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18/03/2012

Que le politique ose parler autrement que la finance...

 front-de-gauche-melenchon-10665441lmodk_1861.jpg...c'est ce qu'attendent les Français. Et c'est l'explication de la montée  de Mélenchon (même si l'on devine son véritable objectif) :

<  A la Bastille cet après-midi.


 

Consternation des commentateurs, notamment à l'émission de Philippe Meyer1 hier matin : jamais on n'a vu plus mauvaise campagne présidentielle. La crise menace le monde ; l'Europe libre-échangiste – qui prétendait garantir notre prospérité – est le continent le plus sinistré ; mais Nicolas Sarkozy raconte « n'importe quoi » (Jean-Louis Bourlanges) et François Hollande cafouille dans l'évasif. Chacun à sa façon, ils esquivent le problème. Quel est ce problème ? L'implosion du capitalisme néolibéral, processus engagé depuis que le système a atteint son stade suprême : la virtualisation-financiarisation2... « Nous assistons aux derniers feux de la génération libérale, le krach final est à venir », constatait3 le journaliste économique François Lenglet dès 2007.

Donc la question est : par quoi remplacer ce système en train de couler ?

Mais c'est la question que personne ne pose. Car ce n'est pas une question technique. Ce n'est même pas une question économique. C'est une question de civilisation, trop substantielle pour être captée par les politiciens. Il s'agit de découvrir que le destin de l'homme n'est pas de servir le business, et que la vie ne se résume pas aux échanges commerciaux. Qui nous dira pourquoi (pour quoi) nous vivons ici ensemble ? Autrement dit : quand aurons-nous une politique et une métaphysique ? (Ce qui nous en tenait lieu naguère ayant été liquéfié par le libéralisme).

Ces questions ne sont pas superflues mais vitales. Forcés à tous points de vue4 d'inventer un nouveau modèle de société, nous devons trouver des sources d'inspiration ailleurs que dans la technique gestionnaire : instrument (d'ailleurs pris en défaut) du modèle agonisant.

D'où la nausée que donne cette campagne présidentielle où les candidats (entre deux embardées de démagogue dans les meetings) récitent des fiches techniques, produites par leurs conseillers business pour des plateaux télévisés où l'on ne parle que taux et pourcentages. « L'émission emblématique en 2007 était celle où les candidats se retrouvaient ''Face aux Français'' ; celle de 2012, ''Des paroles et des actes'', se passe sur France 2 où ils sont confrontés aux experts », constate un producteur télé dans Le Monde du 18 mars. Marine Le Pen elle-même est dans cet engrenage5 : c'est l'une des causes de l'érosion de sa cote.

En revanche, Jean-Luc Mélenchon marque des points, et cela vient du ton totalement « politique » de sa campagne – qui ne s'encombre pas de chiffres mais affecte de foncer dans l'essentiel. Même si la sincérité du tribun est douteuse (et si son but n'est qu'un portefeuille dans le futur gouvernement Aubry), son show est apprécié par 11 % des Français. Ce qu'ils apprécient, c'est la mise en cause – même purement oratoire – de l'économique par le politique.


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 1. L'Esprit public (France Culture), 18/03.

 2. Gaël Giraud s.j. : http://www.paris.catholique.fr/Conference-de-Careme-du-11-mars.html

 3.  La crise des années 30 est devant nous (Perrin).

 4. Crise économique + crise écologique + panne de sens.

 5. Voir sa déclaration du 12 janvier, qui ressemble à un gag : «Si l'on fait une analyse prospective globale de la cinématique de l'hémorragie budgétaire permanente, on peut anticiper que le déficit zéro devrait être atteint en 2025, au mieux, et que, parallèlement, la dette va, par l'effet d'anatocisme des intérêts – c'est l'inertie des besoins d'emprunts ou, communément, l'effet boule de neige – continuer à s'accroître dangereusement jusqu'à son niveau d'étiage  de 3121 milliards d'euros courants, soit 1400 milliards d'euros courants de cette dette supplémentaire sur la période 2012-2025. » Commentaire d'Ariane Chemin : « les journalistes n'en sont pas revenus. » C'était le seul objectif de la déclaration : parler le langage des experts financiers, le seul désormais qui soit admis (au terme du processus de décomposition de la Cité politique).

