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09/09/2010

Xavier Beauvois, ses parents, le baptême, le Vatican et les catholiques français

Xavier-Beauvois.jpgPierre-Aelred a réagi (note d'hier) à l'interview du cinéaste Xavier Beauvois dans La Voix du Nord. Beauvois cogne avec conformisme sur le Vatican et le baptême. Mais l'anticléricalisme de l'auteur ajoute à l'intérêt de son film,  Des hommes et des dieux.  Pourquoi Beauvois est-il anticlérical ? Il le dit, et ça implique deux autres problèmes :


«  Enfant, j'ai eu une éducation religieuse comme tout le monde. Sauf que je ne faisais aucun des devoirs du catéchisme et que je n'écoutais rien en cours. Ce qui m'énervait, c'est que mes parents, qui n'étaient pas du tout croyants, m'obligeaient à aller à la messe le dimanche matin au lieu de me laisser regarder la télé ou de faire autre chose. Alors qu'ils n'y allaient pas eux-mêmes... »

 

Présentés ainsi, les parents de Beauvois ressemblent aux sondés de la Sofres qui se déclarent « catholiques non pratiquants », c'est-à-dire non croyants (!), et que la Sofres présente comme la norme dominante du catholicisme.

Or les églises vides, c'est le résultat de ça : la religion de tant de parents de l'école "libre", religion sociologique, soi-disant pédagogique, réservée aux gamins pour leur apprendre à marcher droit ; gamins qui voyaient papa et maman ne pas croire en Dieu. Ces gamins se révoltent ? On les comprend et on les approuve ; on porte, selon l'expression de Newman, un toast à leur conscience.

L'autre problème est que Beauvois, formaté par le conformisme ambiant, semble voir le baptême comme une chaîne et le Vatican comme une chiourme. Avant de faire son film il est allé voir vivre des moines dans leur monastère, et il dit d'eux : « Ce sont des gens intelligents. Qui n'ont pas forcément grand-chose à voir avec le Vatican. » Donc il imagine le Vatican comme un temple de la bêtise. C'est ainsi que mes confrères l'imaginent aussi. (Pourquoi ? Ils ne savent pas, ils en ont l'impression). On peut regretter que Beauvois, intelligent, partage au sujet du Vatican une prévention idiote.  La faute à qui ?  À ses parents, scène originelle ; et à trop de catholiques d'aujourd'hui, partagés en deux camps : ceux qui crient eux aussi haro sur le Vatican, par un effet de feedback avec les médias ; et ceux qui crient vive le pape comme ils auraient crié vive Pétain, sans faire attention à ce que le pape dit en réalité.  Heureusement,  les catholiques croyants ressemblent plutôt à ceux que j'ai vu en pays d'Ouche et à ceux dont parle Guillaume de Prémare dans son commentaire (note d'avant-hier). Cest eux que Beauvois devrait rencontrer.

ps/ Je vois le film ce soir. J'en parlerai demain au 7 h 30 - 8 h 30 de Radio Notre-Dame, puis ici.

 

Commentaires

POSITIONNEMENT MARKETING ?

> Faut-il adhérer totalement aux propos d’un réalisateur en pleine campagne de promotion de son film ? Le positionnement « marketing » du réalisateur qui n’est pas croyant et critique l’Eglise dans la langue bobo-médiatique qui sied à l’exercice (un rien négligente sur les arguments), me paraît excellent pour ce film qui semble – et que l’on dit de toutes parts – touché par la grâce. C’est peut-être aussi de l’humilité, voire de la charité de la part du réalisateur, qui assume son incroyance et montre qu’il n’est guère différent de son public. Son nom n’en reste pas moins tout un programme… Beauvois : la définition même de la grâce ?
Bref, j’ai envie de dire à Frère Xavier : « Vois beau et tais-toi ! »

Denis


[ De PP à D. - Mais pourquoi ne pas le croire quand il parle de son enfance ? Je connais des gens, hommes et femmes, qui racontent la même chose que lui. ]

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Écrit par : Denis / | 09/09/2010

