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11/06/2010

Réponse à une lectrice de Colombie Britannique

ohara_l.jpgDe là-bas,

Marie Flouriot nous écrit

à propos des polémiques françaises :


 

 

<< Désolée, je n'ai rien à dire sur Christine Boutin... Un bref commentaire sur votre site : j'aime toutes vos notes sur la spiritualité, je suis heureuse de trouver de l'information sur énormément de sujets d'actualité. Mais le ton de certaines notes et de beaucoup de commentaires me laisse rêveuse. Pourquoi tant d'agressivité envers les ultras (qui sont-ils?), les libéraux (définition?), Christine Boutin (n'est-elle pas une parmi tant d'autres, tous pécheurs?).

Évidemment, perdue au fond des bois de la Colombie-Britannique, je n'arrive pas à saisir toutes les nuances. Mais je ne me souviens pas que Jésus ait passé beaucoup de temps à traiter ses adversaires (ou ses collaborateurs mal inspirés) de débiles, cons, incapables, incompétents...

Cordialement,

Marie Flouriot >>

 

 

[ De PP à MF :

- Sur Christine Boutin : c'est très bien que vous n'ayez "rien à dire"  à son sujet, puisque l'incident est clos depuis hier soir ! Ce qui devait être dit l'a été : et à juste titre, comme la fin de l'affaire l'a montré. Les nombreuses réponses à votre question ("pourquoi ?") se trouvent dans les notes et commentaires que vous semblez rejeter ; permettez-moi de vous suggérer de les relire et de peser ce qu'ils disent. Ils sont indignés ? Ca ne les rend pas inexacts.

- Sur les polémiques : je comprends que vous ne les aimiez pas si votre tempérament vous en éloigne, et je respecte ce sentiment. Nous ne polémiquerions pas dans ce blog (d'ailleurs nous ne bloguerions pas) si nous étions moines dans une abbaye : là nous ne parlerions que du positif à la louange du Créateur. Mais nous sommes journalistes, étudiants, enseignants, mères de famille, avocats ou médecins, dans les brouillards de l'actualité. Il y faut des coups de projecteur. Percer le brouillard peut paraître violent aux amis de la brume (dont vous n'êtes pas) : mais c'est le devoir de tout catholique prenant sa foi au sérieux. "Fides et ratio" !

Vous accusez les intervenants, ici, de traiter leurs frères catholiques de cons et de débiles. Ce n'est pas exact. Regardez de plus près les passages que vous incriminez. Là où injures il y a (rares), il s'agit de cas méritant la colère : ainsi par exemple les bavures inadmissibles sous couleur de "défendre" des églises. La colère devant ces bavures est-elle légitime ?  D'abord, les injures - rares - ne sont pas adressées aux catholiques naïfs mais aux tordus extrémistes, nullement chrétiens, qui viennent là pour s'exhiber. (Ce risque est imparable dans de telles manifestations, et c'est pourquoi nous les condamnons avec force).

Ensuite, puisque vous nous opposez Jésus, relisez l'évangile. Quand Il en vient à devoir injurier les pharisiens (avec violence), c'est qu'Il leur reproche de mal servir la religion dont ils prétendent être les meilleurs défenseurs. Quand Jésus dit à Pierre "arrière Satan" (c'est violent), c'est que Pierre prétend L'empêcher d'aller subir des outrages à Jérusalem... Pierre se prend alors pour un chef de S.O. chargé de la sécurité temporelle du projet « restauration du roi d'Israël ». (Il retombera dans la même erreur à Gethsémani avec sa petite épée, et vous savez ce que Jésus lui dit).

Vous avez raison, on doit imiter Jésus-Christ. Mais aussi en cela.  Ne soyons pas de ceux qui L'accusaient de "diviser le camp des bons" ! Le seul bon, c'est Dieu. Quand des hommes se proclament "camp des bons", le mal est en eux. On a le devoir de le leur dire même si ça les fâche. L'exemple vient de plus haut que nous : les vrais grands écrivains catholiques du XXe siècle ont souvent été polémistes. Ainsi Bernanos, qui n'avait pas de mots assez durs à l'encontre des catholiques de droite de son temps ! Il a consacré des livres entiers à les rosser, en leur reprochant des choses très graves nées de zones obscures de leur mentalité... Aujourd'hui leurs arrière-petits-enfants encensent Bernanos (de loin), mais ne le lisent pas, puisqu'ils ont l'air choqué quand on leur dit ce que je vous dis là.

