Ce soir à Notre-Dame de Paris, veillée pour la vie et la dignité humaine. Ce souci est-il réservé aux "religieux" ?

Non. Cf l'article de Myriam Szejer:

 

 

De la pédopsychiatre Myriam Szejer et du psychanalyste Jean-Pierre Winter [*], à propos des maternités de substitution, ou « grossesses pour autrui » (GPA) :

 

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« Un a priori solidaire à l'égard des couples stériles en détresse tendrait à faire pencher la balance du côté de la légalisation. Il faut pourtant approfondir la réflexion sur cette pratique et en considérer les implications... »

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« C'est avec la caution de la science apportée par le médecin à un moment où politiquement les jeux ne sont pas encore établis, que s'opère actuellement le passage à l'acte de la GPA. Mais que fait-on ainsi aux enfants ? […] L'ordonnance de FIV précédant une GPA équivaut à une prescription d'abandon, et les médecins se retrouvent dans une position paradoxale au regard d'un 'abandon sur ordonnance' Ils savent depuis longtemps les effets délétères de la séparation mère-bébé […] Les pédiatres et les accoucheurs délireraient-ils quand ils se donnent tant de mal pour préserver ce lien de corps et d'âme dont on connaît l'importance pour l'avenir de l'enfant ? […] Un parent génétique à la naissance, qu'il le veuille ou non, du point de vue du bébé, est un étranger. Que le parent ait ou non donné ses gamètes, ce n'est pas lui que le bébé reconnaîtra... » 

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« Ainsi traité lors d'une GPA, l'enfant pourra non seulement se retrouver objectivé en 'médicament de la stérilité', missionné de réparer, en compensation, nombre de blessures narcissiques de ses parents, comme le deuil de l'accouchement par la mère adoptive, ou l'histoire malheureuse d'une stérilité qui a précédé l'adoption. Mais il lui faudra également endosser les projections parentales liées à l'histoire de chaque famille... » 

 

«  Au plan biologique, deux études sont à prendre en compte : celle qui montre que c'est de la sécrétion de sérotonine maternelle que dépend le contrôle de la morphogénèse du cerveau de l'embryon, car ce dernier ne la sécrète pas encore et elle est nécessaire au développement neuronal. Ainsi le développement du cerveau du bébé dépend de la femme qui le porte. L'autre étude montre que les cellules foetales restent présentes dans le sang maternel au moins 27 ans après la naissance. Chaque grossesse laisse dans le corps de la mère le patrimoine génétique de l'enfant qu'elle a mis au monde. Autant de preuves qui, parmi d'autres, montrent qu'il est erroné de prendre la femme pour un sac. »

 

« A propos d'une femme ayant porté un enfant par substitution : « ...Un mois et demi plus tard, elle continuait à contacter régulièrement le service social de la maternité par téléphone. Elle cherchait désespérément à avoir des nouvelles du bébé. Afin d'y parvenir elle utilisait tous les moyens : internet, le téléphone... »

 

« La marchandisation du bébé à l'image d'un organe vendable est une mise en acte du fantasme inconscient assimilant le bébé et le déchet. […] Chacun peut alors le devenir, et cela ouvre la porte à toutes les formes de maltraitance, de la GPA au génocide dans lesquels les corps sont traités comme des déchets... »

 

« Il nous faut dénoncer […] la marchandisation du corps des femmes sur un marché dans lequel le corps devient à la fois outil et marchandise. Rappelons que le droit considère que le corps n'est pas vendable, ni en totalité (esclaves) ni en partie (organes, cellules). Certains vont jusqu'à parler de prostitution, tant les candidates à la GPA se recrutent le plus souvent parmi celles en difficultés financières : on met ainsi en avant l'argument de l'altruisme et de la charité pour mieux masquer les questions de leur précarité et de la cupidité des intermédiaires... »

 

«  La dénégation de la souffrance de ces femmes vient de celles et ceux qui soutiennent le procédé. Ils l'appliqueront à ces bébés conçus pour être abandonnés. C'est l'opération qui permettra aux différents protagonistes de militer pour la légitimation de ces pratiques. Ils en dénieront la violence au profit des bons sentiments à l'égard des couples infertiles. Cette auréole est le mirage qui séduit l'opinion publique... »

 

« La procréation n'est pas uniquement une histoire de mère et d'enfant, c'est toute la société qui est concernée à son insu, en raison de la transformation des lois de la filiation. »

 

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[*] revue Etudes, mai 2009. Cet article est à lire dans sa totalité.  Lire aussi : Sylviane Agacinski, Encyclopédie de la naissance, à paraître (Albin Michel 2009).

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