04/06/2013
De France Inter à Jacques Laurent
En lisant L'Esprit des Lettres (éditions de Fallois) :
France Inter le matin : plaisantins sectaires (avec les "hi-hi-hi !" signalétiques de la journaliste) ; invitants qui ont l'air de dresser procès-verbal à l'invité... Tout ça guindé par le politically correct comme s'il s'agissait de rappeler à l'ordre les auditeurs... [1]
Mais d'où vient le politically correct ? De la grande machinerie occidentale : étatsunien d'origine, l'idéologie nihiliste régente maintenant notre côté de l'Atlantique.
D'où le ton péremptoire. Plaisantins et animateurs vocalisent des directives qui ne viennent pas d'eux mais de la machinerie : un mécanicien n'hésite pas.
Lisez le recueil des articles de Jacques Laurent dans l'hebdomadaire Arts (1954-1958), qui paraît chez Fallois sous le titre L'Esprit des Lettres. On y trouve ceci, publié le 7 décembre 1955 à propos du rôle de la critique littéraire :
<< ...Et pour être plus sûr d'édifier cette critique robot, M. Raymond Borde l'internationalise. L'Express croyait parvenir, avec cinq Français, à l'anonymat mécanique, gage d'une critique "sans préjugé". Pour M. Raymond Borde, une opinion reste encore suspecte si elle n'est pas mondiale, ce qui lui permet d'écrire : "La critique à laquelle je rêve se présenterait donc sous forme de dossiers élaborés collectivement à l'échelle internationale." Evidemment c'est drôle, mais c'est tout de même significatif. Il est significatif que deux feuilles comme Les Temps modernes et L'Express, qui se vantent d'être intellectuelles, aient une telle horreur de la pensée qu'ils ne la tolèrent plus qu'en groupe, comme s'il s'agissait de réduire les dégâts. Il est significatif que L'Express et Les temps modernes prétendent préparer, en connivence avec l'Histoire, le monde de demain et manifestent tant de défiance pour l'esprit critique qu'ils souhaitent réduire à des jugements de fait, élaborés collectivement, avec des commissions et des sous-commissions, derrière une façade anonyme. >>
C'est obsolète et prémonitoire.
Obsolète parce que le politically correct de 2013 – à France Inter et ailleurs – ne veut plus de faits ni de jugements de fait : il leur fait la guerre, toute réalité étant dénoncée comme réactionnaire ou pire. [2]
Prémonitoire parce qu'en 2013 le monde du politically correct est celui de la Machine, dont les rouages sont des "commissions et sous-commissions derrière une façade anonyme".
Qui peut briser la Machine ? Les peuples, s'ils se réveillent.
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[1] Les Guignols (séniles) de Canal font le même effet.
[2] Laurent est non seulement obsolète mais jurassique quand il définit L'Express comme "intellectuel" : qualificatif de 1955, insolite à l'ère de Christophe Barbier.
12:40 Publié dans Idées, Médias | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : médias
Commentaires
Relisons Tocqueville :
« Il semble que, si le despotisme venait à s'établir chez les nations démocratiques de nos jours, il aurait d'autres caractères : il serait plus étendu et plus doux, et il dégraderait les hommes sans les tourmenter. …
Au-dessus de ceux-là s'élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d'assurer leur jouissance et de veiller sut leur sort. il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l'âge viril; mais il ne cherche, au contraire, qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu'ils ne songent qu'à se réjouir….
C'est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l'emploi du libre arbitre; qu'il renferme l'action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu à peu à chaque citoyen jusqu'à l'usage de lui-même….
Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l'avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière; il en couvre la surface d'un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule ; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige; il force rarement d'agir, mais il s'oppose sans cesse à ce qu'on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation a n'être plus qu'un troupeau d'animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger….. »
De la Démocratie en Amérique II, 4e partie, (1840)
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Écrit par : Albert E. / | 04/06/2013
INDIFFERENCE MEDIATIQUE
> cher PP une info qui va vous passionnez, et qui existe dans la plus totale indifférence !
lisez ça :http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2013/06/03/israel-va-renvoyer-des-milliers-d-immigres-erythreens-dans-un-pays-d-afrique-de-l-est_3423343_3218.html
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Écrit par : jean-christian / | 04/06/2013
POUR LE PAPE
> http://fr.radiovaticana.va/news/2013/06/04/pour_le_pape,_un_chr%C3%A9tien_doit_%C3%A9viter_d%C3%AAtre_politiquement_correct/fr1-698224
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Écrit par : Gérald / | 04/06/2013
@ PP
> citer Jacques Laurent est déjà suspect... vos papiers !
Les dictatures aiment les foules car une foule n'a pas une intelligence correspondant à l'addition des capacités de ceux qui la composent puisqu'il n'y a pas moyen de les additionner, une foule ne réagit qu'au stimulus.
Plus le stimulus est simple, plus elle réagit facilement donc on recherche le simplisme, pas de place pour la nuance, la critique.
Une société médiatique procède de la même façon, surtout si elle est mondiale.
Une "civilisation" planétaire ou les êtres ne correspondent que par écrans interposés ne permet pas l'existence de la personne. Elle favorise l'individu. Individualisé et non personnifié, l'être court devant écran pour éviter de se sentir seul.
Se sentir.. car seul, il l'est toujours.
Ci-dessous, un extrait d'un roman écrit en 1949 :
"L'homme se trouvera enchaîné par la société technique pendant de longues années. Mais il ne périra pas dans les chaines. La société technique peut créer du confort. Mais elle ne peut pas créer de l'Esprit. Et sans esprit il n'y a pas de génie. Une société dépourvue d'hommes de génie est vouée à la disparition . La société technique qui actuellement prend la place de la société occidentale et qui va conquérir toute la surface de la terre, périra elle aussi"
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Écrit par : E Levavasseur / | 04/06/2013
RADIO FRANCE
> -Le ton de Radio France est absolument détestable. Pour tout dire, c'est pire que la télé, parce que ça se veut plus élitiste ("France Inter, la radio de ceux qui ont quelque chose entre les oreilles" disaient-ils), les infos de France Musique sont aussi odieuses.
-Dans un chanson de Renaud, il y avait "Elle lit l'Express, c'est vous dire si elle lit"
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Écrit par : Pierre Huet / | 04/06/2013
REVEL
> Dans ma série: il y a quand même des libéraux qui n'ont pas dit que des conneries, aprés Ben Bernanke, Jean-François Revel: "Dès lors que les journalistes (…) estiment (…) avoir le droit de présenter l’actualité de manière à orienter l’opinion dans un sens qu’ils jugent salutaire, la démocratie est amputée d’une de ses conditions. Elle l’est aussi pernicieusement que par une justice corrompue ou par la fraude électorale."
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Écrit par : Luc2 / | 05/06/2013
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