Benoît XVI : le Christ n'apporte pas la "force vitale" mais "le feu pur, essentiel et personnel" de l'amour divin "qui renouvelle la face de la terre"

Dans son homélie de la Pentecôte, le pape met en lumière cette distinction cruciale (qui immunise le chrétien contre le vitalisme païen et les vertiges de Prométhée) :

  

 

 

 

« À la Pentecôte, lorsque l'Esprit Saint se posa sur eux, ces hommes sortirent sans peur et commencèrent à annoncer à tous la bonne nouvelle du Christ crucifié et ressuscité. Ils n'avaient pas peur, parce qu'ils se sentaient entre les mains du plus fort … » Mais - dit Benoît XVI - le Christ a apporté ce feu dans le don de lui-même : non comme le titan Prométhée du mythe antique, qui l'arrachait aux dieux ! Dénonçant l'attitude prométhéenne de notre civilisation, le pape en trouve « de nombreux exemples [...] dans la réalité de chaque jour ».

« L'Ecriture Sainte nous révèle que l'énergie capable de mettre le monde en mouvement n'est pas une force anonyme et aveugle, mais l'action de 'l'Esprit de Dieu qui planait sur les eaux' (Gn 1, 2) au début de la création », souligne Benoît XVI. « Jésus Christ a 'apporté sur la terre' non pas la force vitale, qui l'habitait déjà, mais l'Esprit Saint : l'amour de Dieu qui 'renouvelle la face de la terre' en la purifiant du mal et en la libérant de la domination de la mort. Ce 'feu' pur, essentiel et personnel, le feu de l'amour est descendu sur les apôtres, réunis dans la prière avec Marie au Cénacle, pour faire de l'Eglise le prolongement de l'œuvre rénovatrice du Christ... »

 

Renouveler la face de la terre, prolonger l'oeuvre rénovatrice du Christ, c'est l'action de l'Esprit aujourd'hui. Une action qui est un feu ; un feu qui est « essentiel et personnel », puis-qu'il vient de la Trinité des Personnes – et qu'il s'adresse essentiellement à chaque personne vivant sur la terre. C'est en s'allumant en chacun que ce feu renouvelle toute chose... Il ne s'agit pas de « restaurer » ou de « conserver », mais d'incendier et de renouveler ; il ne s'agit pas de la société (même rêvée sous le nom poétique de « chrétienté »), mais des personnes individuelles. Il ne s'agit pas de politique, mais d'évangélisation. Comme dit l'hymne splendide de l'arche-vêque Etienne Langton (+ 1228) qui fut chanté hier dans de très nombreuses églises françaises :

  

 

Veni Sancte Spiritus et emitte caelitus lucis tuae radium. Veni pater pauperum, veni dator munerum, veni lumen cordium. Consolator optime, dulcis hospes animae, dulce refrigerium. In labore requies, in aestu temperies, in fletu solacium. O lux beatissima, reple cordis intima tuorum fidelium. Sine tuo numine nihil est in homine, nihil est innoxium. Lava quod est sordidum, riga quod est aridum, sana quod est saucium. Flecte quod est rigidum, fove quod est frigidum, rege quod est devium. Da tuis fidelibus in te confidentibus sacrum septenarium. Da virtutis meritum, da salutis exitum, da perenne gaudium. Amen.

Viens, Esprit-Saint, en nos coeurs, et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière. Viens en nous, père des pauvres, viens, dispensateur des dons, viens, lumière de nos coeurs. Consolateur souverain, hôte très doux de nos âmes adoucissante fraîcheur. Dans le labeur, le repos, dans la fièvre, la fraîcheur, dans les pleurs, le réconfort. O lumière bienheureuse, viens remplir jusqu'à l'intime le coeur de tous tes fidèles. Sans ta puissance divine, il n'est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti. Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé. Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé. A tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient donne tes sept dons sacrés. Donne mérite et vertu, donne le salut final donne la joie éternelle. Amen.