Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20/03/2010

La lettre du pape aux catholiques d'Irlande

pape11[1].jpgsur le scandale des prêtres pédophiles :


 

-

 

1. CHERS FRERES ET SŒURS DE L’EGLISE EN IRLANDE, c'est avec une profonde préoccupation que je vous écris en tant que Pasteur de l'Eglise universelle. Comme vous, j'ai été profondément bouleversé par les nouvelles apparues concernant l'abus d'enfants et de jeunes vulnérables par des membres de l'Eglise en Irlande, en particulier par des prêtres et des religieux. Je ne peux que partager le désarroi et le sentiment de trahison que nombre d'entre vous ont ressentis en prenant connaissance de ces actes scandaleux et criminels et de la façon dont les autorités de l'Eglise en Irlande les ont affrontés.

Comme vous le savez, j'ai récemment invité les évêques irlandais à une rencontre ici, à Rome, pour rendre compte de la façon dont ils ont affronté ces questions par le passé et présenter les mesures qu'ils ont prises pour répondre à cette grave situation. Avec certains prélats de la Curie romaine, j'ai écouté ce qu'ils avaient à dire, tant individuellement qu'en groupe, tandis qu'ils présentaient une analyse des erreurs commises et des leçons apprises, et une description des programmes et des protocoles aujourd'hui mis en place. Nos réflexions ont été franches et constructives. Je nourris l'espoir que, par conséquent, les évêques se trouvent à présent dans une position plus forte pour accomplir le devoir de réparer les injustices du passé et pour affronter les thèmes plus vastes liés à l'abus des mineurs selon des modalités conformes aux exigences de la justice et aux enseignements de l'Evangile.

2. Pour ma part, compte tenu de la gravité de ces fautes, et de la réponse souvent inadéquate qui leur a été réservée de la part des autorités ecclésiastiques dans votre pays, j'ai décidé d'écrire cette Lettre pastorale pour vous exprimer ma proximité et vous proposer un chemin de guérison, de renouveau et de réparation.

En réalité, comme de nombreuses personnes dans votre pays l'ont observé, le problème de l'abus des mineurs n'est pas propre à  l'Irlande, ni à l'Eglise. Toutefois, le devoir qui se présente désormais à vous est celui d'affronter le problème des abus qui ont lieu au sein de la communauté catholique irlandaise et de le faire avec courage et détermination. Personne ne peut imaginer que cette situation douloureuse sera résolue dans de brefs délais.  Des progrès positifs ont été accomplis, mais il reste encore beaucoup à faire. La persévérance et la prière sont nécessaires, ainsi qu'une grande confiance dans la force de guérison de la grâce de Dieu.

Dans le même temps, je dois également exprimer ma conviction que, pour se reprendre de cette blessure douloureuse, l'Eglise qui est en Irlande doit en premier lieu reconnaître devant le Seigneur et devant les autres, les graves péchés commis contre des enfants sans défense. Une telle reconnaissance, accompagnée par une douleur sincère pour les préjudices portés à ces victimes et à leurs familles, doit conduire à un effort concerté afin d'assurer la protection des enfants contre de tels crimes à l'avenir.

Tandis que vous affrontez les défis de ce moment, je vous demande de vous rappeler du «rocher d'où l'on vous a taillés» (Is 51, 1). Réfléchissez aux contributions généreuses, souvent héroïques, offertes à l'Eglise et  à l'humanité tout entière par les générations passées d'hommes et de femmes irlandais, et faites en sorte que cela constitue un élan pour un examen de conscience honnête et un programme de renouveau ecclésial et personnel convaincu. Je prie pour que,  assistée par l'intercession de ses nombreux saints et purifiée par la pénitence, l'Eglise en Irlande surmonte la crise présente et redevienne un témoin convaincu de la vérité et de la bonté de Dieu tout-puissant, manifestées dans son Fils Jésus Christ.

3. Tout au long de l'histoire, les catholiques d'Irlande se sont révélés une immense force de bien tant dans leur patrie qu'à l'étranger. Des moines celtes comme saint Colomban, diffusèrent l'Evangile en Europe occidentale en jetant les fondements de la culture monastique médiévale. Les idéaux de sainteté, de charité et de sagesse transcendante découlant de la foi chrétienne, ont trouvé une expression dans la construction d'églises et de monastères et dans l'institution d'écoles, de bibliothèques et d'hôpitaux qui contribuèrent à renforcer l'identité spirituelle de l'Europe. Ces missionnaires irlandais ont tiré leur force et leur inspiration de la foi ferme, de la direction solide et des comportements moraux justes de l'Eglise dans leur terre natale.

A partir du XVIe siècle, les catholiques d’Irlande ont subi une longue période de persécution, au cours de laquelle ils ont lutté pour maintenir vivante la flamme de la foi dans des circonstances dangereuses et difficiles. Saint Oliver Plunkett, l'archevêque martyr d'Armagh, est l'exemple le plus célèbre d'une multitude de fils et de filles courageux d'Irlande, prêts à donner leur vie pour la fidélité à l'Evangile. Après l'Emancipation catholique, l'Eglise fut libre de croitre à nouveau. Des familles et d'innombrables personnes qui avaient préservé leur foi au cours de la période de l'épreuve, devinrent le moteur d'une grande renaissance du catholicisme irlandais au XIXe siècle. L'Eglise offrit l'éducation, en particulier aux pauvres, et cela devait apporter une contribution importante à la société irlandaise. Parmi les fruits des nouvelles écoles catholiques, figura une croissance des vocations: des générations de prêtres, de religieuses et de frères missionnaires  quittèrent leur patrie pour servir sur chaque continent, en particulier dans le monde anglophone. Ils furent admirables non seulement en raison de leur grand nombre, mais également en raison de la force de leur foi et de la solidité de leur engagement pastoral. De nombreux diocèses, en particulier en Afrique, en Amérique et en Australie, ont bénéficié de la présence de clergé et de religieux irlandais qui prêchèrent l'Evangile et fondèrent des paroisses, des écoles et des universités, des cliniques et des hôpitaux, qui servirent tant les catholiques,  que la société en général, avec une attention particulière pour les besoins des pauvres.

