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18/12/2008

Programme de la future présidence tchèque de l’UE : vassalité atlantique et ultralibéralisme

Limousine-a-prague-1[1].jpgKlaus & Topolanek savent-ils qu’il y a            une crise ?  No, they don't :


L’idée à la mode est de dauber sur le bilan européen de Sarkozy – et de lui opposer d’avance la future présidence tchèque, qui sera exercée par un tandem : le président Vaclav Klaus et le Premier ministre Mirek Topolanek. Ces deux hommes sont « eurosceptiques », nous dit-on. Ceci réjouit notre microcosme souverainiste. Et bizarrement, ne semble pas effrayer la majorité politico-médiatique europhile. Pourquoi ? parce que MM. Klaus et Topolanek sont peut-être « eurosceptiques » (que recouvre ce mot ?), mais ils sont surtout ultralibéraux et vassaux de Washington. Ce double marqueur suffit à les rendre sympathiques à mes confrères. Quant aux souverainistes, perpétuels naïfs, ils ne voient qu’une chose : Prague est moins fédéraliste que Sarkozy ! 

 

Moins fédéraliste sans doute. Mais tout le monde s’en fout… Ce qui compte pour les gens sérieux, commentateurs-de-référence, spéculateurs de poids, n’est pas l’emballage mais le contenu. Or voici le programme de la future présidence tchèque tel que la presse nous le révèle :

- en économie, « renforcement des politiques libérales de l’UE » ;

- en politique de l’énergie, « équilibre entre : 1. protection de l’environnement, 2. sécurité énergétique et 3. maintien de la compétitivité » (le point 3 annulant le point 1, et le point 2 signifiant alignement sur les vues énergétiques américaines, russophobie comprise) ;

- en politique européenne, « renforcement des relations transatlantiques, poursuite de l’élargissement de l’UE, partenariat avec les pays d’Europe orientale » : autrement dit alignement derechef sur les vues américaines, y compris la russophobie et l’entrée de la Turquie.

 

Le gag est que le troisième volet de ce programme (la politique européenne) représente tout ce que les souverainistes sont censés détester, et qu’ils s’apprêtent à feindre de ne pas voir pendant une demi-année  – accrochés à leur rêve de voir Prague arrêter le chantier de la supranationalité.

 

Ceci montre la vacuité du souverainisme. S’opposer à la construction européenne lui suffit, peut lui chaut au nom de quoi... Dans le cas de MM. Topolanek et Klaus, c’est au nom de la pire idéologie possible : celle qui va aggraver presque tous les défauts du « bruxellisme », annuler les velléités sarkozyennes d’Europe-puissance, et réinstaller le principe de l’Europe-zéro ouverte au quatre vents du chaos financier global. Politique purement idéologique, appliquée de façon automatique, alors qu’il faudrait faire tout autre chose dans la crise mondiale !

 -

Si l’Europe ne se construit pas comme pôle de résistance à ce chaos, elle ne sert à rien. Pire : elle sert le chaos, au seul service de l’hyperclasse transatlantique. C’est cela que dissimule l’ « euro-scepticisme » de Klaus et Topolanek, dont les noms semblent sortis de chez Jaroslav Hašek. Ne soyons pas dupes des mots. Regardons ce qu’il y a derrière les machines parlantes.

 

 

 

PS/ Il y a des souverainistes au GODF (beaucoup) ; il y en a aussi chez les catholiques (quelques-uns). Ceux de la première mouvance se sentent mieux à Prague que ceux de la seconde. La Tchéquie est le plus déchristianisé des pays d’Europe centrale. Je me souviens d’une messe, un dimanche matin d’hiver, à la cathédrale Saint-Guy du château de Prague : nous étions six dans la nef. Il y avait plus de célébrants que de fidèles.

 

 

00:21 Publié dans Europe | Lien permanent | Commentaires (14)

Commentaires

SCHUMAN ET LES AUTRES

> En effet, et je ne vois pas pourquoi d'aucuns identifient souverainisme et catholicisme. Robert Schuman n'était pas anti-européen, que je sache ? Ni Adenauer ? Ni Gasperi ?

Écrit par : Pol Tava | 18/12/2008

@ Pol Tava

> Certes, mais la vision de l'Europe qu'avaient Robert Schuman, Konrad Adenauer et Alcide de Gasperi n'était pas celle qui a prévalu ensuite...

