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08/06/2009

Européennes : écrasante abstention – Leçon à en tirer : les citoyens refusent ce théâtre d'ombres

L'abstentionnisme français a frôlé hier les 60 %.                 Dans l'ensemble de l'UE, ce chiffre dépasse les 56 % :            un record ! Pourquoi ?


 

Deux explications sont en concurrence.

L'une est partielle et ne s'applique qu'à certains pays : le mépris officiel envers le « non » aux référendums aurait dégoûté les citoyens d'aller voter.

L'autre explication est complète et profonde. La plupart des gens ont fini par voir que le « politique » européen est un théâtre d'ombres et que la vérité est en coulisses : là où siègent les intérêts financiers atlantiques, qui sont les vrais patrons de l'UE.

Sachant que la droite et la gauche du Parlement européen ont voté récemment en faveur d'une transformation de l'UE en zone de libre-échange euraméricaine (ce dont les citoyens ne voulaient à aucun prix), les élections ne servent effectivement à rien.

La preuve par neuf est venue aussitôt : dès hier soir, l'UMP exprimait sa décision de reconduire Barroso au poste de président de la Commission ! Or Barroso est le fondé de pouvoirs du libre-échangisme, idéologie qui a pris le contrôle de l'UE et l'a transformée en un espace aux quatre vents. D'où l'impression d'insécurité et de mensonge, ressentie par les citoyens dans la plupart des pays membres ; impression qui explique l'abstentionnisme de masse.

Sachant que Nicolas Sarkozy critiquait (apparemment) Barroso il y a peu,  on  peut  considérer  comme  révélatrice  l'attitude de l'UMP - qui ne fait rien en Europe sans l'impulsion de l'Elysée...

Et l'on peut situer la « victoire » de l'UMP hier dans son contexte réel : 60 % d'abstentions ! Avoir 28 % de 40 % n'est pas grand'chose.

Le score de la liste Cohn-Bendit confirme l'analyse. Les gens ont cru voter pour l'écologie (alors que le vieux Dany s'en fout totalement) : et l'écologie leur paraît un domaine plus substantiel que le théâtre d'ombres. De cela on peut se féliciter, mais les électeurs risquent une sérieuse déconvenue à l'usage.

Le PS subit la punition de son vide politique et économique : quand un parti de gauche n'est plus de gauche, il ne sert à rien. On ne peut pas toujours promener les gens dans les questions de nouvelles moeurs ; vient un moment où ils s'aperçoivent qu'il y a des problèmes plus urgents. [*]

Bayrou ? Son parti paie (disait un des colistiers hier) une mauvaise « gouvernance ». « Cette gouvernance est une gouvernante », ironisait le public.

Et les petites listes ? qu'en dire ?  Rien : course de puces dans le théâtre d'ombres.

Le civisme en 2009 ne consiste pas à dépenser de l'argent et l'énergie en tentant de jouer sur ce théâtre. Il consiste à réfléchir, à informer, à se rassembler sur des analyses lucides, et à former un « pôle du bien commun » – d'où naîtra la demande d'une nouvelle forme du Politique. Autant dire : une révolution.

 

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[*] Dans cet ordre d'idées, la campagne pour « l'avortement libre et gratuit dans toute l'Europe » n'a pas porté chance à Besancenot ni à Mélenchon.

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10:42 Publié dans Europe | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : europe

Commentaires

EUROPEANISER LES ELECTIONS ?

> Connaissez-vous l'adresse de votre député européen ? Savez-vous où se trouve sa permanence ? N'ayant pas d'existence de proximité, ce député n'existe pas pour l'opinion. Les Etats et leur gouvernements n'y sont pas étrangers. Le mépris du gouvernement français qui a adopté une loi Hadopi en contradiction avec les décisions du parlement européen le montre.
Les Européens s'intéresseront et voteront pour leur députés européens quand il y aura des élections européennes détachées du contexte local. L'enjeu européen doit être clairement débattu et non pas pollué par les considérations domestiques de certains particularismes qui ne sont que l'expression de l'égoïsme.
Une élection européenne sera européenne quand les listes seront européennes, que les circonscriptions seront européennes, que les programmes comme les partis seront européens, et que tous les Européens soient appelés à voter au même moment pour la seule élection européenne; à l'exclusion de toute autre consultation.
Il faut d'ailleurs interdire le cumul d'élections entre le scrutin européen et tout autre scrutin local (nationale, régional, etc.), comme cela s'est fait dans de nombreux pays. Ce qui détourne l'élection européenne de son but et en amoindrit l'intérêt.
L'analyse des résultats montrent qu'il n'y a rien eu d'européen dans ces élections. La défection des urnes s'explique facilement quand la campagne et l'organisation des élections démontrent un aussi grand mépris du projet européen et des électeurs.
Nous pourrions lancer l'initiative d'un parti chrétien européen pour les prochaines élections, afin de se démarquer des partis politiques locaux et de ceux européens qui n'ont aucune notoriété sur le terrain.

Écrit par : Annie | 08/06/2009

FRAIS DE TRANSPORT

> "Course de puces", c'est vrai, mais de puces qui rêvent des émoluments de député européen et des gigantesques défraiements pour frais de transports ! (Incroyable le nombre d'eurodéputés français domiciliés dans le sud-ouest de l'hexagone depuis vingt ans). Il n'y a qu'à voir la fureur amère de telle ou telle grande conscience quand son parti l'a écartée des listes ou des positions éligibles ! brusquement les torts, manques, vices et défauts de ce parti lui sont apparus et elle s'est mise à les dénoncer avec noblesse. Eh oui. Où il y a de l'homme...