Dans presque toutes les familles d'Irlande, il y a eu quelqu'un — un fils ou une fille, une tante ou un oncle  — qui a donné sa vie à l'Eglise. Les familles irlandaises nourrissent à juste titre une grande estime et une grande affection pour leurs proches qui ont consacré leur vie au Christ, en partageant le don de la foi avec d'autres et en mettant en pratique cette foi dans le service généreux de Dieu et du prochain.

4. Au cours des dernières décennies, toutefois, l'Eglise dans votre pays a dû affronter de nouveaux et graves défis à la foi, découlant de la transformation et de la sécularisation rapides de la société irlandaise. Un changement social très rapide a eu lieu, qui a souvent eu des effets contraires à l’adhésion traditionnelle des personnes à l'égard de l'enseignement et des valeurs catholiques. Très souvent, les pratiques sacramentelles et de dévotion qui soutiennent la foi et lui permettent de croître, comme par exemple la confession fréquente, la prière quotidienne et les retraites annuelles, ont été négligées. Au cours de cette période, apparut également la tendance déterminante, également de la part de prêtres et de religieux, à adopter des façons de penser et à considérer les réalités séculières sans référence suffisante à l'Evangile. Le programme de renouveau proposé par le Concile Vatican II fut parfois mal interprété et en vérité, à la lumière des profonds changements sociaux qui avaient lieu, il était très difficile de comprendre comment les appliquer de la meilleure façon possible. En particulier, il y eut une tendance, dictée par de justes intentions, mais erronée, une tendance à éviter les approches pénales à l'égard de situations canoniques irrégulières. C'est dans ce contexte général que nous devons chercher à comprendre le problème déconcertant de l'abus sexuel des enfants, qui a contribué de façon très importante à l'affaiblissement de la foi et à la perte de respect pour l'Eglise et pour ses enseignements.

Ce n'est qu'en examinant avec attention les nombreux éléments qui ont donné naissance à la crise actuelle qu'il est possible d'entreprendre un diagnostic clair de ses causes et de trouver des remèdes efficaces.

Il est certain que parmi les facteurs qui y ont contribué, nous pouvons citer: des procédures inadéquates pour déterminer l'aptitude des candidats au sacerdoce et à la vie religieuse; une formation humaine, morale, intellectuelle et spirituelle insuffisante dans les séminaires et les noviciats ; une tendance dans la société à favoriser le clergé et d'autres  figures d'autorité, ainsi qu'une préoccupation déplacée pour la réputation de l'Eglise et pour éviter les scandales, qui a eu pour résultat de ne pas appliquer les peines canoniques en vigueur et de ne pas protéger la  dignité de chaque personne.

Il faut agir avec urgence pour affronter ces facteurs, qui ont eu des conséquences si tragiques pour les vies des victimes et de leurs familles et qui ont assombri la lumière de l'Evangile à un degré que pas même des siècles de persécution ne sont parvenus à atteindre.

5. En plusieurs occasions depuis mon élection au Siège de Pierre, j'ai rencontré des victimes d'abus sexuels, et je suis disposé à le refaire à l'avenir. Je me suis arrêté pour parler avec eux, j'ai écouté leurs récits, j'ai pris acte de leur souffrance, j'ai prié avec eux et pour eux. Auparavant, au cours de mon pontificat, soucieux d'affronter ce thème, j'avais demandé aux évêques d'Irlande, à l'occasion de leur visite ad limina de 2006, d'«établir la vérité sur ce qui est arrivé par le passé, de prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter que cela ne se reproduise à l'avenir, d'assurer que les principes de justice soient pleinement respectés et, surtout, de soutenir les victimes et tous ceux qui sont victimes de ces crimes monstrueux» (Discours aux évêques d'Irlande, 28 octobre 2006).

Avec cette Lettre, mon intention est de vous exhorter tous, en tant que peuple de Dieu qui est en Irlande, à réfléchir sur les blessures infligées au Corps du Christ, sur les remèdes, parfois douloureux, nécessaires pour les panser et les guérir, et sur le besoin d'unité, de charité et d'aide réciproque dans le long processus de reprise et de renouveau ecclésial. Je m'adresse à présent à vous avec des paroles qui me viennent du cœur, et je désire parler à chacun de vous individuellement et à vous tous en tant que frères et sœurs dans le Seigneur.

6. Aux victimes d'abus et à leurs familles

Vous avez terriblement souffert et j'en suis profondément désolé. Je sais que rien ne peut effacer le mal que vous avez subi. Votre confiance a été trahie, et votre dignité a été violée. Beaucoup d'entre vous, alors que vous étiez suffisamment courageux pour parler de ce qui vous était arrivé, ont fait l'expérience que personne ne vous écoutait. Ceux d'entre vous qui ont subi des abus dans les collèges doivent avoir eu l’impression qu'il n'y avait aucun moyen d'échapper à leur souffrance. Il est compréhensible que vous trouviez difficile de pardonner ou de vous  réconcilier avec l'Eglise. En son nom, je vous exprime ouvertement la honte et le remord que nous éprouvons tous. Dans le même temps, je vous demande de ne pas perdre l'espérance. C'est dans la communion de l'Eglise que nous rencontrons la personne de Jésus Christ, lui-même victime de l'injustice et du péché. Comme vous, il porte encore les blessures de sa souffrance injuste. Il comprend la profondeur de votre peine et la persistance de son effet dans vos vies et dans vos relations avec les autres, y compris vos relations avec l'Eglise. Je sais que certains d'entre vous trouvent également difficile d'entrer dans une église après ce qui s'est passé. Toutefois, les blessures mêmes du Christ, transformées par ses souffrances rédemptrices, sont les instruments grâce auxquels le pouvoir du mal s'est brisé et nous renaissons à la vie et à l'espérance. Je crois fermement dans  le pouvoir de guérison de son amour sacrificiel — également dans les situations les plus sombres et sans espérance — qui apporte la libération et la promesse d'un nouveau départ.

En m'adressant à vous comme pasteur, préoccupé par le bien de tous les fils de Dieu, je vous demande avec humilité de réfléchir sur ce que je vous ai dit. Je prie afin que, en vous approchant du Christ et en participant à la vie de son Eglise — une Eglise purifiée par la pénitence et renouvelée dans la charité pastorale — vous puissiez redécouvrir  l'amour infini du Christ pour chacun de vous. Je suis confiant dans le fait que, de cette manière, vous serez capables de trouver la réconciliation, une guérison intérieure profonde et la paix.

