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10/09/2010

"Des hommes et des dieux" : avait-on jamais filmé cela ?

Beauté, sobriété, sensibilité, qualité du scénario et des interprètes (Lonsdale, inouï de liberté) :



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... Ce qu'annonçaient les journaux était donc exact. La dimension qu'ils n'ont pas vue, c'est que Des hommes et des dieux est une « introduction » à la mystique catholique. Le film montre le destin des moines de Tibhirine, mais il donne leurs raisons intimes. Il montre des croyants crucifiés entre leur réflexe (l'instinct de conservation face au danger de mort) et leur conscience (l'appel à suivre le Christ où qu'Il aille). Il montre que par la foi au Christ, l'existence tire sa valeur d'autre chose que de l'instinct.

Le moment le plus bouleversant est ce dernier dîner des moines, crucifiés entre la joie paradoxale et l'angoisse de la mort qui approche. Quelque chose de surnaturel se joue en silence, uniquement sur les visages. Il y a d'abord les regards de gaieté enfantine, quand frère Luc (Lonsdale) dépose en silence sur la table deux bouteilles de vin de fête – on devine quelle fête. Ensuite, on voit le retour de l'angoisse : les visages qui se figent, les larmes aux yeux. Enfin, lentement, une lumière intérieure sur leurs figures : une éclosion de sérénité et de confiance, au delà des capacités de pauvres êtres humains. La foi qui s'incarne, le cheminement du divin dans le charnel  : avait-on jamais filmé cela ?

Leur foi n'est pas une idée : c'est une confiance en Quelqu'un. Faire confiance malgré un danger de mort, demande une vertu héroïque. Cette vertu est donnée par grâce. Voilà objectivement ce que montre le film.

Il montre aussi pourquoi le frère Christian aime les musulmans du village jusqu'à les accompagner à la prière, un jour de fête familiale (et entendre une sourate s'achevant sur une formule contre « les peuples infidèles »). Christian regarde ces musulmans avec le regard de Dieu, un Dieu « qui ne fait pas acception de personne ». Ce n'est pas le contraire de la mission : le seul moyen de faire connaître l'évangile est de le vivre.

Ce film est sorti au moment où un pasteur américain véreux faisait parler de lui grâce aux médias, en trompettant qu'il allait brûler des Coran. Beaucoup d'organisations protestantes ont condamné cette provocation. L'Eglise catholique aussi, à haut niveau (voir notre note d'hier). La position de Rome peut être connue de chacun. Mais les caricaturistes de presse ne prennent pas la peine de s'informer : Yahoo-Actu a publié avant-hier un dessin montrant un évêque mitré et un prêtre en barrette brûlant un tas de Coran ! Face à cette désinformation obtuse, conseillons à tous d'aller voir Des hommes et des dieux. Xavier Beauvois n'est pas croyant ? Alors la foi catholique est bien ce qu'en montre le film, puisqu'un auteur même incroyant la voit ainsi...

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Commentaires

L'EXPRESS.FR

> Dans l'ensemble la critique est plutôt favorable, mais tout le monde ne voit pas le film de la même façon. Par exemple, Eric Libiot (L'Express) voit autre chose qu'une "introduction à la mystique catholique", il voit "un film à hauteur d'homme (...) car ce très beau film de Xavier Beauvois ne traite pas de la foi ou de la religion, mais de l'engagement".
http://www.lexpress.fr/culture/cinema/des-hommes-et-des-dieux-vu-par-eric-libiot_918078.html

GP


[ De PP à GP - Si vous montriez l'Assekrem à quelqu'un de L'Express.fr, il n'y verrait pas de religion mais un exemple d'immobilier saharien obsolète. ]

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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 10/09/2010

BEAUVOIS

> J'ai lu l'interview de X. Beauvois sur un Figaro-journal de cette (?) semaine (mardi?)et c'était au sens le plus strict l'interview d'un homme honnête.
Sur le même n° il y avait un propos de Laurent Laforgue qui n'était pas sans intérêt... au dessous d'un pataquès mystico-métaphysico-scientifique sans grand intérêt...seulement la paresse de réflexion ordinaire des gens très compétents dans un seul domaine...
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Écrit par : Gérald / | 10/09/2010

