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17/12/2008

Le scandale Madoff ne scandalise pas le petit monde de "l’industrie financière"

…qui en profite pour demander un peu plus de dérégulation :


 

 

Synthèse médias - <<  La liste des victimes de la gigantesque fraude du gérant de fonds new-yorkais Bernard Madoff continuait de s'allonger mardi, notamment en Europe où les responsables financiers mettent en cause les autorités de régulation américaines. La société d'investissement de l'ancien président du Nasdaq a été liquidée lundi soir. Son escroquerie "pyramidale" totaliserait 50 milliards de dollars, selon un principe simple: payer les intérêts des clients existants grâce au capital apporté par les nouveaux.

Après les aveux la semaine dernière de l'homme d'affaires de 70 ans, pas un jour ne se passe sans que de nouveaux établissements financiers ne dévoilent les pertes potentielles auxquelles ils sont exposés. Mardi, la banque japonaise Aozora a fait état d'une possible perte 101 millions d'euros. Lundi soir, la néerlandaise Fortis admettait un risque potentiel d'un milliard d'euros, s'ajoutant à une longue liste. Beaucoup d'Européens y figurent: l'espagnole Santander, jusqu'à présent la plus affectée avec 2,33 milliards d'euros de pertes possibles, mais aussi BBVA (Espagne) et les français Natixis, BNP-Paribas et Crédit Mutuel-CIC. Axa et Groupama, la banque franco-belge Dexia, la Société Générale, le Crédit Agricole y figurent également pour des montants moindres. HSBC, troisième banque mondiale, a une exposition d'un milliard de dollars, Royal Bank of Scotland (RBS) de 600 millions de dollars et le fonds d'investissement Man Group de 360 millions de dollars. L'assureur helvétique Swiss Life a annoncé une exposition de 57,2 millions d'euros et plusieurs petites banques privées sont affectées.

Aucun grand établissement bancaire américain n'a fait état de pertes à ce jour. En revanche plusieurs célébrités ont été citées par la presse au nombre des victimes. Des fondations comme celle du prix Nobel Elie Wiesel ou du cinéaste Steven Spielberg figurent parmi les perdants de cette escroquerie, mais les montants n'ont pas été divulgués. Les noms de plusieurs fonds spéculatifs ont été avancés.

"Comment des établissements sérieux pouvaient croire à des rendements dépassant 12% sans se poser de questions ?", s'interrogeait mardi un gestionnaire de fonds français ayant requis l'anonymat. "On peut penser que la respectabilité de Bernard Madoff inspirait une confiance absolue, d'autant que la SEC (Securities and Exchange Commission) elle-même s'était adjointe ses services", a-t-il expliqué à l'AFP. La SEC, gendarme américain des marchés, est désormais montrée du doigt. Le patron du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a mis en cause les autorités de régulations américaines: "la surprise n'est pas qu'il y ait des voleurs" mais "la question est: que fait la police?", a-t-il estimé lors d'une conférence de presse lundi à Madrid.

Le président de l'Autorité française des marchés financiers (AMF), Jean-Pierre Jouyet, a estimé que la réglementation américaine était fautive. "Pour la quatrième fois, la réglementation américaine est en cause", a déclaré M. Jouyet citant les faillites retentissantes du fonds spéculatif LTCM (1998), du courtier en énergie Enron (2001) et de la banque Lehman Brothers (2008). Il faut que "la confiance demeure, et pour qu'il y ait confiance, il faut que la réglementation soit bonne", "Je crois que c'est le cas en Europe et que les Etats-Unis ont des progrès importants à faire dans ce domaine", a-t-il conclu. >>

 

Commentaire – La dimension inouïe du scandale Madoff ne scandalise pas le petit monde de « l'industrie [?] financière ». Un lecteur nous signalait cet après-midi la prestation télévisée d’un « expert » (en fait, le patron d’une agence d’audit anti-risques)  affirmant qu’il fallait abolir les dernières règles légales et mettre les enquêtes de sécurité entièrement à la charge des investisseurs : à ceux-ci de payer (cher) les agences d’audit !  Devant une immense escroquerie, venant aggraver une énorme catastrophe économique, due elle-même à la finance pirate, tout ce que nos joyeux quadras de la finance trouvent à proposer, c’est encore un peu plus de dérégulation… au profit de leur propre business. Comme disait l’un des personnages de Vivement dimanche : « Y en a qui disent : vaut mieux entendre ça que d’être sourd ; moi je dis : vaut mieux vaut être sourd que d’entendre ça. » Plus sérieusement, j’indique que j’ai moi-même vu l’émission. L’ « expert » en question est un garçon du meilleur monde, comme disait ma grand’mère : famille catho depuis avant Jésus-Christ, avec colonels à volonté et châteaux dans l’Ouest.  Voilà pourquoi je fais cette note : pour que le microcosme se réveille de son coma éthique.