7. Aux prêtres et aux religieux qui ont abusé des enfants

Vous avez trahi la confiance placée en vous par de jeunes innocents et par leurs parents. Vous devez répondre de cela devant Dieu tout-puissant, ainsi que devant les tribunaux constitués à cet effet. Vous avez perdu l'estime des personnes en Irlande et jeté la honte et le déshonneur sur vos confrères. Ceux d'entre vous qui sont prêtres ont violé la sainteté du sacrement de l'Ordre sacré, dans lequel le Christ se rend présent en nous et dans nos actions. En même temps que le dommage immense causé aux victimes, un grand dommage a été perpétré contre l'Eglise et la perception publique du sacerdoce et de la vie religieuse.

Je vous exhorte à examiner votre conscience, à assumer la responsabilité des péchés que vous avez commis et à exprimer avec humilité votre regret. Le repentir sincère ouvre la porte au pardon de Dieu et à la grâce du véritable rachat. En offrant des prières et des pénitences pour ceux que vous avez offensés, vous devez chercher à faire personnellement amende pour vos actions. Le sacrifice rédempteur du Christ a le pouvoir de pardonner même le plus grave des péchés et de tirer le bien également du plus terrible des maux. Dans le même temps, la justice de Dieu exige que nous rendions compte de nos actions sans rien cacher. Reconnaissez ouvertement vos fautes, soumettez-vous aux exigences de la justice, mais ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu.

8. Aux parents

Vous avez été  profondément bouleversés en apprenant les choses terribles qui eurent lieu dans ce qui aurait dû être le milieu le plus sûr de tous. Dans le monde d'aujourd'hui, il n'est pas facile de construire un foyer domestique et d'éduquer les enfants. Ils méritent de grandir dans un milieu protégé, aimés et désirés, avec un profond sens de leur identité et de leur valeur. Ils ont le droit d'être éduqués aux valeurs morales authentiques, enracinés dans la dignité de la personne humaine, à être inspirés par la vérité de notre foi catholique et à apprendre des manières de se comporter et d'agir qui les conduisent à une saine estime de soi et au bonheur durable. C'est à vous, leurs parents, qu'est confié en premier lieu ce devoir noble et exigeant. Je vous exhorte à accomplir votre part pour assurer le meilleur soin possible des enfants, que ce soit à la maison ou dans la société en général, alors que l'Eglise, pour sa part, continue à mettre en œuvre les mesures adoptées ces dernières années pour protéger les jeunes dans les milieux paroissiaux et éducatifs. Alors que vous exercez vos importantes responsabilités, soyez certains que je suis proche de vous et que je vous assure du soutien de ma prière.

9. Aux enfants et aux jeunes d'Irlande

Je désire vous offrir une  parole particulière d'encouragement. Votre expérience d'Eglise est très différente de celle de vos parents et de vos grands-parents. Le monde a beaucoup changé depuis qu'ils avaient votre âge. Malgré cela, tous, à chaque génération, sont appelés à parcourir le même chemin de vie; indépendamment des circonstances. Nous sommes tous scandalisés par les péchés et les échecs de certains membres de l'Eglise, en particulier de ceux qui furent choisis de manière particulière pour guider et servir les jeunes.  Mais c'est dans l'Eglise que vous trouverez Jésus Christ qui est le même hier, aujourd'hui et à jamais  (cf. He 13, 8). Il vous aime et c'est pour cela qu'il s'est offert lui-même sur la Croix. Recherchez une relation personnelle avec lui dans la communion de son Eglise, car il ne trahira jamais votre confiance! Lui seul peut satisfaire vos attentes les plus profondes et donner à vos vies leur signification la plus pleine, en les orientant au service des autres.  Gardez les yeux fixés sur Jésus et sur sa bonté et protégez dans votre cœur la flamme de la foi. Avec vos frères catholiques en Irlande, je me tourne vers vous  pour que vous soyez de fidèles disciples de notre Dieu et que vous contribuiez, avec votre enthousiasme et votre idéalisme si nécessaires, à la reconstruction et au renouveau de notre Eglise bien-aimée.

10. Aux prêtres et aux religieux d'Irlande

Nous souffrons tous à la suite des péchés de nos confrères qui ont trahi une consigne sacrée ou qui n'ont pas affronté de manière juste et responsable les accusations d'abus. Face à l'outrage et à l'indignation que cela a provoqué, non seulement parmi les laïcs mais également parmi vous et vos communautés religieuses, un grand nombre d'entre vous se sentent personnellement découragés et même  abandonnés.   En outre, je suis conscient qu'aux yeux de certains vous apparaissez coupables par association, et que vous êtes vus comme si vous étiez en quelque sorte responsables des méfaits d'autres personnes. En ce temps de souffrance, je veux  rendre acte du dévouement de votre vie de prêtres et de religieux et de vos apostolats, et je vous invite à réaffirmer votre foi en Christ, votre amour envers son Eglise et votre confiance dans la promesse de rédemption, de pardon et de renouveau intérieur de l'Evangile. De cette manière, vous démontrerez à tous que, là où le péché abonde, la grâce surabonde (cf. Rm 5, 20).

Je sais qu'un grand nombre d'entre vous sont déçus, déconcertés et fâchés pour la manière dont ces questions ont été affrontées par certains de vos supérieurs. Malgré cela, il est essentiel que vous collaboriez de près avec ceux qui représentent l'autorité et que vous vous prodiguiez pour faire en sorte que les mesures adoptées pour répondre à la crise soient vraiment évangéliques, justes et efficaces. Je vous exhorte en particulier à devenir de manière toujours plus claire des hommes et des femmes de prière, en suivant avec courage la voie de la conversion, de la purification et de la réconciliation. De cette manière, l'Eglise en Irlande tirera une nouvelle vie et vitalité de votre témoignage au pouvoir rédempteur du Seigneur rendu visible dans votre vie.