 

Commentaires

VINGT ANS DE RÈGNE

> On nous avait dit il y a vingt ans : écartons la politique, écartons l'Etat, laissons faire le marché et ce sera la richesse pour tout le monde... Pendant vingt ans ils ont eu les mains libres, du jamais vu dans l'histoire : une dictature de l'économie et de la finance ! Et voilà le résultat : l'économie et la finance s'écroulent. Cherchez l'erreur commise.
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Écrit par : michèle / | 18/03/2012

MELENCHON

> Au point où nous en sommes, osons l’impensable.
Dans les années trente, De Gaulle a attendu dix ans – via « Le Fil de l’épée » et « La France et son armée » qui, par leur hauteur de vue, leur profondeur et leur style portaient les germes d’une ambition nationale – avant d’être considéré comme un recours (la guerre et le sous-secrétariat d’Etat à la défense où Paul Reynaud le nomme en juin 1940).
Après la guerre, mal payé pour son discernement et son action, il s’offre douze ans de purgatoire, retrouvant le pouvoir en 1958, à 67 ans, pour fonder la Ve République.
Mélenchon, 60 ans, serait donc le seul à mériter la comparaison, en situant le politique à son rang véritable, en parlant VIe République etc. ?
Il est à 11%. N’a aucune chance d’être présent au second tour.
Pour qu’il devienne un recours aux yeux des Français, il faudrait que nous tombions aussi bas que la Grèce. Ça ferait naître des vocations de (néo)-communards et autres sans-culottes assez nombreuses pour envisager un basculement… (s’il te plaît, Jean-Luc, sans la bascule à charlot).
La conclusion s’impose : nous n’avons pas touché le fond.
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Écrit par : Denis / | 18/03/2012

FUNERARIUM

> La solution de Mélenchon: ressortir du funerarium les vieilles sornettes criminelles du communisme ou de la terreur paranoïaque de 1793-1794! Je rêve !
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Écrit par : B.H. / | 18/03/2012

LE CONFORMISME

> Il y a des pistes intéressantes chez Mélenchon, mais pas de vraie rupture et pas mal de démagogie, voire de clins d'oeil clientélistes qui font peu sérieux. Pas moins que d'autres certes, mais pas plus.
Sur un plan moins anecdotique: seuls les Français qui "bouffent vraiment de la vache enragée" sont disposés à remettre le modèle standard en cause. J'ai eu des discussions avec trois maires du Val d'Oise et avec de militants de grands partis: accablant de conformisme !
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Écrit par : Pierre Huet / | 18/03/2012

PERSONNE

> Personne ne croit que Mélenchon va ressusciter Robespierre et l'URSS. C'est du verbiage. Mais il y a aussi une réalité : les dizaines de milliers de gens de la manifestation d'hier à Paris. Pourquoi autant de monde à l'appel de Mélenchon ? Il est le seul à crier que le politique ne doit plus être l'esclave du financier. Même si c'est avec un vocabulaire sans-culotte juste décoratif. (Il faudrait d'ailleurs qu'un historien lui explique que la Révolution française n'a été qu'une prise du pouvoir par la bourgeoisie, et même l'élargissement de cette classe par un afflux de "nouveaux bourgeois" dont les familles allaient être les soutiens du roi bourgeois Louis-Philippe quarante ans après !).
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Écrit par : brisebleu / | 19/03/2012

CITOYEN SENATEUR

> à Brisebleu - Oui, et on allait tous les retrouver à la tête du Directoire : gardiens de l'ordre bourgeois nouveau. Le citoyen sénateur Mélenchon qui aime porter du rouge aurait belle allure en costume du Conseil des Cinq-Cents (toge et toque de cette couleur). Vivement brumaire.
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Écrit par : jean-roch / | 19/03/2012

OU MAIS

> Oui mais si Mélenchon c'est Tallien ?
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Écrit par : limoëlan / | 19/03/2012

EN EFFET

> en effet c'est odieux. La polarisation sur l'avortement est un marqueur identitaire de l'ultra-gauche, mais c'est plus franc que ceux qui en pensent autant en le disant à moitié (Hollande) ou sans le dire du tout (Sarkozy et tous les autres).
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Écrit par : Nati / | 19/03/2012

D'AUTRES RAISONS

> Reste la montée de Mélenchon dans l'opinion, et ça n'a rien à voir avec ses positions morales : tout le monde sait que la loi Veil na pas besoin d'être constitutionnalisée, n'étant menacée en rien. Mélenchon attire l'intérêt pour d'autres raisons.
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Écrit par : Mona Lecauf / | 19/03/2012

CONSTITUTION ?

> "Constitution" ? il y a de quoi se marrer, elle est modifiée tous les ans.
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Écrit par : adalbéron / | 19/03/2012

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