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02/02/2013

Des catholiques contestent le libéralisme

La critique "reconstructive" se développe :



Ainsi le dossier de La Nef (février) : De la modernité à la postmodernité. Notamment l'éditorial de Christophe Geffroy. Extraits :

<< ...La postmodernité, en consacrant la suprématie de la volonté humaine, laisse libre cours à un subjectivisme et un relativisme sans partage. La seule limite qui demeure est celle de l’opinion et ce que décide la majorité parlementaire de nos démocraties : rien n’est intangible, tout est possible et soumis aux voix et c’est forcément la loi du plus fort qui règle désormais les différends. Et quand on sait combien l’opinion est manipulable, les majorités parlementaires parfois lâches et aveugles, on mesure à quel point nos démocraties procédurales ont glissé sur une pente qui peut rapidement mener vers la tyrannie exercée au nom d’une majorité. Sans référence au bien et à une vérité acceptée de tous, les droits de l’homme eux-mêmes ne sont plus qu’une coquille vide, prétextes à une inflation revendicative de droits catégoriels toujours plus nombreux, au nom d’une notion pervertie de l’égalité, dévoyée en une lutte sans fin contre "toutes les discriminations", qui écrase et même nie toutes les différences, comme on le voit bien, encore une fois, avec l’exigence du "mariage" homosexuel ou la théorie du gender.

Un autre événement a paradoxalement contribué à asseoir la postmodernité : la chute du communisme en URSS et en Europe de l’Est qui a laissé le champ libre à l’idéologie libérale, alors même qu’un vaste mouvement de dérégulation de l’économie et de la finance avait commencé à se mettre en place dans les années 1980. Ainsi voit-on mieux aujourd’hui le lien entre l’ultralibéralisme économique et le libertarisme des mœurs, l’un et l’autre soutenant un individu sans lien ni racine – un consommateur universel – cherchant à se libérer de toutes les entraves, aussi bien pour le business et l’argent que pour le plaisir. >>

 

Signalons aussi l'article d'Emmanuel Perrier o.p., intitulé L'Eglise et la culture qui vient. Il développe un constat auquel notre blog est très attaché : la fameuse "chute brutale du catholicisme" dans les pays européens n'est que l'un des symptômes (le plus spectaculaire) de la dissolution libérale de toutes les structures socio-culturelles. Cette dissolution ne saurait être un terminus. Extraits de l'article :

<< La modernité avait affirmé l'avènement de l'autonomie du sujet […] Mais que reste-t-il de cette autonomie si la neurologie nous dit que la pensée n'est qu'une suite de réactions chimiques, si la psychologie nous apprend que le sujet n'est qu'un complexe de répression des désirs, si les discours contemporains le réduisent à des rapports de domination (la société m'a fait comme ça), des constructions linguistiques (je ne suis que le produit de mon époque) ou à des successions de désirs sans unité [1] ? La même déconstruction s'applique aujourd'hui à tous les concepts centraux de nos sociétés : la nature humaine et la différence sexuelle, l'amour et la famille, l'appartenance nationale et l'intégration, l'éducation, l'art et la beauté, etc. […] L'homme postmoderne cultive la construction de soi comme être libre de changer d'identité à volonté : ne jamais s'installer, ne jamais devenir prisonnier d'un statut ou d'une image, n'être fidèle qu'à ses sincérités successives, n'atteindre que des vérités temporaires et corpusculaires, multiplier les expériences [2]. Le sujet se dissout ainsi dans le ressenti qu'il a de lui-même et auquel il accorde l'essentiel de son attentioon. En définitive le sujet postmoderne n'a plus d'identité unifiant son existence, il n'est que la somme de ses identités successives et toujours en chantier. >>

<< La période présente a quelque chose d'un sas, d'un filtre, où, par pans entiers, les richesses et les carences qui nous ont façonnés vont être marquées d'obsolescence et tomber dans l'oubli, tandis que d'autres pans connaîtront un développement nouveau. L'opération de filtrage [3] est d'ailleurs bien engagée. […] Puisque ce par quoi est venue la crise du christianisme est aussi ce par quoi elle se résoudra, nous savons que tout ce qui contribuera à reconstruire une culture commune constitera la matière sur laquelle prendra appui la nouvelle évangélisation. […] La vocation des chrétiens n'est pas de sauver des états culturels par nature passagers, mais de les tamiser sans cesse par leur vie théologale afin de pérenniser ce qu'ils transmettent de meilleur. C'est à cette condition que l'Eglise sera le ferment de la culture qui vient et que le christianisme européen retrouvera sa vitalité. >>

 

http://www.lanef.net

 

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[1] L'auteur ne relie pas cette dislocation du moi à la pression du marketing neuro-psychologique  (sur l'individu, qu'elle réduit et émiette en pulsions de consommation).

