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22/11/2012

L'Osservatore Romano / "Surprise pour la France : l'Eglise ne prêche pas dans le désert"

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À la une de L'Osservatore Romano (22/11), mon éditorial propose un point de vue catholique sur l'événement du 17 novembre :



 

Una sorpresa per la Francia

La Chiesa non predica
nel deserto

di Patrice de Plunkett


texte en V.F. :


Environ 200 000 personnes ont défilé le samedi 17 novembre à Paris, de la place Denfert-Rochereau aux Invalides, pour s'opposer au projet de mariage homosexuel. Relayée au même moment par des manifestations analogues dans douze autres villes françaises, la manifestation a surpris les médias par son ampleur..

 Catholiques, athées, fidèles d'autres religions, gens de gauche et de droite, homosexuels : cette diversité contre le « mariage gay » a été l'une des clés du succès.

 L'autre clé fut la justesse des slogans. La manifestation n'était pas partisane, encore moins sectaire ou « homophobe », et elle avait un objectif fédérateur : rappeler le caractère vital de la famille père-mère-enfants. Les banderoles et les pancartes ne parlaient que de filiation et de responsabilité sociale ; sur ce terrain, une alliance pouvait donc se nouer entre concitoyens ne partageant pas les mêmes convictions politiques ou spirituelles. D'où le succès de masse et l'étonnement des médias... « Cette mobilisation est réussie », a constaté le site internet du journal Le Monde (dont les éditoriaux soutiennent pourtant le mariage homosexuel). Il ajoutait : «les manifestations des partisans du projet ont, pour l'instant, rassemblé beaucoup moins de monde que celles de samedi. »

 Le succès du 17 novembre est un signe des temps. « L'Eglise catholique était, depuis plusieurs mois, le fer de lance de la contestation du projet de loi », soulignent les journaux français. Les évêques appelaient les catholiques à se manifester de toutes les façons efficaces : d'abord en écrivant personnellement à leurs députés, puis en manifestant dans la rue – mais d'une façon proportionnée au débat : non pour une démonstration communautaire des seuls catholiques, mais pour le bien commun de toute la société, au delà des diverses familles d'idées.

 C'était bien vu. En effet, une protestation spontanée contre le projet de loi montait au même moment dans la société. Elle s'exprimait chez les maires et les élus locaux, et même chez des élus nationaux membres du parti socialiste... Ainsi le nouveau député PS Dominique Potier, qui déclarait : « Nous partageons l'idée que le statut des couples homosexuels puisse évoluer vers davantage de droits et une reconnaissance évitant  toute discrimination. Mais nous croyons aussi que ces avancées sont possibles sans oublier le sens original du mariage (l'altérité, la génération, la filiation). La sagesse dans les évolutions législatives sera de concilier le désir, le projet et les droits des uns et des autres. Nous accordons, pour notre part, de la valeur à ce que les enfants soient égaux dans la connaissance de la dualité sexuelle propre à leur filiation... »

 Une situation inédite apparaissait ainsi en France : loin de prêcher dans le désert, l'Eglise catholique convergeait, cette fois, avec un mouvement de résistance de la société civile face à la « pensée unique libérale-libertaire », de plus en plus critiquée par l'aile marchante des philosophes et des sociologues. L'Eglise française n'est plus seule. Elle marche avec les non-croyants attachés aux réalités fragiles de la condition humaine. Sa fermeté sur ces questions (fermeté présentée par les médias comme un « handicap » vis-à-vis de la « société d'aujourd'hui »), devient un atout, dans la mesure où des secteurs entiers de cette société découvrent maintenant – à leur tour, après l'Eglise – des dangers de déshumanisation qu'ils n'avaient pas vu venir.

 Le matin du 17 novembre, Benoît XVI, recevant une quarantaine de prélats du nord-est de la France en visite ad limina, leur disait à propos des catholiques français : «Avec les évêques, ils auront à coeur d'être attentifs aux projets de lois civiles pouvant porter atteinte à la protection du mariage entre l'homme et la femme... » Quelques heures plus tard, Paris constatait que des Français par dizaines de milliers, catholiques ou non, étaient « attentifs avec les évêques ».

 

Texte en italien :

http://www.vatican.va/news_services/or/or_quo/text.html#2