Le processus vital de la foi chrétienne

...ne sera pas étouffé par la société marchande :

Première lettre de saint Jean, 1, 1-4

<< Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons contemplé de nos yeux, ce que nous avons vu et que nos mains ont touché, c'est le Verbe, la Parole de la vie. Oui, la vie s'est manifestée, nous l'avons contemplée, et nous portons témoignage : nous vous annonçons cette vie éternelle qui était auprès du Père et qui s'est manifestée à nous. Ce que nous avons contemplé, ce que nous avons entendu, nous vous l'annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Et nous, nous sommes en communion avec le Père et avec son Fils, Jésus Christ. Et c'est nous qui écrivons cela, afin que nous ayons la plénitude de la joie. >>

 

Un milliard deux cent millions de catholiques fêtent aujourd'hui saint Jean. Juif membre du groupe des disciples les plus proches de Jésus, il a été témoin direct des événements qu'il relate dans son évangile : "celui qui rapporte ces faits, les a vus de ses propres yeux et son témoignage est vrai" (Jean 19, 35).

Lu ce matin à la messe et à l'office, le début de la première lettre de saint Jean (ci-dessus) souligne le processus vital de la foi chrétienne : au centre de tout il y a la communion éternelle du Père, du Fils et de l'Esprit* ; le Fils, incarné dans la condition humaine, étend, dans l'Esprit, cette communion avec le Père au groupe de ses premiers disciples – puis, à travers le témoignage de ces disciples ("nous vous l'annonçons..."), aux générations de l'avenir. D'où la parole du Christ : "Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter du fruit par lui-même s'il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi" (Jean 15, 4).

C'est la question de l'avenir du christianisme en France : le processus vital de la foi va-t-il continuer à "s'étioler", comme l'envisageait ce matin, sur RND, l'éditeur de Magnificat ?

Pour le monde médiatique, donc politique, la façon moderne d'être chrétien consiste à être le moins chrétien possible. Adhérer à la foi est taxé de "fondamentalisme" : terme technique sorti de son contexte** pour devenir disqualifiant et servir à stigmatiser toute foi surnaturelle. Celle-ci devient en effet incompatible avec la société consumériste de masse (qui impose le relativisme pour des raisons commerciales), et avec le libéralisme, idéologie de la société consumériste de masse.

La foi implique donc – de la part du croyant – une libération vis-à-vis de cette société marchande, qui est un étouffoir antispirituel inédit. Les sophistes libéraux (à l'oeuvre aussi parmi les catholiques) ont de plus en plus de mal à cacher ce phénomène : le communisme soviétique tuait les corps et déformait les esprits, mais n'a pu étouffer la foi chrétienne en Russie ; la société marchande semble en voie d'étouffer la foi chrétienne en France.

Elle n'y parviendra pas. Evangile selon saint Jean, 1, 5 : « La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas étouffée.»

 

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* « L'agir du Fils et de l'Esprit dans le monde tend à conduire toutes choses comme à leur demeure en les orientant vers cette origine dernière en laquelle il y a une place infinie pour tout... Voilà pourquoi finalement l'esprit humain n'est pas en repos tant qu'il n'est pas parvenu au commencement de toute existence et de tout amour. » (Hans Urs von Balthasar).

** Les débats internes du protestantisme au début du XXe siècle.