08/07/2010
"55 % des Français veulent un remaniement ministériel" (CSA)
...mais personne ne croit que ça changerait grand'chose :
Aucune raison, en effet, de répondre "non" à la question des sondeurs : le départ du mari de Mme Woerth n'inspirerait de douleur à personne. Ni le départ d'aucun ministre, secrétaire d'Etat, etc. Ces gouvernements sont des castings ajustés sur l'effet d'annonce, ne nous demandez pas de les regarder avec considération.
Cela dit, remanier n'apportera pas grand'chose. Peut-être un peu d'oxygène à Nicolas Sarkozy, qui redoute de devoir passer l'année 2011 en capitaine d'un bateau désemparé. (Redoutons-le avec lui : dans la tempête du capitalisme en crise systémique, mieux vaudrait rester manoeuvrants). Mais quel changement peut-on attendre d'un remaniement ? La question n'est pas là et tout le monde le sait. Où est la question ? On se le demande, après avoir eu avant-hier le spectacle de Sarkozy discourant devant les médecins, tentant de faire un excursus sur l'affaire Woerth, mais cherchant ses mots, avec des euh et de longs silences, l'oeil éteint : l'air de quelqu'un qui saurait que le pire attend dans la coulisse.
L'inceste du pouvoir et de l'argent n'est pas un fait nouveau. Ni un monopole de la droite. Sous Mitterrand, rappelons-nous les énormités que furent l'affaire Urba, celle de la Mnef, etc. Mais le pouvoir actuel - avec l'incroyable maladresse qui lui est propre - ne parvient pas à dissimuler cet inceste ; il l'affiche depuis la première heure. L'affaire Bettencourt est meurtrière parce que caricaturale. Un régime meurt de devenir caricature. L'actuel chef de l'Etat ne sera sans doute pas réélu en 2012. Ne nous réjouissons pas trop vite : ce qui suivra ne sera ni mieux, ni pire ; peut-être seulement plus discret.
A moins que le capitalisme mondial ne s'effondre sur nos têtes d'ici là, ce qui serait une affaire plus sérieuse.
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10:58 Publié dans La crise | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : la crise
Commentaires
DESOLANT
> Le plus désolant dans ces enquêtes d’opinion, c’est qu’elles finissent, à force de sonner dans le vide, par donner l’impression que l’absence de vertu des dirigeants est perçue par les Français comme un phénomène inévitable voire même nécessaire en politique. Avec cette idée que le mal serait une autre facette du bien. Ce qui est un mal pour la plupart des Français serait un bien aux yeux de monsieur Woerth. Il est vrai que dans certaines paroisses, en catéchèse, de braves parents, tels des dieux, vous rejouent la scène du jardin d’Eden en vous expliquant qu’ils sont parfaitement aptes à décider par eux-mêmes ce qui est mal et ce qui est bien (ce qui est vrai dans une certaine mesure) et que d’ailleurs le mal peut-être un bien, tout dépend du point de vue ou l’on se place… Et il est parfois utile de leur faire tout simplement reconnaître l’objectivité de l’acte mauvais et de ses conséquences. Notre foi nous permet d’attester que Dieu seul est vainqueur de tout mal. Prions-le de nous aider à sortir de la pantalonnade actuelle ! Ou, du moins, d’affermir notre patience, ne serait-ce que pour les deux années à venir…
(« La permission divine du mal physique et du mal moral est un mystère que Dieu éclaire par son Fils, Jésus-Christ, mort et ressuscité pour vaincre le mal. La foi nous donne la certitude que Dieu ne permettrait pas le mal s’il ne faisait pas sortir le bien du mal même, par des voies que nous ne connaîtrons pleinement que dans la vie éternelle. » CEC, 324)
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Écrit par : Denis / | 08/07/2010
NI MIEUX NI PIRE
> "L'actuel chef de l'Etat ne sera sans doute pas réélu en 2012" dites vous. Je trouve la prévision audacieuse et j'ai bien peur que l'on assiste au contraire à son maintien au pouvoir par le vote, hélas, sous le double effet d'une abstention massive et de l'absence, face à lui, de candidature crédible, permettant de croire à un réel changement. Quel est homme (ou femme) politique aujourd'hui peut à la fois être en situation d'éligibilité, se positionner clairement et sincèrement contre les graves dérives du libéralisme et emporter la conviction d'une masse suffisante d'électeurs?
