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27/10/2011

Perpétuité pour le bourreau des deux religieuses françaises (et de milliers d'autres personnes)

astiz,argentine,dictature,tortureBuenos-Aires - L'officier Alfredo Astiz, tortionnaire de la junte argentine (1976-1983), a été condamné hier à la prison perpétuelle au terme du procès des crimes de la dictature (50 000 disparus) :


 

Astiz est notamment coupable de l'assassinat de deux religieuses françaises, Alice Domon et Léonie Duquet. La junte lui avait confié la direction d'un des « Groupes de travail », unités chargées d'enlever et faire disparaître les suspects. C'est dans ce cadre qu'eut lieu l'élimination des deux religieuses, des fondatrices des « mères de la place de Mai », etc. Cinq mille personnes furent ainsi séquestrées et torturées à l'Ecole supérieure de mécanique de la marine, par Astiz, «l'homme le mieux formé en Argentine pour tuer des journalistes et des politiques » (selon sa propre expression). La plupart des torturés furent jetés à la mer par des hélicoptères, selon la méthode utilisée également au Chili par la DINA de Pinochet. Ce fut notamment le sort des deux religieuses françaises, en décembre 1977.

 

astiz, argentine, dictature, tortureLors de la guerre des Malouines (1982), Astiz capitula dès le 25 avril, quasiment sans combattre, devant une unité britannique égale en nombre à la sienne. [Photo ci-contre : ses galons, exposés aujourd'hui à l'Imperial War Museum de Londres]. Son extradition fut demandée par la France (pour l'assassinat des religieuses) et par la Suède (pour celui d'une jeune fille de 17 ans) – mais refusée par Mme Thatcher, qui restitua Astiz à l'Argentine... où il bénéficia de la loi d'amnistie de 1986, dite ley de obediencia debida (« loi du je-n'ai-fait-qu'obéir-aux-ordres »).

Cette loi ayant été abrogée comme scandaleuse, Astiz – qui vivait dans les beaux quartiers de Buenos-Aires – fut arrêté : mais le procès, exigé notamment par Paris et Madrid, fut retardé par les manoeuvres de juges mis en place par la junte dont ils partageaient l'idéologie. Il ne s'ouvrit qu'en 2009. Ce fut la révélation de l'ampleur des crimes de la dictature «anti-subversive» : 50 000 disparus.

79 survivants purent venir témoigner, face à Astiz et quinze autres inculpés.

Justice est maintenant faite.


 

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          Astiz (au centre) avant sa peu glorieuse reddition aux Malouines.

 

Commentaires

KIRCHNER

> Et pourtant ... Cristina Kirchner est péroniste. Etrange. Pourquoi n'a-t-elle rien fait pour le soustraire à la justice ?

BJL


[ De PP à BJL - Mais parce que la junte et les "péronistes de gauche" étaient à couteaux tirés... J'étais en Argentine en 1974 (un de mes premiers reportages), et je peux témoigner du climat étouffant et surréaliste qui régnait. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 27/10/2011

AUSSARESSES

> A la différence du Chili, les militaires argentins ont surtout fait appel à des experts français (comme le général Aussaresses) pour s'initier aux techniques de torture. C'est cela, je suppose, le "rayonnement de la France dans le monde".
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 27/10/2011

> Pouvez-vous m'expliquer (un peu plus) de quoi il s'agit ?
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Écrit par : PP à Carla / | 27/10/2011

THATCHER

> Pas étonnant que Thatcher ait rendu Astiz à l'Argentine. Elle a dû penser qu'on avait autant besoin de lui à Buenos-Aires contre les affreux communistes, que des tortionnaires anglais à Belfast contre les prisonniers de l'IRA.
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Écrit par : molly maguire / | 28/10/2011

Les commentaires sont fermés.