20/02/2012
Campagne présidentielle US : la grande équivoque
La tyrannie démocrate sur les hôpitaux catholiques n'efface pas l'iniquité sociale du parti républicain :
En 2008, 54 % des catholiques américains avaient voté pour Obama en dépit de la violente campagne menée contre lui par la droite religieuse. Pourquoi ? Parce que les positions antisociales des républicains (et leur allégeance caricaturale envers Wall Street) étaient inacceptables pour des croyants. Aujourd'hui, les trois quarts des évêques américains appellent au contraire à manifester en mars devant la Maison-Blanche : c'est pour protester contre les remboursements d'IVG imposés aux hôpitaux catholiques1. Evidemment le parti républicain, dans les affres de primaires médiocres, saute sur l'occasion. Même Newt Gingrich se découvre fervent religieux, comptant par là faire oublier son érotomanie, son bellicisme, et son job surpayé de lobbyiste en faveur de groupes financiers qui ont déclenché la crise de 2008.
Là est l'équivoque. La pression néfaste de l'administration Obama en matière de droit à la vie, ne peut faire oublier l'iniquité de la surenchère antisociale des pré-candidats républicains, harcelés par le Tea Party2. (Sans excepter hélas Santorum : « catholique » entre guillemets, cet adjectif ne convenant pas aux gens qui ne gardent que certains points du catholicisme et laissent tomber les autres – de préférence ceux qui concernent la compassion envers le pauvre).
Ajoutons à cela les meetings où la foule hurle en faveur d'une guerre totale sur le Proche-Orient (aux antipodes des positions de l'Eglise catholique), et vous avez le climat présent du GOP ; ce qui devrait faire réfléchir un peu l'électeur.
Si le candidat républicain est un otage du Tea Party, et si Obama est impossible en raison de ses atteintes au droit à la vie, que reste-t-il au chrétien ? L'abstention ? Pourquoi pas, commencent à dire des blogueurs catholiques... Aucun sophisme ne peut forcer un citoyen à voter contre sa conscience.
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1. Obama a fait un premier pas en arrière à ce sujet. Les évêques veulent un retrait complet de la disposition.
2. Financement : voir notre note du 18/02, « Les coulisses du lobby climato-sceptique ».
10:13 Publié dans En 2012, Planète chrétienne, Social | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : usda, obama, gingrich, catholiques, christianisme, ivg
Commentaires
AMERICANISATION PAR L'HYSTERIE
> Remplaçons le tumulte de campagne des GOP et Tea Party par le « T’es (complètement) parti » de la candidature Sarkozy. Mesurons les affres d’Obama relatives aux hôpitaux catholiques à celles d’Hollande relatives à la revendication euthanasique. De fait, nous nous américanisons. A ma droite, l’UMP la bave aux lèvres. A ma gauche, le PS une arête en travers de la gorge (sa libertaire attitude, qui passe mal). Reste que la violence du populisme sauce Sarkozy devrait elle aussi « faire réfléchir un peu l’électeur ». Car au train où vont les choses, le candidat de l’UMP aura bientôt lui aussi sa « foule qui hurle » à chaque meeting… contre les fonctionnaires, les corps intermédiaires (commode édredon pour passer ses nerfs), les chômeurs ou les immigrés en situation irrégulière. En passant, ayons un peu de compassion pour ces hommes politiques a priori dotés d’un cortex cérébral (cabine de contrôle des emballements émotifs, comme chacun sait), tels Juppé et Fillon, embarqués dans une campagne UMPiste aux premiers relents hystériques.
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Écrit par : Denis / | 20/02/2012
à Denis :
> ne fantasmons pas sur le calamiteux Juppé, complice en tant que ministre des Affaires étrangères de la vente de la France aux intérêts des pétro-monarchies du Golfe, Qatar en tête.
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Écrit par : JG / | 20/02/2012
DE PLUS EN PLUS DELICAT
> Un membre du département d'Etat m'expliquait récemment que les blogs ont fait exploser une certaine unanimité des américains sur des valeurs fondatrices clefs dont les grands médias étaient le moteur de transmission et provoquent une radicalisation sur des valeurs opposées : avortement - health care par exemple. Ce qui explique ce que décrit Denis dans le post précédent et que l'on peut en effet constater en France aussi. Refuser un certain type d'affrontement tout en restant ferme sur nos positions spirituelles va devenir de plus en plus délicat....
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Écrit par : stevenson / | 20/02/2012
@JG
> Le drame du « calamiteux Juppé », comme vous dites, c’est qu’il présente bien. Demandez donc à grand-père et à bonne-maman ce qu’ils en pensent.
@ Stevenson
> D’accord avec vous pour refuser « un certain type d’affrontement ». Mais étant donné la volatilité des convictions de certains responsables politiques, quoi qu’ils en disent, je vais surtout me prononcer, par mon vote en avril et mai prochain, contre un certain type de manipulations. Il y a des leaders politiques qui orientent et manipulent l’opinion de façon scandaleuse. Il y en a d’autres auxquels on peut reconnaître une certaine sincérité dans les convictions. Avec qui aime-t-on discuter ? Avec des personnes convaincues, même si elles ne sont pas de votre bord. Pas avec des dindons farceurs.