Dernier point : êtes-vous sûre de vouloir des noms ? Ce n'est pas nécessaire. Libéraux et ultras ne sont pas difficiles à trouver. Ils peuplent la Toile. Les libéraux sont simplement ceux qui approuvent le système libéral et nient son impasse actuelle. Inutile de les nommer. Les ultras sont ceux qui ajoutent au catholicisme leurs propres idées fixes temporelles, héritées de courants d'autrefois (que justement Bernanos fustigeait depuis sa rupture avec Maurras). Vous me reprochez de ne pas donner leurs noms ? Si je le faisais, vous me le reprocheriez encore plus ! En outre il s'agit le plus souvent de pseudonymes.

 J'imagine que l'actualité de l'Hexagone n'est pas très présente en Colombie Britannique, mais je peux vous certifier que je n'invente pas le problème des ultras, dont les évêques français sont conscients, ni le problème des libéraux, qui gardent emprise sur une partie de la bourgeoisie catholique française.

Ces problèmes d'idées sont loin d'être les seuls ni les principaux, mais ils font partie des brouillards à percer. Nous nous y employons, non à plein temps mais aussi souvent que nécessaire. Sans plaisir mais par devoir. Servir d'anti-brouillard, c'est notre métier pour l'instant : Fides ET RATIO, j'obéis à la consigne dans la mesure de mes moyens et en exerçant ma profession.

Cordialement

P.P.

 

 

ps / Je vous réponds à propos du problème de Koz : il s'en explique ce matin. Son site a été piraté par des commerciaux, et il est en réparation.

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10:28 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (30) | Tags : christianisme

Commentaires

AVOUER

> Vous feriez mieux d'avouer que vous êtes vendu au néo-communisme des écologistes manipulés par l'Anti-France.
Semperfi


[ De PP à X. - Vous oubliez les Illuminati et les Lézards gris extraterrestres. ]

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Écrit par : semperfi / | 11/06/2010

LEZARDS GRIS ?

> En effet, il me semblait bien, cher Patrice, que lors de notre dernière rencontre, j'avais vu sortir inopinément de votre sacoche un affreux lézard qui opinait du bonnet à chacun de vos mots, mais je dois dire qu'il n'était pas gris, mais plutôt rouge... non vert en fait... non ça y est je me souviens, il était vert à l'extérieur et rouge à l'intérieur. Et comme en grec, lézard se dit "Saura", mot qui a (paraît-il) donné son nom à l'affreux Sauron de Tolkien, nous vous tenons enfin : vous êtes vendu au Mordor, envoyé par Sauron pour éliminer les dernières particules de vérité encore présentes dans ce monde corrompu. Vous avez été bien imprudent en évoquant les lézards gris tout en voulant nous conduire sur la fausse piste des illuminati. Vous voilà enfin démasqué.
______

Écrit par : Guillaume de Prémare / | 11/06/2010

ROUGE

> Ah tiens, une accusation de "rougisme". Ça manquait.
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Écrit par : Et cetera / | 11/06/2010

POIDS

> Faire oeuvre d'information c'est faire oeuvre de sacerdoce, avec ses poids habituels, genre porter sa croix. Recevez toute ma sympathie PP.
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Écrit par : Christ Hope / | 11/06/2010

DIABOLIQUES PHILATELISTES

> Les lézards gris et l'anti-France, c'est surfait comme théorie du complot; il y en a de plus drôles. Je préfère les sociétés philatéliques, avec leurs puissants réseaux dont les mailles enserrent le monde entier! et leurs adhérents qui sont prêts à tout pour enrichir leurs collections, y compris fomenter des guerres.
On pourrait imaginer un complot des collectionneurs de timbres manipulant les anti-écolos : le réchauffement climatique provoque une montée des eaux, qui redessine les continents; et nous obtenons, pourquoi pas? de nouveaux Etats et de nouveaux timbres.
Si ça se trouve, Allègre, Exxon et Cie ont été vendus au projet machiavélique des sociétés philatéliques. Semperfi, en faites-vous partie?
______

