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16/06/2009

Sarkozy "alter" ? Discours excellent devant l'OIT : mais sérieux décalage entre le dire et le faire

Comment peut-on prononcer ces paroles... et (par exemple) reconduire Barroso dans ses fonctions ?


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 Médias :

 << Dans un discours devant l'Organisation internationale du travail (OIT) à Genève, le président français a jugé "totalement suicidaire" de penser que la crise était une simple parenthèse. Il est irresponsable de croire que les peuples "subiront sans rien dire les conséquences douloureuses de la crise", ne réclameront pas plus de protection et de justice et supporteront de nouveau, "comme si de rien n'était, les parachutes dorés, les gains mirobolants des spéculateurs", a-t-il poursuivi. "Ou nous aurons la raison, ou nous aurons la révolte. Ou nous aurons la justice, ou nous aurons la violence. Ou nous aurons des protections raisonnables, ou nous aurons le protectionnisme", a-t-il lancé sur un ton alarmiste.

Il a invoqué la crise économique et sociale des années 1920 et 1930, qui a conduit tout droit le monde aux horreurs du nazisme et du fascisme et à la Seconde Guerre mondiale. Et il a invité ses pairs à en tirer les leçons sans attendre que la crise actuelle dégénère en "crise politique majeure à l'échelle planétaire" et souhaité, notamment, la mise en place de normes sociales qui "s'imposent à tous". "A quoi servirait, pour l'OIT, de continuer à adopter des normes si celles-ci n'ont aucun caractère obligatoire ?" a-t-il fait valoir. S'il serait "absurde" de vouloir harmoniser dans le détail les législations du travail, il faut "mettre en place entre les nations un système de règles qui tirent le monde vers le haut au lieu de tirer chacun vers le bas".


CONTRE LA "MARCHANDISATION DU MONDE"


Il a jugé incompréhensible qu'une cinquantaine d'Etats, dont les Etats-Unis, le Japon, la Chjne et l'Inde, n'aient toujours ratifié aucune des huit conventions fondamentales de l'OIT. La France, qui a ratifié le plus de conventions de l'OIT après l'Espagne, en ratifiera pour sa part "à très bref délai" deux de plus, sur le travail maritime et la santé. Et elle soutiendra le "pacte mondial pour l'emploi" proposé par l'OIT.

Nicolas Sarkozy a exhorté le G20 à prendre davantage en compte la dimension sociale de la crise et de l'ordre mondial à bâtir. Il a souhaité que le directeur général de l'OIT participe aux sommets du G20, comme ceux du Fonds monétaire international (FMI) ou de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Il a souhaité que l'OIT soit saisie chaque fois qu'un litige commercial impliquant des Etats soulève des questions relatives aux droits fondamentaux du travail. Il en irait de même pour le FMI en matière de "dumping monétaire".

Il a évoqué la "marchandisation du monde", cité le fondateur de l'OIT Albert Thomas, "grande figure du socialisme européen", et Saint-Just, figure emblématique de la Révolution française.

Il a appelé de ses voeux l'abandon d'une mondialisation "conflictuelle", fondée sur la "compétitivité à tout prix", des "politiques commerciales agressives" et "l'écrasement du pouvoir d'achat et du niveau de vie", au profit d'une mondialisation "coopérative" s'appuyant sur l'augmentation de la productivité et du niveau de vie et l'amélioration du bien être.


"ÉTUDIER" LA TAXE TOBIN

La France mettra toute son énergie à "placer sur un pied d'égalité le droit de la santé, le droit du travail, le droit de l'environnement et le droit du commerce", a-t-il poursuivi.

L'OMC ne peut être "la seule à décider de tout", a insisté Nicolas Sarkozy, qui a réclamé plus de pouvoir et de moyens pour le FMI, l'Organisation mondiale de la Santé et l'OIT, afin que les normes qu'ils édictent ne restent pas lettre morte.

Il a prôné une solidarité accrue des pays riches envers les pays pauvres mais souhaité que les interventions du FMI, de la Banque mondiale et des banques de développement soient soumises à une "conditionnalité" environnementale et sociale. "On ne peut pas accepter que l'aide internationale serve à encourager le travail forcé ou le travail des enfants ou une pollution qui menace l'avenir de la planète", a-t-il expliqué.