11. A mes frères évêques

On ne peut pas nier que certains d'entre vous et de vos prédécesseurs ont manqué, parfois gravement, dans l'application des normes du droit canonique codifiées depuis longtemps en ce qui concerne les crimes d'abus sur les enfants. De graves erreurs furent commises en traitant les accusations. Je comprends combien il était difficile de saisir l'étendue et la complexité du problème, d'obtenir des informations fiables et de prendre des décisions justes à la lumière de conseils divergents d'experts. Malgré cela, il faut admettre que de graves erreurs de jugement furent commises et que des manquements dans le gouvernement ont eu lieu. Tout cela a sérieusement miné votre crédibilité et efficacité. J'apprécie les efforts que vous avez accomplis pour porter remède aux erreurs du passé et pour assurer qu'elles ne se répètent pas. Outre à mettre pleinement en œuvre les normes du droit canonique en affrontant les cas d'abus sur les enfants, continuez à coopérer avec les autorités civiles dans le domaine de leur compétence. Les supérieurs religieux doivent clairement en faire tout autant. Ils ont, eux aussi, participé aux rencontres récentes, ici à Rome, pour établir une approche claire et cohérente de ces questions. Il est nécessaire que les normes de l'Eglise en Irlande pour la protection des enfants soient constamment revues et mises à jour et qu'elles soient appliquées de manière totale et impartiale, conformément au droit canonique.

Seule une action ferme menée de l'avant de manière pleinement honnête et transparente pourra rétablir le respect et l'affection des Irlandais envers l'Eglise, à laquelle nous avons consacré notre vie. Cela doit naître, avant tout, de l'examen de vos propres personnes, de la purification intérieure et du renouveau spirituel. La population irlandaise attend à juste titre que vous soyez des hommes de Dieu, que vous soyez saints, que vous viviez avec simplicité, que vous recherchiez chaque jour la conversion personnelle. Pour elle, selon l'expression de saint Augustin, vous êtes des évêques, et pourtant avec eux vous êtes appelés à être des disciples du Christ (cf. Discours  340, 1). Je vous exhorte donc à renouveler votre sens des responsabilités devant Dieu, à croître dans la solidarité avec votre peuple et à approfondir votre sollicitude pastorale pour tous les membres de votre troupeau. Soyez en particulier sensibles à la vie spirituelle et morale de chacun de vos prêtres. Soyez un exemple à travers vos vies elles-mêmes, soyez proches  d'eux, écoutez leurs préoccupations, offrez-leur votre encouragement en ce moment de difficulté et nourrissez la flamme de leur amour pour le Christ et leur engagement dans le service à leurs frères et sœurs.

Les laïcs doivent eux aussi être encouragés à jouer leur rôle dans la vie de l'Eglise. Faites en sorte qu'ils soient formés  de telle manière qu'ils puissent rendre raison, de manière articulée et convaincante, de l'Evangile dans la société moderne (cf. 1 P 3, 15), et qu'ils coopèrent plus pleinement à la vie et à la mission de l'Eglise. Cela vous aidera également à recommencer à être des guides et des témoins crédibles de la vérité rédemptrice du Christ.

12. A tous les fidèles d'Irlande

L'expérience qu'un jeune fait de l'Eglise devrait toujours porter du fruit dans une rencontre personnelle et vivifiante avec Jésus Christ dans une communauté qui aime et qui offre une nourriture. Dans ce domaine, les jeunes doivent être encouragés à croître jusqu'à leur pleine  stature humaine et spirituelle, à aspirer aux idéaux élevés de sainteté, de charité et de vérité et à tirer inspiration des richesses d'une grande tradition religieuse et culturelle. Dans notre société toujours plus sécularisée, dans laquelle nous aussi chrétiens nous trouvons difficile de parler de la dimension transcendante de notre existence, nous avons besoin de trouver de nouveaux chemins pour transmettre aux jeunes la beauté et la richesse de l'amitié avec Jésus Christ dans la communion de son Eglise. En affrontant la crise présente, les mesures pour faire face de manière juste aux crimes individuels sont essentielles, toutefois  elles ne suffisent pas : il faut une nouvelle vision pour inspirer la génération présente et les générations futures à  tirer profit du don de notre foi commune. En marchant sur la voie indiquée par l'Evangile, en observant les commandements et en conformant votre vie de manière toujours plus proche à la personne de Jésus Christ, vous ferez l'expérience du renouveau  profond dont il y a aujourd'hui un besoin si urgent. Je vous invite tous à persévérer le long de ce chemin.

13. Chers frères et sœurs dans le Christ, c'est avec une profonde préoccupation envers vous tous en ce temps de douleur, dans lequel la fragilité de la condition humaine a été aussi clairement révélée, que j'ai souhaité vous offrir ces paroles d'encouragement et de soutien. J'espère que vous les accueillerez comme une signe de ma proximité spirituelle et de ma confiance dans votre capacité à répondre aux défis du temps présent en tirant une inspiration renouvelée et une force des nobles traditions de l'Irlande de fidélité à l'Evangile, de persévérance dans la foi et de fermeté dans le recherche de la sainteté. Avec vous tous, je prie avec insistance qu'avec la grâce de Dieu, les blessures qui ont frappé un grand nombre de personnes et  de familles puissent être guéries et que l'Eglise qui est en Irlande puisse faire l'expérience d'une saison de renaissance et de renouveau spirituel.

14. Je souhaite vous proposer des initiatives concrètes pour  affronter la situation.

Au terme de ma rencontre avec les évêques d'Irlande, j'ai demandé que le carême de cette année soit considéré comme un temps de prière pour une effusion de la miséricorde de Dieu et des dons de sainteté et de force de l'Esprit Saint sur l'Eglise dans votre pays. Je vous invite tous à présent  à consacrer vos pénitences du vendredi, pendant une année entière, d'aujourd'hui jusqu'à la Pâque 2011, à cette fin. Je vous demande  d'offrir votre jeûne, votre prière, votre lecture de la Sainte Ecriture et vos œuvres de miséricorde pour obtenir la grâce de la guérison et du renouveau pour l'Eglise qui est en Irlande. Je vous encourage à redécouvrir le sacrement de la Réconciliation et à recourir plus fréquemment  à la force transformatrice de sa grâce.

Une attention particulière devra aussi être réservée à l'adoration eucharistique, et dans chaque diocèse, il devra y avoir des  églises ou des chapelles  spécifiquement réservées à cette fin. Je demande que les paroisses, les séminaires,  les maisons religieuses et les monastères organisent des temps d'adoration eucharistique, de manière à ce que tous aient la possibilité d'y prendre part. A travers la prière fervente face à la présence réelle du Seigneur, vous pouvez accomplir la réparation pour les péchés d'abus qui ont fait tant de mal, et dans le même temps implorer la grâce d'une force renouvelée et d'un sens plus profond de la mission de la part de tous les évêques, les prêtres, les religieux et les fidèles.

