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12/01/2014

La popularité du pape à gauche irrite les 'tories'

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...qui prenaient l'Eglise pour un club conservateur :



 

 

Relisons les premières audiences générales du pape François. Par exemple celle du 27 mars :

 

« Suivre, accompagner le Christ, demeurer avec Lui, exige de ''sortir'' ! Sortir de soi-même, d'une manière lasse et routinière de vivre la foi, de la tentation de s'enfermer dans nos propres schémas, qui finissent par refermer l'horizon de l'action créative de Dieu. Dieu est sorti de Lui-même pour venir au milieu de nous, Il a planté sa tente parmi nous pour nous apporter sa miséricorde qui sauve et donne espérance...  Nous aussi, si nous voulons Le suivre et rester avec Lui, nous ne devons pas nous contenter de rester dans l'enclos des 99 brebis ; nous devons ''sortir'', chercher avec Lui la brebis égarée, la plus éloignée. Souvenez-vous bien : sortir de nous-mêmes, comme Jésus, comme Dieu est sorti de lui-même en Jésus et Jésus est sorti de Lui-même pour nous tous ! »

 

 

Lancé dès les premières heures du nouveau pontificat, ce message a été instantanément perçu par l'opinion internationale.

D'où l'immense popularité du pape François !

Une popularité qui ouvre un boulevard aux catholiques, à condition qu'ils répondent à l'appel du pape et se fassent missionnaires : c'est-à-dire qu'ils sortent de leurs enclos (la ''France bien élevée'') et aillent vers ''le plus éloigné''... Mouvement de ''sortie de soi'', qui exige d'écouter et de comprendre les points de vue les plus hostiles. Car les gens hostiles ont souvent de bonnes raisons de l'être : des raisons auxquelles on ne saurait répondre par des argumentaires, mais en laissant le Christ répondre à travers nous. Ce qui suppose que nous soyons désencombrés des slogans et des nostalgies.

J'y pensais en lisant une chronique publiée hier par l'hebdomadaire londonien The Spectator. C'est le très chic et très érudit magazine de la droite hyper-tory : une droite fière-de-ses-valeurs, surtout les valeurs boursières. En 1995, par exemple, The Spectator vitupérait le milliardaire Jimmy Goldsmith pour avoir ''renié'' le libéralisme, la City et Wall Street. C'est dire à quel point cette publication de classe (sociale) tire – avec une élégante cruauté – sur tout ce qui bouge à l'extérieur.

Cet article du Spectator se présente comme une défense du pape François contre les médias. Que reproche-t-il aux médias ? Non d'attaquer le pape, mais de l'applaudir. Voyant l'Eglise catholique à l'image des clubs conservateurs où jamais ne pénétrerait un personnage de gauche, le chroniqueur juge impensable que le Guardian (en novembre) ait qualifié François de ''new hero of the Left''. Le Spectator semble en déduire que toute la popularité du pape est frelatée, François n'étant applaudi que par des gens qui croient qu'il va supprimer le Credo. En veut-on une preuve ? La voici : c'est le vieux Scalfari radotant dans La Repubblica que «François a aboli le péché »... Or pas du tout, nous explique sérieusement le Spectator : François n'a pas aboli le péché ! il y croit ! C'est un catholique puisqu'il est contre l'avortement et le mariage gay (bien qu'il n'en parle pas tout à fait assez) !

Et pourtant, conclut le chroniqueur avec tristesse, cette popularité du pape à gauche ne va pas cesser – même quand la gauche aura compris qu'il reste catholique. N'est-ce pas à désespérer de la papauté ? Elle représentait pour les vieux tories une série de clichés réconfortants a contrario parce qu'immuablement étrangers : exotisme latin, arbitraire et dorures, conspiration des Poudres, débarquements d'espions de Philippe II sur les côtes d'Irlande, toute cette sorte de choses... Si le papisme se mettait à changer, s'il réformait l'Eglise pour mieux montrer que le message catholique est universel, le nationalisme religieux des conservateurs (mangé aux mites depuis longtemps) achèverait de tomber en poussière ! Donc il faut dire que la papauté ne change pas. Que les médias « progressistes » sont seuls à prétendre qu'elle change. Et que l'immense intérêt soulevé dans le monde par le pape Bergoglio se réduit à une divagation du nonno Scalfari. D'ailleurs pourquoi s'intéresser au pape Bergoglio ? Le Spectator nous explique que tout ce qu'il dit était déjà dans le catéchisme... (Comme si le catéchisme n'était pas là pour inspirer des réalisations toujours nouvelles).

Ces arguties ne doivent pas nous surprendre, venant d'un magazine de poseurs chic : on a le droit de soutenir les positions les plus invraisemblables, d'être à la fois pour la carbonisation du monde par la finance et pour la congélation de l'Eglise catholique ; si l'on n'adhère pas à la raison d'être de cette Eglise, c'est un point de vue extérieur et donc légitime (jusque dans son absurdité).

Ce qui surprendrait, ce serait de voir des catholiques – à Londres ou à Paris – approuver l'article du Spectator. Ce serait le symptôme d'un malaise. S'acharner à démontrer que les nouveautés évangéliques du pape ne sont pas des nouveautés, ne démontrerait que notre propre peur des nouveautés. Et puisque ces nouveautés concernent l'évangélisation, cela démontrerait que nous ne tenons pas du tout à évangéliser (préférant rester entre nous à scander les mots de la tribu)...

Pourtant, nous ne devrions pas renâcler devant l'idée que le pape n'est pas le Grand Aumônier de la tribu (et que le catholicisme est le contraire d'une tribu). Nous ne devrions pas nous asseoir sur le talus pour ironiser avec les athées pieux. Nous devrions emboîter le pas au pape, qui marche gaillardement sur la route avec ses croquenots de Buenos-Aires.

Mais ça nous obligerait à changer ? Oui. Dans l'évangile d'hier samedi (Jean 3:30), le Baptiseur parle de Jésus : « Lui, il faut qu'Il grandisse, et moi, que je diminue. »

 

 

Commentaires

INSULTEUR ANONYME

> Je pense que vous resterez entre vous, entre bourgeois nantis.
Entre chrétiens anonymes à la Rahner qui couchait avec Luise Rinser an édictant ses lois d'expert jésuite.
Ce que vous appelez "sortir" doit ressembler au "dating" yankee.
Je n’ai aucune "chance" que le noble Patrick me réponde.

Hakim


[ PP à "Hakim" - On ne répond pas aux insulteurs anonymes. Surtout quand leur pseudonyme est choisi par antiphrase. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Hakim / | 13/01/2014

> ce message illustre bien l'attitude de l'extrême-droite rance !
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Écrit par : Amicie T. / | 13/01/2014

> Comble du grotesque : faire semblant d'attaquer les "bourgeois nantis" quand on défend le magazine 'Spectator', caricature anglaise de ce qu'il y a de plus vieux snob friqué.
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Écrit par : le balp / | 13/01/2014

> Hakim doit s'appeler Gontran. C'est la "France bien élevée" quand elle veut jouer au "petit peuple" comme ils disent. Ce genre de propos c'est qu'ils ont dans la tête en réalité.
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Écrit par : Paul Amblard / | 13/01/2014

DES LIBERAUX SUR KTO.

> A en croire Wikipédia, P. Simonnot défendrait régulièrement les physiocrates ! Drôle d'invité pour une chaîne "catholique" !
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Écrit par : Aurélien Million / | 13/01/2014

Les commentaires sont fermés.