Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21/09/2012

OGM : le pas décisif est enfin franchi

Le nouveau protocole scientifique introduit par le rapport d'expériences de l'équipe du Pr Séralini va entraîner d'autres expériences sérieuses, et un débat libéré des influences industrielles

ogm,séralini



 

« Sérieuses » veut dire deux choses :

1. des protocoles scientifiques répondant au problème, notamment en ce qui concerne la durée des tests. Séralini explique : « le crime est que les autorités sanitaires n'aient pas exigé des tests plus longs, alors qu'on est à 15 ans de commercialisation des OGM dans le monde » ;

2. des expériences et des analyses menées par des équipes de scientifiques indépendants, et non plus par les services de Monsanto (75 % des brevets mondiaux) «informant» des agences peuplées d'ex- (et futurs) salariés de l'industrie biotech.

Comme le soulignaient ce matin, à Radio Notre-Dame, le Dr Joël Spiroux (président du CRIIGEN, co-signataire de l'étude Séralini) et Corinne Lepage (fondatrice du CRIIGEN), le problème est la non-transparence : l'insuffisance des tests officiels, et la résistance de Monsanto, Bruxelles et leurs relais français envers toute amélioration des protocoles d'expériences.

Grâce au coup de tonnerre venu de l'université de Caen, de nouvelles expériences vont devoir être réalisées et le débat aura enfin lieu.

Après tout, il s'agit de l'alimentation et de la santé mondiales...

Non, répondent les avocats de Monsanto & Cie : il s'agit de la « lutte contre le fanatisme » et de la « compétitivité de l'industrie française ». Bigre ! Il y a du fanatisme dans la démarche du Pr Séralini ? « Non, nous parlons des faucheurs volontaires ». Mais le Pr Séralini et le CRIIGEN n'ont rien à voir avec les faucheurs volontaires** ? « Bon, changeons de sujet. Parlons de la recherche biotechnologique. Elle est persécutée par le fanatisme comme au temps de Galilée. Regardez le pauvre Limagrain qui a été obligé d'émigrer hors de France à cause du fanatisme des Français... » Parce que Limagrain est un organisme scientifique de recherche ? « Non, d'accord, c'est le quatrième semencier mondial*** et il n'a pas émigré. Mais il a délocalisé son service de transgénique... » Etc.

Intérêts industriels déguisés en arguments scientifiques. Négation de données concrètes. Théorie du complot. Relents voltairiens. Diffamation... L'attitude des pro-OGM est aussi l'attitude des négationnistes climatiques : l'une et l'autre se réduisent à refuser la liberté de recherches.

Invité ces jours-ci par toutes les radios, le pro-OGM Claude Fellous est présenté comme « président de l'Association française de biotechnologies végétales ». On omet de préciser que l'association en question a pour parrain Claude Allègre, l'homme qui niait les dangers de l'amiante ! (Rappelons que Claude Fellous a été condamné en 2011 pour avoir diffamé le Pr Séralini, qui depuis a porté plainte contre lui pour faux et usage de faux). Les amis d'Allègre semblent partager son goût de l'invective contre les autres scientifiques et les libertés qu'il prend avec la vérité... Or, sous Sarkozy (« l'écologie ça commence à bien faire »), Claude Fellous a été nommé « président de la Commission du génie biomoléculaire chargée de l'étude des risques liés aux OGM par les ministères de l'agriculture et de l'environnement ». Lié à la FNSEA, le ministre était lui-même un inconditionnel des OGM. On voit que les conditions d'objectivité scientifique sont réunies en France et en Europe !

À l'inverse de tout cela, la démarche du Pr Séralini n'a eu qu'un seul but : susciter dans le monde une campagne d'expérimentations sérieuses. Comme disait ce matin le Dr Spiroux : « nous serions heureux qu'on démontre que nous avions tort. »

 

_________

* professeur de biologie moléculaire à l’université de Caen, codirecteur du pôle pluridisciplinaire Risques, spécialisé dans l’étude des effets des pesticides et OGM sur la santé. Ce qui n'empêche pas les communicants de l'industrie biotech de traiter le Pr Séralini de « non scientifique ».

** Les faucheurs volontaires ne manquent d'ailleurs pas d'arguments : expérimenter des OGM en plein champ expose les cultures environnantes à la contamination. Des disséminations par le vent sur une quarantaine de kilomètres ont été constatées. Des agriculteurs américains victimes de cette dissémination ont même été poursuivis en justice (et ruinés) par Monsanto pour "usage illégal de semences brevetées" ! A ce sujet, voir par exemple - excusez-moi - mon livre L'Ecologie de la Bible à nos jours, éd. l'Oeuvre, rééd. 2010.

