22/11/2012
Sciences-Po : plaidoyer inouï d'Hervé Crès
Ex-bras droit de Descoings, Crès devait lui succéder. Mais la Cour des comptes le poursuit. On annule sa nomination. Indignation de Crès dans Le Monde (22/11) :
<< Mes deux prédécesseurs, Alain Lancelot et Richard Descoings, ont été poursuivis par la Cour des comptes pour gestion de fait, ils ont été condamnés, cela ne les a pas empêchés de diriger Sciences Po... Quatre directeurs de l'enseignement supérieur ont également été incriminés à ce titre... Faites le tour des cabinets ministériels et vous constaterez que des fonctionnaires poursuivis devant la juridiction disciplinaire travaillent aujourd'hui pour des ministres... Et si je devais être poursuivi, j'aurais le sentiment d'un acharnement et j'attendrais que l'on me dise pourquoi je devrais me retirer, pourquoi me serait réservé un traitement différent de mes prédécesseurs ! >>
"Tout le monde fait pareil alors pourquoi moi", "sentiment d'un acharnement", "qu'on me dise pourquoi"... C'est l'exhibitionnisme psychologique : pose de victime et rhétorique égalitaire. Si l'on n'avait lu le rapport de la Cour des comptes (et vu à quoi ressemble l'esprit égalitaire chez les managers de l'IEP), on se laisserait presque prendre aux accents plaintifs de M. Crès – tellement ils correspondent à l'époque. Il est presque aussi émouvant que les Atrides de l'UMP, qui brandissent chacun sa sincérité meurtrie. Autrefois les rivaux se poignardaient et se défenestraient : ils n'éprouvaient pas le besoin de jouer aux blessés de l'existence et d'invoquer le compassionnel. Ce dévoiement est tout récent. Il correspond à la disparition du surmoi civique et à la prolifération de la mentalité consumériste. Un consommateur n'a que des droits. On en est là.
13:07 Publié dans Idées, Société | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : consumérisme, sciences po
Commentaires
ATRIDES ET IEP
> De fait, pour qualifier la gestion des dirigeants et autres demi-dieux de l’IEP sous Richard Descoings, et les avantages (salaires et primes) qu’ils s’octroyaient, on hésite entre mythologie et mythomanie… Quant à la réaction de monsieur Crès, qui refuse « de servir de bouc émissaire », on le comprend : c’est forcément douloureux de tomber de l’Olympe !
A propos des Atrides de l’UMP… Est-ce un avantage ou un inconvénient ? Mais l’un deux (Copé, autre ancien de Sciences Po) aurait, dit-on, à son service les redoutables Erynies ou Furies (Mégère, Tisiphone et Alecto).
A noter (pour les reconnaître ?) : Mégère signifierait « la haine » (en grec ancien), Tisiphone « la vengeance » et Alecto « l’implacable ».
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Écrit par : Denis / | 22/11/2012
PATHETIQUE
> Sa réaction est plutôt le symptôme de la dévirilisation avec cette plainte pathétique, il ne met en avant ni sa force de travail ou ses succès, mais aussi de l'immoralité et de sa généralisation. En effet Crés pleurniche et balance dans le même temps tout le personnel politique avec lui.
Quelle pitié, pauvre France!!!
à quand des rencontres chrétiennes (http://www.connexion-chretienne.fr/) en France.
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Écrit par : Eddymar / | 22/11/2012
AMORAL LIBERAL
> C'est aussi l'illustration d'une amoralité totale.
La source de vérité devient la règle du jeu.
Pouce! Il y a triche: je suis disqualifié et pas les deux autres.
Le libéralisme est très fort pour mettre en place ce genre de principes, qui évidemment profitent aux oligarques.
D'où son incompréhension.
L’humain devient gommé, et par voie de conséquence son Créateur.
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Écrit par : JClaude / | 22/11/2012
> Un de mes collègues dit "l'impunité accroit l'audace"...
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Écrit par : ludovic / | 22/11/2012
LE RIDICULE
> Oui, dévirilisation, et même gaminerie !