Écrit par : Blaise / | 11/06/2010

@ CH

> "Faire oeuvre d'information c'est faire oeuvre de sacerdoce, avec ses poids habituels, genre porter sa croix. Recevez toute ma sympathie PP."
Sans aucun doute.
Mais je comprends Marie Flouriot : c'est parfois vraiment déprimant de voir des catholiques se taper dessus aussi allègrement, surtout ces quelques derniers jours (depuis le début du mois de juin, ça n'arrête pas, et sur beaucoup de blogs).
Mais ce n'est heureusement pas suffisant pour que PP en perde ma sympathie!
LC


[ De Pp à LC - Merci; Et croyez bien que je trouve moi-même déprimantes certaines choses face auxquelles je me sens tenu d'intervenir. ]

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Écrit par : Louis Coupiac / | 11/06/2010

Prompt rétablissement à Koz. Dites-lui qu'il nous manque déjà !

Écrit par : Roque / | 11/06/2010

KOZ

> Prompt rétablissement à Koz. Dites-lui qu'il nous manque déjà !
______

Écrit par : Roque / | 11/06/2010

Cher Guillaume de Prémare,

> notre cher Patrice, me ferait plutôt penser à Grima dit langue de serpent déguisé en journaliste du XXIe s. Ce conseiller perfide qui empoisonne, affaibli et fini par tuer l'esprit de ceux qui essayent de résister à l'instar de Théoden servant Saroumane, celui qui fut dans le camp du bien avant de passer à l'ennemi, perverti par l'attrait de la puissance et du pouvoir (comme quoi, il ne faut pas se lancer dans la politique:) ). Qu'en pensez-vous? Heureusement que Semperfi était là pour nous ouvrir les yeux.
______

Écrit par : Vf / | 11/06/2010

DETAIL

> Merci de votre réponse. En fait, je ne m'attendais à toute une note sur un commentaire assez innocent. Un seul détail: je ne demandais pas de noms, qui de toutes façons ne me diraient pas grand chose. Ma question sur les ultras aurait dû être: À quoi les reconnaît-on?
Cordialement,
Marie
______

Écrit par : Marie Flouriot / | 11/06/2010

ON LES RECONNAIT À...

> Chère Marie, on les reconnaît à leur obsession pour les questions de moeurs (ivg, homosexualité etc.), pour une France du XIXe s voire d'avant 1789, à leur atlantisme forcené et leur haine de tout ce qui est l'Etat, surtout républicain. On peut aussi y ajouter une négation voire un rejet de tout ce qui est social ou souci des pauvres et des inégalités comme étant bolchevique, voire stalinien. Ah, j'oubliais une obsession, celle concernant le complot des climatologues mondiaux mettant en danger le monde libre et chrétien par la propagation du culte de Gaïa au travers de l'écologie. Attention, certains ultras ne voient pas un culte païen dans l'écologie mais penchent plutôt pour une tentative de subversion des néo-bolcheviques visant à attaquer, voire détruire, le monde libre capitaliste qui est le seul modèle capable de rendre heureux l'humanité (saint Smith, saint Ricardo et saint Malthus, priez pour nous). Voilà à quoi on peut les reconnaître.
P.S: j'ai sans doute oublié certains aspects ou thèmes de leurs vision du monde. Cela peut être complété.
______

Écrit par : vf / | 11/06/2010

SYSTEME

> Donc, les évènements des derniers jours laissent supposer que, parmi les cathos en politique, il y a non seulement les "Je suis chrétien MAIS je me soigne", mais aussi les "Je suis chrétien ET je me soigne" (c'était facile, mais je n'ai pas pu résister).
Plus sérieusement, j'en viens à me demander si, par les temps qui courent, un chrétien peut véritablement témoigner lorsqu'il occupe un poste à responsabilité. On est pris dans un système...et "crucifier le vieil homme", chose qui implique un risque d'exclusion de sa caste, devient alors très très difficile.
A titre personnel, j'ai la possibilité, à assez court terme, d'évoluer dans ma carrière et de devenir haut fonctionnaire (par la voie du "tour extérieur").Je ne sais que faire...
______