Je suis confiant dans le fait que ce programme conduira à une renaissance de l'Eglise en Irlande, dans la plénitude  de la vérité même de Dieu, car c'est la vérité qui nous rend libres (cf. Jn 8, 32).

En outre, après avoir pris conseil et avoir prié sur la question, j’ai l’intention d’effectuer une visite apostolique dans plusieurs diocèses d'Irlande, ainsi que dans des séminaires et des congrégations religieuses. La visite se propose d'aider l'Eglise locale dans son  chemin de renouveau et sera établie en coopération avec les bureaux compétents de la Curie romaine et la conférence épiscopale irlandaise. Les détails seront communiqués en temps utile.

Je propose en outre que soit organisée une Mission au niveau national pour  tous les évêques, les prêtres et les religieux. Je nourris l'espérance que, en puisant à la compétence d'experts prédicateurs et organisateurs de retraites, venus d'Irlande ou d'ailleurs,  et en réexaminant les documents conciliaires, les rites liturgiques de l'ordination et de la profession et les récents enseignements pontificaux, vous parveniez à une analyse plus profonde de vos vocations respectives, de manière à redécouvrir les racines de votre foi en Jésus Christ et à boire  abondamment  aux sources de l'eau vive qu'il vous offre à travers son Eglise.

En cette année consacrée aux prêtres, je vous confie de manière toute particulière la figure de saint Jean-Marie Vianney, qui eut une compréhension si riche du mystère du sacerdoce. «Le prêtre, écrivit-il,  a la clé des trésors du ciel: c'est lui qui ouvre la porte, c'est lui le dispensateur   du bon Dieu, l'administrateur de ses biens.» Le curé d'Ars a parfaitement compris combien une  communauté est bénie quand elle est servie  par un prêtre bon et saint: «Un bon pasteur, un pasteur selon le cœur de Dieu, est le trésor le plus grand que le bon Dieu puisse donner à une paroisse et l'un des dons les plus précieux de la divine miséricorde.» Par l'intercession de saint Jean-Marie Vianney, puisse le sacerdoce en Irlande reprendre vie et puisse toute l'Eglise en Irlande croître dans l'estime du grand don du ministère sacerdotal.

Je saisis cette opportunité pour remercier dès à présent tous  ceux qui seront impliqués dans l'organisation de la visite apostolique et la Mission, ainsi que les nombreux hommes et femmes qui, dans toute l'Irlande, œuvrent déjà  pour la protection des enfants dans les milieux ecclésiaux. Dès que la gravité et l’extension du problème  des abus sexuels contre les enfants dans des institutions catholiques a commencé à être pleinement compris, l'Eglise a accompli un énorme travail dans de nombreuses régions du monde, afin de l'affronter et d'y trouver remède. Tandis qu'il ne faut épargner aucun effort  pour améliorer et mettre à jour les procédures déjà existantes, je suis encouragé par le fait  que les pratiques de protection en vigueur, adoptées par les Eglises locales, sont considérées, dans certaines parties du monde,  comme un modèle à suivre pour les autres institutions.

Je souhaite conclure cette Lettre avec une Prière pour l'Eglise en Irlande, que je vous envoie avec l'attention qu'un père  a pour ses enfants et avec l'affection d'un chrétien comme vous, scandalisé et blessé  par ce qui est arrivé dans notre bien-aimée Eglise. Lorsque vous aurez recours à cette prière dans vos familles, vos paroisses et vos communautés, puisse la Bienheureuse Vierge Marie vous protéger et vous guider sur le chemin qui conduit à une union plus étroite avec son Fils, crucifié et ressuscité. Avec une grande affection et une ferme confiance dans les promesses de Dieu, je vous donne à tous de tout cœur ma Bénédiction apostolique en gage de force et de paix dans le Seigneur.

Du Vatican, le 19 mars 2010, solennité de saint Joseph

BENEDICTUS PP. XVI

           

 

Prière pour l'Eglise en Irlande

Dieu de nos pères,
renouvelle-nous dans la foi qui est pour nous vie et salut,
dans l'espérance qui promet pardon et renouveau intérieur,
dans la charité qui purifie et ouvre nos cœurs
à t'aimer, et à travers toi, tous nos frères et sœurs.

Seigneur Jésus Christ,
puisse l'Eglise en Irlande renouveler son engagement millénaire
à la formation de nos jeunes sur le chemin de la vérité,
de la bonté, de la sainteté et du service généreux à la société.

Esprit Saint, consolateur, avocat et guide,
inspire un nouveau printemps de sainteté et de zèle apostolique
pour l'Eglise en Irlande.

Puissent notre tristesse et nos larmes,
notre effort sincère pour redresser les erreurs du passé, 
et notre ferme intention de repentir,
porter des fruits abondants de grâce
pour l'approfondissement de la foi

dans nos familles, nos paroisses, nos écoles et nos communautés,
pour le progrès spirituel de la société irlandaise,
et pour faire grandir la charité, la justice, la joie et la paix,
dans la famille humaine tout entière.

A toi, Sainte Trinité,
avec une confiance totale dans la protection pleine d'amour de Marie,
Reine de l'Irlande, Notre Mère,
et de saint Patrick, de sainte Brigitte et de tous les saints,
nous nous en remettons, ainsi que nos enfants,
et les besoins de l'Eglise en Irlande.

Amen

 

19:57 Publié dans Eglises | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : christianisme