 

PS/ Si un lecteur est heurté parce que je viens de dire, je me permets de lui conseiller de relire Les grands cimetières sous la lune. 

 

Commentaires

BERNANOS

> Je suis heurté, et vous en remercie sincèrement.
Et je souhaite du fond du coeur que d'autres le seront.
A propos de votre conseil de lecture, me vient une question : auriez-vous par hasard des actions chez Bernanos & Fils ? ;o)

PM

[ De PP à PM - "Actions" et "Bernanos" sont deux notions qui s'associent mal ! ]

Écrit par : PMalo | 17/12/2008

> Feu sur les "petits cancres réalistes" de la nouvelle finance !

Écrit par : JG | 17/12/2008

Merci pour cette note qui m'apporte de la vraie info.

> Ne généralisez pas trop...ce qui se passe notamment dans nos milieux cathos, c'est un passage au crible accompagné d'un transfert inattendu.
Nous transmettons au-delà de nos propres enfants et de notre "milieu", à d'autres milieux, des blessés de la vie, des milieux populaires notamment; à d'autres régions, Inde, Chine ?, etc.
Simultanément nous sommes déstabilisés dans nos appuis habituels et souvent au coeur même de nos familles...nos familles sont déstabilisées et sont en train d' être passées au crible...il y a beaucoup de souffrances derrière ça...certains de nos enfants glissent, sont happés plus ou moins par l'esprit du monde, mélangent foi extérieure/ témoignage/ intérêt personnel/esprit buziness/réaction facile/ esprit fêtard, etc. etc.
Q'en pensez-vous, n'est-ce pas une des causes de ce qui vous agace?...cet illogisme? ou cetTE façon de s'accrocher à certains repères qui mériteraient d' être redéfinis...
J'ai par exermple dans la petite ville où je travaille un ancien maurrasssien qui met encore ça en avant et en le mélangeant à sa foi...mais je peux vous dire qu'il est devenu quelqu'un d'aimé et de respecté qui a un énorme témoignage sur sa ville, qui est demandé pour telle commmisssion déontologique, pour telle responsabilité, et on devine que sa foi lui donne ce plus...
Ne tapons pas trop sur les défauts qui sont à notre droite, si j'ose dire, il y a eu de la souffrance et de l'héroïsme...quasiment jamais reconnu...soyons simplement équitables et véridiques...
Il y a peut-être autour de ça un abcès à crever avec une frange de vos lecteurs-bloggeurs en même temps que des remerciements à faire qui ne supportent que le face à face...à quand une réunion à Paris des afficionados du blog de PP autour d' une Guinness ?...Merci.

Écrit par : vicenzo | 17/12/2008

LE CRIBLE

> J'adore le "catho d'avant Jésus-Christ"! Comme le dit avec beaucoup de justesse Vicenzo c'est un passage au crible que subissent certains de nos frères catholiques censés être les plus représentatifs...Je me garderai de les juger, néanmoins je prie pour qu'ils soient accessibles à plus de mesure et d'humilité vis à vis de leur frères qui ne sont pas nés avec une cuillère d'argent dans la bouche, et qu'ils manifestent enfin un véritable esprit chrétien dans leur travail.

Écrit par : Philippe C | 17/12/2008

AMUSANT

> Dominique Strauss Kahn s'inquiétant de savoir ce que fait la police a quelque chose d'amusant.
Tous les Etats ont assisté au développement des conditions de la crise comme des banques dans une opération de cavalerie. Chacun s'observait en essayant d'anticiper le retrait des autres pour perdre le moins possible. Mais personne n'a pensé à dénoncer l'escroc ou la supercherie. Ce sont les complice objectifs de cette situation qui prétendent aujourd'hui y remédier après l'avoir laissé prospérer et en avoir fait l'éloge.
Une alternative s'affirme. La théologie politique apparaît opportunément comme un vecteur d'espérance et de raison face aux conséquences de l'aveuglement d'un monde abandonné aux sirènes du libéralisme et du matérialisme.

