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09/01/2012

Qu'est-ce qui peut empêcher l'investiture de Mitt Romney ? Le bien qu'il a fait aux pauvres du Massachusetts

En 2009, "quand Obama a cherché des références pour son projet de loi sur l'assurance-santé, il s'est penché sur l'expérience [réussie] du Massachusetts". Expérience lancée par le pré-candidat républicain en 2012, Mitt Romney – maintenant haï par le Tea Party pour avoir fourni des soins aux gens :


 

http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2012/01/07/la-sante-au-coeur-de-la-bataille-pour-la-maison-blanche_1626816_829254.html

Extraits :


<< Boston, envoyé spécial - ..."Voilà ce qui sauve tant de vies !",lance Alliea Groupp en brandissant fièrement sa carte blanche d'affiliation à Commonwealth Choice. C'est l'un des régimes d'assurance-maladie créés dans l'Etat du Massachusetts par une loi de 2006, du temps où Mitt Romney [...] en était le gouverneur. Sans ce texte controversé, cette travailleuse sociale de 39 ans ne serait peut-être même plus de ce monde pour raconter son histoire. Longtemps, aucune compagnie d'assurances n'a voulu la couvrir : l'épilepsie dont elle souffre figure parmi les "maladies préexistantes" qui, aux Etats-Unis, vous excluent sans appel de toute police de couverture santé. En 2001, faute de pouvoir payer les 250 dollars réclamés par un pharmacien, elle renonce à soigner une infection et atterrit aux urgences. Sa vie est sauvée in extremis, mais elle doit emprunter à crédit pour payer les 2 800 dollars de la facture.

L'aberration humaine et économique, qui conduit aux soins intensifs, à des coûts prohibitifs, des malades qui n'ont pas eu les moyens de se soigner en temps utile, n'a théoriquement plus cours au Massachusetts, le seul des 50 Etats américains à avoir imposé une couverture santé à ses 6 millions d'habitants. La loi de 2006 interdit aux assureurs de refuser des contrats à des personnes malades. Sous peine d'amende, elle oblige chaque adulte à souscrire une police d'assurance-santé, à charge pour l'Etat d'aider les plus modestes à la payer. Parce que tous les malades sont devenus solvables, le budget public, qui renflouait les impayés dans les hôpitaux, a diminué, jusqu'à dégager des recettes. Les urgences liées à l'indigence ont aussi reculé. [...]  Et les impayés de santé ne sont plus, comme dans le reste du pays, la première cause de faillite personnelle et d'expulsion du logement. "Ici, on ne s'intéresse pas au niveau d'assurance des malades, ni d'ailleurs aux papiers des immigrés : on les soigne !, annonce fièrement le docteur James Feldman en faisant visiter le service des urgences du Boston Medical Center, un immense hôpital sans but lucratif [...]. On ne leur dit pas, comme dans une grande partie de ce pays : "Vous n'êtes pas couverts ? Désolé : vous allez mourir"… >>

 

 Mais cette expérience de justice sociale se retourne contre Romney :

<< Depuis que Barack Obama a étendu l'obligation de s'assurer à tout le pays, ce principe est devenu, aux yeux des républicains, le symbole de la tyrannie de Washington et de la volonté de l'administration fédérale d'imposer une "médecine socialiste". […] Soumis à la pression du mouvement extrémiste Tea Party, les barons républicains vouent désormais aux gémonies la loi Obama [...] Pour Mitt Romney, le virage à 180 degrés est difficile à négocier. Son succès s'est transformé en handicap. [...] "Mitt Romney hanté par son passé de bienfaiteur des malades impécunieux", ironise le journal satirique The Onion. […] "Le principal obstacle à la nomination de Romney à la candidature républicaine est ce qui est généralement considéré comme son plus grand succès politique", résume Donald Taylor, spécialiste des politiques de santé à l'université de Duke (Caroline du Nord). >>




 

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Commentaires

"OBAMACARE" : LES SLOGANS ET LA REALITE

> Toute cette histoire contre la loi de santé (surnommée "Obamacare") repose sur une très grave erreur de perspective, involontaire de la part de chrétiens, mais volontaire de la part de ceux qui les manipulent. En faisant croire que le but de la loi de santé était d'apporter des financements publics à l'avortement, on a déchaîné contre elle tous ceux qui croient ce qu'on leur dit sans étudier la question par eux-mêmes. Or : d'une part, c'était un procès d'intention ; d'autre part, 51 millions d'Américains n'ont aucune couverture santé : trop jeunes pour le 'Medicare' ou pas assez pauvres pour le 'Medicaid'.
Au lieu de hurler contre l'extension de la couverture santé à toute la population, on aurait pu se contenter de militer conte l'inclusion de l'avortement dans les prestations médicales. Mais on a monté une campagne colossale - jouant sur les haines - pour faire rejeter l'ensemble de l'aide sociale de santé. Cette campagne était financée par les compagnies d'assurances, qui estimaient que la loi leur ferait perdre certains gains marginaux.
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Écrit par : Matti / | 09/01/2012