Écrit par : Feld / | 11/06/2010

@ vf et Marie Flouriot,

> je voudrais compléter le portrait des ultras en ajoutant que leur marque distinctive, ce ne sont pas tous ces traits mais le fait de croire qu'on ne peut être un bon catholique sans foncer tête baissée dans toutes leurs obsessions.
HH

[ De PP à HH - Exactement. ]
______

Écrit par : Hubert Houliez / | 12/06/2010

PRECISIONS

> Merci à vf et Hh qui ont bien voulu me donner des précisions sur les ultras. Je n'en vois pas beaucoup autour de moi. Il y a bien quelques personnes (âgées, d'un milieu social modeste) et quelques familles (nombreuses en général) qui semblent regretter les fastes liturgiques du passé, qui passent la moité de la messe à genoux et qui reçoivent la communion sur la langue. Ils prient contre l'avortement, sont présents aux quelques manifestations pro-vie locales, constituent la seule assistance à la Fête de la Miséricorde. Je ne connais pas leur opinion sur le capitalisme (ils donnent une certaine impression de frugalité, voire de pauvreté), l'écologie ou le changement climatique. En général, ils ont l'air un peu crispé. Ils me font un peu pitié parce qu'ils n'ont pas l'air habituellement heureux. Mais je leur suis reconnaissante d'être présents à la messe en semaine, de dire le chapelet tous les jours, d'être une sorte de petit noyau très (trop?) fidèle. Peut-être que dans les grandes villes ont trouve de vrais ultras, de doite comme de gauche. Mais ici, la modération semble la norme. Merci encore de vos réponses.
Très cordialement,
Marie Flouriot


[ De PP à MF - Chère Marie, ne confondons pas les "ultras" et les fidèles attachés légitimement au rite extraordinaire de la messe ! Ces derniers méritent le respect, Benoît XVI l'a clairement indiqué.
Les ultras sont autre chose : des sectaires politiques qui amalgament leur idéologie à la religion. (Il en existe aussi chez les protestants, cf le film 'Jesus Camp'). Et ça, ce n'est pas légitime...
Mais ne suspectons personne : on ne doit jamais préjuger des intentions. Seuls les actes font preuve, et ils ne sont graves que s'ils ont des conséquences. ]

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Écrit par : Marie Flouriot / | 12/06/2010

@ Marie Flouriot,

> ne vous méprenez pas, je reçois la communion sur la langue, je passe une bonne partie de la messe à genoux et si je ne prie ni ne manifeste contre l'avortement, je le tiens néanmoins pour un meurtre. Ce qui fait l'ultra à mon sens c'est d'amalgamer à la foi des choix prudentiels (dans le meilleur des cas), idéologiques (le plus souvent), et de mettre tout cela sur le même plan en faisant de leur catholicisme un aspect d'un combat contre l'époque. Le catholicisme n'est plus alors qu'un élément d'une panoplie qui permet de distinguer le bon du méchant. Il y a les purs, fréquentables, et les impurs, tolérables dans le meilleur des cas... L'ultra a adopté une posture, il la garde. C'est son seul confort car il est en guerre contre tous mais il tient à ce confort.
Le chrétien peut avoir des opinions tranchées, bien souvent antimodernes (au sens philosophique) mais il se tient prêt sans cesse à les remettre en question par une révision permanente de sa vie dans la prière à la lumière de sa conscience, du magistère s'il est catholique, des Ecritures. C'est cet ouverture à l'Appel qui le distingue de l'ultra. Il a définitivement renoncé au confort même intellectuel pour aller là où le Christ l'invite. Il n'a pas de pierre où poser sa tête.
HH


[ De PP à HH - Je souscris à ce propos. Avec une seule divergence, concernant la prière à propos de l'avortement ; mais c'est certainement une simple question de mots. ]

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Écrit par : Hubert Houliez / | 12/06/2010

