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29/07/2011

A l'opposé de l'espérance chrétienne : Breivik, le passéisme jusqu'à la paranoïa

breivik,christianisme,évangileLe tueur a agi au nom d'un passé (fictif) :


Anders Begring Breivik est désormais un symbole. Il a ouvert le feu sur ses contemporains au nom d'une mythologie : le retour au passé. Un passé imaginaire. Sa vision de « l'Europe d'autrefois » est un fatras de clichés sans rapport avec les faits du passé réel ; Breivik oppose son fantasme à la situation d'aujourd'hui, qu'il vomit et veut effacer. Ne pouvant effacer la situation, il finit par effacer des gens.  Il ouvre le feu.

On peut comparer ce fantasme à celui de la Milice française de 1942-1944 : au nom d'une imaginaire « France de jadis », les hommes de Darnand et Henriot ouvraient le feu sur les Français contemporains. Aux yeux du milicien, les Français vivants devenaient des cibles abstraites (« le judéo-bolchevisme ») ; aux yeux de Breivik, les Norvégiens vivants deviennent « le marxisme-multiculturalisme ». C'est l'engrenage : se donner bonne conscience à l'aide d'une abstraction mène à ouvrir le feu contre la réalité. Dans les deux cas on tue pour se débarrasser du réel. Les chimères poussent au meurtre.

A l'opposé de ce passéisme pathologique, relisons ce qu'écrivait un prêtre parisien à propos de Matthieu 13, 47-53  (l'évangile d'aujourd'hui) :

« Notre vie, notre monde, sont des ensembles confus où se mêlent des éléments hétéroclites, où voisinent le meilleur et le pire : les idées archaïques et les institutions porteuses d'avenir, les perles rares et les objets factices, les valeurs fondamentales et les pensées dérisoires. Le constat de cette situation pourrait nous rendre désabusés et nous amener à relativiser toute chose en ce monde... Cette attitude serait un péché contre l'espérance chrétienne ; le Christ nous invite à réagir... Il suggère que le Royaume de Dieu est cette nouveauté permanente qui surgit dans la routine de nos vies, cette richesse incomparable que sa grâce nous procure à profusion. Ainsi dans l'eucharistie nous découvrons de façon toujours nouvelle le Christ qui se présente à nous et nous révèle le Royaume dans le tourbillon de nos vie. »

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Commentaires

PARANO

> La parano prolifère. Certains commencent à dire que cet assassin de masse "n'est pas fou" mais agent d'un "complot contre la droite nationale". Appelez le Samu !
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Écrit par : Luc Arnaud / | 29/07/2011

EFFACEMENT DU REEL

> Je vous rejoins tout-à-fait cher Patrice dans ce constat d'effacement du réel auquel nous assistons.
Lisant grâce à vous William Morris, "L'âge de l'ersatz", j'y retrouve aussi cette analyse. Nous sommes devenus des "panses intellectuelles",j'ajouterais des panses qui pensent sans passer par les sens. Donc sans plus de relation autre au réel que celui-là, destructeur, de la digestion.
Morris milite pour une rééducation de la vue en particulier, des sens en général. Regardant, d'un oeil distrait justement," Harry Potter", je me demandais pourquoi le film me mettait si mal à l'aise, quand l'histoire ne semble pas bien méchante. Il me semble que c'est cette banalisation du merveilleux, du fantastique, cet usage sans justification (apparente: à mon niveau de compréhension distraite!) de l'irrationnel. Il semble qu'à chaque instant tout et n'importe quoi soit possible, et plus rien n'étonne, plus rien non plus n'apparait digne d'intérêt ni d'attachement( pourquoi est-ce Harry le héros et pas un autre de Poudlard?: choix souverain de l'auteure, Deus ex machina d'un monde sans queue ni tête, mais plein de codes et d'enchaînements logiques volontairement désorientés?)
Mon illustration n'est peut-être pas bonne, mais l'idée est je crois juste, nos contemporains subissent l'actualité comme je regarde Harry Potter, jusqu'à la nausée qui peut mener à une crise violente de delirium tremens. Pour cela il n'est qu'un remède: retour au réel via nos cinq sens.
Morris propose qu'on enseigne toutes les techniques manuelles rudimentaires aux jeunes: j'adhère aussi à cent pour cent: couture, tricot, travail du bois et du métal, cuisine, construisent autant l'homo sapiens, les deux pieds bien posés sur le sol et la posture verticale bien assurée, que les savoirs théoriques, où l'erreur peut se glisser imperceptiblement (un point raté en tricot, cela se voit aussitôt!), et transformer l'homme instruit en homme trompé, voire sciemment manipulé dans l'intérêt des puissances de ce monde.
D'accord avec vous Luc Arnaud: la parano prolifère, il y a de plus en plus de gens psychologiquement malades, tous milieux confondus.
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Écrit par : Anne Josnin / | 29/07/2011

