NKM critique Hulot... Mais ni l'un ni l'autre (ni évidemment Mme Joly) ne sont à la hauteur du problème !

De Nathalie Kosciusko-Morizet, sur la candidature de Nicolas Hulot à la présidentielle de 2012 :

 

« ...Je ne crois pas à l’écologie spécialisée. Les partis écologistes et les candidats écologistes, ça a toujours eu le même résultat qui fait qu’on parle paradoxalement moins d’écologie et qu’on en fasse moins... Quand il y a un petit parti écolo ou un candidat écolo, dans un premier temps, le grand parti de gouvernement qui est à côté se sent dédouané de la nécessité de travailler sur l’écologie. Ils sous-traitent, en quelque sorte. Et dans un deuxième temps, le petit parti écolo, le candidat écolo a besoin d’être sur tous les sujets pour exister politiquement. Donc lui aussi parle moins d’écologie... »

NKM n'a pas tort là-dessus. Mais elle aurait plus de chances d'être entendue si elle n'était pas – simultanément – en train de patauger dans le gaz de schiste, cette catastrophe [nos notes des 02/04 et 29/03] récemment autorisée par les gouvernements dont elle était (et reste) membre. On peut citer aussi la phrase de la ministre sur la « juste adaptation » aux conséquences du réchauffement climatique : en clair, l'écologie de gouvernement se voue, non à changer le système économique qui saccage la planète, mais à « adapter » les gens aux effets de ce système. On sait que NKM veut être un jour présidente de la République, figurante n° 1 d'une postdémocratie soumise aux multinationales ; entre ce faisceau de pouvoirs et l'intérêt des êtres humains et de leur environnement, le conflit est inévitable. Lire à ce sujet le document des évêques français Grandir dans la crise (février 2011), notamment pages 29, 36 et 46-47 : « L'économie libérale dérégulée nous offre comme seul horizon la consommation de toujours plus de biens matériels. La vacuité et la dangerosité d'un tel projet de société sont évidentes : il épuise la planète, réduit l'homme à un rôle de producteur-consommateur et mine la confiance indispensable à toute vie commune. »

 

Par ailleurs, il est exact que « les partis écologistes et les candidats écologistes, ça a toujours eu le même résultat qui fait qu’on parle paradoxalement moins d’écologie et qu’on en fasse moins. » Mais pas pour la raison qu'indique Mme le ministre... Quand Eva Joly – qui ignorait tout de l'écologie en 2009 – déclare à Jean-Michel Apathie (21 septembre dernier) que le marché est « la seule réalité », elle avoue ce qu'est Europe-Ecologie : le greenwashing du système productiviste... Nicolas Hulot orne sa candidature d'une ou deux propositions pour brider la finance, mais l'hélicologiste multisponsorisé (sous contrat notamment avec l'Oréal) est partie prenante du système qu'il faudrait contester... Tout ça n'est que du spectacle déguisant des appétits. L'avenir mérite mieux.