@ P de P,

> oui, ce que je veux dire, c'est non pas qu'il ne faudrait pas prier contre mais que je néglige, hélas peut-être, de le faire. Je voulais seulement souligner qu'à bien des égards on peut ressembler parfois à un ultra sans l'être, enfin je l'espère.
______

Écrit par : Hubert Houliez | 12/06/2010

I000 %

> Tout à fait d'accord avec PP et HH. Ce n'est pas la prière en latin contre l'avortement le problème. Le problème est de penser qu'on est chrétien uniquement en faisant la prière en latin contre l'avortement.
L'important est le Christ et l'évangélisation. Pour cela, on doit sans cesse revoir sa vie à l'aune de Christ et des Evangiles.
Je plussoie a 1000% comme disent mes élèves :).
______

Écrit par : vf / | 13/06/2010

A Feld

> Juste pour vous dire que je prie pour vous, qui êtes devant une décision importante à prendre, et même je loue (la grâce du Renouveau charismatique ,rien ne nous empêche d'y puiser ici et maintenant: si les hommmes veillissent et leurs enthousiasmes se tassent, la vie divine est beaucoup plus efficace que l'eau d'évian en matière d'éternel esprit d'enfance,et Il ne reprend pas ce qu'Il a donné). Un des signes de discernement, que moi-même j'ai ignoré pendant longtemps, obnubilée inconsciemment dans mes choix par ce diktat non chrétien qui me rendait si triste:"sois un modèle", c'est la JOIE. Qu'elle vous innonde le coeur !
______

Écrit par : Anne Josnin / | 14/06/2010

A Feld:

> "A titre personnel, j'ai la possibilité, à assez court terme, d'évoluer dans ma carrière et de devenir haut fonctionnaire (par la voie du "tour extérieur").Je ne sais que faire..."
Chacun a un appel particulier à discerner, outre le fait plus général d'être témoin. Comme disait Anne, "sois un modèle". Tu n'es pas obligé de devenir martyr non plus, mais de te battre au minimum pour avancer par la loi du moindre mal, s'il faut en passer par là.
Le service public, et plus encore des fonctions décisionnaires, de conseil aux dirigeants, c'est une aubaine missionnaire! Bon courage.
______

Écrit par : Christ Hope / | 14/06/2010

A Feld et Christ Hope:

> cela peut-être une aubaine missionnaire mais cela peut être aussi la participation à une structure de péché. Comme fonctionnaire, haut ou bas (lol), on doit obéir à la hiérarchie. Et les décisions, en ce moment ne vont guère dans le sens de l'Evangile. C'est là que le problème se pose. Je ne sais pas pour vous, Feld, mais en ce qui me concerne, cela me pose de plus en plus de problème. Le choix n'est vraiment pas facile. Je ne peux que vous conseiller de prier l'Esprit pour avoir une réponse et ensuite, comme me le répète sans cesse ma femme adorée, de déposer le fardeau au pied du Seigneur et de le laisser faire. Je sais, c'est facile à dire...:) .
Bon courage et je ne vous oublierais pas dans mes prières.
______

Écrit par : vf / | 14/06/2010

RADICALITE

> 27 [...] Il faut chercher la réponse à ces problèmes si important pour la spiritualité du travail humain dans le mystère pascal [où] est contenue la croix du Christ, son obéissance jusqu'à la mort, que l'Apôtre Paul oppose à la désobéissance qui a pesé dès son commencement sur l'histoire de l'homme sur la terre. (Rm 5, 19) Y est contenue aussi l'élévation du Christ qui, en passant par la mort de la croix, revient vers ses disciples avec la puissance de l'Esprit Saint par sa résurrection.
La sueur et la peine que le travail comporte nécessairement dans la condition présente de l'humanité offrent au chrétien et à tout homme qui est appelé, lui aussi, à suivre le Christ, la possibilité de participer dans l'amour à l'oeuvre que le Christ est venu accomplir. (Jn 17, 4) Cette oeuvre de salut s'est réalisée par la souffrance et la mort sur la croix. En supportant la peine du travail en union avec le Christ crucifié pour nous, l'homme collabore en quelque manière avec le Fils de Dieu à la rédemption de l'humanité. Il se montre le véritable disciple de Jésus en portant à son tour la croix chaque jour (Lc 9, 23) dans l'activité qui est la sienne.