Écrit par : Annie | 17/12/2008

CEUX QUI N'EN ONT PAS LA MOINDRE IDEE

> Au moins cet "expert" est-il cohérent : sa vision ultralibérale s'assortit d'une notion de responsabilité (j'investis, à moi de juger des risques). La version d'aujourd'hui est bien pire, me semble-t'il puisqu'il suffit aux grands manitous de la finance de jouer un jeu dangereux pendant des années, de s'enrichir personnellement de manière quasi-frauduleuse, et de se jeter dans les jupes de l'Etat-Providence quand les choses tournent mal. Et ça marche, alors pourquoi changer de style ?
Dans mon entourage, on se plaint de la crise. Il y a un certain monsieur qui ne touchera pas ses 70 000 Euros de prime à Noel (il n'est qu'en début de carrière, rassurez-vous), et il y en a un autre qui se demande comment passer des fêtes sympathiques sans s'endetter. L'un des deux travaille dans la finance et n'a pas la moindre idée de ce qu'est la valeur ajoutée réelle (pas la spéculation, mais bien la transformation d'un produit A en produit B ce qui créé une richesse concrète). L'autre est manutentionnaire. Je vous laisse deviner qui est qui ?
Je ne suis pas experte en finances ou économie, mais quand on a des gens qui ne savent pas ce qu'est la valeur du travail, de la production ou de la technique/ savoir faire, et que ces gens tirent les ficelles de notre économie, on ne peut pas être très optimiste.

Écrit par : Dgeni | 18/12/2008

L'ÂGE

> «l'homme d'affaires de 70 ans… ». Petite question qui n’a rien à voir avec le sujet : pourquoi, aujourd’hui, ne peut-on plus parler de quelqu’un sans indiquer son âge ? Je viens de me livrer à une petite recherche dans les rubriques de faits divers, qui ne m’a pris que quelques minutes. C’est quasi-systématique : «Un étudiant de 23 ans…», «Une femme de 30 ans…», «Un sexagénaire mis en examen», «Une femme de 39 ans…», «La victime, âgée de 38 ans…» «Le fugitif, âgé de 32 ans…» Alors que signaler le «type» de quelqu’un («maghrébin», «asiatique» etc.) est presque considéré un délit, on a l’impression qu’on ne peut plus désormais parler de quelqu’un sans lui accoler un chiffre, comme si cette indication était un élément essentiel de l'identité.

Écrit par : Jérôme | 19/12/2008

ALIVE AND WELL

> J'ai reçu depuis quelques jours deux messages libéraux atterrants. Leurs auteurs ne lisent visiblement pas les journaux. L'un et l'autre m'expliquaient que la crise n'était pas la crise, et qu'en tout cas elle ne devait rien à la dérégulation, qu'il fallait déréguler encore plus, etc.
Ils récitaient le manuel de leur école de commerce d'il y a dix ans... De telles choses n'ont évidemment pas leur place dans un débat sérieux. Je n'en signale l'existence que pour marquer le coup : oui, les somnambules dont je parle trop souvent existent, hélas.
Alive and well.