Commentaires

VIDEO DU P. LOMBARDI

A visionner sur le site du Vatican :
" Chers amis,
Je suis le père Federico Lombardi, Directeur de la Salle de Presse du Saint Siège. Je suis avec vous pour vous présenter un document du Pape très attendu.
La lettre du Saint Père aux catholiques d’Irlande sur la crise des abus sexuels de la part de représentants de l’Eglise est un document impressionnant, qui montre sa douleur et son engagement personnel afin de contribuer à réparer, à assainir et à renouveler.
Ses mots s’adressent d’abord aux victimes, et montrent une très profonde participation à leurs souffrances ; à leur déception car la confiance qu’ils avaient dans les représentants de l’Eglise a été trahie. Le pape, qui par le passé a déjà rencontré, et écouté des victimes d’abus sexuels, en Amérique, en Australie et également à Rome, se dit disposé, dans l’avenir, à rencontrer d’autres victimes.
Ses mots à l’encontre des coupables sont très graves : Il dit qu’ils doivent répondre de leurs péchés et de leurs crimes devant Dieu et devant les tribunaux dûment constitués. Il exige qu’ils se soumettent aux exigences de la justice, tout en leur rappelant de ne pas désespérer de la Miséricorde de Dieu et de faire pénitence.
Le Pape a aussi des mots d’encouragement, et invite à la responsabilité. Des mots qui s’adressent aux parents, aux jeunes, aux prêtres, et à tous les fidèles. Aux Evêques, il adresse un rappel critique face aux erreurs commises dans la conduite des personnes qui leur ont été confiées. Il insiste pour que les Evêques mettent rigoureusement en pratique les normes pénales de l’Eglise en cas d’abus sexuels, et pour qu’ils collaborent avec les autorités civiles en faveur de la justice et de la tutelle de la jeunesse.
Le Saint Père propose des initiatives concrètes, spirituelles et pastorales, de pénitence et de renouveau spirituel.
Tout comme sa visite aux Etats unis a aidé l’Eglise locale à se relever d’une telle crise, et à retrouver sa voie avec confiance, la lettre aux fidèles d’Irlande doit marquer le point de départ d’un nouveau cheminement.
______

Écrit par : Vuça / | 20/03/2010

AUX SEPT EGLISES

> Cette lettre magnifique est à méditer par tous, un peu comme les lettres adressées aux sept Eglises dans le Livre de l'Apocalypse.
______

Écrit par : Michel de Guibert / | 20/03/2010

LA FORCE DE L'EGLISE CATHOLIQUE

> "Dans presque toutes les familles d'Irlande, il y a quelqu'un - un fils ou une fille, une tante ou un oncle - qui a donné sa vie à l'Eglise". C'est ce que les anticléricaux ne comprennent pas: le clergé est intimement, familialement lié au peuple chrétien, il n'est pas "la caste" qu'ils désignent (et qu'il pourrait devenir si le clergé était marié et dynastique dans son recrutement). C'est la force de l'Eglise catholique et c'est probablement par là que viendront les guérisons. On sait bien, dans les familles d'Irlande, que dans la plupart des cas le fils, la fille, la tante ou l'oncle n'étaient pas des pédophiles.
______

Écrit par : B.H. / | 20/03/2010

SAISISSANT

> Toute cette situation est terrible, on en ressent une rage et une désolation qui vont au-delà des mots qu'on est capable de proférer.
J'imagine comme il doit être horriblement difficile d'écrire une telle lettre, mais grâce à Dieu, nous avons un vrai pasteur !
En comparant ce texte plein de douleur et d'espérance à toutes les manœuvres médiatiques qui l'ont précédé (je pense à tous ceux qui ont choisi de profiter d'un drame d'une telle ampleur pour jeter de la boue sur leurs cibles favorites), le contraste est saisissant.
______

Écrit par : Flam / | 20/03/2010

SANS COMMENTAIRE

> Sans commentaire... enfin, non, un seul : "forte de 9000 membres", et puis non, sans commentaire...
"20/03/2010 17:01
WASHINGTON, 20 mars 2010 (AFP) - USA: un groupe de victimes de prêtres pédophiles dénonce l'inaction du pape
L'organisation américaine de défense des victimes de prêtres pédophiles (SNAP) a fustigé samedi la lettre de Benoît XVI dans laquelle il reconnaît la responsabilité de l'Eglise dans les actes pédophiles commis par des religieux, appelant à des actes plutôt que des mots.
Dans sa lettre aux catholiques d'Irlande publiée samedi, le pape Benoît XVI a exprimé la "honte" et le "remords" de toute l'Eglise catholique face au scandale de pédophilie dans le clergé irlandais.
L'association SNAP, basée aux Etats-Unis et forte de 9.000 membres, a estimé samedi dans un communiqué que la lettre papale n'annonçait pas d'actions décisives à venir pour sanctionner les responsables, dédommager les victimes et prévenir ce type de dérive.
"Le pape envoie des mots quand on attend de lui qu'il agisse. Le pape laisse planer des risques alors qu'on a besoin de prévention. Le pape sanctionne le secret quand c'est la vérité entière dont on a besoin. Et le pape ignore la souffrance et l'agonie alors qu'une vraie guérison -- et pas seulement des mots -- est nécessaire", écrit SNAP."
______

Écrit par : Pierre-Aelred / | 20/03/2010

@ Pierre-Aelred

> Manifestement celui qui a rédigé le communiqué de l'association SNAP reproduit par la dépêche de l'AFP n'a pas lu la magnifique lettre de Benoît XVI aux catholiques d'Irlande, ou alors c'est un menteur doublé d'un coquin !
______

Écrit par : Michel de Guibert / | 20/03/2010

SOUFFRANCE

> Magnifique lettre, d'un équilibre et d'une délicatesse exemplaire, où chacun est pris en compte ! Mais comme le dit bien Flam, le Pape a dû souffrir en l'écrivant.
______

Écrit par : Blaise / | 21/03/2010

MERCI

> On ne peut mieux parler. Merci à Benoît XVI.
______

Écrit par : Piix / | 21/03/2010

LE MAL EST FAIT

> Mais la campagne infecte des médias contre Benoît XVI avec le scandale bidonné contre son frère laissera des traces chez les gens qui ne s'informent pas mais écoutent seulement les gros titres de la télé. Exemple cette réaction d'un vieux monsieur (?) signant "papy02", sur le tchat de SFR Info :
"Bizarre le pape parle de l'église d'irlande mais il ne parle pas de l'église allemande pourtant son frère à fait la une de la presse ces temps ci pour les mêmes choses. comme quoi c'est difficile de balayer devant sa porte".
En fait Georg Ratzinger a pris ses fonctions APRES le cas de pédophilie (et la révélation-sanction de ce cas), donc il est totalement innocent : mais peu importe, dans les esprits le mal est fait.
Vous me direz : l'Eglise n'avait qu'à ne pas laisser des diocèses couvrir les scandales. Certes. Mais une chose est de dénoncer ce gravissime dysfonctionnement, et une autre de vouloir détruire l'image de la papauté et du catholicisme en général, et ça ce n'est pas innocent. Surtout quand on voit d'où viennent les coups : des médias, à peu près tous pratiquant par ailleurs le sex-infobizness graveleux.
______

Écrit par : Ranulf / | 21/03/2010

SUR LES TCHATS

> Lu ailleurs :
" kris453,je ne pense pas qu'autoriser les prêtres à se marier et à avoir des enfants règlerait tout à fait le problème!Il y a eu des instits pédophiles et pourtant ils étaient mariés et avaient des enfants!Et là aussi la hiérarchie a couvert ces actes en mutant les fautifs dans les 24h! "
______

Écrit par : Avenel / | 21/03/2010

SONDAGES

> Rencontré hier une dame super-énervée contre Benoît XVI "qui en cache, des choses on va dire sexuelles avec les jeunes". La même est fière que son Kevin de quatorze ans ait une "petite copine" comme dans les sondages.
Marie-A.