PAUVRE HOMME

> J'ai lu la critique de Libiot. Pauvre homme. Comment peut-on être aussi myope ?
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Écrit par : Nati / | 10/09/2010

> Je formulerai la question autrement : si Libiot n'avait pas une idée fausse de la religion chrétienne, est-ce qu'il ne verrait pas en quoi ce film traite profondément de cette religion ?
(Comme beaucoup de bourgeois français, Libiot semble se faire une idée gnostique du christianisme : un combat de l'esprit contre la matière, dans lequel l'esprit est forcément toujours vaincu par elle puisqu'il est moins sérieux qu'elle).
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Écrit par : Leoluca / | 10/09/2010

MYOPES VOLONTAIRES

> Il y a des myopes volontaires. Si vous leur montrez quelqu'un en prière, ils vous disent : "cet homme ne prie pas."
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Écrit par : Fulup / | 10/09/2010

@ Nati et Leoluca

> Seigneur Dieu ! Mais nous parlons d'un journaliste ! C'est déjà si beau qu'il se soit donné la peine d'aller voir le film ne lui demandez pas en plus de le comprendre. Ce matin encore j'ai appris que le Saint Père réunissait un synode sur le Proche-Orient en lieu et place d'un synode sur les Eglise Orientales, ce qui n'a rien à voir. Qui sait encore chez les journalistes faire la différence entre oecuménisme et inter-religieux : aucun ! Alors parler de mystique catholique, c'est un gros mot ! A part M. de Plunkett (je ne le range pas d'ailleurs parmi les journalistes mais les essayistes) qui croyez vous capable de comprendre ce qu'il a vu ?
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Écrit par : Pierre-Aelred / | 10/09/2010

AIR-SOL

> Non mais vous avez vu l'argument de Libiot : ce n'est pas un film sur la religion puisque les moines ne sont presque jamais filmés en vue aérienne ?? !!!! Pour ce journaliste, la religion est une balistique air-sol !
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Écrit par : drone / | 10/09/2010

> Pour confondre religion et balistique, il doit confondre Américains en Irak et chrétiens en terre d'islam.
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Écrit par : vf / | 10/09/2010

@ P.P.

> Merci de m'avoir fait découvrir que l'Express n'est pas écrit QUE par Christophe Barbier. J'étais habitué à ses interventions sur France5 chez Calvi sur tous les sujets de la pilule du lendemain à la musique atonale en passant par la culture du lupin en bas-berry... j'en étais arrivé à croire qu'il était le seul salarié de cet hebdo.
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Écrit par : Pierre-Aelred / | 10/09/2010

> Eric Libiot ne doit pas souvent aller au musée.
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Écrit par : Blaise / | 11/09/2010

LE TITRE

> Que veut dire le titre du film : " Des Homme et des dieux" ? Je ne pense pas que cela a à voir avec la suggestion de Satan de la Genèse : "vous serez comme des dieux" ? Merci si quelqu'un a une idée. Je n'ai pas encore vu le film.
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Écrit par : Roque / | 11/09/2010

L'AVIS DE HENRIK LINDELL

> ...baptiste évangélique, sur son blog :
http://www.dieu-et-moi.com/actualites/347-11-septembre-fanatisme-allons-voir-des-hommes-et-des-dieux.html

Écrit par : PP / | 11/09/2010

à Roque :

> psaume 86 : "Vous êtes des dieux, vous êtes tous fils du Très-Haut"
...
Jean 10,34 : "Jésus leur répondit: N'est-il pas écrit dans votre loi: J'ai dit: Vous êtes des dieux ?"
...
Salut, les dieux !
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Écrit par : A.R. / | 11/09/2010

@ Roque,

> Selon X.B. lui-même qui a tenu à ce titre c'est pour suivre un psaume "...j'ai dit vous serez comme des dieux, pourtant vous mourrez comme des hommes..." [Psm 82(81)v6et7] et, si je me souviens bien de l'interview que j'ai lu, cette citation figure au début du film.
Cela peut être stimulant,alors voilà l'index de la Bible des Peuples au mot 'dieux' pour le livre des psaumes (ou des louanges comme traduit Chouraqui) :

