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09/04/2010

France Télécom : procès à l'ultralibéralisme ?

suicide-france-telecom.jpgDésormais la "gestion des ressources humaines" d'une entreprise peut finir en correctionnelle. Le parquet de Paris a ouvert une information sur France Télécom à propos des suicides :


 

Cette décision suit un rapport de l'Inspection du travail (février) qui conclut au "caractère pathogène de la politique de restructuration et de management" et note que les avertissements des des médecins du travail entre 2006 et 2009 furent négligés : "les réorganisations, restructurations et les méthodes de management mises en oeuvre au sein de [...] France Télécom sont de nature à provoquer des troubles de la santé mentale", constate le rapport.

Ces méthodes visaient à évincer 22.000 salariés ; à en obliger 10.000 autres à changer de métier ; à "augmenter la mobilité" ; et à rajeunir la pyramide des âges. La brutalité des pressions serait la cause de souffrances psychologiques qui expliquent les suicides : c'est ce que soutient la plainte de la CFE-CGC/Unsa contre l'ex-PDG Didier Lombard, l'ex-directeur exécutif Louis-Pierre Wenes et le DRH Olivier Barberot. D'après elle, la virulence des pressions pour faire craquer les salariés venait du fait que 65 % d'entre eux étaient des fonctionnaires, non licenciables.

Ce procès est rendu possible par la Cour de cassation : selon son arrêt de novembre 2009, on peut parler de harcèlement moral à propos d'une politique de management (et non plus seulement de heurts personnels entre employés et supérieurs). Peuvent donc être poursuivis les mutations forcées ou "les objectifs de performance impossibles à atteindre". Au delà du cas de France Télécom, ce sera le procès de la déshumanisation de l'entreprise depuis le tournant ultralibéral des années 1990. Les derniers partisans de ce système auront du mal à noyer le poisson.

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Commentaires

A UN BEMOL PRÈS

> D'accord avec vous pour y voir une bonne nouvelle, à ce bémol près : la judiciarisation des conflits dans l'entreprise n'est pas forcément un gage d'humanisation du travail, bien au contraire. J'ai pu constater dans le monde de l'entreprise à quel point les lois (même celles visant la protection des salariés), les réglements et les procédures pouvaient instiller la méfiance et développer le chacun-pour-soi; les phrases du type : "je peux pas t'aider, c'est une trop grosse responsabilité" ou "ce que tu me demandes n'est pas marqué sur ma fiche de fonction" ou "tu as un document écrit qui prouve que j'ai dit ce que j'ai dit, non ? alors je ne l'ai pas dit" (à peine exagéré) sortent pour un oui ou un non...
Ca ne veut pas dire qu'il faut délier les mains des dirigeants (on sait ce qu'une partie d'entre eux en feraient) mais que, comme Benoit XVI l'a rappellé, on ne fera pas l'impasse d'une conversion pour sortir de ce système, et que les lois, aussi nécessaire soient-elles, ne suffiront pas. Ce qui implique que le combat ne situe pas uniquement au plan politique.
D'ailleurs, l'acharnement du monde contre cette institution dénuée de pouvoir politique qu'est l'Eglise, montre que ce dernier sait bien où se trouvent ses adversaires.
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Écrit par : Gilles Texier / | 09/04/2010

FORMATAGE

Visiblement formaté par l'ambiance, un lecteur nous écrit ceci :

> Et si le Saint-Siège se soumettait à une expertise indépendante de ce type pour analyser si il a bien réagi dans les affaires sorties actuellement ? Justifier l'étouffement d'une affaire - cf. La presse d'aujourd'hui - au nom du "Bien de l'Eglise universelle", c'est dire à l'enfant violé : tais-toi au nom du groupe. Dangereux holisme. La Vérité vous rendra libre, a dit le Seigneur."
hgt


[ Ma réponse à HGT :
- Noble façon de battre votre coulpe sur la poitrine du pape ! A quelques détails près :
- aucune affaire n'a été étouffée par Ratzinger. Je me permets de vous déconseiller Jeff Anderson si vous cherchez la vérité des faits.
- "L'enfant violé"... "tais-toi au nom du groupe" ? rien à voir avec l'affaire que vous évoquez. Quand eut lieu la correspondance avec Rome, cette affaire était déjà jugée-classée et le prêtre grillé : au point de demander lui-même sa propre exclusion du clergé. Alors, à quel "enfant violé" Rome a-t-elle dit de "se taire" ? aucun. Vous brodez. Un pas de plus et vous nous parlerez, comme Serge July, de "lupanars pédophiles incrustés au sein des écoles religieuses".
- Avant de dauber sur l'Eglise, les laïcs catholiques "ouverts-aux-valeurs-et-aux-moeurs-d'aujourd'hui" feraient bien de se demander s'ils n'ont pas, eux ou leurs prédécesseurs, une part de responsabilité dans l'effroyable passage à vide (spirituel et mental) du milieu catho occidental en 1970-1980, avec conséquences sur le plan moral. Le laxisme catho de cette époque fut si minable qu'il suscita le rejet du catholicisme par une génération de jeunes presque entière, celle de 1968. J'en suis témoin : j'en fis partie.
- Si je suis revenu vingt ans après, ce fut grâce - notamment - à Joseph Ratzinger. A ceux qui viennent aujourd'hui me dire du mal de cet homme (et qui ressemblent à la génération désastreuse), je dirais des choses dures si je ne me retenais pas.]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : hgt / | 10/04/2010

LE LIBRE-ECHANGISME, MACHINE DE GUERRE CONTRE LE SOCIAL

> A lire sur l'excellent site de Bernard Cassen : http://www.medelu.org/spip.php?article400
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Écrit par : Ned / | 11/04/2010

Les commentaires sont fermés.