Jean-Paul II, Laborem exercens

59 [...] "Une responsabilité globale tout aussi grave pèse sur ceux qui auraient dû engager des politiques familiales et sociales efficaces pour soutenir les familles, spécialement les familles nombreuses ou celles qui ont des difficultés économiques et éducatives particulières."

Jean-Paul II, Evangelium vitae

Il y a en tout état de cause, dans le christianisme, un besoin d'engagement, plutôt une nécessité d'engagement, qui se traduit par la radicalité, la détermination, la persévérance, et non pas seulement par le simple constat intellectuel et médiatisé de telle ou telle difficulté, ou pire encore, l'existence d'une situation globalement désastreuse (la fameuse culture de mort d'Evangelium vitae). Si moi ils m'ont persécuté, disait Jésus, vous aussi ils vous persécuteront. Et l'on sait ô combien les temps apostoliques et les premières heures chrétiennes ont été tout particulièrement marqués du sceau du martyr (et se sont ancrés justement dans la civilisation par ce témoignage suprême qui est folie aux yeux des hommes). Chacun à notre place et avec nos moyens propres, dans la prière, on peut faire beaucoup, même être des cyréniens.
Un blog comme celui-ci n'a pas pour autre but, au-delà de motifs de facheries toujours facheuses (si j'ose dire), que de nous ouvrir l'esprit, de nourrir notre réflexion, et de donner des occasions d'échanges, pour favoriser l'exhortation mutuelle, l'engagement missionnaire, l'avènement du règne de Dieu et tout ce que ce Règne implique d'exigence.
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Écrit par : Christ Hope / | 14/06/2010

DE KOZ

> Effectivement, mon blog a été piraté pour y insérer de façon insidieuse (ouais ouais, j'ose le dire) des liens pour des sites de vente de trucs illégaux. Du coup, nous remettons tout d'aplomb. Grand nettoyage. Qui prend un peu de temps à mon goût, mais c'est ainsi.
-
Sur le sujet qui nous occupe, j'y reviendrai, donc, sur mon blog, mais je suis relativement proche des positions de Patrice de Plunkett.
______

Écrit par : Koz / | 15/06/2010

Chers Anne Josnin, Christ Hope et vf

> Merci pour vos prières. Très sincèrement, je pense que plus on monte dans une hiérarchie humaine, moins on est libre. Ou plutôt: le prix de cette liberté est de plus en plus élevé. Dans la fonction publique, on dit d'une carrière réussie qu'elle a été "sans accroc". D'une certaine façon, il s'agit moins de faire des choses que d'éviter le faux pas.
Autre point à ne pas négliger: les conséquences sur les vies de couple et de famille. L'administrateur civil (qu'il soit chef de bureau, sous-dir ou directeur) lambda travaille entre 12 et 15 heures par jour. Pas tout à fait neutre... Je ne parle pas des diplomates ou des membre du corps préfectoral, taillables et corvéables à merci (mais c'est le job qui veut ça).
______

Écrit par : Feld | 16/06/2010

Cher Feld,

> je connais un couple qui vient de divorcer pour cette raison. Le mari voulait monter toujours plus haut pour le confort, la gloire, la réussite etc. qu'il pensait devoir apporter à sa famille. Bilan: une famille détruite. Finalement, le carriérisme n'est qu'une des manifestations du matérialisme et celui-ci aliène l'Homme et sa liberté. Assumer des responsabilités parce que nos compétences peuvent apporter au bien commun est une chose nécessaire mais courir après ces responsabilités afin d'avoir plus de pouvoir ou de reconnaissance entraine toujours l'abandon des devoirs et des charges que l'on doit assumer en premier. Il faut du discernement. Si je prends tel poste, que vais-je apporter à la société? Que vais-je devoir sacrifier? Suis-je en droit de sacrifier ceci ou cela? Un conseiller spirituel peut peut-être vous aider à y voir plus clair?
______

