16/08/2012
Une arrogance américaine qui choque les Japonais
"Hey, le Japon, ÇA, c'est un film !"
La campagne d'Avengers (Disney+Marvel) dans divers pays du monde passe les bornes de la la grossièreté mentale :
Pure People* raconte la dernière arrogance de l'industry :
<< Le film de Joss Whedon Avengers est sorti dans les salles japonaises le 14 août […]. Précédé d'un carton phénoménal qui l'a propulsé en troisième position des plus gros succès de tous les temps, Avengers débarque au Japon sans aucune subtilité. Une bannière du film hurle ainsi "Hey, le Japon, ÇA, c'est un film", laissant les spectateurs perplexes, forcément amenés à lire le sous-texte de cette affiche un brin méprisante, qui se cache derrière le 1,4 milliard de dollars de recettes pour asseoir la domination des studios hollywoodiens sur le reste du monde - du moins en termes de films. Une décision marketing qui n'est pas passée inaperçue dans le pays. L'auteur Toshihiko Yahagi a ainsi déclaré que "voir les Etats-Unis dire 'hey, le Japon, ÇA, c'est un film'est profondément déplaisant". Le journaliste Takashi Odajima n'a pas mâché ses mots en comparant cette phrase aux paroles des colonialistes, qui débarquent en hurlant "hey, vous, ÇA, c'est de la culture." Ce n'est pas la première fois que les Avengers provoquent la colère d'un autre pays. En mai, l'Inde avait déclaré son mécontentement devant les scènes de bidonvilles avec Bruce Banner alias Hulk. L'acteur Rituparna Sengupta avait expliqué : "La culture et l'héritage de Calcutta sont riches, et les réalisateurs devraient respecter cela. Il y a deux scènes en Inde, et elles ne montrent que des bidonvilles. Cela aurait pu être fait avec un meilleur goût." >>
Avengers est un sommet dans le genre (fondamentalement crétin) qu'est le film US de « super-héros » : « Lorsque Nick Fury, le directeur du S.H.I.E.L.D., l'organisation qui préserve la paix au plan mondial, cherche à former une équipe de choc pour empêcher la destruction du monde, Iron Man, Hulk, Thor, Captain America, Hawkeye et Black Widow répondent présents. Les Avengers ont beau constituer la plus fantastique des équipes, il leur reste encore à apprendre à travailler ensemble », etc. Un condensé d'idéologie basic global : le décervelage à l'oeuvre sur tous les continents... Dans les hypermarchés s'empilent à longueur de gondoles ces super-héros en plastoc venus boucher l'imagination des enfants. « Hey, le monde, ÇA c'est de la culture ! »
"Hey, le monde, CA c'est de la culture !"
19:37 Publié dans Idées, Société | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : culture, cinéma, hollywood, japon
Commentaires
ELU
> Hey, les ploucs, ça, c'est le nouveau peuple élu, dont un des premiers dirigeants (désolé pour le trou de mémoire) déclarait que , grâce au commerce, il renouvellerait les exploits de Rome.
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Écrit par : Pierre Huet / | 16/08/2012
SYMPTÔME
> Sur les Etats-Unis d'Amérique, trouvé à l'instant sur la page Facebook de François Asselineau:
https://www.facebook.com/notes/fran%C3%A7ois-asselineau-union-populaire-r%C3%A9publicaine/nouveau-sympt%C3%B4me-alarmant-de-folie-guerri%C3%A8re-aux-%C3%A9tats-unis-9-prix-nobel-de-la-p/10150970091022038
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Écrit par : Pierre Huet / | 16/08/2012
ET LES CHINOIS
> Les Américains ne sont pas de méchantes gens, mais ils sont très maladroits...
Epargnons-les, je pense que le jour (prochain) où l'ordre mondial chinois remplacera l'ordre mondial américain, nous les regretterons.