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Écrit par : Denis / | 20/02/2012
DILEMME
> Mais l'abstention, n'est-ce pas laisser les autres décider à notre place? Alors nous aurons les mains pures mais nous n'aurons pas de mains... Je partage votre malaise mais il me semble que l'Eglise, par la voix de ses évêques nous invite quand même à choisir même si aucun candidat n'est parfait... Sinon n'allons-nous pas nous transformer en secte de "purs", de "cathares", coupés du monde? Il me semble que le magistère nous mette régulièrement en garde contre cela... Même si c'est vrai que le dilemme est redoutable...
HH
[ De PP à HH - Tout est dans l'intention. S'abstenir pour être "purs" serait risible et contraire à l'Evangile. Mais s'abstenir parce que l'offre ne satisfait pas notre conscience, c'est exercer la liberté du citoyen, de la personne et du chrétien. D'autre part, l'Eglise (instruction sur "Le chrétien en politique") souligne qu'aujourd'hui la participation à la vie de la cité prend des formes multiples outre le rite électoral. C'est une preuve du réalisme catholique, sachant que l'électoral n'embraie plus sur grand'chose à notre époque. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Hubert Houliez / | 20/02/2012
@ HH et PP
> L'abstention ou mieux le bulletin blanc de celui qui s'est quand-même dérangé constitue malgré tout un signal que le monde politique perçoit même s'il n'en parle pas trop. Cela a donc un sens.
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Écrit par : Pierre Huet / | 20/02/2012
A PH et PP,
> Il serait souhaitable d'obtenir une comptabilisation réelle des bulletins blancs qui irait de pair avec une obligation de participation au scrutin (cette deuxième règle existe, si mes souvenirs des cours de droit comparé sont bons, en Belgique). Je pense en effet que l'appel à l'abstention ouvre potentiellement à mes yeux la voie à la stigmatisation de ceux qui veulent quand même participer et à une forme de pression sur les consciences... Quand on comptabilisera le pourcentage de citoyens et non pas de participants qui élisent concrètement un président et un député, cela provoquera un électrochoc et ouvrira probablement l'imagination pour des "offres" vraiment alternatives. Surtout s'il faut atteindre un certain seuil pour être élu. Voilà à mon avis une option à défendre.
Certes, l'engagement politique peut revêtir des formes multiples et ce blog en est l'illustration même si j'avoue ne pas en partager toutes les options, notamment celle-là, mais il me semble bien que la tendance du magistère ne soit pas à la condamnation de la participation aux scrutins. Quoi qu'il en soit, en ce domaine en effet, l'intention est essentielle mais plus encore l'obéissance à la conscience. Personnellement, à l'heure actuelle, en conscience, je ne me vois pas m'abstenir mais c'est sur le fil du rasoir. Et si je vote, ce sera en tremblant...
HH
[ De PP à HH - Qui a parlé de "condamner" la participation aux scrutins ? Il n'est pas question de condamnation, mais de scepticisme fondé sur l'expérience. Et de recherche de voies plus efficaces pour ce que l'on veut faire : favoriser une prise de conscience. Ce qui ne va pas dans ce sens est inutile, voire nuisible ; et je ne vois rien dans la campagne 2012 qui aille dans ce sens... ]
réponse au commentaire
Écrit par : Hubert Houliez / | 21/02/2012
BLANC
> Interviewé il y a quelque temps par Rue89, le cardinal Philippe Barbarin donne son avis sur la question:
"Je me donne le droit de voter pour qui je veux, et aussi de voter blanc. Mais pas de voter nul. Je trouve d'ailleurs anormal qu'on fasse l'amalgame entre le vote blanc et le vote nul, ce qui n'est pas conforme au code électoral français. Il devrait y avoir, dans chaque bureau de vote, des bulletins blancs. C'est un acte politique qui a sa dignité et sa signification."
http://www.rue89.com/rue89-presidentielle/2011/12/25/mgr-barbarin-le-fn-est-exclusif-la-bible-elle-est-inclusive-227794
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Écrit par : Jovanovic / | 21/02/2012
CHERCHEZ L'ERREUR
> "Aucun sophisme ne peut forcer un citoyen à voter contre sa conscience. "
Illustration du type de sophismes qu'on nous ressert à longueur de journée: "Il faut sauver notre modèle social par des réformes structurelles ambitieuses." Petit lexique: "réformes structurelles" veut dire "réformes (ultra)-libérales" (on dit aussi "mettre la France en mouvement" ou tout un tas de c...ies de ce genre). Comme le libéralisme est l'opposé de notre système social, tout cela revient à dire quelque chose comme: "Il faut détruire notre système social pour mieux le sauver". Cherchez l'erreur.
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Écrit par : Nicolas Dangoisse / | 21/02/2012
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