Écrit par : Michel de Guibert | 18/12/2008

SOUVERAINISME

> Souverainisme et catholicisme n'ont rien à voir. Ils ne sont pas incompatibles, mais relèvent de deux ordres distincts. La question de la construction européenne est sans doute une des plus importante qui soient, parce qu'elle définit des pans entiers de la politique mise en application dans notre vie quotidienne. Il faut dépasser les vieux clichés qui font sans cesse référence à Schuman et Adenauer. Le problème ne se pose plus du tout comme en 1955, époque d'immédiat après guerre et de reconstruction. On ne peut plus être europhile uniquement parce que les catholiques d'il y a 55 ans l'étaient. Tout simplement parce que l'édifice européen n'a aucun rapport avec ce que ces fondateurs souhaitaient. Je crois qu'il y a deux raisons essentielles qui permettent d'être critiques (eurosceptiques ou souverainistes) avec la construction bruxelloise : le contenu de la politique, notamment le libéralisme et la libre concurrence érigés en dogme absolus; et la question de la souveraineté des nations, qui n'a jamais été clairement posée aux peuples : voulez vous, oui ou non, transférer la souveraineté nationale à un super-état ? Tant que cette question ne sera pas posée, et résolue, on pourra toujours parler des contenus des politiques eurosceptiques et déplorer l'émiettement des souverainistes, cela ne servira à rien !

Écrit par : Edouard | 18/12/2008

MIROIR AUX ALOUETTES

> Pas d'accord avec vous, Edouard. Il n'y a pas que les questions de structures. il y a aussi l'esprit. Si c'est pour faire de l'ultralibéralisme à l'échelle nationale (programme de l'Irlandais Declan), ce n'est pas la peine, on l'a déjà avec Bruxelles. Toute approche du problème qui ne tiendrait pas compte de l'orientation économique serait un miroir aux alouettes. Comme la radio, bien sûr.

Écrit par : Golo | 19/12/2008

MIRAGE

> Ah oui, bien juste cette idée : critiquer l'Europe comme si le retour aux frontières nationales devait changer l'esprit, c'est un mirage. Le problème n'est pas "Europe ou non", le problème est : "ultralibéralisme ou non". Se retrouver dans un faux camp politique avec des gens qui pensent le contraire de vous sur des choses vitales, c'est ridicule.

Écrit par : Molly Maguire | 19/12/2008

> Les cabris sont de retour ("L'Europe ! L'Europe" !)

Écrit par : Michel de Guibert | 19/12/2008

DEBAT

> Golo, ai-je écrit qu'il n'y avait que les questions de structures ? Il y a aussi le contenu de la politique. Mais, la réaction plutôt europhile de Molly Maguire montre que le débat existe (tant mieux) sur les deux thèmes. Ils sont indissociables. La question des structures est à mon avis subordonnée à celle du contenu. C'est parce qu'il faut mettre en œuvre une politique ultra libérale dont les peuples ne veulent pas qu'il faut l'imposer au travers de structures qu'ils ne contrôlent pas. Aucun Etat national ne pourrait se permettre cela sans risquer un retournement politique aux élections suivantes ! Mais on ne renverse pas la commission de Bruxelles, elle n'est pas contrôlée par un organisme représentatif et démocratique ! Voyons donc les choses ensemble, sans revenir aux vieux poncifs (auxquels j'ai parfois sacrifié) du genre "Pour ou contre l'Europe", ce qui ne veut rien dire.

Écrit par : Edouard | 19/12/2008

CHEQUE

> Les souverainistes sont les alliés objectifs des USA. Ils ont oublié ce que projetaient de faire les Américains de la France à la Libération.
Quand à Vaclav Klaus, faîtes-lui un plus gros chèque pour qu'il s'en aille. Tout s'achète. C'est la loi du marché, non ?
Asinus asinum fricat.

Écrit par : Annie | 19/12/2008

@ F.R.

[ De PP à FR - Tant que l'on n'aura pas admis que l'URSS n'existe plus, on ne pourra se fixer un cap dans le monde nouveau. Soyons des vivants. Ne nous laissons pas ramener sans cesse au cimetière du monde mort de la guerre froide. Washington se sert de cela pour inhiber les esprits ; si l'Europe ne se libère pas de cette inhibition, elle n'a aucun avenir. Si les Tchèques veulent devenir un Etat supplémentaire des USA, libre à eux. ]

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Écrit par : à FR | 22/12/2008

LE SOUVERAINISME

> "Ceci montre la vacuité du souverainisme", "Les souverainistes sont les alliés objectifs des USA"
A mon humble avis, il faut arrêter d'avancer des affirmations aussi caricaturales... Je ne crois pas qu'on puisse réduire la pensée de ceux qui se réclament du souverainisme à ce genre d'affirmation.