Psaume 82.v6 et 7 : 6 J’avais dit : “Vous serez des dieux, vous serez tous comme les fils du Très-Haut !” 7 Mais non : vous serez humains et mortels, vous tomberez comme n’importe qui.
Psaume 16.3 : Les dieux de cette terre ne sont que fumier, malheur à ceux qui trouvent en eux leur plaisir
Psaume 31.7 : Tu détestes ceux qui servent leurs faux dieux, mais moi, j’ai confiance dans le Seigneur.
Psaume 50.1 : Le Dieu des dieux, Yahvé, a parlé : du lever du soleil jusqu’à son couchant il a convoqué toute la terre.
Psaume 58.2 : Est-elle bien vraie, messieurs les dieux, votre justice
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Écrit par : Gérald / | 12/09/2010

> Merci.
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Écrit par : Roque / | 12/09/2010

FRAGILE KENOSE

> Pour moi le titre évoque tout simplement la rencontre d'hommes faibles dans un monde où plusieurs visions de dieux se heurtent...
En sortant du film j'ai été surpris de voir dans mon quartier cette foule immense qui se pressait à la sortie du film. Elle était plus importante que celle qui sortait de la messe dominicale... Elle était dans le silence et dans le recueillement intérieur, visiblement marqué par la densité spirituelle, mystique du message de Thibérine... Or qu'avons nous vu ? Une communauté vieille, hésitante, pauvre... Des hommes qui hésitent, s'affermissent ensemble dans la faiblesse. Cette église est celle que je cherche à aimer... Elle n'est pas dans un message hypocrite mais dans la fragile kénose d'un tout donné à l'humanité. Peut-être que cette vision est faussée... Je développe plus sur ce sujet dans mon blog...

CH


[ De PP à CH - Tous les témoignages que je recueille parlent de foules de spectateurs recueillis. L'effet de ce film est indiscutable. ]

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Écrit par : Claude Hériard / | 13/09/2010

SARTRE ?

> Cet article semble imbibé d'existentialisme. Selon ce pauvre JP Sartre la messe c'est "un homme qui élève du pain devant des femmes à genoux"... point final.
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Écrit par : zorglub / | 13/09/2010

JE N'AVAIS JAMAIS VU CELA

> Pendant tout le générique final, grand silence dans la salle. Personne ne bouge. Le film terminé, encore quelques instants d'immobilité. Je n'avais jamais vu cela !
"C’est le moment, l’heure est venue de sortir de [notre] sommeil."
Romains 13, 11-12.
Ce film est très beau mais la réalité de Dieu présent dans sa Parole et dans l'Eucharistie l'est tellement plus. Courage, il faut témoigner!
La foi n'est pas une béquille pour pauvres gens terrorisés par les fins dernières, ni une somme de superstitions pour gens crédules et surtout pas non plus un marqueur social !
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Écrit par : Isabelle / | 13/09/2010

LE SILENCE APRES LA FIN

> Tout le monde me parle de ce silence après le film... Je suis allée le voir hier soir dans un grand multiplex. L'image est splendide, le silence qui ouvre le film si profond, et le chant si simple et rocailleux de ces pauvres moines !
Je crois que ce film fait vraiment comprendre le mystère de la Croix. C'est d'autant plus juste que le réalisateur, non-croyant semble-t-il, n'a cherché à faire passer aucun message religieux.
Mais oh malheureuse société de consommation ! Alors que le générique de fin nous portait sur ce chant des moines, dès qu'il se fut arrêté ce n'est pas le silence - bienheureux silence ! - qui nous a enveloppé. Mais immédiatement la musique de consommation qu'on nous passe en boucle et qui nous interdit les états de grâce. La sortie fut ainsi aussi bruyante que l'entrée et ceux qui auraient pu être fugitivement touchés furent ainsi brutalement ramené dans le giron de la pieuvre.
La prochaine fois, je pars en courant avant la fin du générique !
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Écrit par : Pema / | 15/09/2010

Les commentaires sont fermés.