Écrit par : vf / | 17/06/2010

Cher vf,

> Je n'ai pas de conseiller spirituel : je me retrouve donc un peu seul pour prendre ce genre de décision.
Etre à l'écoute de son désir profond est primordial. Mais le discernement n'est pas toujours évident. Personnellement, j'ai l'impression de ne pas voir à 5 mètres devant moi. Mais ce dont je suis certain, c'est que le carriérisme est une absurdité et une impasse. Comme nous le disait un de nos enseignants de PENA, en substance, la vie personnelle (je n'aime pas ce terme, qui met dans le même sac la vie familiale, la télé, le tiercé et les vacances aux Bahamas) des hommes politiques et hauts fonctionnaires dont on admire la réussite est souvent, soit un désert, soit un champ de ruines... Cette prise de conscience n'a peut-être pas été pour rien, dans mes deux échecs successifs au concours interne de l'ENA.
Comme vous, je vais entamer la quarantaine. Ce que je veux pour la suite, c'est être enfin moi-même, et rompre avec l'attitude qui a été trop souvent la mienne jusqu'à présent : chercher à faire ce que l'on attend de moi...chercher à être "conforme".
______

Écrit par : Feld / | 18/06/2010

Cher vf,

> Je prie l'Esprit Saint de m'inspirer, mais pour l'instant : "que dalle"...
Ou alors...c'est que j'ai la vue trop basse (lol)
[à PP : je suis conscient du fait que ce genre de message n'est pas susceptible d'intéresser la majeure partie des lecteurs du blog...mais je n'ai pas trouvé -comme sur certains forums- d'option "message privé"]
Feld


[ De PP à F. - Au contraire. Le bonheur de ce bog est d'être un lieu d'échanges humains. ]

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Écrit par : Feld / | 24/06/2010

Cher Feld,

> je vous comprends parfaitement. Je suis un peu dans le même cas quant à la poursuite de ma carrière dans l'EN. Comme vous, je guette une réponse claire, mais savons-nous lire les signes envoyés? Ma femme ne cesse de me répéter que la persévérance est aussi importante dans la prière. Alors, je persévère...
Quant à la carrière, j'ai eu l'opportunité, encore étudiant en maîtrise d'histoire, de suivre une formation interne de cadre chez une enseigne de la grande distribution ou je travaillais pour payer mes études. Après réflexion, mon amour de l'histoire et la perspective de ne vivre que pour des chiffres d'affaires m'ont fait renoncer. Et je suis devenu professeur. Je n'ai jamais regretté ce renoncement, surtout quand je vois vingt ans plus tard ce que sont devenus ceux qui ont suivi cette formation.
Oui, faire carrière est stupide. Etre entier dans son travail, voilà le but. Ne pas faire de compromis avec notre être, notre âme, voilà l'idéal. Et le système actuel nous rend ce but de plus en plus impossible à atteindre. Certains jours, j'ai un complexe Jeremiah Johnson. J'ai une envie furieuse de prendre femme et enfants et de foutre le camp faire le dernier trappeur dans les Rocheuses, loin de tout, loin de ce système de fou. Mais Dieu nous a fait naître dans ce siècle et dans ce pays, alors c'est sûrement là que nous devons agir. Laissons-nous guider, laissons faire le Christ dans nos vie. Si ce choix vous angoisse, vous fait culpabiliser, c'est peut-être que ce n'est pas le bon?
Anne Josnin dit, plus haut, une chose juste: quand on est sur le bon chemin, la joie doit nous inonder. Est-ce le cas?
P.S: désolé de ne pas avoir répondu plus tôt, je ne trouvais plus le sujet sur le blog :). Parfois, je suis d'un doué...
______

Écrit par : vf / | 24/06/2010

@ vf & Feld :