Écrit par : PP | 21/12/2008

ON NE PEUT PAS ÊTRE LIBERAL ET CATHOLIQUE

> Dans son blog Caelum et Terra, Philippe Maxence propose quelques morceaux choisis d'une Note du Conseil pontifical Justice et Paix en vue de la conférence de Doha. Pour le Conseil Pontifical, il s'agit de « repenser le système financier international ». L'injonction est claire.
Voici un passage, difficile à avaler pour un libéral pur sucre :
« Les marchés financiers ne peuvent opérer sans la confiance ; et sans la transparence et sans règles il ne peut y avoir de confiance. Le bon fonctionnement du marché exige une intervention importante de l'Etat, et le cas échéant, celle de la communauté internationale, qui doit fixer et faire respecter des règles de transparence et de prudence ».
Pour le moment, d'après Philippe Maxence, le texte n'est disponible qu'en italien. Mais nous pouvons toujours nous consoler avec Pie XI qui, lui, a connu la crise économique des année 30 :
« […] De même qu’on ne saurait fonder l’unité du corps social sur l’opposition des classes, ainsi on ne peut attendre du libre jeu de la concurrence l’avènement d’un régime économique bien ordonné. C’est en effet de cette illusion comme d’une source contaminée, que sont sorties toutes les erreurs de la science économique individualiste. Cette science, supprimant par oubli ou ignorance le caractère social et moral de la vie économique, pensait que les pouvoirs publics doivent abandonner celle-ci, affranchie de toute contrainte, à ses propres réactions, la liberté du marché et de la concurrence lui fournissant un principe directif plus sûr que l’intervention de n’importe quelle intelligence créée. Sans doute, contenue dans de justes limites, la libre concurrence est chose légitime et utile ; jamais pourtant elle ne saurait servir de norme régulatrice à la vie économique sous la loi d’un principe directeur juste et efficace. La dictature économique qui a succédé aujourd’hui à la libre concurrence ne saurait assurément remplir cette fonction ; elle le peut d’autant moins que, immodérée et violente de sa nature, elle a besoin, pour se rendre utile aux hommes, d’un frein énergique et d’une sage direction, qu’elle ne trouve pas en elle-même. C’est donc à des principes supérieurs et plus nobles qu’il faut demander de gouverner avec une sévère intégrité ces puissances économiques, c’est-à-dire à la justice et à la charité sociales. Cette justice doit donc pénétrer complètement les institutions mêmes et la vie tout entière des peuples ; son efficacité vraiment opérante doit surtout se manifester par la création d’un ordre juridique et social qui informe en quelque sorte toute la vie économique. Quant à la charité sociale, elle doit être l’âme de cet ordre que les pouvoirs publics doivent s’employer à protéger et à défendre efficacement ; tâche dont ils s’acquitteront plus facilement s’ils veulent bien se libérer des attributions qui, Nous l’avons déjà dit, ne sont pas de leur domaine propre. »

Cette encyclique -« Quadragesimo anno » - a gardé toute sa saveur. J'en ai mis en ligne un petit extrait sur le site Vivre pour la Vérité, sous le titre (qui n'est pas de moi) « Restauration d’un principe directeur de la vie économique.»
Comment peut-on être libéral et catholique?

Écrit par : Blaise | 21/12/2008

YVES MEAUDRE

> Même si ce n'est pas tout à fait le sujet, je ne peux pas m'empêcher de remettre encore une fois en ligne un texte remarquable d'Yves Meaudre : l'Argent.
11 août Idées
L’argent
Yves Meaudre*
L’argent… sur lequel Péguy et Bernanos ont écrit les plus belles pages. L’argent, dont Jésus condamne de façon implacable le service : « Si vous le servez, vous ne pouvez pas servir Dieu ! » Le mot est aussi tranchant que le fil de l’épée. Il n’y a aucune concession. Le choix est clair, le service de l’argent damne plus sûrement que la concupiscence, le pouvoir, les vanités du monde. Le Christ met en garde contre ces fautes mais il ne les met pas au même niveau d’exposition à l’enfer qu’il le fait avec l’argent.

Un chapiteau de la magnifique église d’Anzy-le-Duc, en Bourgogne, représente avec dérision l’avare. Tombant du ciel, nu, ses fesses en l’air, ridicule, le cupide est précipité tête en avant, les bras tirés vers le bas, entraîné par le poids d’une bourse d’or qu’il ne veut pas lâcher à tout prix. Pourtant il voit bien clairement que celle-ci l’entraîne vers les deux mains ouvertes d’un diable ricanant, qui l’attend aussi sûr que le renard de la fable sait que le fromage de Maître Corbeau lui tombera dans le bec.

L’avarice est toujours teintée d’indignité, de ridicule ; elle est toujours l’objet d’un profond mépris. Les métiers d’argent dans les familles aristocratiques, dévouées jusqu’à leur dégénérescence au service des armes ou de la prêtrise, étaient infâmants. Maintenant, la nécessité a obligé de prendre en compte sa réalité, et la présence de l’élite dans sa gestion, devrait dompter celui qui peut être un esclave supportable ou un redoutable maître.

Lors d’une retraite dans les années soixante-dix, à Châteauneuf-de-Galaure, je me souviens du père Finet nous racontant cette anecdote. Le Père interroge Marthe Robin :
— Marthe, quel est le plus grand danger pour le monde : le communisme (on était à l’époque de Brejnev) ? la franc-maçonnerie (la loi sur l’avortement se préparait) ?
— Non, non, Père Finet.
— Alors c’est quoi ?
— Non c’est l’argent.
Bon ! m’étais-je dit, cela n’a rien de nouveau ni d’extraordinaire. Pour moi qui appartiens à une génération qui a consacré sa vie à se battre contre l’idéologie marxiste, cela ne m’avait pas marqué. Aujourd’hui, à l’âge mûr, je comprends extraordinairement cette prophétie.

