Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02/04/2013

Alep - Message de Pâques de religieuses

De la communauté des Soeurs de St Joseph de l’Apparition (Hôpital St- Louis), ce témoignage poignant :



 

<< A grand pas nous cheminons vers Pâques, avec nos voeux, nous tenons à vous remercier pour votre prière, votre proximité et partager avec vous, notre quotidien avec ses réalités. Les jours de la passion ne sont pas terminés pour nous, l’agonie du Christ et le drame de la croix, se poursuit à travers la souffrance de ce peuple ou nous partageons sa détresse et son espoir. Nous continuons à être au milieu de la tempête ou les vents contraires et les forces du mal cherchent à nous anéantir, mais son amour envers nous s’est montré le plus fort jusqu’à aujourd’hui (Ps 116), en nous faisant sentir fortement sa présence et sa protection.

Animées par cet amour, nous sommes décidées à aller jusqu’au bout pour accomplir son oeuvre en cherchant à connaitre sa volonté. (Const. art 9).

Au commencement les événements faisaient la une des journaux télévisés, aujourd’hui, on a l’impression que ce conflit entre dans l’oubli et la routine comme toutes les autres guerres. Et qui en a la responsabilité ? et surtout la communauté internationale cherche à se laver les mains : à la place de faire quelques pas concrets dans la recherche d’un dialogue de paix, elle continue à envoyer des armes et à soutenir les rebelles financièrement, et plus d’armes signifie plus de morts et plus de destructions.

Nous vivons avec les coups de canon et de mitraillette du matin au soir et du soir au matin, sans savoir, d’où ils partent, mais ou ils arrivent ils sèment la peur, la terreur, la mort en mettant les gens en fuite, et les déplacés et refugiés augmentent toujours plus.

Désormais, toute la ville d’Alep est en ruines, tout est détruit, saccagé, volé, 1300 fabriques démolies, 130 000 familles sans travail. L’insécurité règne partout et en tous temps, dans les rues et les maisons. A partir du coucher du soleil, la ville est déserte, le manque d’électricité, allant jusqu'à 24/24, rend la vie encore plus insupportable. Les gens sont fatigués, abattus, déçus, car ils n’ont plus l’espoir de voir la fin de ce conflit qui semble encore très loin. Pour nous aussi, tout n’est plus comme avant, nous avons reculé de 50 ans sinon plus, et nous le sentons de près. Nos conditions de vie deviennent de plus en plus difficiles. Les médecins qui nous ont quitté au début des événements, n’ont pas le courage de rentrer, cela est une perte pour l’hôpital et la ville d’Alep. Le peu qui sont restés présents, essaient pour le mieux de répondre aux besoins des malades dépassant leurs spécialités. « A la guerre comme à la guerre !!!! » Nous sommes aussi en difficultés avec le personnel qui ne parvient pas à arriver à l’hôpital, cela nous demande d’assumer les manques et le surplus de travail. Pour cela, plusieurs d’entre eux ont été obligés de rester a l’hôpital, en laissant leurs familles seules avec leurs nombreux enfants, pour éviter les frais de déplacements énormes et le danger des routes. Les malades n’ont plus la possibilité de se soigner, ils attendent à la dernière minute pour épargner un peu d’argent, mais souvent il est trop tard, car ils nous arrivent dans un état épouvantable. Envers eux, nous nous efforçons de faire le mieux avec ce que l’on a, en tenant en mémoire les paroles de Ste Emilie « … avec ce que vous avez et recevrez faites tout le bien que vous pourrez ! » Plusieurs des maisons pharmacologiques ont été détruites, incendiées, pillées, les médicaments volés sont utilisés dans les hôpitaux de fortune tenus par les rebelles.

