19/05/2010
Le dérisoire "care" de Martine Aubry : dernier soupir de la pensée-PS
Dans Libération de ce matin, intéressant rebond de Michel Deguy intitulé : "Le care, ou l'absurdité d'un téléthon permanent". Ci-dessous, début et fin de l'article :
< Le philosophe Michel Deguy.
<< Voici pas mal de temps que nous l'avions senti venir ; il faisait son petit bruit sympa à France Culture depuis nombre d'émissions, transporté par maints universitaires de retour de colloques américains ou québécois : voici le care. Pour l'heure : une astuce qui permet au PS de prouver aux épatés son « changement de logiciel » (sic) ; et à beaucoup d'intellectuels d'éviter tout effort philosophique de radicalisation, épargnant à la clientèle l'anxiété d'affronter l'écologie. Continuons tranquillement à perdre le temps politique au seuil de la révolution économique et mentale qui va s'imposer, sans doute par de grands séismes, qui n'auront pas l'appellation rassurante de crise. Le care, nouveau parasite intraduisible sans contresens, qui augmente la pression globish sur notre langue, et dans notre prose, est étranger à la pensée française, de toute son histoire, de tout son être... >>
<< Les responsables du PS nous déclarent être revenus au radicalisme. On voit lequel. Mais le seul radicalisme est l'écologique. La seule révolution économique et sociale au seuil des ravages terrestres, c'est-à-dire humains à l'aube de la « déterrestration » de l'écoumène, c'est la pensée, le laboratoire, de l'écologie radicale. Le philosophique, qui s'y emploie. Il faut quitter (« sans retour ») l'idéologie de la consommation. Ce qui semble hors de portée de l'invention socialiste. >>
Mon commentaire :
- l'imminence de « ravages », terrestres donc humains, a été annoncée avec force et précision par Jean-Paul II (p. ex. : message du 1er janvier 1990) et Benoît XVI (p. ex. : discours de Lorette, 2 septembre 2007).
- La « seule révolution économique et sociale » exige une mobilisation spirituelle. Un changement radical de modèle économique, une nouvelle civilisation de la sobriété, l'invention d'une économie sociale, solidaire et écologique : ce sont les thèmes de Caritas in Veritate.
- La mort de la pensée socialiste européenne était annoncée depuis son absorption dans le circuit néolibéral au tournant des années 1990. Le care est son dernier soupir, exhalé en pidgin. L'UMP doit d'ailleurs l'envier au PS.
16:17 Publié dans Ecologie, Idées | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : écologie
Commentaires
PAS SI LONGTEMPS
> Je me souviens qu'il n'y a pas si longtemps les socialistes poussaient des cris d'orfraies (et se gaussaient) lorsque la droite française - en manque d'idées alors... comme maintenant d'ailleurs (mais ce n'est pas le sujet) - allait voir de l'autre côté de l'Atlantique si l'herbe idéologique y était plus verte. Les Américains eurent les néo-cons, nous eûmes les vrai-cons (désolé elle était trop tentante). Aujourd'hui les socialistes en manque absolu d'idées (en gros depuis le 12 mai 1981...) nous sortent un nouveau concept de la novlangue. Je suppose que dans le care de Mme Aubry les plaquettes de chocolat ne pèseront plus 120 mais 100 grammes et que - comme chez Orwell - on nous annoncera triomphalement que nous y gagnons !
Devant les enjeux actuels il est réellement désespérant de s'apercevoir que nos "politiques" ont à peu près autant d'idées à mettre en oeuvre que Domenech. Si les résultats à venir de l'équipe de France sont un indicateur de ce qui attend la France dans les mois à venir (après tout il existe un indice boursier basé sur les résultats des équipes de foot...) je crains le pire.
Maintenant sur le plan des signes des derniers temps on ne peut que se réjouir qu'autant de signes passent au vert. Viens Seigneur Jésus !
______
Écrit par : Lucien Jitrois / | 19/05/2010
CONCEPT MOU
> Heu, c'est quoi exactement le "care" ?
Théa
[ De PP à T. :
- Demandez à Martine ! Nous, on est réduits aux conjectures. On est déconcertés :
- par le fait qu'un parti français aille chercher un mot américain pour définir son programme ;
- ensuite, par le fait que ce mot ne veuille rien dire (même en américain), sinon une très vague idée de gentillesses mutuelles.
- En vérité, le "care" de Mme Aubry signifie simplement une dérobade du PS devant la réalité, qui imposerait une analyse radicale... et des propositions courageuses face à l'empire de la finance.
- Mais qu'attendre d'un parti qui compte parmi ses stars DSK et Pascal Lamy ? ]
cette réponse s'adresse au commentaire
Écrit par : Théa / | 19/05/2010
NICOLAS, MARTINE ET AMELIE
> "L'UMP doit d'ailleurs l'envier au PS." Vous ne croyez pas si bien dire. Qu'est-ce que le "care", sinon le fait que chacun doive devenir un gentille Amélie Poulain pour les autres? Comme pour mieux permettre le désinvestissement de l'Etat, suppléer au vide ainsi créé par l'action bienveillante de chacun. Et qui nous a parlé de son souhait de voir les Français se transformer en Amélie Poulain les uns pour les autres? Nicolas Sarkozy !
______
Écrit par : ND / | 19/05/2010
FAUX INTELLECTUELS
> On peut appliquer à Aubry ou plutôt à ses conseillers le diagnostic féroce que John Le Carré portait sur le "New Labour" anglais dans 'Le Nouvel Observateur' du 25 mars 2004 : "Nous sommes une nation dirigée par de faux intellectuels, qui mènent une politique désastreuse caractérisée par une absence totale de perception du monde réel."
______
Écrit par : Daniela / | 19/05/2010
LE CARE
> Pour plus d'explication sur le "care", il y a le dernier billet de Philarète :
http://lescalier.wordpress.com/2010/05/18/aubry-comme-i-care
______
Écrit par : BC / | 20/05/2010
MAMANS
> Au fond le "care" serait une forme de charité qui ne prendrait plus sa source dans coeur, au noble sens du terme ("Rodrigue as-tu du coeur?")mais dans l'intestin peut-être, ou des les tréfonds de l'utérus, pourquoi pas... La belle doctrine que voilà. On vous invite à devenir tous de bonnes grosses mamans, bien collantes, bien gluantes et bien tyranniques. T'es où? Tu fais quoi? N'oublie pas de prendre ton gilet...et de recharger ton téléphone...
Écrit par : Diagraphès / | 20/05/2010
CARCAN + EMOTIONS
> Un téléthon permanent, à la réflexion, ce n'est pas si absurde. L'enjeu réel du Téléthon est de permettre aux médias de mesurer régulièrement l'ampleur de leur pouvoir sur les émotions qui animent le corps social. L'individu étant appelé à perdre toute direction venant de l'intérieur de lui-même, il lui faudra de plus en plus le carcan des lois d'une part, les émotions orchestrées d'autre part. C'est, avec des hauts et des bas, ce qui est en train de se mettre en place. Bonne occasion d'observer le phénomène en action: la saison du "foot" qui arrive...
______
Écrit par : Diagraphès / | 21/05/2010
Les commentaires sont fermés.