L’effacement des nations

L’argent interdit toute souveraineté aux États liés par trop d’intérêts réciproques ; un coup de Bourse peut mettre à genoux le pays le plus fort et le plus prospère. Les massacres au Soudan, des Hmongs du Laos, aujourd’hui, ces génocides se passent sous nos yeux sans que nous émettions le moindre toussotement. Et que dire de la Libye criminelle, de la Birmanie où Aung San Su Ky est enfermée à vie… Les intérêts des pétroliers sont trop importants.

On le voit avec les méthodes d’enrichissement des mafias communistes chinoises ou russes, qui font travailler des centaines de milliers de gens dans des conditions où les descriptions de Zola sont reléguées à la Bibliothèque rose.

Et tout le monde y participe, l’achat des chemises fabriquées pour des grandes marques dans des conditions de servilité terrifiante fait le bonheur du consommateur européen. Les usines de fabrication se ferment les unes après les autres pour utiliser une main d’œuvre esclave ! Les semelles de chaussures arrivent quarante fois moins chères en France que ce que peuvent fournir les dernières entreprises du Bourbonnais, acculées au dépôt de bilan.

Il suffit de lire le remarquable livre de Philippe Cohen et Luc Richard, La Chine sera-t-elle notre cauchemar ? (1001 Nuits), pour découvrir que le Parti communiste actionnaire dans toutes les entreprises des compradores marxistes, maîtrise toute l’économie ultra capitaliste. C’est lui qui décide de faire emballer les produits de la nourriture d’une province limitrophe d’une région qu’on veut développer industriellement pour avoir immédiatement à sa disposition une main d’œuvre affamée qui se précipite désespérée et prête à tous les compromis. À Shangai, il existe une « aristocratie ouvrière » payée normalement, visible qui rassure l’investisseur européen. Mais dans l’arrière-cour, trois millions de soutiers illégaux prêts à tous les compromis pourvu qu’ils soient nourris, fabriquent une part du bénéfice gigantesque. L’enrichissement phénoménal des compradores et du parti, c’est eux. L’Angleterre d’Oliver Twist est une référence dorée pour ces populations qu’on rejette, les tâches faites. Souvent on ne les paie pas, les menaçant de prison, en cas de réclamation, pour présence illégale sur un territoire non autorisé.

C’est ainsi que se construisent aujourd’hui les infrastructures des Jeux Olympiques !

L’effondrement des nations pour le profit d’une mondialisation financière est une véritable catastrophe. Hier le politique commandait à l’économie qui commandait à la finance. Aujourd’hui, c’est la finance qui commande au politique. Quoiqu’en dise Zbigniew Brzezinski (ancien conseiller à la sécurité nationale de Jimmy Carter), l’économie mondialisée n’enrichit pas les peuples mais quelques minorités. Celles-ci sont de plus en plus réduites et de plus en plus riches. Il faut lire la thèse de l’abbé de Varax sur les transnationales [1]. Le monde va-t-il appartenir à 300 familles ? La paix par l’économie mondiale ou, aujourd’hui, les financements promis par l’Américain béat, ne sont pas promesses de paix, mais de déstabilisation et de conflits sans fin. On livre des Rafales à des pays voyous. Aujourd’hui la Libye, demain la Chine ; on équipe nos ennemis de notre technologie la plus avancée. Est-ce bien raisonnable ?

L’enrichissement effréné de quelques-uns (quelques poussières de millions en Chine, des centaines d’oligarques en ex-Union soviétique) se fait sur l’appauvrissement et l’asservissement dramatique de milliards d’hommes. Alors que l’Afrique est en liquidation et que ses habitants la fuient par toutes ses frontières, le nombre de gisements pétroliers y est en progression constante. Les concessions sont achetées aux mafias gouvernementales au prix d’une corruption tenace dans laquelle la Chine — toujours elle — mène la danse. Alors que la manne pétrolière devrait enrichir des populations aujourd’hui désespérées, elle amène la guerre et la désintégration des États.

Jean Vanier insiste pour qu’on fasse couler des « trickles » [2] d’eau de paix dans ces déserts en feu. Rencontré récemment, j’ai trouvé le fondateur de l’Arche dans l’espérance, bien sûr, mais inquiet. Le nombre des conflits se multiplie, les menaces de déflagrations politiques et militaires ne cessent de croître. Il m’a renvoyé à la lecture du livre d’Andrea Riccardi, un constat sévère sur l’état du monde : Vivre ensemble (DDB, 2007).