Écrit par : Szbrodj | 08/06/2009

POLE

> Un "pôle du bien commun"...bonne idée...on pourrait fonder un parti (pas d'autre terme, s'il rentre dans le jeu démocratique), un parti donc, qui voudrait rassembler tout le monde, bien sûr, sur la trilogie: "Education, Civilisation, Bien commun".

Écrit par : vicenzo | 08/06/2009

QUELLE EUROPE VOULONS-NOUS ?

> je crois que toutes les raisons composent la réponse ! c'est parce que les gens ont compris que ces élections en apparence démocratiques n'aboutissent pas à l'exercice de la démocratie.
Que personne ne s'y trompe : tout le monde a perdu, et ce n'est pas d'ostraciser telle ou telle liste qui va arranger les choses !
Vous parlez de révolution moi je suis assez inquiète car dans ces abstentions ( et pas uniquement en France) j'analyse une telle lassitude ou une telle exaspération qu'elles ne sont pas sans rappeler les "tous pourris" d'avant guerre !
Et d'ailleurs les parlementaires européens sont fautifs : impossible d'organiser quoi que ce soit pour les jeunes lycéens peut-être les seuls qu'il faille convaincre pour l'avenir ! essayez vous verrez !
Qui aura le courage de lancer le seul débat qui compte : quelle Europe voulons nous ? puisque l'on n'a jamais demandé aux peuples des différents pays européens s'ils voulaient une unité européenne quelqu'elle soit , on peut toujours rëver.

Écrit par : marie | 08/06/2009

LE PROBLEME

> Le problème de la plupart des articles que j'ai lu à ce sujet sur les élections européennes, c'est qu'ils se concentraient soit sur cette "prétendue victoire" de l'UMP, soit sur les piètres scores des autres. Ils mentionnaient tous l'abstention comme allant de soi. Ils ne se sont pas réellement posé la question sur Pourquoi les gens se sont ils abstenus ? et surtout comment pourrait on empêcher cela.
Je ne vois aucun parti qui se remette réellement en question : les uns se congratulent de scores soit disant magnifiques, les autres accusent certains facteurs comme le passage d'un documentaire...Pas de questions, aucune.
Et pourtant, plus de la moitié du peuple ne s'est pas exprimé, soit par lassitude, soit par révolte. D'autres n'ont pu que trouver le vote blanc pour s'exprimer en âme et conscience.
Et aucun politicien ne semble vouloir accorder la parole à ces citoyens silencieux, personne ne se pose de questions, parce qu'au fond, ça les arrange bien. On peut se permettre de ne pas écouter ces abstentionnistes puisqu'ils n'ont pas exprimé leur opinion. Et après, on s'étonne qu'il y ait des tendances vers les extrèmes...
La démocratie est mourante, je le crains...

Écrit par : Théa | 08/06/2009

A 100 %

> Excellente analyse, que je partage à 100%. Même avec 90% d'abstention on trouverait encore des commentateurs pour analyser le clivage de la fausse droite et de la pseudo-gauche.
Pour ma part, il y a belle lurette que ces dimanche-là ma voix ne va plus pour un candidat dans une urne mais pour le Christ et dans un autre espace beaucoup moins réduit, il est vrai que là l'Espérance y est d'une autre dimension.

Écrit par : thierry, | 08/06/2009

QUAND MEME

> D'accord avec Thierry. Pour faire plaisir à mon épouse, je suis quand même allé voter. J'ai appuyé sur le bouton "B" de la machine.

Écrit par : Feld, | 08/06/2009

LE POUVOIR

> Ce que vous dites, cher Patrice, est dramatique :
Vous confirmez que le vrai pouvoir appartient aux banquiers (voir à ce sujet l'excellent film d'animation de Paul Grignon (http://www.sacra-moneta.com/Crise-financiere/la-monnaie-comme-dette-video-monnaie-credit.html)
et qu'il est donc totalement inutile de se lancer dans cette politique de dupes. Mais plutôt de commencer à réfléchir à la suite des évènements qui ne manqueront pas d'arriver.
Je vous remercie de nous éclairer sur ces deux points.

Écrit par : Pierre Stejophile, | 09/06/2009

EUROPE ET DECEPTION

> 28% de 40% représentent 11,2% des électeurs. Crier victoire avec un tel constat de défiance est pitoyable. Victoire picrocholine de l'Ubu Maton de Stéphane Zagdanski :
http://bibliobs.nouvelobs.com/20090608/12944/du-casse-toi-connardisme-1
L'Europe représente des espérances pour tous les peuples de la Terre, et pas seulement pour les actionnaires de la grande distribution ou les donateurs des partis politiques qui attendent leur retour sur investissement.
Les électeurs ont senti que les candidats n'étaient pas à la hauteur d'une telle générosité. Déçus par ce manque d'ambition, ils ne sont pas dérangés.
Les partis de l'avenir sont ceux qui sauront s'élever au-dessus de la pelouse et porter leur regard un peu plus loin que le bord du jardin.
La voie ouverte par le score des écologistes montre que le discours de l'Eglise - très porté sur le respect l'environnement et les droits de l'homme - est susceptible d'être entendu par un plus grand nombre. Il est même attendu par tous ceux qui ne se retrouvent pas dans la radicalité sexuelle d'un Daniel Cohn Bendit.
Sachons donc exposer clairement avec mesure et patience la Parole et relayer les messages du Vatican pour offrir une alternative véritable à tous les déçus du matérialisme politique.

Écrit par : Annie | 09/06/2009

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