L'ayraultport divise la gauche

 

Le vice-président de la région contredit son président et le Premier ministre :

Dans la région nantaise, ça tourne mal pour Ayrault et son ayraultport Vinci. Le Premier ministre fait dire par Auxiette (président de la région Pays de la Loire) que les défenseurs du bocage n'ont qu'à se taire, « plus aucune action en justice ne [pouvant] remettre en cause le projet. » C'est faux, réplique le vice-président de la région Jean-Philippe Magnen (ici) : « il y a encore au moins deux recours juridiques en cours, et des potentiels à venir. Il reste tout d’abord une procédure devant le Conseil d’Etat contre le refus du Premier ministre d’abroger la déclaration d’utilité publique de 2008. Depuis cette date, les circonstances autour du projet ont changé – le prix du pétrole a augmenté, le secteur aérien est en plus grande difficulté – et le droit, lui aussi, a été modifié : Grenelle de l’Environnement, nouvelle loi sur l’eau et loi de modernisation de l’agriculture de 2010. Des habitants risquant l’expropriation ont également déposé des recours devant le tribunal administratif de Nantes. Enfin, la commission des pétitions du Parlement européen a été saisie il y a quelques jours. Cette dernière est certes non juridictionnelle, mais elle pourrait déboucher sur une saisine de la Cour de justice européenne qui pourrait, elle, conduire à une condamnation de la France pour non-respect de la directive-cadre européenne sur l’eau. »

Le collectif des élus hostiles au projet d'aéroport engagera une procédure contre les futurs arrêtés préfectoraux « s'ils ne respectent pas les mesures demandées par la commission d'enquête au titre de la loi sur l'eau ». À cette question, le gouvernement répond par les flashballs et les lacrymogènes. « La répression n’est pas la solution », constate donc Magnen : « les moyens sont disproportionnés, rien ne justifiait un déploiement de forces de l’ordre de cette ampleur. Il faut sans plus attendre stopper les violences. Et ensuite, nous avons tous intérêt à sortir de cette situation par le haut. Cela pourrait passer par la nomination d’une personne indépendante qui puisse réunir toutes les parties autour de la table et trouver une solution. »

De leur côté, les dirigeants socialistes renouent avec les fantasmes de Raymond Marcellin en 1968 : selon eux, l'opposition à l'aéroport Ayrault-Vinci est le fait « de professionnels de la guérilla urbaine » (sans doute liés aux TTT, les Terribles Terroristes de Tarnac). Dans la réalité, le mouvement de résistance à Notre-Dame-des-Landes est présidé par Sylvain Fresneau, éleveur dans ce bocage depuis quatre générations. « Je n’ai jamais vu autant de comités locaux et de groupes locaux se monter », constate Magnen : « cela dépasse le cadre régional et prend une ampleur nationale. Le parallèle avec le Larzac peut se faire même si le contexte politique est différent. La mobilisation est en train de faire basculer l’opinion dans le bon sens. »