Le mal américain de la droite française

Analyse (en partie exacte) de Bernard Guetta :

 

 Libération, 28 / 11

<< A moins d'un mois d'intervalle, deux droites et non des moindres, les droites française et américaine, se sont retrouvées nues et pour les mêmes raisons. [...] Les classes moyennes ont repris goût à l'Etat et à son rôle économique car c'est eux qui ont permis de sauver l'Amérique du désastre auquel la conduisaient les dogmes néolibéraux maintenant ébranlés. La révolution conservatrice – on l'a vu le 6 novembre – n'est plus qu'une machine à perdre pour la droite américaine et c'est en tentant de s'en inspirer que la droite française a implosé. Car que fut le sarkozysme ? A ses débuts, il fut […] une volonté d'importer le libéralisme d'outre-Atlantique et d'américaniser la société française. Nicolas Sarkozy aimait alors à se présenter comme ''Sarko l'Américain''. Cela avait plu aux milieux d'affaires, à la frange libérale de la gauche et à cette partie majoritaire de la droite qui ne s'était ralliée au gaullisme que par nécessité. […] Mais il n'avait fallu que dix-huit mois pour que le krach de Wall Street et la défaite idéologique du libéralisme réduisent cette ambition à néant. Parce qu'il s'était identifié à une idéologie épuisée, le sarkozysme avait perdu la bataille dès l'automne 2008 et il ne lui restait plus, dès lors, que la défense de l'identité nationale comme joker et l'électorat frontiste comme béquille. Ce fut le discours de Grenoble puis une campagne encore plus à droite et tout aussi vaine que celle de Romney... >>

                                                                                       

Belle lucidité. Mais compromise par la conclusion : Bernard Guetta croit voir "un boulevard" s'ouvrir en France au "réformisme de gauche" parce que les gauches se sont "si profondément recentrées" qu'elles "ne se différencient plus des centristes". Cette perspective ne paraît guère à la mesure de la crise de civilisation... D'autant que B.G. croit voir des vertus progressistes dans des "réformes" comme le mariage gay, pur et simple produit de la société de marché ! (Si notre confrère ne nous croit pas, qu'il interviewe Lloyd Blankfein).