J.

[ De PP à J. - Mais il faudrait qu'ils élargissent leur analyse pour tenir compte des véritables causes et des véritables effets ; notamment en ce qui concerne l'ultralibéralisme, dont une partie d'entre eux sont les tenants, et qui est LE problème aujourd'hui. ]

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Écrit par : Jacques | 22/12/2008

UNE CRITIQUE

> Elargir la réflexion est utile, comme toujours d'ailleurs, parce qu'il faut avoir les idées claires et les exprimer simplement pour convaincre. Mais le souverainisme ne se réduit pas -heureusement !- à un alignement sur les Etats-unis ! Je ne crois pas que Monsieur de Villiers ait jamais été un héraut de G.W Bush. Le souverainisme propose, et c'est en cela qu'il est intéressant, une critique des moyens mis en oeuvre pour "construire" l'Europe, et par dessus cela des causes d'une telle "construction", causes encore bien floues si l'on s'en tient aux slogans officiels du genre "on ne peut pas être contre l'Europe", qui relèvent d'une philosophie de salon libéral un peu courte... J'en ai fait l'expérience lors de la campagne de 2005 sur le référendum : combien de fois ai-je entendu cette réflexion de haute volée ! Comme j'ai entendu des "nonistes" dire qu'il fallait voter non pour emm..... Chirac, ce qui vole aussi haut ! Mais une fois encore, des débats aussi essentiels sont réduits à des positions crispées, voire à des anathèmes, sans aucun approfondissement de choses. Que les traités soient illisibles en est une cause. Mais elle n'est pas suffisante. J'aime à lire les analyses clairvoyantes de François de Lacoste Lareymondie sur le sujet dans Liberté Politique, avec lesquelles on peut être en désaccord, mais qui ont le mérite de poser les vraies questions et de proposer de vraies réponses.

Écrit par : Edouard | 22/12/2008

> Il me paraît difficile de faire du principal avocat du souverainisme, Paul-Marie Coûtaux un chantre de l'ultralibéralisme ! ! !

MG

[De PP à MG - Lui non. D'autres, oui. Par exemple Declan, l'homme qui monte dans ce milieu. Pourquoi ne pas le prendre en compte ? ]

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Écrit par : Michel de Guibert | 23/12/2008

@ PP

> Je lis et apprécie Paul-Marie Coûteaux, mais je ne connais pas même de nom ce Declan... c'est la raison pour laquelle je ne le prenais pas en compte ! Merci de m'en dire plus...

MG


[ De PP à MG - Vous le trouverez sans peine sur yahoo.actu. C'est le nouveau chef de file du souverainisme européen, avec lequel PdV vient de faire alliance. ]

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Écrit par : Michel de Guibert | 23/12/2008

TOUT LE MONDE

> M. de Plunkett, qui en vérité n'est pas souverainiste?
Quelques faits:
Deux éminents personnages aussi avertis MM. Rocard et Védrine tiennent le projet fédéraliste pour pure chimère et plaident désormais pour l'intégration de la Turquie. La souveraineté des Etats est promise à un bel avenir...
Je crois en outre que la constuction est dans l'impasse puisque l'Allemagne (gvt de grande coalition, de droite CSU CDU) est fondamentalement souverainiste (voire la gazoduc germano-russe qui contournera l'Ukraine et la Pologne) et atlantiste, et que la gauche allemande l'est tout autant (voire le scandale qui éclabousse actuellement Steimeier et le SPD sur la pleine collaboration avec les USA pour préparer l'invasion d'Irak qui s'est traduite par le partage d'informations allemandes décisives sur Bgdad). « Un rude coup vient d'être porté à l'image idyllique du SPD, qui se présentait comme le parti de la paix », s'indigne Karl-Theodor zu Guttenberg, secrétaire général de la CSU, sœur bavaroise de la CDU. Les conservateurs ont déjà prévenu qu'ils ne manqueront pas d'utiliser ce thème dans la campagne électorale.

H.


[ De PP à H. - Je ne dis pas que tout le monde n'est pas souverainiste. Je dis qu'un souverainisme sans critique de l'ultralibéralisme est un cautère sur une jambe de bois. Quie cela plaise ou non aux diplômés de business school. ]

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Écrit par : Hatchoum | 30/12/2008

Les commentaires sont fermés.