En France, patrimoines menacés, familles déchirées

Plus insidieusement, en France, on voit l’immobilier des campagnes partir en flèche en raison de la mondialisation des acheteurs. Autrefois on croyait ce genre de spéculation réservée aux grandes villes ou à la Provence encanaillée par les bobos. Dans certaines régions on assiste à des augmentations de 400 % en six ans ! Des familles aux revenus très modestes se retrouvent assujetties à l’ISF. Des mafias russes achètent en Périgord ou en Bourgogne de grandes maisons familiales jusque là péniblement entretenues, pour des sommes gigantesques. Ils s’installent, paient (cash) aux maires les infrastructures de la commune et exigent que ceux-ci ne soient pas trop regardant sur ce qui se passe dans leurs nouveaux châteaux, hier sanctuaire de familles nombreuses vivant en osmose avec les villageois.

Ces dynasties partageaient les joies et les drames de leur commune et de la nation tout entière. Leurs noms figuraient sur les stèles des « morts pour la France », la Résistance en avait fait ses chefs naturels. On donnait aux aînés — hors part, en raison des charges lourdes que représentaient de telles bâtisses — pour servir l’unité familiale et abriter les vieux célibataires. Aujourd’hui, leurs vielles maisons sont devenues l’objet de spéculation folle, les prix s’emballant, le goût du lucre chavirant les consciences, les familles les plus unies se divisent, exaspérées par l’or.

L’avenir est aux pauvres

L’Évangile de Matthieu 12 (46,50), « qui est mon frère, qui est ma sœur ? », prend lourdement tout son sens : « C’est celui qui fera la volonté de mon Père. » Des familles s’entretuent pour des héritages, des enfants attaquent leur mère, spolient leurs frères, des héritiers d’histoire familiale héroïque jusqu’aux dernières guerres se dégénèrent. Je trouve aujourd’hui une âpreté et une violence consécutives de la déchristianisation des mœurs et de la perte du sens de l’honneur et de la dignité de beaucoup de familles. Ce que j’écris se vit à grande échelle aujourd’hui sous mes yeux, partout en France. Ce que j’écris est malheureusement bien réel.

Avoir tellement prêché la miséricorde fait que la peur de l’enfer s’est évanouie. Pourtant depuis neuf cent ans, le bonhomme ridicule d’Anzy-le-Duc est toujours là. Il écrit en lettres de pierre l’actualité du drame de la domination de l’argent. L’avarice mène inéluctablement à l’enfer. C’est une certitude. Le mépris et la honte de la richesse exaltés par le pharisianisme socialiste, avaient malgré tout des racines légitimes, catholiques. Il obligeait à considérer qu’une vie consacrée à s’enrichir corrompait et détruisait l’image de l’homme et de la société. Les Français qui avaient heureusement entretenu une mauvaise conscience vis-à-vis de la possession des biens sont en train d’évacuer cette culpabilisation comme les femmes leur pudeur en mai 68. Ils veulent pouvoir impunément consacrer leur énergie à la course aux richesses. Le monde qu’ils construiront sera alors glacial.

Jean Vanier, constatait, il y a quelques semaines que les jeunes sont beaucoup plus généreux mais que souvent, leurs parents les étouffent vite pour les obliger à la sécurité matérielle. Alors que le monde n’a jamais été aussi insécurisé et instable. Qu’il est absurde de faire un business plan de carrière. Le monde a vraiment besoin de l’esprit “chevalier”. Il faut abandonner ses fiefs, ses sécurités matérielles et psychologiques pour sauver notre Jérusalem céleste. Il nous faut découvrir un vrai saint Bernard montant sur un Vézelay médiatique pour nous en persuader. L’argent est la pire des dictatures, seuls les pauvres sauveront le monde et apporteront la paix, c’est le message de l’Évangile. Mais comme je suis dans l’Espérance, je sais qu’après avoir vaincu le nazisme, puis le marxisme, l’argent sera vaincu… par les pauvres. C’est pourquoi il faut les servir.



*Yves Meaudre est directeur général des Enfants du Mékong.



[1] Patrick de Varax, L’Église face aux grande sociétés transnationales, thèse de licence canonique sous la direction du R.P. Giovanni Manzone, université pontificale du Latran, Institut de théologie pastorale Redemptor Hominis, spécialisation en doctrine sociale de l’Église.
[2]“Trickle” : goutte-à-goutte, perfusion.

Écrit par : Feld | 22/12/2008

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