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22/08/2013

Merci à l'abbé Chanut

Abbé-Christian-Philippe-Chanut[1].jpg

Nous étions nombreux ce matin, dans l'église de Milly-la-Forêt,  à la messe des funérailles de l'abbé Christian-Philippe Chanut présidée par l'évêque, Mgr Michel Dubost :

 


L'abbé Chanut a rendu son âme à Dieu le 17 août. Il avait 66 ans. Nous avions donc presque le même âge, mais il fut l'un des "pères" de ma conversion : l'un de ceux qui m'ont aidé à renaître à l'Eglise sans tomber dans les déviations partisanes, à une époque où le catholicisme français ressemblait à une guerre civile. C'était au tournant des années 1980. Christian-Philippe Chanut était curé de Saulx-les-Chartreux dans l'Essonne. Il dopait son ministère par une gamme de dons singulièrement vaste : l'intelligence, l'humour, la chaleur humaine, l'érudition (il était historien), l'éloquence, et un coffre de baryton capable de tenir l'assistance à lui seul.

Mais à Saulx, dans sa jolie petite église du XIIe siècle, l'abbé Chanut n'était pas seul à chanter. Sa communauté chantait en bloc : toute l'assistance, jeunes et vieux, avec une ardeur qui transformait la nuit du Samedi Saint en un marathon choral. Saulx-les-Chartreux ne chantait pas le répertoire CNPL de ces années-là (1970-1980), mais un ensemble d'hymnes latins classiques et de psaumes en français sur des mélodies modernes musclées, orné de quelques cantiques vieille-France  (l'abbé Chanut était historien dix-huitiémiste)... La liturgie de Saulx était inclassable aussi : entraînante, captivante, en français et en latin (comme le voulait le concile), ce n'était pas du "saint-Pie-V" mais du "Paul VI" célébré avec verdeur, selon les directives de Vatican II (constitution Sacrosanctum Concilium, 1963) : une liturgie  "pleine, active et communautaire", des fidèles participant  "de façon consciente, active et fructueuse", et un"noble simplicité" dans la célébration.

D'où le rayonnement progressif de Saulx-les-Chartreux durant ces années 1980 en France : des années difficiles pour les catholiques français qui voulaient  résister au démantèlement du catholicisme par un certain camp, mais sans tomber dans le passéisme et le sectarisme d'un autre camp. Inclassable, irrésistible et très personnelle, la pastorale de l'abbé Chanut fit de Saulx le laboratoire où des croyants sincères venaient vivre autre chose que le "progressisme" ou "l'intégrisme", ces deux façons de sortir de la foi, qui occupaient la scène à l'époque.

Vous n'étiez pas seul au travail, monsieur l'Abbé : d'autres communautés oeuvraient dans le même sens ; mais pour avoir fait de votre église un lieu libéré des conformismes de ces années-là, et contribué avec énergie à semer les germes des renouveaux, merci.

 

Dieu, tu révèles ta lumière

à ceux qui passent par la nuit 

béni sois-tu

pour les yeux qui s'ouvrent aujourd'hui

sur la terre nouvelle :

ils te rencontrent, Dieu vivant !

 

Hymne de l'office des défunts

 

 

19:09 Publié dans Eglises | Lien permanent | Tags : christianisme