*** La multinationale Limagrain (plus d'1,5 milliard d’euros de chiffre d'affaires, leader en Europe, n° 4 du maïs aux USA) est autant à plaindre – et aussi « française » – que Total.

 

 

La question des OGM est souvent traitée par ce blog :

 taper OGM dans la fenêtre chercher.

 

Commentaires

AU VU DE CES RESULTATS

> Mais la moindre des choses, au vu de ces résultats inquiétants, serait non seulement l'interdiction actuelle de la production mais aussi un moratoire sur les importations en attendant une décision définitive, puisque la confirmation de l'expérience de Caen demandera au moins deux ans.
______

Écrit par : Pierre Huet / | 21/09/2012

LES REFORMES QUE PROPOSE LE PR SERALINI

> " J'en suggère trois : la levée de la confidentialité sur les résultats des analyses conduites par les industriels ; la mise en oeuvre de tests dit « de vie entière » (la durée de vie moyenne d'un rat est de deux ans) sur la formulation commerciale de tous les produits chimiques, et non sur leur seul principe actif ; l'instauration d'une contre-expertise, comme en justice, car l'indépendance scientifique est un mythe. Pour renforcer la sécurité sanitaire, nous devons aussi contrer le dévoiement de la science par certains industriels, certains pseudo-experts (qui ignorent souvent tout des OGM agricoles) et par des agences sanitaires qui travaillent sans conscience ni garde-fous. "
(Nouvel Observateur, 20 septembre)
______

Écrit par : fulup / | 21/09/2012

LE RECIT-TEMOIGNAGE DU Pr SERALINI

> Du livre du Pr Seralini racontant les deux années de tests :

" ...Ces résultats nous font blêmir. La vérification de notre hypothèse est en passe de prendre des proportions dramatiques [...] Certaines femelles ont jusqu'à trois tumeurs, telles des ballons sous leur peau tendue. J'ai peine à les voir ainsi souffrir. Et je ne peux m'empêcher de penser à toutes les femmes qui ont des cancers du sein..."
" C'est une hécatombe. Et c'est à pleurer.. Les géants de l'industrie alimentaire s'arrogent en toute arrogance le droit d'éviter, d'écarter les tests à long terme et les chercheurs non solidaires de leurs conclusions, les autorités sont complices de laxisme et certains scientifiques sont tout bonnement véreux.
A présent, des études sur la reproduction et sur plusieurs générations doivent absolument être menées, et une interdiction de consommation, plus qu'un moratoire, devient indispensable, tout comme un retrait du marché."

Gilles-Eric Séralini, "TOUS COBAYES !" (Flammarion, en librairie le 28 septembre).
______

Écrit par : Manuel / | 21/09/2012

QUE FAIRE

> Dans son livre paru aujourd'hui ("LA VERITE SUR LES OGM, C'EST NOTRE AFFAIRE" - éd. Charles Léopold Meyer), Corinne Lepage accuse :

« L'EFSA*, qui est déjà très largement mise en cause au niveau européen, ne sortira évidemment pas indemne de l'étude du Criigen. La validation de l'ensemble des études menées par les promoteurs des OGM apparaît désormais inadmissible. Le refus du panel OGM d'exiger que soient refaites les études préalables du Mon 863 ne tient plus la route.
[...] La démultiplication de nos efforts peut suivre deux voies. D'abord la création à l'échelle internationale, avec un niveau européen intermédiaire, d'un 'Genetic Transparency Watch', sorte de Criigen à l'échelle internationale, dont la mission serait de partager les informations et d'oeuvrer à la transparence des études et des connaissances dans le domaine des biotechnologies. […] L'ouverture vers les entreprises qui ont décidé d'oeuvrer pour le bien commun et la durabilité, pour reprendre en main les grands choix dont dépendent nos vies, plutôt que de les laisser dans les mains de multinationales qui ont asservi nos Etats. »

* "Autorité européenne de sécurité alimentaire", où eurent lieu les affaires de conflits d'intérêts dénoncés ces derniers temps.
______

Écrit par : Amicie T. / | 21/09/2012

ON NE PEUT FAIRE AUTREMENT

>De PP - Je ne peux pas mettre en ligne des commentaires faits d'affirmations qui ont été réfutées aujourd'hui et hier par l'équipe Séralini (sur la race de rats, par exemple). Je ne peux pas laisser dire non plus que la nécessité de nouvelles études soit un reproche à faire à Séralini, alors que toute son opération n'avait d'autre objectif que de les susciter. Que les auteurs de ces commentaires n'en veuillent pas au blog : on ne peut faire autrement que d'être rigoureux. Nous ne devons pas ajouter au rideau de fumée soulevé par les amis de Monsanto pour noyer le problème.
______