Il a promis de n'enterrer ou de n'éluder aucun débat et pris le contre-pied de sa ministre de l'Economie Christine Lagarde, qui a tourné en dérision l'idée d'une "taxe Tobin" remise au goût du jour par le chef de la diplomatie Bernard Kouchner. "Je ne sais pas si c'est une bonne idée, je ne sais pas si elle est applicable. Mais qui pourrait comprendre qu'on n'en débatte même pas et qu'avant-même d'y avoir réfléchi, on enterre ce débat ?" a déclaré le chef de l'Etat, qui a promis au passage que la France ne laisserait pas la taxe carbone connaître le sort qu'a subi cette idée d'une taxation de la spéculation. >>



 

Superbe discours : du pur Guaino ! Avec ce que cela suppose. Dire et faire ne sont la même chose qu'en Dieu et Sarkozy n'est qu'une créature, mais chez lui le décalage dire/faire est particulièrement frappant. Capable de prononcer ces paroles, il est capable en même temps (par exemple) de reconduire dans ses fonctions le Barroso  - caricature de tout ce que dénonce ce discours -  après l'avoir incendié en paroles il y a peu...  Chez les créatures,  dire  et  faire  ne sont  PAS  la  même  chose ; un minimum d'action cohérente est nécessaire après les mots. Ce n'est pas possible en l'occurrence, parce que le système global s'y oppose ? Voilà le problème. Tant que ce système règnera, les meilleurs discours relèveront de la gesticulocratie et exposeront leurs auteurs à l'accusation de n'être pas sincères ; grief parfois injuste, mais la question n'est pas là.

PP

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Commentaires

ALTERWASHING
> Barroso est le symbole et l'outil de la captation de l'exécutif européen par l'ultralibéralisme : "l'enlèvement d'Europe" par le monstre financier global ! On a le Zeus
qu'on mérite. Toutes les belles paroles de Sarkozy sont annulées par son acquiescement
au maintien de Barroso à la tête de la Commission. L'Elysée fait de l'alterwashing après
le greenwashing.

Écrit par : Piet Hein | 16/06/2009

YES HE CAN

> Oui, Sarko peut tenir ce discours longtemps et sans effort car son but est d'aller au-delà de l'expression qui veut que les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent !
Chez lui, la bouche marche à côté de l'esprit et elle bouge seule, elle expulse de la matière morte à peine articulée pendant que les yeux, détachés de l'âme, ont leur focale réglée sur des lignes d'horizon tracées par du Guaino pur jus.
Du guano fertile qui recouvre un esprit stérile.
Venant de lui, j'entends des sons qui s'esclaffent à mes pieds.
J'évite de marcher dedans.
... Je sais que ça ne fait pas avancer le débat, que c'est un peu lourd et que je me trompe peut-être dans l'objet de votre blog que je respecte beaucoup, mais qu'est-ce que ça me fait du bien ! :-)

Écrit par : omicron | 16/06/2009

JEU

> Je crois que c'est Talleyrand (si quelqu'un peut me renseigner) qui disait:"on peut mentir une fois à de nombreuses personnes, on peut mentir de nombreuses fois à une seule personne, mais on ne peut pas mentir de nombreuses fois à de nombreuses personnes." Notre président national joue à ce petit jeu et cela va lui péter à la figure un de ces jours. Effectivement, le problème n'est pas dans le discours mais dans l'écart qu'il y a entre le discours et sa personne. Vit-il tellement isolé du monde et de la réalité qu'il pense que tout est seulement affaire de communication et d'image? si tel est le cas, en-dehors d'être profondément cynique, c'est une gigantesque erreur dont les conséquences vont être graves.

Écrit par : vf | 16/06/2009

> Dédoublement de personnalité ? Voilà ce qui arrive à force de speeder.

Écrit par : Annie | 16/06/2009

UNE CHANCE ?

> Tout n’est pas que communication et image dans les postures présidentielles. Il y a sa formation – un positivisme juridique qui ne met rien au-dessus de la loi de la République – et sa pratique politique qui n’est pas celle d’un grand visionnaire mais consiste, pour l’essentiel, à capter les vents dominants de l’opinion pour leur donner une traduction concrète. Ainsi, si une majorité de Français, demain, avec la grâce de Dieu, exigeaient que le libertarisme du mariage et de l’adoption homosexuels, la marchandisation du corps humain et de l’embryon, les banquiers qui spéculent sur l’argent qu’ils n’ont pas (et la valeur de chaque salarié des entreprises qu’ils financent), par exemple, soient interdits de cité et dûment réprimés, il se rallierait à de telles positions. Mais les faits sont têtus : les Français courent comme des veaux derrière les idées les plus « connes ben dites », celles qui exaltent l’individu, sa convoitise et sa cupidité, et qui sont présentées, avec la complicité des grands médias, comme les seules capables d’apporter à notre humanité santé et prospérité. D’où le tryptique sexualité, fric et trafic à tous les étages. Pour en finir avec l’hôte de l’Elysée, sur ce point, il faut tout de même reconnaître que ce qu’il dit de bon sur les sujets économiques et sociaux, au sens du bien commun que nous appelons de nos vœux, donne une chance à l’opinion d’évoluer dans le bon sens.

Écrit par : Denis | 16/06/2009

Pour VF :

> Ne serait-ce pas plutôt Abraham Lincoln (1809-1865), humoriste américain, avocat, et accessoirement président des USA, qui disait :
"On peut mentir à tout le monde quelque fois, on peut mentir à certains tout le temps, mais on ne peut pas mentir à tout le monde tout le temps."

Écrit par : Crooks | 17/06/2009

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