> Le complexe Jeremiah Johnson... Je rebondis là-dessus, je ne pense pas que ce soit hors-sujet. Je parlerais plus volontiers d'Into the wild, mais je pense que les deux sont proches (honte sur moi, je n'ai pas vu le premier.)
Ce film n'a pas été compris ; on l'a présenté comme une ode à l'innocence, à la pureté de cœur, à la jeunesse pleine d'idéal, alors que ce film ne montre que le parcours d'un gamin révolté (à juste titre) contre le monde dans lequel il vit, et qui finit par crever comme un con tout seul dans une carcasse de camion abandonnée après une quête nombriliste et idéaliste. La dernière séquence (sublime) sauve le film du nihilisme dans lequel il pataugeait, nihilisme enjôleur, drapé de belles images, mais bien réel : on y voit notre "héros" agonisant se remémorer les personnes rencontrées lors de son périple initiatique, qui toutes ont tenté de le ramener à plus de réalisme et d'humanité ; et de graver, dans un dernier sursaut avant la mort, pleurant toutes les larmes de son corps décharné, "il n'y a de vrai bonheur que partagé". Là, les cieux s'ouvrent, et j'imagine le Père l'accueillant à bras ouverts après cette terrible et ultime conversion. // Ouf, soulagement du spectateur, après le malaise ressenti tout au long du film //
Tout ça pour dire qu'on peut très bien tout plaquer pour vivre au fond des bois. Tout dépend pour quoi on le fait : si c'est pour fuir le monde dans la révolte et le repli égoïste, c'est malsain. Mais si on réussit à dépasser cette révolte, à retourner cette énergie dans un sens positif et constructif, pour se recentrer sur le simple, le vrai, le grand, le beau, le silence, l'essentiel (on peut très bien écrire tous ces mots avec une majuscule...) si c'est pour mieux retrouver l'autre, unir tous les aspects de sa vie, rejeter la schizophrénie ambiante, accueillir le temps qui passe, contempler le Créateur à travers sa création et en devenir le berger et le jardinier, alors oui ! C'est monastique !

Donc, vf, je n'ai pas l'impression de trahir votre phrase : "Dieu nous a fait naître dans ce siècle et dans ce pays, alors c'est sûrement là que nous devons agir" en ayant "franchi la ligne", comme le disait M. Lellouche l'autre jour ; au contraire : "Quelle joie immense en effet de se dire, par étape ou un beau jour : le sens de ma vie, c’est de franchir cette ligne. Quelle liberté, quel horizon de vie !" (Mais reste à savoir ce qu'on fait, une fois la ligne franchie...)

Pour conclure, je vais vous reprendre citant Anne Josnin, "quand on est sur le bon chemin, la joie doit nous inonder" : croyez-moi, je suis submergé !
______

Écrit par : PMalo / | 25/06/2010

Chers vf et PMalo,

> Je médite ce que vous me dites. Je vous répondrai très rapidement...mais là il est un peu tard et j'ai un tantinet sommeil. Merci encore pour tout.
______

Écrit par : Feld / | 27/06/2010

A PMalo:

> au contraire du héros d' 'Into the wild', Jérémiah Jonhson n'est pas nihiliste. Il fuit un monde qu'il trouve absurde pour vivre dans la nature qu'il trouve plus saine, plus vraie. Il y fonde même une famille. Certes, elle est le fruit des circonstances, mais il ne refuse pas cette responsabilité et finit même par l'aimer. Je ne vous raconte pas la suite, regardez le film. Je le trouve superbe. Il existe en dvd. Il est riche de pistes de réflexions sur l'humanité et le sens de l'existence. Et la Hawken est superbe, mais là, c'est l'amateur de tir aux armes anciennes qui parle :).
Dans la volonté de fuir le monde, il y au départ une révolte, un rejet. Vous avez raison de dire que l'important est de canaliser cela vers le retour vers Dieu au travers de la contemplation de sa création. Et a force de contemplation de la création, on fini par redécouvrir la créature.
La difficulté pour franchir la ligne est de se laisser guider, d'arriver à s'abandonner complètement. Comme Feld, je patauge encore. J'ai une sensation de yo-yo ou de montagnes russes si vous préférez. La difficulté de lâcher prise me dit ma femme...et comme toujours, elle doit avoir raison :).
Je vous laisse, j'ai une ennième réunion qui m'attends et j'ai une migraine horrible.
Que Dieu vous garde dans la joie.
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Écrit par : vf / | 28/06/2010

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