Écrit par : PP / | 21/09/2012

LE BUT DE SERALINI

> Séralini et ses collaborateurs sont clairs : ils n'ont d'autre but que de susciter des contre-expertises sur les mêmes cobayes et avec les mêmes méthodes que leur propre enquête. Non seulement ils ne craignent pas cela, mais ils le demandent ardemment. C'est pour cela qu'ils ont travaillé. Et c'est ce qu'ils sont en passe d'obtenir, à moins que Monsanto ne terrorise tout le monde partout. Alors ne leur jetons pas à la figure la perspective de ces nouvelles études !
______

Écrit par : Athanase / | 21/09/2012

POINT DE DEPART

> Effectivement, on ne peut qu'applaudir au travail effectué par Séralini et son équipe. Et nous l'espérons tous, je pense, ce sera le départ pour d'autres études de chercheurs.
Mais où peut-on lire les réponses de l'équipe Séralini aux objections qui leur ont été adressées?

BJL


[ De PP à BJL - Notamment dans les interventions de Joël Spiroux et Corinne Lepage à l'émission de Radio Notre-Dame hier (La Voix est libre). Et dans l'intervention de Marie-Monique Robin à France Inter ce matin ].
______

Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 21/09/2012

à l'EFSA

> Cette courte vidéo, qui montre comment les choses se passent à l'EFSA : entre amis...
http://www.combat-monsanto.org/spip.php?article930
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 21/09/2012

ATTAQUES

> J'avais écrit ailleurs que cet article sera attaqué de toutes les façons possibles et que nous verrons les scientifiques qui ont soutenu que la cigarette est inoffensive ou que le réchauffement climatique est au pire douteux ressortir du bois pour protéger les producteurs d'OGM. Il y a trop d'argent à la clé, des milliards, et un pouvoir exorbitant sur l'humanité pour que ces gens reculent devant n'importe quel moyen pour détruire cette étude.
Je ne pensais pas que ça irai aussi vite. Voir ressortir Allègre en pro-OGM si vite m'étonne. Les scientifiques pro-business ne doivent donc pas être très nombreux. Je les imagine bien payés sinon je ne les comprends pas.
Je m'inquiète pour l'équipe qui a mené cette étude. Si du mal pourra être dit de façon crédible sur eux, je pense qu'il sera proclamé. Si un scientifique a des doutes sur leur étude, il aura une tribune. Si un des scientifiques a des habitudes sexuelles bizarres, je m'attends à en apprendre la nature et les détails. Cela servira à décrédibiliser tout le travail. Des milliards d'euros et un sacré pouvoir sont en jeu. J'ai vu des crimes pour moins que ça.
Pourtant il faut qu'ils y arrivent. S'ils échouent le cancer induit par les OGM va exploser. Il sera même interdit de faire le lien entre les OGM et les cancers ou d'autres surprises. Une partie vitale est engagée pour nous tous. Si nous la perdons, il y aura de la casse.
Des tumeurs de la taille d'une balle de ping-pong sur un rat donne quoi sur un humain ?
______

Écrit par : DidierF / | 24/09/2012

SEUL LE RAPPORT BENEFICE-RISQUES

>Confirmation ce week-end pour le candide de service (bibi), dans une réunion de famille où je croisai un ex-ponte de l’industrie pharmaceutique. Dans les hautes sphères de ce business – et c’est évidemment la même chose dans le secteur agronomique, sous la pression des semenciers –, on ne parle jamais de danger ou de produit potentiellement dangereux (genre maïs transgénique), mais de rapport bénéfice/risque. C’est avec ce genre de concept qu’on aboutit au scandale Servier/Mediator et à celui qui pointe son nez du côté de Monsanto. Combien d’autres à venir ?
Question subsidiaire : quel panneau faudra-t-il bientôt brandir devant l’exécutif gouvernemental et la représentation parlementaire, au train où galope l’incurie économique et politique, avec son corollaire de dégâts sanitaires et sociaux ? « Danger loi de la République », « Législateur : le grand frisson », « Politique, attention sorciers »… ?
______

Écrit par : Denis / | 24/09/2012

PORTABLES

> Maintenant : la même chose pour les téléphones portables (et la technologie sans fil en général...) !
______

Écrit par : Feld / | 24/09/2012

Les commentaires sont fermés.