On croirait un enfant pris en faute "ben lui, il le fait, c'est pas juste qu'on me punisse. Ouinnnn!".
A force de laisser mettre en valeur par les lobbies la position de victime, on dérive vers une immaturité généralisée.
Si le ridicule tuait, le budget de l'Etat serait en équilibre.
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Écrit par : Pierre Huet / | 23/11/2012
CRÈCHE
> Nous sommes dans un pays complètement corrompu, à tous les échelons. Exemple : Le Maire octroie pour son enfant une place à la crèche bien avant les autres. "On" vous dira que c'est normal qu'il se favorise. Le "on" = plein de gens qui feraient ou font la même chose dans des circonstances similaires. Si je le peux, je me sers.
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Écrit par : FL / | 23/11/2012
> Bruno Le Maire, ou "le maire" ?
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Écrit par : radibim / | 23/11/2012
> A moins qu'il s'agisse de "le mère" dans le nouveau mariage.
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Écrit par : JG / | 23/11/2012
LEURS "BLESSURES"
> Oui, Les propos du Dom Juan de Molière n'ont pas tellement vieillis !
Allez, pour le plaisir car c'est "très" d'actualité comme on entend dire... Et ça fait penser à nos hommes politiques (ou lobbies à la mode) si prompts à se dire blessés alors qu'eux même piétinent leurs prochains à longueur de journées :
"Il n’y a plus de honte maintenant à cela : l’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus. Le personnage d’homme de bien est le meilleur de tous les personnages qu’on puisse jouer aujourd’hui, et la profession d’hypocrite a de merveilleux avantages. C’est un art de qui l’imposture est toujours respectée ; et quoiqu’on la découvre, on n’ose rien dire contre elle. Tous les autres vices des hommes sont exposés à la censure et chacun a la liberté de les attaquer hautement, mais l’hypocrisie est un vice privilégié, qui, de sa main, ferme la bouche à tout le monde, et jouit en repos d’une impunité souveraine. On lie, à force de grimaces, une société étroite avec tous les gens du parti. Qui en choque un, se les jette tous sur les bras ; et ceux que l’on sait même agir de bonne foi là-dessus, et que chacun connaît pour être véritablement touchés, ceux là, dis-je, sont toujours les dupes des autres ; ils donnent hautement dans le panneau des grimaciers, et appuient aveuglément les singes de leurs actions. Combien crois-tu que j’en connaisse qui, par ce stratagème, ont rhabillé adroitement les désordres de leur jeunesse, qui se sont fait un bouclier du manteau de la religion, et, sous cet habit respecté, ont la permission d’être les plus méchants hommes du monde ? On a beau savoir leurs intrigues et les connaître pour ce qu’ils sont, ils ne laissent pas pour cela d’être en crédit parmi les gens ; et quelque baissement de tête, un soupir mortifié, et deux roulements d’yeux rajustent dans le monde tout ce qu’ils peuvent faire. C’est sous cet abri favorable que je veux me sauver, et mettre en sûreté mes affaires. Je ne quitterai point mes douces habitudes ; mais j’aurai soin de me cacher et me divertirai à petit bruit. Que si je viens à être découvert, je verrai, sans me remuer, prendre mes intérêts à toute la cabale, et je serai défendu par elle envers et contre tous. Enfin c’est là le vrai moyen de faire impunément tout ce que je voudrai. Je m’érigerai en censeur des actions d’autrui, jugerai mal de tout le monde, et n’aurai bonne opinion que de moi. Dès qu’une fois on m’aura choqué tant soit peu, je ne pardonnerai jamais et garderai tout doucement une haine irréconciliable. Je ferai le vengeur des intérêts du Ciel, et, sous ce prétexte commode, je pousserai mes ennemis, je les accuserai d’impiété, et saurai déchaîner contre eux des zélés indiscrets, qui, sans connaissance de cause, crieront en public contre eux, qui les accableront d’injures, et les damneront hautement de leur autorité privée. C’est ainsi qu’il faut profiter des faiblesses des hommes, et qu’un sage esprit s’accommode aux vices de son siècle."
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Écrit par : Gégé / | 24/11/2012
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