Fritz Schumacher pré-trotskiste ? c'est la dernière bourde du club des Dadais

Fritz Schumacher, économiste et catholique.

On aime la Toile, mais elle donne aussi de l'écho à des âneries. Témoin celle-ci :

 

C'est une « démonstration » en ligne, ces jours-ci sur l'un des sites de référence du club des Dadais.

Se hissant au niveau des grandes synthèses historiques, l'auteur décrit la société actuelle comme une « subversion trotskiste », ce qui est audacieux quand on parle d'une époque d'hyper-capitalisme. En quoi consiste ce « trotskisme » ? En ceci : « émancipation des femmes et émergence des minorités sexuelles », « critique du système productiviste et du gigantisme », « tiers-mondisme », « néo-ruralisme, » « commerce dit équitable », « développement dit durable », « écologie en tant qu’enjeu politique » [...], «  discrimination positive visant à inverser la préférence nationale, culture de l’excuse, culture anti-riches, victimisation des délinquants, christianophobie avec son corollaire l’islamophilie, glorification des cultures subsahariennes et bannissement des racines chrétiennes de l’Europe, diabolisation de l’histoire de France, égalitarisme forcené, nivellement par le bas dans les écoles, permissivité généralisée conduisant à l’insécurité que nous connaissons, banalisation de la drogue et des réseaux mafieux… »

Ce terrifiant ensemble « n’aurait pas vu le jour », proclame l'auteur, « sans [les] remises en cause radicales de la société de consommation » dans les années 1960.

Et quels malfaisants avaient opéré ces remises en cause ? Ils étaient trois : « Wilhelm Reich », subversif puisque psychanalyste ; « René Dumont », subversif puisqu'écologiste ; mais le numéro 1 des subversifs était « Ernst Friedrich Schumacher et son best-seller Small is beautiful paru en 1973 ».

Ici l'ânerie touche au grandiose. L'auteur ignore que, deux ans avant d'écrire Small is beautiful, l'économiste germano-londonien Schumacher s'était converti au catholicisme en lisant les encycliques sociales.

Je demande donc que l'on s'arrête une minute devant ce quadruple monument de bêtise :

- un article qui voit, dans la pensée anti-gigantisme d'un économiste catholique¹, l'une des sources de la « subversion trotskiste »,

- un article qui (par ailleurs) considère la société de 2012 comme « trotskiste » alors qu'elle est livrée au gigantisme hyper-capitaliste,

- un article qui considère les effets sociaux et moraux de l'hyper-capitalisme² comme une « contre-culture pour en finir avec le système capitaliste »,

- un article, enfin, dont le dernier mot, sous couleur de citation, est pour évoquer un complot visant à « en finir avec la suprématie blanche et chrétienne » (sic).

 

Le drame est que des sites ostentatoirement catholiques relaient ce texte sans en voir l'imbécillité générale, ni voir que le slogan « suprématie blanche et chrétienne » (emprunt effarant - et plus que suspect - au KKK) est une monstruosité du point de vue chrétien. Des métastases sont en train de se diffuser dans le catholicisme français. Une thérapie devient urgente. 

 

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1. Célébré à de multiples reprises par par L'Homme Nouveau, journal assez peu trotskiste.

2. Cf. Lloyd Blankfein, PDG de mégabanque, proclamant à grand fracas : "le mariage gay fait partie des valeurs du capitalisme moderne".

 

 

En anglais : "White and Christian Supremacy".

Les libéraux conservateurs filent un mauvais coton.