Pas de "vote homosexuel" : réfutation du marketing politique

"Le FN séduit aussi les homosexuels..."  Qu'est-ce à dire ?

Dans son numéro du 25 janvier, Le Monde annonce sur six colonnes en page 9 que le Front national « séduit aussi les homosexuels ». Mais si l'on étudie le graphique accompagnant l'article, on constate que les intentions de vote des « homosexuels » en faveur du FN s'établissent en 2012 aux alentours de 19 % : à peu près le même pourcentage que les intentions de vote des des « hétérosexuels ».

Explication du « Collectif contre l'homophobie » : «Les homosexuels ne forment pas un électorat monolithique dont les choix électoraux seraient exclusivement déterminés par leur orientation sexuelle.  C'est la preuve flagrante que l'intégration complète des homosexuels dans la société française touche à son but. »

La même constatation s'opère par ailleurs dans d'autres catégories de l'électorat : par exemple le « vote jeune » (18-25 ans), qui se révèle peu différent du vote des adultes.

On peut donc se demander pourquoi le marketing politique segmente l'électorat selon des paramètres qui sont ceux des grandes surfaces commerciales, mais dont la pertinence électorale est introuvable.

Ou plutôt, on ne se le demande pas. On le sait. La réduction du politique au marketing, donc son alignement sur le commercial, est la caractéristique d'aujourd'hui. On ne consulte plus le citoyen sur les orientations de la politique : on le cocoone en lui parlant de ses pulsions privées (par exemple de ses préférences sexuelles). Ce n'est plus un citoyen : c'est un consommateur.

Il se laisse faire parce que c'est l'air du temps ; mais il sent que quelque chose de vital (le destin collectif) est écarté du débat, refoulé, pour être abandonné aux forces économiques et financières. C'est ce que Zinoviev appelait « la post-démocratie occidentale ».

C'est cela qui révolte les indignés sur tous les continents. Et c'est pourquoi le politique doit être réinventé sur de nouvelles bases. Les masses y seront sensibles ; elles le sont déjà, puisque leurs « segments de marché » (ici les homosexuels) refusent déjà de se comporter comme le marketing le prévoyait.