LE REEL

> Une illustration du propos d'Anne Josnin sur l'éloignement du réel: pendant la guerre et l'occupation, les cliniques psychiatriques se sont vidées: les gens faisaient face à de vrais soucis....
Sur l'opposition à l'espérance chrétienne d’un Breivik : un homme qui massacre ses semblables réels au profit d’un monde qui est une construction intellectuelle qui n’existe plus (ou pas encore, peu importe) à rebâtir (ou à bâtir), ce n'est pas nouveau, cela a un nom : c’est un idéologue de la terreur.
Il n’est pas le premier et beaucoup ont donné leur nom à des rues ou même à des écoles. Ils avaient un point commun: asservir l'Eglise au profit de ce que Rousseau appelait "la religion civile" -on dirait maintenant: citoyenne- c'est à dire la pratique d'un vague déisme au contenu théologique allégé, propre à renforcer la cohésion du corps social.
Aussi l’indignation de notre monde politique est-elle hypocrite. Il est vrai que Breivik a causé la mort de moins de cent personnes. A côté des grandes figures révolutionnaires, c’est un amateur isolé qui mérite peu de considération.
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Écrit par : Pierre Huet / | 29/07/2011

LE PLUS EFFROYABLE

> Bonjour à toutes et tous,
de retour de vacances, j'ai lu avec beaucoup d'intérêt les multiples notes et commentaires relatifs au massacre en Norvège. Ils m'inspirent cette réflexion.
Ce qu'il y a de plus effroyable et me semble-t-il de plus significatif chez ce Breivik, c'est ce qui apparaît de sa totale insensibilité à sa propre souffrance : dans ses mots, son projet, son attitude, dans sa conviction inébranlable de la légitimité de son acte.
Son parfait délire est son rempart en apparence implacable le protégeant d'un insupportable réel, au creux duquel la blessure intime qui l'habite semble enfouie dans un tombeau sans issue.
Laisser vibrer sa sensibilité, la redécouvrir, se laisser saisir par cet incontrôlable dont elle procède, c'est autant s'ouvrir au souffle de l'émerveillement que s'exposer au réveil de ce qu'il y a de plus blessé en nous. La joie vient de si loin, sa voie est si droite, qu'elle ne contourne rien. Elle nous soulève entièrement.
Vigoureux rétablissement de l'ordre et de la morale chrétienne en Europe, obsession de son autodéfense musclée, apologie de la croisade, haine viscérale de l'islam, de l’Église catholique et de son pape, foi dans la vertu purificatrice et salvatrice de son acte terroriste.
L'arsenal fantasmatique parfaitement huilé, d'une terrifiante efficacité, sur lequel cet homme semble s'être construit est une chape de plomb édifiée couches après couches, lourdement posée sur le terreau sensible et délicat d'un humus souillé en un point de son histoire qui lui sera un jour pleinement révélé. Mystère inouïe que cette inéluctable mise à nue, que cet incontournable apocalypse que cet homme vivra le jour venu. Comment ne pas penser à Marthe Robin qui en ses stigmates, priait pour le salut d'Adolf Hitler ?
1500 pages ! Une hémorragie verbale coagulant en un gigantesque déni. Œuvre parfaite. Verrouillage en acier de toutes les portes ouvrant sur une faille. Enfin libre, totalement libre du réel de sa vulnérabilité et de sa finitude. Enfin débarrassé de cette humiliante et encombrante souffrance obscure. La voilà enfin éteinte en ses sens et en sa mémoire. Enfin seul avec soi-même, dans l'admiration illimitée de sa forteresse imaginaire. Sa toute puissance n'a plus de freins, débarrassée à jamais de tout scrupule, du moindre doute. Il a les mains libres, toutes les cartes en main. Enfin seul au monde, sa vie n'est pourtant plus qu'un face à face narcissique avec les images qu'il a de lui-même et de la mission dont il se croit investi. Il n'y a plus qu'à passer à l'acte.
Notre temps n'est plus celui de la névrose (il n'y a plus d'interdits), mais celui de la psychose (il n'y a plus de limites).
Breivik est comme un point d'aboutissement, une tragique préfiguration de ce que serait un monde parachevant son œuvre de déni du réel. Il est la métaphore de l'humain qui n'en finit pas de se construire sur le déni de la croix, insupportable signe de notre pauvreté.
Brandir d'un bras vengeur l'étendard de la croix : summum eschatologique du déni de la croix. Le mépris sans bornes que Breivik affiche à l'encontre de Benoît XVI relève d'un refus acharné du chemin d'humilité vers lequel notre pape ne cesse de conduire l’Église. Entre défendre l'honneur et la puissance de la chrétienté et s'agenouiller silencieusement sur le terreau de ses décombres, il a fait son choix.
L'imposture pseudo-chrétienne de Breivik est un signe des temps de l'épreuve ultime que traversera l’Église avant le retour du Christ dans sa gloire. Elle est annoncée dans le catéchisme de l’Église catholique (paragraphe 675) :
«Avant l’avènement du Christ, l’Église doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants. La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre dévoilera le « mystère d’iniquité » sous la forme d’une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l’apostasie de la vérité. L’imposture religieuse suprême est celle de l’antichrist, c'est-à-dire celle d’un pseudo-messianisme où l’homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair.
Cette imposture antichristique se dessine déjà dans le monde chaque fois que l’on prétend accomplir dans l’histoire l’espérance messianique qui ne peut s’achever qu’au-delà d’elle à travers le jugement eschatologique : même sous sa forme mitigée, l’Église a rejeté cette falsification du Royaume à venir sous le nom de millénarisme, surtout sous la forme politique d’un messianisme sécularisé, « intrinsèquement perverse ».
L'Église n’entrera dans la gloire du Royaume qu’à travers cette ultime Pâque où elle suivra son Seigneur dans sa mort et sa Résurrection. Le Royaume ne s’accomplira donc pas par un triomphe historique de l’Église selon un progrès ascendant mais par une victoire de Dieu sur le déchaînement ultime du mal qui fera descendre du Ciel son Épouse. Le triomphe de Dieu sur la révolte du mal prendra la forme du jugement dernier après l’ultime ébranlement cosmique de ce monde qui passe. »

