Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/05/2010

Entre Ascension et Pentecôte : la promesse de la vie éternelle

Le miracle absolu que Dieu offre à chacun de nous :


 

<< Nous croyons à la vie éternelle, sans pouvoir nous faire une idée de ce qu'elle sera. Or voici que la vie éternelle doit être l'Ultime, le Suprême de ce qui est permis à la foi chrétienne d'espérer : ''je suis la résurrection et la vie'', ''je suis la voie, la vérité et la vie'', ''celui qui croit en moi vivra même s'il est mort.'' Être conscience, identité personnelle : faut-il comprendre cela comme valeur éternellement digne d'être visée comme objectif ? Oui, si l'on présuppose que nous comprenons le mot ''éternel'' comme ''divin'', car, en Dieu, identité personnelle veut dire don de soi, amour, fécondité, et ce n'est qu'ainsi que Dieu est vie éternelle : comme celui qui gouverne éternellement dans le mouvement de se donner et d'être gratifié, de rendre heureux et d'être béatifié. Le pur contraire du morne ennui d'un être-pour-soi qui ne débouche sur rien. Il s'agit essentiellement d'un aller-au-delà-de-soi, avec toutes les surprises et les aventures qu'une telle sortie de soi promet.

On doit seulement éliminer de son esprit toute temporalité, qui fait infailliblement aboutir chaque voie à un but précis, et puis après ? Dans l'éternel, le surgissement est toujours un ''maintenant'' d'actualité, et parce que ce maintenant est tout entier événement, le contraire d'une stagnation, c'est le plus passionnant qui soit.


 -

''La résurrection et la vie'' : de même que résurrection dit tournant formidable, tournant du vide à la plénitude, une seule fois et maintenant : de même, aussi, la vie éternelle.

Pour celui qui, venant de sa propre vie étroite et amortie, reçoit la possibilité d'entrer dans cette vie de Dieu, tout se passe comme si s'ouvraient pour lui, lui coupant le souffle, des espaces à perte de vue. Des espaces dans lesquels on peut se précipiter dans la liberté la plus parfaite. Et ces espaces sont eux-mêmes des libertés qui attirent notre amour, l'accueillent, lui répondent. Qui peut déjà ici-bas pénétrer au fond d'une autre liberté ? C'est impossible ! Ainsi s'accumulent dans la communion des saints en Dieu, au delà de tout ce qu'on peut dénombrer, les aventures de l'amour créateur et inventif. La vie en Dieu devient miracle absolu. Rien n'est donné qui mette un terme au recevoir, l'acte du don se déploie sans limites. C'est pourquoi ceux qui sont au ciel sont toujours et sans cesse prêts à venir en aide à l'indigence terrestre, certainement avec des dons éternels, peut-être aussi avec des dons temporels, pour stimuler en nous le courage de poursuivre, malgré tout, notre effort vers la vie éternelle, pour nous donner un avant-goût de ce qui nous attend. Et quand nous avons à souffrir, se trouvent creusées en nous des brèches plus profondes que celles que nous croyions recéler : des profondeurs qui ensuite, dans la vie éternelle, deviennent des réceptacles d'un plus grand bonheur, des sources plus abondantes encore. Des sources qui jaillissent d'elles-mêmes, gratuitement, car dans la vie éternelle tout est gratuit. Ce gratuit est la nature la plus intime de l'amour divin, qui n'a aucune autre raison que lui-même ; et c'est à partir de là qu'est défini tout ce qui, dans la vie éternelle, est auprès de Dieu. >>


Hans Urs von Balthazar, Credo (Nouvelle Cité, 1996).

-

Commentaires

IDENTITE ?

> "En Dieu, identité personnelle veut dire don de soi, amour, fécondité, et ce n'est qu'ainsi que Dieu est vie éternelle", dit Balthazar. C'est donc aussi la définition de la seule "identité catholique" concevable. "Don de soi","sortie de soi", "au delà de soi" ! Tout autre définition ramènerait au "morne ennui d'un être-pour-soi qui ne débouche sur rien".
______

Écrit par : jean-luc odier / | 19/05/2010

HANS, LE BON THEOLOGIEN SUISSE

> Comme c'est beau, comme c'est juste! Merci de nous donner ainsi le goût du Ciel, Hans l'émerveillé!Saint Thomas d'Aquin développait déjà la même idée dans sa réflexion appliquée sur les personnes divines, où,à la différence des personnes crées nous dit-il , la relation est première par rapport à la substance. Alors qu'en nous toute relation reste accidentelle, c'est-à-dire que nous ne pouvons nous donner totalement dans notre relation à l'autre, dans les Personnes divines elle est constitutive, substancielle. C'est donc dans la mesure où nous acceptons une certaine mort à nous-même, à ce qui en nous fait obstacle au don parfait, entier,que notre personne, non pas s'abolit, mais se transforme en se divinisant. Ainsi on peut comprendre l'existence ici-bas comme une succession d'occasions de mourir à nous-mêmes comme substances, identités de créatures figées dans leur matérialité comme la pierre est fixée dans son identité de pierre et fermée définitivement sur elle-même,"réifiée", "pétrifiée";pour renaître comme pur jaillissement vers l'autre, don de soi. Si nos "morts" successives sont des naissances à une vie davantage donnée,dé-pétrifiée,renouvelée dans une ouverture toujours plus généreuse à l'autre,comment ne pas voir que la mort dernière est la naissance à la vie divine dans sa plénitude, au don de soi parfait par lequel notre personne se réalise comme pur don et pur réceptacle d'amour? La preuve de la vie après la mort, chers Sadducéens, nous l'avons dès ici-bas, chaque fois que nous expérimentons ces nouvelles naissances au travers les épreuves et les souffrances. Non nous ne mourrons pas, nous entrerons dans la Vie où nous pourrons enfin nous donner tout entier et nous recevoir totalement les uns par les autres, Dieu en tous. O là là que c'est beau! Oui mais il faut accepter de se déposséder de tout, et c'est là qu'on se retrouve face à l'esprit du monde, et de notre société matérialiste en particuliers, qui fonctionne sur le modèle de la digestion accumulation, stockage jusqu'à l'obésité de matière réifiée, pétrifiée. Esprit de pauvreté, vient nous libérer de nous-mêmes, tristes obèses prisonniers dans nos tombeaux encombrés jusqu'à la nausée de choses sans vie,et la nature elle-même en gémit, pour nous recréer comme dons joyeux et libres dans une Création renouvelée, jaillissement, débordement gratuit de vie divine! Viens Esprit Saint!
______

Écrit par : Josnin / | 20/05/2010

Les commentaires sont fermés.