Taxe à 75 % : le cas des clubs de foot

Une société de privilèges hésite à se mettre en cause :

Confusion ce matin à la radio : les clubs de foot seront-ils (ou non) soumis à la taxe sur les entreprises versant des salaires supérieurs à un million d'euros ? Certaines stations suivent le président de la FFF, Noël Le Graët, qui affirmait hier : "les clubs professionnels de foot ne seront pas soumis à cette taxe, ainsi que le premier ministre m'en donne personnellement l'assurance." Mais Matignon assure que Jean-Marc Ayrault n'a pas rencontré M. Le Graët depuis trois mois, et que les clubs paieront la taxe "comme toutes les entreprises concernées".

On peut supposer que Matignon dit vrai, sinon les faits seraient rétablis aussitôt – et M. Ayrault ne peut se permettre cette bourde supplémentaire.

Est-ce M. Le Graët qui ment ? Disons plutôt qu'il extrapole. Voici comment il justifie son affirmation : "Le premier ministre à qui j'ai posé la question a été clair : seules les grandes entreprises seront taxées. Or les clubs professionnels sont considérés comme des PME, donc ils ne seront pas touchés par la taxe à 75%."

Les grands clubs de foot sont-ils réellement considérés (par les pouvoirs publics) comme "des PME" ? Si oui, c'est obscène quand on connaît leur univers.

On sait quelle cacophonie règne au gouvernement. Interrogé par Les Echos sur la question des clubs, le ministre chargé des relations avec le Parlement (il s'appelle Alain Vidalies) contredit Matignon : "c'est bien simple" (?), dit-il, le cas des clubs de foot professionnels n'est "pas tranché" : "la vérité, c'est que personne ne peut répondre à cette question à ce stade-là." Selon lui, la décision reviendra aux députés lors de l'examen de la loi de finances de 2014.

Et quel sera le réflexe des députés, à l'idée de taxer les antres du divertissement de masse que sont les clubs de foot ? Cette affaire pose la question du statut exorbitant de l'industrie sportive dans notre société : pourra-t-on porter atteinte à ces consternants privilégiés que sont les footballeurs, et au business mondial qui les fabrique ? Si la réponse est non, alors c'est un symptôme de plus.