CC
[ De PP à CC - Pas plus que si l'ordre stalinien avait remplacé l'ordre hitlérien. Mutatis mutandis, évidemment : je ne dis pas que l'empire américain soit le IIIe Reich ! En outre, un imperium chinois ne serait que le contrecoup de l'imperium US, c à d la globalisation voulue et accomplie par l'économie américaine... ]
réponse au commentaire
Écrit par : Clément Cassiens / | 17/08/2012
MAIS PAS BATMAN
> En effet, Avengers et consorts sont le sommet de la bêtise...mais dans ce monde de super héros à la gomme, les trois Batman de Christopher Nolan sont sensiblement différents. Profonds, intelligents ils renouvellent le genre.
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Écrit par : Charles Vaugirard / | 17/08/2012
> De toute façon, les japonais vont peu au cinéma.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 17/08/2012
à Clément :
> je ne vois pas en quoi il faudrait choisir l'assujettissement à l'un par peur de l'assujettissement à l'autre. Ces choix binaires (c'est moi ou le chaos) ne sont pas pour rien dans le monde actuel "tel qu'il ne va pas", pour parler comme Chesterton. Par ailleurs, compte tenu qu'on en entend parler constamment, je ne me lasse pas de répéter que le concept de l'Imperium chinois ne me paraît pas plus sérieux que celui de l'hyperpuissance américaine. Avec son économie irréductiblement liée à la consommation agonisante de l'Occident, ce qui lui fait perdre 1.5 point de croissance par an, son incapacité à élever le niveau de vie de la population, l'endettement pharamineux de ses régions (9000 milliards de yuans selon le gouvernement chinois), ses besoins extrêmement polluants en matières premières et en énergies de moins en moins disponibles, l'antagonisme avec les autres émergeants que l'acronyme BRICS ne doit pas occulter, la pauvreté massive de la majorité de la population et le développement d'une mentalité consumériste à l'occidentale chez le petit pourcentage restant (des émeutes devant les Applestores ! On se croirait sur Broadway...), ses échecs technologiques constants (barrages, autoroutes, TGV...) et surtout sa natalité à 1.4, on voit mal ce qui distingue l'horizon chinois du nôtre...
http://www.demographic-research.org/Volumes/Vol25/26/default.htm
La Chine est un vaste pays, il est certain qu'il compte. Mais pas plus maître du monde demain que les USA, hier, en Irak.
A Charles : je respecte totalement votre opinion sur les films de M. Nolan, il va sans dire, d'autant que tout cela est grandement subjectif. Mais je ne le partage pas, si vous permettez. Ces trois films m'ont paru très bêtes, très mal joués, très mal écrits, bavards et insipides, incapables même de filmer une poursuite en voiture comme n'importe quel assistant réalisateur de série B aurait su le faire dans les années 50. Quant au dernier, même si mes amis objectent véhémentement toutes sortes de choses à cette opinion, je le trouve idéologiquement épouvantable : la Bourse, lieu idéal, poumon protecteur, temple sacré et gardien de toute activité économique (on prend même le temps dans le scénario de tancer le policier qui dit avoir un bas de laine sous son matelas : dangereuse subversion !), les chômeurs et les orphelins qui sont de dangereux terroristes assoiffés de justice expéditive et de dictature, et les policiers qu'il faut libérer de la lourdeur des institutions (les juges, les commissions rogatoires, les droits des accusés...) afin qu'ils soient plus efficaces dans leur défense des nobles institutions financières... Il paraît que même aux USA, le message en fait tiquer certains. Evidemment, je joue la provocation quand je dis à mes amis que c'est un film "libéral-fasciste", mais sérieusement, à mon humble avis, il y a de ça...
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Écrit par : Christian / | 17/08/2012
> Là, c'est moi qui avoue mon inculture. Sur l'image du bas , je reconnais bien Captain America. Mais les autres ?