à Matti

> Je suis pire que mal à l'aise quand je vois des chrétiens partir en croisade contre l'aide aux pauvres. Voir en France les malveillances contre l'abbé Pierre, etc. Ca a quelque chose de démentiel. Que Dieu leur pardonne.
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Écrit par : marie-ange / | 09/01/2012

EPISCOPAT

> Il me semble que l'épiscopat US avait été clair au moment de "l'Obamacare": cette mesure était insuffisante (elle excluait les immigrés, les jeunes, les "pas assez pauvres"), et elle incluait l'IVG dans les prestations médicales.
Par malhonnêteté ou aveuglement, les "Patriots" se sont focalisés sur la question de l'avortement (et sur le "communisme" d'Obama).
D'autres ont combattu l'Obamacare en sachant pertinemment que les immigrés - en l'occurence, les Latinos catholiques - n'en aurait pas droit.
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Écrit par : Jov / | 09/01/2012

SUR TOUTE LA LIGNE

> D'abord, il faut toujours garder à l'esprit une vérité simple : les Américains sont fous. Sympathiques, courageux, travailleurs, héroïques même souvent, mais aussi complètement fous. Ayant le choix entre ne pas avoir d'assurance santé et avoir l'obligation de cotiser pour une assurance publique, l'immense majorité des Américains pauvres vont, en toute honnêteté préférer la mort au nom d'un amour fanatique pour la "liberté". Cela semble dément pour tout être humain non anglo-saxon, mais c'est un choix que la plupart des Américains sont tout à fait prêts à faire, en pleine connaissance de cause.
Ensuite, certains chiffres sont vrais mais trompeurs. Ainsi, on dit souvent que 20% des Américains n'ont pas d'assurance-santé, ce qui est vrai, mais ce que l'on en déduit, c'est que ce sont les 20% les plus pauvres qui n'ont pas d'assurance, or c'est exactement le contraire : ce sont plutôt les 20% les plus riches qui n'ont pas pris d'assurance, pour la simple raison qu'ils peuvent payer comptant en cas de problème médical et n'ont donc pas besoin de s'assurer. Le résultat c'est que les 80% les plus pauvres ont, en fait, généralement, une assurance mais le système est mal financé du fait de l'absence de cotisation des plus riches. Le but d'Obamacare n'était donc pas de donner une assurance aux pauvres (la plupart en ont bien une) mais de leur donner une meilleure assurance, mieux financée.
Enfin, certains parlementaires démocrates ont essayé de défendre la position que nous (je veux dire : les lecteurs de ce blog) jugerions la meilleure : une assurance sociale obligatoire (par conséquent mieux financée et offrant donc de meilleures prestations aux plus pauvres), et sans financement public de l'avortement. Ils se sont trouvés entre le marteau républicain (haïssant toute assurance sociale obligatoire, par nature communiste et nazie (sic) - et touchant des contributions des compagnies d'assurance) et l'enclume de l'immense majorité des parlementaires démocrates qui (sachant que l'un des rares éléments qui les distinguent vraiment des républicains est la défense de l'avortement - et touchant de contributions du Planning familial) ont refusé tout compromis. Et ils ont par conséquent échoué quasiment sur toute la ligne.
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Écrit par : Thibaud / | 09/01/2012

En réaction à Matti :

> non, l'opposition, organisée, argumentée, à l'Obamacare de la part de la Conférence des évêques, était bel et bien basée sur l'inclusion obligatoire de l'avortement (de la contraception, de la stérilisation) dans la couverture santé. Les évêques, prônant depuis longtemps l'instauration d'une couverture de santé publique, n'allaient pas se dédire !
Ils étaient dans une situation délicate mais ont dit les choses avec clarté et nuance : nous sommes dans l'obligation, bien qu'une telle instauration d'une assurance-santé publique soit ce que nous demandions depuis longtemps (contre le parti républicain donc, ou en tout cas contre sa part majoritaire), de la refuser en tant que telle à cause du mal plus grand qu'elle entraîne, les risques pour la liberté religieuse, etc.
Les "catholiques" progressistes ou démocrates ont nié ces risques, aujourd'hui ils sont devenus réalité, et plusieurs hôpitaux catholiques ont fermé, premiers résultats spectaculaires de l'Obamacare...
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Écrit par : Olivier / | 09/01/2012

GRAVE GRIEF

> Un autre élément qui risque de lui nuire. Il sait parler français! Newt Gingrich exploite cette "tare" dans ce message publicitaire :
http://www.youtube.com/watch?v=tyFaWhygzjQ
Édifiant.
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Écrit par : François S / | 14/01/2012

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