Écrit par : serge lellouche / | 30/07/2011

ENORME BIDONNAGE

> Il faut réagir d'urgence à cette information mensongère que diffuse le magazine Le Point en page 30 de son édition du 28 juillet 2011 : Breivik, écrit le journaliste-envoyé spécial Yves Cornu, "chante les louanges du pape Benoit XVI" !!!
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Écrit par : Pierre / | 31/07/2011

@ Pierre Huet, au sujet de votre exemple,

> Il me semble que si les hôpitaux psychiatriques (des asiles) de l'époque de l'Occupation se vidaient, c'était surtout parce que le régime de Vichy s'en était désintéressé, au point de laisser les malades mourir de faim. En témoigne la triste fin de la mère de Charles Juliett, l'auteur de "Lambeaux".
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Écrit par : Théa / | 01/08/2011

UNE FOIS DE PLUS

> En plus du passéisme il y a cette rumeur perpétuelle qui gonfle, se dégonfle... est reprise et amplifiée, présentée comme une vérité par un internaute qui sait, repris en boucle sur le net. Et puis il y a les déclarations stupéfiantes, faites dans les quelques heures qui ont suivi l'attentat et les meurtres : l'auteur est un fondamentaliste chrétien. Cette déclaration n'était pas celle de Joe Bignou sur son blog "lasaucisse.com" non c'était l'affirmation absolument péremptoire et basée sur le néant du chef de la police d'Oslo. Le même chef de la police d'Oslo qui a perdu 17 cadavres entre ses annonces répétées et le bilan final. Quelqu'un a-t-il seulement pris en compte cette absence de contrôle, de sérieux, de suivi... 17 morts disparaissent entre un instant et un autre sans que cela ne pose aucun problème aux médias. Et ça venant d'un même personnage qui nous a affirmé sans rire qu'en l'espace de quelques heures il avait percé TOUS les paradoxes d'un meurtrier et pouvait donc affirmer que le meurtrier était un chrétien fondamentaliste. Entre ces deux faits il y a un même rapport : l'absence de contrôle, de sérieux, de suivi, de réflexion...
Il fallait parler combler le vide. Résultat une fois de plus la stigmatisation des chrétiens (évangéliques dans certains médias) et pas le moindre recul de la part de l'auteur de cette aberrante logorrhée.
http://calvaryandmore.blogspot.com/
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Écrit par : Louis Chaise / | 02/08/2011

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