@ PP

> D'accord avec vous. Il faut faire crédit au metteur en scène sur ce vécu. Des parents qui veulent le catéchisme pour leur enfant - au moins jusqu'à la première communion - mais ne mettent pas les pieds à l'église, il n'y a rien de plus tristement banal. Je crois qu'il manque un mouvement à l'Eglise, à installer à la porte des secrétariats recueillant les inscriptions au caté : "Viens à la Messe avec moi !" Des catholiques offrant leur aide, leur présence, leur accompagnement pour l'enfant et pour ses parents.
______

Écrit par : Denis / | 09/09/2010

CHEMINEMENTS

> J'ai connu des cas tout aussi "classiques" mais qui ont amené des réflexions encore plus surprenantes... enfin je crois. A l'époque où je me dirigeais vers le catéchuménat, et donc vers le baptême, j'avais 20 ans, j'ai dû commencer de rendre compte de ce cheminement. Certaines personnes ont commencé à me dire que j'avais eu de la chance de ne pas avoir été baptisé enfant, qu'au moins c'était mon choix, qu'on ne m'avait pas forcé la main. J'ai bien sur réfuté cette idée de la liberté, même si je peux comprendre ce qu'elle sous-entend, en expliquant que je n'avais pas été libre puisque j'ignorais tout de la foi, et que j'en ai même furtivement voulu à mes parents au début de ne pas m'avoir permis de découvrir cette tradition, à défaut de foi, qu'ils avaient reçu.
Mais surtout, ce qui se cachait de tragique dans les presque-confidences de ces personnes, c'était qu'elles sentaient presque en elles le désir de renouer avec cette foi dont elles avaient l'intuition du sens qu'elle pourrait donner à leur vie... mais si seulement elles n'avaient pas été obligées. Renouer avec la foi revenait presque pour elles à abdiquer cette liberté qu'elles avaient eu un jour de se révolter contre cette dictature d'une foi imposée dans leur enfance. Et au nom de cette révolte, au nom de cette liberté de conscience retrouvée, il ne pouvait être question de même supposer renouer avec la foi.
Ceci dit, il s'agissait de personnes encore jeunes, la vingtaine, et donc on peut tout à fait comprendre le blocage sur cette revendication finalement très en lien avec l'adolescence. Mais cette espèce de nostalgie à peine cachée, ce "si seulement on ne m'avait pas forcé peut-être que moi aussi j'aurais la foi aujourd'hui", transpirait totalement de leur discours, jusque dans le ton de la voix.
Vous qui êtes ce qu'on appelle un "recommençant" je crois, cher PP, certainement avez-vous du connaitre un peu de ces étapes, je ne sais pas. Il me semble justement que "recommencer" suppose d'avoir laissé passé du temps, d'avoir pris beaucoup de recul sur sa jeunesse, etc... car à la différence du converti comme moi qui a juste l'impression d'avoir loupé un truc majeur dans son existence jusque là quand il découvre la foi, le recommençant a déjà fait une première fois cette démarche, souvent, de se dire qu'il avait été trompé dans son enfance par une foi absurde, et il faut qu'il refasse le chemin inverse, j'ai envie de dire presque "contre lui-même". Me trompais-je ?

J.S.


[ De PP à JS - En ce qui me concerne la chose date tout de même de 1985-1990, ce qui n'est pas hier. Mais je suis de votre avis. J'ajoute que le processus peut prendre dix ou vingt ans : il faut avoir épuisé la logique de la situation, être allé jusqu'à l'impasse, et réaliser qu'une impasse est un tunnel vers le haut... Autrement dit, que la même vie peut être vécue autrement. ]

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Écrit par : Joël Sprung / | 09/09/2010

PARENTS

> Un père et une mère agnostiques-athées (mère violemment anticléricale) ... c'est comme ça que je suis devenu catholique fervent. Ils n'ont pas du tout apprécié quand ils se sont rendu compte lors de mes 8 ans que j'adhérais au christianisme à contre courant de leur opinions, de leur vie. Il faut dire que très petit je me suis rendu compte qu'ils n'étaient pas "au dessus de tout soupçon" à l'inverse de Beauvois, par certains cotés ils étaient même désespérants. J'ai choisi l'espoir et la liberté !
______

Écrit par : Roque / | 10/09/2010

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