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14/04/2010
Un évêque parle de la campagne anti-pape
Revue du diocèse de Belley-Ars, avril 2010, éditorial de Mgr Guy Bagnard :
"Attirons-le dans un piège"
<< Ses livres étaient déjà dans les cartons ; les valises presque bouclées, il s’apprêtait à rejoindre le pays et les lieux où il avait oeuvré avant d’être appelé par Jean-Paul II à la Congrégation pour la doctrine de la foi en 1981. Il allait pouvoir retourner avec joie aux études.
Et l’impensable s’est produit ! Il était choisi par ses pairs pour succéder à son grand ami Jean-Paul II, sur le Siège de Pierre. Comment interpréter l’événement ?
- l’achèvement en beauté d’une carrière brillante qui le portait au sommet ?
- ou bien la descente aux enfers ?
Dans les jours précédant le conclave, un dessin humoristique circulait dans les chaumières. On y voyait les cardinaux s’avancer en file indienne, tenant à la main la chaussure qu’ils avaient ôtée de leur pied droit. Il s’agissait pour chacun d’essayer un énorme soulier qui trônait devant une cheminée. Les pieds ridiculement petits des cardinaux allaient d’évidence nager dans l’immense chaussure du géant qui venait de disparaître. A côté de lui, ils avaient l’air de lilliputiens ! Sur leurs visages se lisaient l’appréhension de devoir montrer à tous la disproportion des pointures. A entendre les premières paroles du nouvel élu, c’était bien ce sentiment de faiblesse qui perçait derrière les premiers accents de sa voix et ses gestes mal assurés. Au balcon où il se présenta, juste après l’élection, il prononça deux phrases seulement : "Les cardinaux m’ont élu, moi simple et humble travailleur dans la vigne du Seigneur. Ce qui me console, c’est que le Seigneur sait travailler et agir avec des instruments insuffisants" (19 avril 2005, jour de son élection). Le 24 avril, quelques jours après, il ajoutait : "Priez pour moi, pour que j’apprenne toujours à aimer le Seigneur. Priez pour moi afin que je ne me dérobe pas par peur devant les loups".
Les loups n’allaient pas tarder à donner de la voix. Première nouvelle à sensation : à 13 ans, il avait été enrôlé dans les jeunesse hitlériennes : n’était-il pas un crypto-nazi ? Avec l’affaire Pie XII, il devenait un supporter caché de l’hitlérisme. A Ratisbonne, en 2006, il devenait un islamophone notoire, prêt à réveiller les guerres de religion. Avec la Fraternité Saint Pie X, il apparaissait comme un opposant résolu au Concile Vatican II. Avec Williamson, négateur de la Shoah et de l’existence des camps de la mort, il venait renforcer les rangs des négationnistes ! Avec le Brésil, il montrait le visage d’une Eglise intransigeante, impitoyable, moralisante et dénuée de miséricorde ; sur le continent africain, il devenait un traître à la cause des malades atteints du sida. Ces dernières semaines, étaient dévoilées ses nombreuses "collusions" avec la pédophilie. Et s’il était lui-même un pédophile ?
Au total, cela fait quand même beaucoup pour un seul homme !
Mais impossible de douter, puisque "c’est écrit dans le journal", "ça passe à la télé". Et aujourd’hui : "c’est sur internet". Il devient urgent de le faire taire !
En cette circonstance, la lecture d’un passage du Livre de la Sagesse est instructive : "Traquons le juste, attirons-le dans un piège puisqu’il nous contrarie, il s’oppose à notre conduite. Il nous reproche de désobéir à la Loi de Dieu... Il est un démenti pour nos idées. Sa simple présence nous pèse car son genre de vie s’oppose à celui des autres, sa conduite est étrange" (Sg 2, 10-13).
Il s’agit en effet de traquer les moindres paroles du Pape, de surprendre le moindre de ses gestes ; et à la faveur d’une virgule ou d’un accent, de reconstruire son discours. Ceux qui sont doués d’une double vue - les "Voyants", ils sont nombreux parmi les informateurs - ceux-là se considèrent comme habilités à exprimer sa véritable pensée et à la présenter au monde sous le sceau d’une crédibilité absolue.
D’où vient cette ardeur missionnaire ? De la crainte éprouvée de son audience qui risquerait de contrecarrer celle des autres ! On mesure, en effet, l’impact d’un homme à la puissance des forces qu’il déclenche contre lui. On ne cherche pas à réduire au silence celui qui n’a rien à dire ; au contraire, on le laisse occuper l’écran, ce qui permet aux gens de l’ombre d’agir tranquillement pour mieux façonner à leur convenance les esprits assoupis !
Et surtout, à travers la personne du Pape, on atteint toute l’Eglise. On discrédite à la fois les évêques, les prêtres, les diacres, les religieux et tous les catholiques. L’invitation implicite leur est faite de quitter ces "mauvais lieux", d’aller renforcer les rangs de tous les honnêtes hommes... le rang des hommes pleinement intègres !
Les prêtres catholiques sont particulièrement visés, car on les soupçonne d’être très malheureux dans la vie qu’ils ont choisie, d’ailleurs, choisie sans bien savoir. S’ils étaient mariés, comme ils seraient heureux, dynamiques et équilibrés, surtout en ces temps où le mariage est en passe d’être une formalité sans contenu ! En devenant Monsieur Tout-le-monde, ils deviendraient beaucoup plus proches du monde !
Dans cette humanité qui s’organise sans Dieu, voilà ce que, justement, viennent contredire les propos de ce Pape qui disait naguère : "Celui qui ne donne pas Dieu donne toujours trop peu !" Ou encore : "Le monde veut voir chez les chrétiens ce qu’il ne voit nulle part ailleurs".
+ Guy Bagnard, évêque de Belley-Ars >>
22:50 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme
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