Écrit par : Feld / | 17/08/2012
WHAT IF
> Le dernier comic que j'ai lu (il y a quelques années) est ce que l'on appelle un "what if", c'est à dire une uchronie dans le monde imaginaire des super-héros : "Superman red son", de Mark Millar, Dave Johnson et...Kilian Plunkett.
http://www.geektheory.fr/superman-red-son-un-comics-qui-aurait-pu-etre-un-chef-doeuvre-dommage/
L'idée de départ : au lieu d'atterrir en plein coeur du middle west, le petit module spatial envoyé par les parents de Superman arrive...dans un kolkhoze ukrainien. Elevé comme un bon communiste par ses parents adoptifs, Superman attire l'attention de Staline, qui en fait un symbole du régime...Il finira par diriger l'URSS, grâce à ses super-pouvoirs (Big brother is really watching you) et mènera la Guerre froide avec les Etats-Unis.
Comme dans tous les "what if" (apparemment c'est un genre à part entière), les super-héros sont utilisés à contre-emploi : Lex Luthor (conseiller du Gouvernement US), Batman (dissident soviétique...), Wonder Woman, Green Lantern, Brainiac...sont de la partie.
Ce comic m'a fait passer un bon moment.
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Écrit par : Feld / | 17/08/2012
@ PP
petite faute de frappe dans votre phrase en rouge "lala" :
"La campagne d'Avengers (Disney+Marvel) dans divers pays du monde passe les bornes de LA LA grossièreté mentale :"
Le maitre du monde n'est pas Hollywood mais le génial Zorglub
N'importe qui sait cela
(le génie du mal étant soit Rastapopoulos soit Lazlo Carreidas)
Écrit par : zorglub / | 20/08/2012
@ Feld :
> de mémoire, et sans vérification je reconnais de gauche à droite : Hulk, Iron Man (en bas), Thor, La Vision (en bas), Captain America, un inconnu dont la tête dépasse au milieu, Giant-Man, La Sorcière Rouge, Miss Marvel (qui vole), Vif-Argent, Luke Cage?
Quand même beaucoup de classiques de la première ou seconde équipe.
Je n'ai pas lu Red Son mais j'en ai entendu du bien.
Amateur de bande dessinées j'aime bien les produits de l'industrie américaine 'comme les Avengers). Mais du tri est nécessaire. Depuis les années 80 et les Watchmen, une grande partie du genre se complait dans le réalisme et l'ultra-violence, avec une image profondément négative du monde, très souvent teintée de manichéisme (cf Punisher, Darkness, Spawn, Authority, Transmetropolitain). Et en accord avec Christian, je reconnais qu'il y a ainsi une forte tentation et orientation fascisante dans la figure même d'un milicien masqué faisant régner "sa justice" (cf les oeuvres de Frank Miller, Dark Knight et surtout DK2, Sin City, 300).
De plus, à force de semi-divinités, de résurrections improbables, de mondes parallèles, une "vallée de l'étrange" (uncanny valley) se créée pour le lecteur. Si n'importe qui peut ressusciter les morts, à quoi bon croire au Christ? Quel est cet univers dont les habitants nous ressemblent mais dont le salut n'a rien à voir avec le nôtre?
Tous ces bricolages commerciaux (malgré la sacro-sainte "continuité", d'ailleurs de plus en plus souvent assaillie de "reboot", remises artificielles à zéro) éloignent fortement de la cohérence qu'ont su avoir, dans leur univers particulier, Lewis, Tolkien et plus récemment Rowling.
Il serait bon que malgré son succès, les tenants de cette industrie restent à leur place (ainsi, une amie iranienne vomit 300 pour l'image complètement fausse donnée de Xerxès), et se souviennent qu'il s'agit d'oeuvres de divertissement voire de catharsis, rarement de culture (comme le rappelle le prologue de Scott Mc Cloud dans son formidable "understanding comics").
Personnellement j'ai du mal à trouver plus inspirant dans cette culture que le Surfeur d'Argent de Lee/Buscema (avec un vrai Mephisto digne de Goethe, à l'époque où l'on savait encore discerner le Mal) ou que Kurt Wagner / Diablo (Nightcrawler) des X-Men. Mais c'est déjà si vieux tout ça!
@zorglub : la relecture récente, entre 2 séjours au Bretzelburg, de "Panade à Champignac" m'oblige à me porter en faux contre cette affirmation. Mais "Eviv Bulgroz" quand même!
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Écrit par : Charles-Marie / | 21/08/2012
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