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02/02/2012

Les "décroissants" sont contre le Pacs

Lu dans le numéro de février de La Décroissance :


<<  Qu'est-ce que le mariage ? C'est un engagement devant des communautés (familiale, nationale, universelle) dont doit découler, par exemple, le soutien à son ou sa conjoint-e, et ce quoi qu'il lui arrive. C'est un acte purement symbolique, qui ne pourra jamais rentrer dans une logique comptable. Autant dire l'horreur absolue pour les petits soldats du libéral-libertarisme, de droite comme de gauche dont la jouissance constitue l'horizon indépassable. Un acte à l'opposé de la logique qui anime Dominique Voynet : "Il m'arrive de célébrer des mariages ; c'est une institution réactionnaire. Si c'était un mariage, je vous lirais l'article 212, qui engage les époux à se porter mutuellement respect, fidélité, secours et assistance. Mais c'est un pacs, alors je vous dis : 'vous ferez comme vous voudrez !" » (Le Parisien, 11-7-2010). Voilà ce que déclare la maire de Montreuil en pacsant ses administrés.

Comme s'en réjouit cette figure d'Europe Ecologie – Les Verts, le Pacs est parfaitement en phase avec son époque. Toute la dimension d'engagement du mariage est vidée au profit d'un simple "contrat", parfait produit de la logique marchande. L'autre n'est alors plus qu'une marchandise, comme une machine à laver le linge ou une automobile. Quand il ne fonctionne plus, ou simplement qu'il ne me plaît plus, je peux rompre le contrat et le changer contre un nouveau produit.

Tous les pseudo-rebelles qui pensent faire un acte de révolte en refusant le mariage pour le Pacs ne font que réciter une leçon bien apprise de la société marchande. Que cet acte soit vécu comme une forme d'anticonformisme est bien la meilleure ruse du capitalisme. Nous sommes en plein dans la stratégie du masque sympa et souriant façon Daniel Cohn-Bendit, qui est le meilleur cheval de Troie de la société unidimensionnelle. Le Pacs est une autre facette de la logique d'économisation du monde qui ravage l'environnement. On ne peut s'effrayer devant la destruction de la nature et rester simultanément aveugle aux conséquences sociales du même système qui les engendre... >>

 

Ce numéro de La Décroissance est paru en même temps que le dossier de La Nef dont nous parlions hier. Mais cela fait des années qu'on lit dans La Décroissance des analyses de ce type (sur la vraie fonction des "nouvelles moeurs") : analyses d'autant plus intéressantes qu'elles ne se fondent sur aucune métaphysique, mais sur une critique économique et politique de la société de marché. La Nef aurait donc pu mentionner l'intérêt que présentent ces prises de position venant d'une "gauche de la gauche". Elle ne l'a pas fait, sans doute faute de lire habituellement La Décroissance, et c'est l'explication de certaines erreurs de perspectives1 dans le dossier... Regrettons-le mais ayons confiance : les yeux commencent à s'ouvrir.

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1. Je parle ici de l'article de Christophe Geffroy, pages 20-21. (Evidemment pas de l'imposture des pages 26-27 dont il était question sous ma note d'hier.).


12:46 Publié dans Idées, Social, Société | Lien permanent