28/07/2012
C'est officiel : le site de Florange est "viable"
C'est l'avis des experts, du ministère Montebourg et des syndicalistes... Mais Hollande peut-il être d'un autre avis que celui de Lakshmi Mittal ?
Sur la page d'accueil de la CFDT de Florange.
Sur toutes les radios et dans toute la presse, communiqués du ministère Montebourg et des syndicats : piloté par le Conseil général de l'économie, de l'industrie, de l'énergie et des technologies, un rapport d'expertise constate que le site étouffé par Arcelor Mittal : a) est "viable", b) mérite une relance, c) devrait faire l'objet d'une offensive de négociation avec M. Mittal. Si ce dernier persiste à étouffer le site, le rapport suggère de soutenir un repreneur.
Relancer Florange (ou le laisser redémarrer en d'autres mains) n'entre visiblement pas dans les plans de Lakshmi Mittal. Selon Le Monde (30/07), la famille Mittal envisage "de nouvelles mise en veille ou fermetures de hauts-fourneaux sur le Vieux Continent". Comme dit le syndicaliste CFDT Edouard Martin sur le site des Florange, "Mittal veut détruire l’industrie européenne et mettre les pays en concurrence"... Quand le groupe Mittal fait savoir que la France est pour lui un pays "stratégique", on comprend en quoi consiste cette stratégie ; elle n'est pas dans l'intérêt des salariés de Florange.
François Hollande s'en apercevra s'il a l'audace de rencontrer M. Mittal au mois d'août, comme le dit la rumeur. Cette rumeur est démentie par l'Elysée (Le Monde) ; le compagnon de Valérie ne sera pas plus guerrier que celui de Carlita.
Quant aux syndicalistes de Florange, auxquels Hollande fait dire qu'il suit "personnellement" le dossier, ils s'apercevront de la mentalité réelle du chef de l'Etat dans ces domaines. On en a un avant-goût dans sa déclaration d'hier sur l'affaire du centre d'appels des transports d'Ile-de-France (délocalisé de Vendée au Maroc) : "Il y a des règles en matière de marchés publics, elles ont été respectées dans ce cas. Je ne suis pas favorable à une surenchère protectionniste." Parler de "surenchère protectionniste" relève du prétexte quand on est aux ordres de Bruxelles, temple du libre-échangisme.
Les "marchés publics" ayant donné Florange à Mittal, et quelle que soit la stratégie de ce dernier, force est de s'incliner quand on est un politique d'aujourd'hui.
Qu'importe d'ailleurs ! Comme diraient nos amis les dadais, l'ennemi n'est pas le prédateur : "l'ennemi c'est l'Etat".
La classe politique bruxello-strasbourgeoise a-t-elle plus des testostérone que l'Elysée ? La CFDT rêve : "L’Europe n’a pas de baguette magique mais les parlementaires peuvent au moins rédiger une directive pour éviter de telles dérives industrielles. Peut-être pourraient-ils même "oser" convoquer les décideurs du groupe [Mittal] pour leur poser quelques questions sur leur stratégie..."
Chiche.
Le site des Florange : http://cfdt-arcelormittalflorange.blogspot.fr/
ps / Cette note vise l'aspect prédateur du système mondialisé. Elle n'aborde pas le problème de fond : la nature même de ce système (le productivisme), qui est un autre sujet.
15:10 Publié dans La crise, Social, Société | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : florange, mittal, montebourg, hollande
Commentaires
VERS LE CLASH
> Montebourg et Hollande vers le clash. Montebourg s'engage maintenant aux côtés des Florange face à Mittal le naufrageur. Hollande proclame son allégeance au libre-échangisme
et se couchera devant Mittal. Hollande finira par muter Montebourg comme il a muté Bricq.
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Écrit par : Camélinat / | 28/07/2012
LES MASQUES TOMBENT
> Ça a été plus vite que je le pensais, les masques tombent déjà et les craquements se font entendre. Hé oui, monsieur Hollande, les règles ont été respectées, et ces règles c'est vous et vos équivalents (M. Sarkozy et prédécesseurs) qui les ont décidées et votées. Vous êtes donc bel et bien coincer dans un piège sans issue, sauf à vous renier en engageant un bras de fer avec les autorités européennes, mais vous n'en n'aurez sans doute ni la lucidité, ni le courage. Dès lors la chute va se poursuivre : les délocalisations se poursuivront, le chômage, la pauvreté, la criminalité continueront à augmenter. Bref nous continuerons à nous américaniser, c'est-à-dire en novlangue à nous moderniser. Je suis totalement écoeuré par ces incompétences. Sur le protectionnisme, lire l'excellent article de F. Lordon.
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Écrit par : BCM / | 28/07/2012
LES DEUX ASPECTS
> Mon impression est que vous abordez mal la situation . Une bataille pour sauvegarder ce qui est en déclin est le plus souvent perdue . Il faut à mon sens au contraire réfléchir aux possibilités existantes d'aller de l'avant avec probablement autre chose en ayant une vision à plus long terme que l'année en cours ou les deux ou trois prochaines années . Dans les villes ou régions sinistrées , il faut des plans porteurs d'espoir pour l'avenir : des idées nouvelles !
Brunok
[ De PP à Brunok :
- C'est exactement ce que veut dire la note sur le productivisme à la fin de l'article.
- Ne privilégiez pas un aspect en occultant l'autre... La nécessité de changer de modèle économique n'efface pas la nature prédatrice du système actuel, ni le désespoir des salariés sacrifiés à la concurrence mondiale. (M. Mittal ferme l'industrie européenne, pas l'industrie indienne). ]
réponse au commentaire
Écrit par : Brunok / | 28/07/2012
@ Brunok
> Idées nouvelles? nous vous écoutons.
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Écrit par : Pierre Huet / | 29/07/2012
ILS N'OSERONT PAS AFFRONTER LES PREDATEURS
> Affirmer redouter la "surenchère protectionniste", il fallait quand même oser ! Comme si, actuellement, les salariés confrontés aux délires du capitalisme financier et prédateur comme vous dites très justement, pouvaient déjà compter sur une quelconque protection de l'Etat ! J'ai le sentiment que ce gouvernement n'osera pas s'affronter à ces prédateurs. Qu'il faille mettre à jour un autre système, sobre et basé sur une protection sociale pour tous, c'est évident. Le problème, c'est qu'aujourd'hui, les salariés passent par pertes et profits, ne sont associés à rien du tout et que les seuls à en profiter sont, finalement, une infirme minorité qui ne sait faire que des bulles financières !
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Écrit par : Bruno C. / | 30/07/2012
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