Un document-clé pour aujourd'hui : ''Dieu est de retour – La nouvelle évangélisation de la France''

Une enquête de J.B. Maillard,

éditée à l'Oeuvre :

 

 

  

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Qui pourrait rejeter l'idée de nouvelle évangélisation, lancée par Jean-Paul II dès 1983 ? Des partisans de la sécularisation (au nom de l'air du temps); des relativistes (au nom de la tolérance); et des « spiritualistes » (au nom de la pureté désincarnée). Préférons le cardinal Lustiger qui disait : « Ne vous y trompez pas, la nouvelle évangélisation sera l'évangéli-sation d'une société entièrement nouvelle ».

 

Être chrétien, c'est communiquer l'évangile. Cette communi-cation ne peut se faire que si l'on est de plain-pied avec autrui. Si autrui ne ressemble pas à l'idée que nous nous en faisons (ou que s'en faisait papy), c'est à nous de changer de vocabulaire et de façon d'être – pour qu'autrui ait envie de parler avec nous. La société du XXIe siècle sera sans précédent jusque dans ses composantes démographiques, et les repères d'antan auront disparu : tout passéisme (de la part du chrétien) serait donc une faute contre l'Esprit, puisqu'il empêcherait d'évangéliser. En 2009, le devoir du chrétien d'Europe est de devenir un vecteur de l'évangélisation, non de lui faire obstacle. C'est une mue à accomplir : douloureuse pour certains, allègre pour d'autres.

 

Voici Dieu est de retour : c'est une enquête sur la nouvelle évangélisation en France, ses manifestations, ses expé-riences, ses entreprises, les idées qui la soutiennent. L'auteur du livre est Jean-Baptiste Maillard : 29 ans, fondateur de Chronoblog (création de sites internet) et animateur d'Anuncioblog, consacré précisément à la nouvelle évangélisation.  En 380 pages, ce livre interroge des évêques entreprenants, décrit des expériences atypiques, montre le rôle des jeunes, balise les terrains : évangélisation des enfants, du milieu professionnel, des croyants d'autres religions ; il explique comment la nouvelle évangélisation revitalise des paroisses.

 

Dans un chapitre de ce livre, clair et dense, le prêtre québécois Mario Saint-Pierre montre les bases théologiques de la nouvelle évangélisation : dans nos pays anciennement chrétiens mais radicalement déchristianisés, dit-il, on découvre la nécessité de cette troisième forme d'activité « après l'activité missionnaire et l'activité pastorale pour les Eglises déjà constituées » ; cette activité naît de l'Ecriture et de la Tradition, et elle ouvre « un chemin nouveau » quant à la façon de communiquer la Révélation. C'est une question de créativité dans les méthodes et l'expression. Il ne s'agit pas d'émotionnel, mais de faire connaître les « raisons de l'espérance » (épître de Pierre) et « l'annonce  claire, sans équivoque, du Seigneur Jésus » (Paul VI). Donc il s'agit, pour le chrétien, de s'appuyer sur « les données bibliques et dogmatiques évidentes et basiques pour la vie chrétienne », afin de communiquer « la doctrine du salut donné en Jésus-Christ, unique Rédempteur, à toute l'humanité ». Il ne s'agit pas de militer pour une morale, encore moins pour des idées politiques ! Mario Saint-Pierre s'inspire du Néhémie biblique (reconstruisant Jérusalem) pour prôner « une perspective d'ensemble à long terme », seule capable « d'éclairer nos décisions à court terme »... « Le Nouveau Testament est imprégné de cette vision d'une Eglise en croissance. Il y a des conditions et des principes pastoraux qui permettent cette fécondité évangélisatrice : à nous de les trouver. » Le catholicisme en Europe est plutôt en train de décroître ? Justement, explique Mario Saint-Pierre : prendre en compte cette décroissance « va nous permettre de revenir sur un certain nombre d'acquis non fondés en matière de principes pastoraux ». Autrement dit : fini le mythe stérile de l'enfouissement ! Retour aux Actes des Apôtres.

 

Un autre passage de cette remarquable enquête a suscité une controverse avec les chrétiens évangéliques : c'est le témoignage de Richard Borgman, passé du monde évangélique au catholicisme en 1998. Des protestants reprochent certaines proclamations de Borgman (comme : « enlevez Marie et l'Eglise catholique, et vous n'avez plus d'Evangile »). Je comprends leur réflexe d'irritation, mais je ne crois pas que les évangéliques doivent se sentir offensés de ces formules : même si Borgman est un converti s'exprimant à l'emporte-pièce, un débat de fond entre catholique et évangélique permet de dissiper beaucoup de malentendus. C'est ce que j'ai essayé le matin de la Pentecôte, à Bercy, en discutant avec Paul Ohlott à propos du christocentrisme de la prière mariale, de Marie « première Eglise » – et du fait que l'Evangile a bel et bien été composé par l'Eglise « catholique » mille cinq cents ans avant la rupture de la Réforme. Il y a entre évangéliques et catholiques des divergences théologiques graves, mais aussi de simples quiproquos : dissiper ces derniers est possible, ce n'est qu'une question de débat. Quant aux divergences théologiques, il faut s'en remettre à l'Esprit Saint.

 

Le livre de Jean-Baptiste Maillard  fait découvrir (de façon nette, vivante, chaleureuse et argumentée) l'élan nouveau du catholicisme français. Rassurons les partisans de la sécularisation : ce n'est pas un livre de « repli identitaire ». Rassurons les relativistes : ce n'est pas un livre intolérant. Rassurons les spiritualistes : ce n'est pas un livre qui zappe la vie intérieure. Alors qu'est-ce que c'est ? Une enquête sur cet esprit, étrange et printanier, qu'on appelle la foi chrétienne.

 

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+  Le site du livre : http://www.dieuestderetour.com