[2] On reconnaît ici les leit-motive du management néolibéral des années 1990. Lire à ce sujet la décisive enquête de Luc Boltanski et Eve Chiapello, Le nouvel esprit du capitalisme, Gallimard 1999 (840 p.).

[3] Ainsi le rejet de la xénogreffe libérale par l'organisme catholique, processus désormais en cours.


 

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Commentaires

DIFFICILE

> Belles et justes analyses mais difficiles à mettre en oeuvre, parce que la démarche chrétienne-catholique est nuancée. Faire le tri, aider le positif, ne pas lever l'étendard de l'anathème. Il est plus facile d'aller chez Forsane Alizza (intégristes islamiques) ou chez Civitas (intégristes catholiques).
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Écrit par : brancaleone / | 02/02/2013

"Il est plus facile d'aller chez Forsane Alizza (intégristes islamiques) ou chez Civitas (intégristes catholiques)". C'était d'autant plus facile en novembre 2011 que ces deux groupes manifestaient ensemble contre la pièce de théâtre "blasphématoire".
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Écrit par : jean-idriss / | 02/02/2013

CA COÛTE UN BRAS

> Bienvenu au rejet "de la xénogreffe libérale par l'organisme catholique" ... Bienvenue à l'écologie chrétienne !, bien nettoyer la plaie et composter respectueusement le bras mort . "On" nous l'avait pourtant bien dit : "si ton bras gauche fait l'andouille, coupe-le !" Attention, on peut vite se retrouver qu'avec des jambes mais au moins on sait où on va (et bien sûr , c'est au pied du mur , qu'on voit l'escargot grimper) .
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Écrit par : escargolibri / | 02/02/2013

JE LE SUIS

> Cela fait du bien de l'entendre !!
Qui pour porter cette voix en politique ? Je le suis les yeux fermés !
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Écrit par : Vincent / | 02/02/2013

> ""La vocation des chrétiens n'est pas de sauver des états culturels par nature passagers, mais de les tamiser sans cesse par leur vie théologale afin de pérenniser ce qu'ils transmettent de meilleur.""
magnifique, combien de fois l'ai-je répété à mes amis.
Oui la chute du communisme, à soi disant laissé le champ libre, à la totale liberté!....à l'anarchie, oui!
le communisme, en prenant pour fondement le nihilisme, c'est effondré car il excluait la liberté du fait de la dictature du prolétariat; le libéralisme quand à lui, en prenant comme fondement la liberté, aboutit d'une autre façon, à l'anarchie la plus totale, par le biais de la marchandisation de tout et de tous! Les médias vivants de ressource financière issus de mouvement libertaire, accompagne ce mouvement et discrédite d'une manière effroyable, toute pensée contraire; la dictature s'avance tranquillement, à pas lourd mais certain. A quand l'interdiction de passage de la bible? dans quelques mois ou années vous verrez.
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Écrit par : jean-christian / | 02/02/2013

LA NEF

> En 2007, 'La Nef' avait consacré un de ses numéros au mouvement décroissant. De plus, dans une lettre ouverte au journal "La Décroissance", Jacques de Guillebon écrivait : « S’il [Paul Ariès] avait lu une fois "La Nef", et même seulement ce fameux dossier sur la décroissance, il se serait aperçu que cette revue n’est pas très à droite et que si elle s’honore de ne rien devoir à aucun parti politique, la critique des libéralismes constitue l’une de ses lignes les plus nettes. » http://www.decroissance.org/?chemin=textes/reponseaaries.htm
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Écrit par : Blaise / | 03/02/2013

> L'Action française a gardé toute son influence chez les traditionalistes. Allez savoir pourquoi...
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Écrit par : Blaise / | 03/02/2013

'LA DECROISSANCE'

> Les lignes bougent...y compris chez les décroissants.
Dans le dernier numéro de La Décroissance, une superbe interview de Dominique Bourg , ex-"pape" du développement durable, à la fois tranchante (le titre : "ceci n'est pas une crise mais un effondrement" en reflète parfaitement le contenu) et totalement audible par quelqu'un qui ne serait pas acquis d'avance à la "cause".
Dans le même numéro, un article de Denis Baba ("La croissance ou la mort ?") où l'auteur insiste sur la violence qui découlera nécessairement de la mise en place (contrainte et forcée ?) d'une société décroissante. Extrait : "la société de consommation et la violence de l'économie ont paradoxalement pacifié les relations sociales dans les pays industrialisés. Mais alors que la croissance prend fin et que les piliers de la civilisation marchande se désagrègent, la menace de la barbarie grandit (...)"
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Écrit par : Feld / | 04/02/2013

DAUPHINS

... et les dauphins sont contre l'euthanasie :
http://digitaljournal.com/article/342173
sur cette vidéo, un groupe de dauphins porte secours à un de leur congénères mourant
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Écrit par : E Levavasseur / | 04/02/2013

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