grzyb
( PP à G. - Hélas, celui qui serait élu contre Sarkozy ne serait pas un antilibéral... Raison pour laquelle je dis : ni mieux ni pire. )
cette réponse s'adresse au commentaire
Écrit par : grzyb / | 08/07/2010
PLUTÔT AVANT
> Sans vouloir la politique du pire, je préférerais que le système mondial implose avant. Cela mettrait tout à terre et cela permettrait de reconstruire sainement la pays et une autre Europe. Face aux défis qui nous attendent (pic de pétrole, crise environnementale, nouvelle géopolitique-Turquie, etc;-, crise démographique majeure, etc;), je préfèrerais avoir une autre classe de dirigeants pour mener la barque que de conserver ces parasites immatures, incultes, dévastateurs et lâches qu'on nomme nos "élus démocratiques".
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Écrit par : vf / | 08/07/2010
PEU FLATTEUR
> Si je peux me permettre, quand on considère ce mal qu'on reconnait et qu'on appelle "sondages", il n'est pas juste de soutenir que nos élus ne sont pas des élus démocratiques, puisque en effet les électeurs qui se déplacent votent pour un poulpe nommé paul sur jeparie.com et abandonnent leur propre conscience politique à la probabilité voire à la pure spéculation. Quant aux autres électeurs potentiels, ou bien ils démissionnent face à cet état de fait, ou bien il ne s'inscrivent même plus sur listes électorales et tentent de vivre leur vie dans ce cloaque appelé République française. Mais surtout qu'on ne me dise qu'ils ne sont pas des élus démocratiques nos sarko et ségo. C'est tout le contraire, même si c'est la preuve par l'absurde qui s'impose. On n'a que les élus qu'on mérite, au risque de me répéter. Et ça c'est un jugement peu flatteur pour notre démocratie justement.
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Écrit par : Christ Hope / | 08/07/2010
Cher Christ Hope,
> nos élus ne sont pas (plus?) démocratiques car le système empêche toute candidature libre des partis et des lobbies. Si vous ne faites pas partie du sérail, vous êtes écarté. Il faut le soutien des gros appareils pour se présenter et faire campagne. Sans cela, aucune chance d'être seulement entendu par les électeurs. On sait tous que Ségo fut une pure création des médias au service de Sarko pour les présidentielles (cf Paris match, VSD, etc.). De plus, les fameuses signatures maintenant publiques permettent un contrôle des partis sur les candidatures aux présidentielles.
Non, ne parlez plus de démocratie car pour avoir une démocratie, il faut un débat libre et un choix libre, ce qui n'est plus le cas (sans parler du libre accès pour tous aux différentes fonctions de l'état).
Nous sommes dans la post-démocratie aux mains des partis et des médias, valets des groupes financiers et économiques qui nous imposent le matérialisme-mercantile. Regardez le triste exemple de Christine Boutin et de son parti (groupuscule?). ou l'affaire des perquisitions contre l'Eglise en Belgique.
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Écrit par : vf / | 09/07/2010
PIRE ?
> L'alternance risque d'être pire, car si une grande partie de la droite a quitté le gaullisme pour se rallier largement aux idées et aux pratiques anglo-saxonnes (banques, OTAN, etc.), une grande partie de la gauche vit dans le déni de la réalité, ce qui ne laisse pas tellement d'espoir au final. Du moins à court terme ...
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Écrit par : BCM / | 10/07/2010
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