'ai une connaissance par expérience des forces et des faiblesses de ces personnels très qualifié et très méritants qui reste néanmoins humain. Humain veut dire limité, imparfait et parfois fautif ou erroné.

Si vous ne reconnaissez pas l'écart qui existe entre l'intention de toute entreprise humaine et ses réalisations, si vous ne le voyez pas, vous ne l'assumez pas ... libre à vous. Mais je doute qu'on puisse être autre chose qu'un idéologue dans ce cas.

Le problème peut être saisi dans toute sa complexité si on écoute - sans aucun filtre - les malades et leurs accompagnants, mais l'idéologue - par définition - s'en fout complètement, ne s'y intéresse pas.
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Écrit par : Roque / | 30/01/2014

à Haglund

> je lis "je demande qu'en cas de nécessité, on me donne le choix"
Vous avez entièrement raison de revendiquer une liberté. Maintenant reste à savoir à l'aune de quel critères se forme votre choix. Ces critères ne reposent-ils pas finalement sur de la subjectivité, du ressentis donc dépendant d'une {dés]appréciation d'autrui ?

Quand j'avais 20 ans je revendiquais la même chose, mais maintenant je m'en garde bien, conscient que l'appréciation est relative, et donc que sur ce point vérité d'un jour n'est pas vérité de toujours.
La vie est ainsi faite que l'on part de la dépendance pour acquérir l'indépendance, puis on fait le chemin inverse ...
Poussière tu étais, poussière tu redeviendras ...
Est-ce une indignité ou une humilité ?
Est-ce un fardeau pour la société ou une leçon ?
Jusqu'où peut aller la compassion ?

Je me rappelle avoir dit à une vieille femme qui se plaignait de sa condition, de ses trzcas de santé, d'être encore ne vie ; que nous nous la voyions toujours avec plaisir qu'elle était toujours "aime-able" mais que si c'était son souhait qu'elle en appelle à la miséricorde de Dieu. Puis nous n'en avons plus parlé. Elle s'est éteinte moins d'un an après naturellement si l'on dire au vu de son âge.
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Écrit par : franz / | 30/01/2014

LA MORT ADMINISTRÉE

> Sur les dérapages progressifs de la "mort administrée" en Belgique, même l'Europe s'inquiète. C'est dire ...

http://www.ieb-eib.org/fr/bulletins/euthanasie-la-belgique-reprimandee-par-le-conseil-de-leurope-225.html
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Écrit par : luc2 / | 31/01/2014

@ Franz :

> excellente réponse à la vieille dame.
Que je ne suis pas. Je n'ai pas 20 ans non plus. Et la (dés)appréciation d'autrui n'a rien à voir là dedans.
Les circonstances (heureusement !) sont rares; le choix, plus rare encore.
Il faut avoir le courage, quand il est demandé, et qu'on veut pouvoir dire non à la personne, donc la contraindre, de le dire nettement.
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Écrit par : Haglund / | 31/01/2014

@ Roque :

> "Humain veut dire limité, imparfait et parfois fautif ou erroné."
Je crois bien que je ne disais rien d'autre ! Pour moi et pour autrui (ma mère), j'ai aussi abondamment fréquenté les hôpitaux; j'ai connu un ou deux tarés : un aide soignant fou, au strabisme divergeant, qui me laissait pisser le sang (sans danger, cicatrice post opératoire dont le drain était parti) dans le couloir en disant noblement : "Madame, vous ne voyez pas que je suis au téléphone ?". Ma voisine de lit et moi avons failli en mourir, mais de rire !
A côté de ça, que d'intelligence, d'humanité, de dévouement…des maladresses, des limites, oui, mais la volonté qu'on leur impute de nettoyer les lits par tous les moyens…Ce soi disant instinct de mort…je suis désolée, mais on est dans le n'importe quoi.
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Écrit par : Haglund / | 31/01/2014

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