[ De PP à MA - Mais ne perdons pas de vue la réalité terrible de la pédophilie dans le clergé des années 1970-1980. ]

Cette réponse s'dresse au commentaire

Écrit par : Marie-A. / | 21/03/2010

PAS LUE

> Cette lettre papale s'adresse aux catholiques d'un pays spirituellement traumatisé par le scandale de la pédophilie. Le pape exprime avec gravité et force (sur fond de douleur non dissimulée) ce que le chef de l'Eglise doit dire. Contrairement à ce que prétendent les médias, il n'esquive pas la question de la collaboration nécessaire avec les juges laïques. Mais mon impression est que la plupart des journalistes qui "commentent" cette lettre à la radio, ne l'ont pas lue... Entendu par exemple la nuit dernière sur Europe 1 : "Benoit XVI a fait sa mea culpa". (Passons sur le "sa") . Un mea culpa est justement ce qu'il n'a pas fait, à juste titre : l'Eglise n'est pas une dictature militaire, et les conférences épiscopales agissent sans demander le feu vert au pape. Lorsqu'il arrive une infamie comme la politique d'enfouissement de la pédophilie par des diocèses, en Irlande ou ailleurs, le pape intervient ensuite pour sanctionner et régénérer, mais sa tâche est uniquement là.
Des médias disent : "sa lettre ne parle pas de démissionner des évêques". Evidemment : aucune lettre pastorale ne fait ce genre de choses. Si des "exécutions" de ce genre ont lieu, ça passe par le dicastère romain ad hoc, non par une déclaration papale urbi et orbi.
______

Écrit par : portapia / | 21/03/2010

SUR L'INTERNET

> De Zenit : "A l'occasion de la publication de la lettre de Benoît XVI aux catholiques d'Irlande, le P. Lombardi a annoncé à la presse que le site Internet du Vatican regroupe toutes les informations dans le domaine de la réponse à la pédophilie sur une nouvelle page.
On y trouve la lettre du pape, dont un extrait en vidéo, et une synthèse en français. Le P. Lombardi a souligné que seuls les textes en anglais et en italien sont officiels. Les autres langues sont des traductions « de travail » à confronter avec l'original.
Le site propose aussi, toujours en français, une vidéo du directeur de la salle de presse du Saint-Siège le P. Federico Lombardi, sj, résumant la lettre du pape.
Mais la page regroupe aussi les documents précédemment publiés par le Saint-Siège, notamment les différents communiqués à la suite des visites des évêques d'Irlande au Vatican, un communiqué des évêques allemands et aussi deux discours de Jean-Paul II aux évêques des Etats-Unis, en 2002 et 2004, etc.
Parmi les autres efforts de communication du Vatican dans ce domaine, signalons la publication de la Lettre de Benoît XVI sur « Twitter ».
Le site du Vatican sur « YouTube » (anglais, italien, allemand et espagnol) propose aussi une série de vidéos à ce sujet, avec l'appel de Benoît XVI, le 17 mars, lors de l'audience générale, en anglais, aux Irlandais qui fêtaient St Patrick : « Comme vous le savez, a déclaré Benoît XVI, ces derniers mois, l'Eglise d'Irlande a été mise à rude épreuve par la crise des abus sur des mineurs. En signe de ma profonde préoccupation, j'ai écrit une lettre pastorale pour faire face à cette situation douloureuse. Je la signerai en la solennité de saint Joseph, gardien de la Sainte Famille, et patron de l'Eglise universelle, et je l'enverrai immédiatement ».
« Je vous demande, avait ajouté le pape, de la lire vous-mêmes, avec le coeur ouvert et un esprit de foi. Mon espérance est qu'elle puisse aider au processus de repentance, de guérison et de renouveau ».
En anglais, un lecteur lit le passage de la lettre dans lequel le pape s'adresse directement aux victimes.
Enfin, toujours en anglais, les évêques catholiques d'Irlande proposent aussi tout ce matériel sur leur site Internet.
Pour sa part, sur la vidéo de présentation de la lettre de Benoît XVI, le P. Lombardi fait remarquer que « la lettre du Saint-Père aux catholiques d'Irlande sur la crise des abus sexuels de la part de représentants de l'Eglise est un document impressionnant, qui montre sa douleur et son engagement personnel afin de contribuer à réparer, à assainir et à renouveler ».
Il souligne que le pape s'adresse directement aux victimes : « Ses paroles s'adressent d'abord aux victimes, et montrent une très profonde participation à leurs souffrances ; à leur déception car la confiance qu'ils avaient dans les représentants de l'Eglise a été trahie. Le pape qui, par le passé, a déjà rencontré et écouté des victimes d'abus sexuels, aux Etats-Unis, en Australie et également à Rome (un groupe du Canada, ndlr), se dit disposé, dans l'avenir, à rencontrer d'autres victimes ».
Le P. Lombardi souligne aussi la gravité des paroles du pape aux coupables : « Ils doivent répondre de leurs péchés et de leurs crimes devant Dieu et devant les tribunaux dûment constitués. Il [le pape] exige qu'ils se soumettent aux exigences de la justice, tout en leur rappelant de ne pas désespérer de la Miséricorde de Dieu et de faire pénitence ».
Mais le pape veut aussi « encourager » les catholiques d'Irlande, souligne le P. Lombardi et les invite à la « responsabilité » : il s'adresse « aux parents, aux jeunes, aux prêtres, et à tous les fidèles ».
Surtout, aux évêques, le pape se montre « critique face aux erreurs commises dans la conduite des personnes qui leur ont été confiées », « il insiste pour que les évêques mettent rigoureusement en pratique les normes pénales de l'Eglise en cas d'abus sexuels, et pour qu'ils collaborent avec les autorités civiles en faveur de la justice et de la protection de la jeunesse ».
Enfin, souligne le P. Lombardi, Benoît XVI « propose des initiatives concrètes, spirituelles et pastorales, de pénitence et de renouveau spirituel », et comme sa visite aux Etats-Unis « a aidé l'Eglise locale à se relever d'une telle crise, et à retrouver sa voie avec confiance », la lettre aux fidèles d'Irlande « doit marquer le point de départ d'un chemin nouveau ». "
______