Nous avons des problèmes d’approvisionnement de produits de laboratoire, radiologie et pièces de rechange pour les appareillages, car les routes restent dangereuses et les camions volés, sans compter l’embargo et les sanctions !!!! Alep est complètement isolé du reste du pays et du monde en laissant les habitants a leur propre destin. Nous ressentons davantage cela par les coupures téléphoniques prolongées des communications locales et internationales et même la poste électronique. Toutes les semaines nous espérons l’ouverture de l’aéroport, mais la menace des rebelles persiste sur le bâtiment. Nous avons passé un hiver inoubliable, en bataillant pour avoir le mazout (fuel), pour alimenter le générateur qui fait fonctionner tous les appareils de l’hôpital et aussi pour avoir du pain pour les malades et notre personnel. Aujourd’hui, grâce a Dieu ces problèmes sont moins aigus malgré que les prix du pain et toutes les denrées alimentaires ont été multiplié par 5. La viande nous parvient en contrebande, ou bien les bêtes sont égorgées en pleine rue car les abattoirs officiels sont inactifs puisqu’ils sont détruits.

Tous les progrès qui ont été faits pour boiser Alep et faire des jardins publics ont subi 2 phénomènes : pour se chauffer les gens ont coupé les arbres dans les rues et jardins, et l’armée a du couper les arbres de certains jardins publics car les rebelles s’y cachaient… Le printemps a nos portes, nous portera-t-il un peu de soulagement et une lueur d’espoir pour ces milliers de refugies et déplacés, qui ont tout perdu et qui vivent une situation misérable. On parle de « printemps arabe », mais qu’en est-il vraiment ? Les gens, pour vivre et soutenir leurs familles s’ingénient : même les personnes d’un certain niveau élevé (avocat, ingénieur, commerçant….) font n’importe quoi pour gagner leur pain quotidien. Alors au bord des rues, il y a que des marchands ambulants en nombre inimaginable vendant tout et n’importe quoi, et a leur exemple les enfants qui ne vont plus à l’école (car elles sont remplies de déplacés) sont dans les rues du matin au soir au soleil, au froid, et la pluie vendant des cigarettes, des biscuits, des chewing gum, ils mendient quelques sous …. Un célèbre musicien chrétien, est pratiquement ruiné. Il s’est installé au pied de son immeuble, en dépit du froid, et joue du violon les larmes aux yeux.

Mais ce qui nous fait plus de peine, se sont les chrétiens qui sont menacés a cause de leur foi, plusieurs églises ont été détruites. Des villages entiers ont été vidés de leurs occupants. En ce moment 3 prêtres sans compter plusieurs jeunes chrétiens, sont kidnappés, sans savoir ou ils sont, on demande à leur famille une rançon très élevée. Cela augmente l’exode des chrétiens pour un ailleurs dans l’espoir de trouver un peu de sécurité, c’est bien dommage pour ce pays ou est né le christianisme. Le jour de la fête de St Joseph, les terroristes ont tiré un missile avec une tête chimique dans la province d’Alep faisant 25 morts et une centaine de blessés: aucun media n’a évoqué ce crime et n'a condamné cette attaque chimique terroriste sur les civils syriens.

La souffrance unit le petit peuple, nous sommes en admiration avec tous ces volontaires chrétiens et musulmans qui se donnent en risquant leurs vies au service des refugiés. Les Eglises locales poursuivent les actions humanitaires à travers l’activité héroïque et généreuse de nombreux organismes caritatifs engagés sur place au premier moment du conflit. Notre force, est la prière personnel, communautaire, et avec notre personnel interne, tous les soirs depuis les début des événements prions le chapelet pour la PAIX, et nous cherchons a les motiver pour prier pour nos ennemis, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Dans les moments libres, nos filles tricotent des pulls avec la laine donnée par un bienfaiteur pour réchauffer les enfants, un peu de solidarité qui a fait renaitre le sourire des bénéficiaires.

Nous tenons à vous dire que si aujourd’hui nous continuons cette mission d’Eglise, en ce pays déchiré c’est grâce à votre soutien spirituel, moral et financier. Pour cela nous vous redisons notre reconnaissance et notre gratitude en souhaitant à tous et à chacune Joyeuses Pâques. Continuez à prier pour nous. Puisse le Christ Ressuscité nous consolider dans la foi et l’espérance pour être là ou nous sommes les témoins de son amour. >>

 


11:58 Publié dans Syrie | Lien permanent | Tags : syrie