Écrit par : Luça / | 22/03/2010

DANS 'LE MONDE'

> Comment ce quotidien présente la lettre du pape : http://www.lemonde.fr/europe/article/2010/03/20/face-a-la-pedophilie-le-pape-privilegie-les-reponses-spirituelles_1322042_3214.html#xtor=AL-32280184
On remarque que, comme souvent dans 'le Monde', le contenu de l'article est objectif mais le titre est déformant ou ambigu. (En l'occurrence : "Face à la pédophilie, le pape privilégie les réponses spirituelles". Manière de faire croire que le pape ne demande pas aux évêques de coopérer avec les autorités... alors qu'il le leur demande noir sur blanc).
______

Écrit par : Luça / | 22/03/2010

UNE ETUDE A FAIRE

> Je pense qu'une petite étude sur les déformations des informations données par le Vatican (zénit) ou les diocèses par les principales agences de presse mondiales : AFP, Associated Press et chaînes TV françaises serait utile pour démontrer l'instruction à charge quasi systématique qui est faite, notamment en France, des intentions et acte du Saint Père. On a l'impression que la quasi totalité des journalistes, même les plus prestigieux se sont abonnés à ce petit jeu de destruction. Depuis l'affaire de l'année dernière (Williamson, préservatif) je n'ai plus aucune confiance dans la presse genérale pour ce qui concerne les infos religieuses. Avec zénit et ce blog, j'ai toujours une "longueur d'avance".
______

Écrit par : Roque / | 22/03/2010

Oui Michel de Guibert, vous avez raison:

> ...cette lettre est d'une portée sans précédent. A la mesure de l'événement qu'elle inaugure: notre vieille Europe a jadis été évangélisée par saint Colomban et ses moines pénitents, inaugurant le Moyen-Age chrétien,Lumière pour le monde. Aujourd'hui, à l'appel de notre Saint-Père,l'Irlande est renouvelée dans sa vocation d'évangélisatrice de l'Europe qui vient, comme jadis Pierre par le Christ, non parce qu'elle a moins péché, mais parce qu'elle est appelée à aimer davantage encore:"Irlande,m'aimes-tu? Va vers mon Europe, renouvelle-là dans sa foi par l'esprit de pénitence, de chasteté, de pauvreté, par un esprit monastique renouvelé, et qu'elle rayonne de nouveau sur le monde de la Lumière du Christ, va!"Le réchauffement climatique a commencé et voici que va nous arriver d'Irlande un tsunami d'amour miséricordieux,pour renouveler notre Europe, et à sa suite le monde entier:oui, la fin du monde est pour 2012(à l'issue de ce temps de pénitence demandé par le Saint-Père!), fin d'un vieux monde naissance d'un monde nouveau, et du passé, nous ne nous souviendrons plus.
______

Écrit par : Josnin / | 23/03/2010

MEDIAS

> J’apprends ce matin à la radio que la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, lorsqu’elle était présidée par le Cardinal Ratzinger, « aurait » étouffé une affaire de prêtre pédophile irlandais. Pas d’explication plus détaillée. Et le journaliste d’annoncer d’une voix grave « un nouveau scandale au Vatican ».
Qu’est-ce que cela signifie ???
______

Écrit par : Blaise / | 25/03/2010

EXAMEN

> Blaise, il s'agit d'un article du NYT. Mais les accusations ne resistent pas à l'examen. Le père lombardi explique bien qu'en 1996 lorsque le dossier est envoyé au vatican les autorités civiles americaines avaient déjà été saisies. pour ma part, je n'en sais pas plus, mais j'imagine que comme le prêtre en question était malade (il mourra deux ans après) le procès canonique a été interrompu, ce qui est tout à fait logique.
______

Écrit par : Mike / | 25/03/2010

LES FAITS

> CITE DU VATICAN, 25 mars 2010 (AFP) - Pédophilie/USA: le Vatican défend l'action de Joseph Ratzinger

Le Vatican a défendu jeudi l'action du futur pape Benoît XVI, accusé par le New York Times d'avoir couvert dans le passé les abus d'un prêtre américain pédophile, relevant qu'il n'avait été informé que très tardivement alors que le prêtre était vieux et malade.
Selon le New York Times, Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi dans les années 1990, se serait abstenu de poursuites contre un prêtre accusé d'avoir violenté environ 200 enfants sourds d'une école du Wisconsin (nord des Etats-Unis) entre 1950 et 1974.
Dans sa réponse déjà transmise au quotidien qui en a rendu compte dans son article, et rendue publique jeudi matin au Vatican, son porte-parole, le père Federico Lombardi, souligne notamment que la Congrégation n'a été saisie "pour la première fois" qu'"à la fin des années 90, après que plus de deux décennies se soient écoulées" depuis la révélation des abus aux responsables du diocèse et à la police.
Le père Lombardi rappelle par ailleurs que les autorités civiles américaines ont enquêté sur le père Murphy dans les années 70, suite aux accusations de ses victimes, mais que ces enquêtes ont été abandonnées.
"Il est important de souligner que la question canonique présentée à la Congrégation n'avait aucun lien avec une quelconque procédure civile ou pénale contre le père Murphy", souligne le texte, selon lequel le Vatican n'a été saisi que parce qu'il s'agissait d'"une violation du sacrement de la pénitence", certains abus ayant été commis dans un confessionnal.
"Etant donné que le père Murphy était vieux, en mauvaise santé, qu'il vivait en réclusion et qu'il n'y avait eu aucune information sur d'éventuels abus au cours des 20 dernières années, le Congrégation pour la doctrine de la foi a suggéré à l'archevêque de Milwaukee d'envisager de restreindre les activités religieuses du père Murphy et de demander au religieux d'accepter la pleine responsabilité pour la gravité de ses actes", poursuit le Vatican.
______

Écrit par : Mike / | 25/03/2010

Les commentaires sont fermés.