Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/12/2008

Luxembourg : le grand-duc Henri donne une leçon de courage aux dirigeants européens

Les monarchies européennes ne servent plus à rien – sauf sur le plan symbolique et en des occasions exceptionnelles. En voici une. Elle est hautement honorable :


<<  Le Luxembourg a annoncé mardi qu'il allait réduire les prérogatives de son souverain, le grand-duc, après le refus de ce dernier d'avaliser une loi légalisant l'euthanasie, une crise qui rappelle celle qu'avait connue la Belgique en 1990 autour du droit à l'avortement. A 53 ans, le grand-duc Henri, qui règne sur le Luxembourg depuis 2000, est sorti de sa neutralité en informant les responsables parlementaires qu'il ne signerait pas une loi sur l'euthanasie récemment votée, pour des raisons "de conscience". Révélée mardi, l'information a déclenché une tempête dans ce micro-Etat de 470.000 habitants coincé entre la France, la Belgique et l'Allemagne, dont la très catholique famille régnante fait rarement l'objet de polémiques.

Pour mettre un terme à l'épreuve de force, le Premier ministre Jean-Claude Juncker a indiqué que le pays allait changer sa constitution : à l'avenir, le grand-duc n'aura plus besoin d'approuver un texte pour pouvoir le promulguer. "Parce que nous voulons éviter une crise institutionnelle mais en même temps respecter l'opinion du grand-duc", ce dernier devra seulement "promulguer les lois pour qu'elles rentrent en vigueur", a déclaré M. Juncker, après une réunion avec les chefs des groupes parlementaires du grand-duché.

Le grand-duc devrait ainsi voir ses prérogatives rognées, puisque la constitution stipule aujourd'hui que le grand-duc "sanctionne et promulgue" les lois, dans les trois mois après leur adoption par le Parlement luxembourgeois. Actuellement, "le grand-duc estime qu'en sanctionnant la loi, il doit faire sienne la volonté exprimée par le parlement et donc aussi donner son accord à ces textes", a expliqué à l'AFP Luc Frieden, ministre de la Justice du pays. "Il va désormais signer la loi simplement pour constater l'accomplissement de la procédure", a-t-il précisé. Ce qui va faire évoluer le Luxembourg vers une monarchie purement protocolaire. Cette révision constitutionnelle devrait être soumise au Parlement luxembourgeois dès mardi prochain.

Le texte au centre de la tourmente, qui dépénalise l'euthanasie sous certaines conditions, avait été adopté en février en première lecture par les députés, ne recueillant qu'une courte majorité. Pour entrer en vigueur, le texte doit cependant encore être adopté en deuxième et dernière lecture par les députés lors d'un vote prévu ce mois-ci. Il s'agit pour ce pays de sa première crise constitutionnelle depuis 90 ans : en 1919, la grande-duchesse Marie-Adélaïde était sortie de sa neutralité politique pour prendre le parti des catholiques sur une loi limitant l'influence de l'église dans l'enseignement. La grande-duchesse avait abdiqué mais la monarchie constitutionnelle avait été confirmée par référendum. Depuis, aucun souverain grand-ducal ne s'était opposé à une décision du Parlement.

Dans un cas similaire, l'oncle du grand-duc Henri, le roi des Belges Baudouin Ier, avait estimé en 1990 que sa "conscience lui interdisait de sanctionner" une loi belge libéralisant l'avortement. Le gouvernement et le parlement belges s'en étaient tirés par une pirouette : ils avaient "constaté que le roi se trouvait dans l'impossibilité de régner" durant quelques jours, et promulgué la loi sans signature royale.

En Europe, les Pays-Bas ont en 2002 été les premiers à légaliser l'euthanasie, suivis la même année par la Belgique où le roi Albert II n'a pas fait d'obstruction. Dans la plupart des autres pays européens, l'aide apportée aux malades incurables désireux de mettre fin à leurs jours reste un homicide. >>

 

00:15 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (8)

Commentaires

HONNEUR A LUI

> Oui, honneur à lui comme à son oncle Baudouin 1er, le très regretté roi des Belges.
On ne peut que regretter que les parlementaires luxembourgeois (après les belges et les néerlandais) n'aient pas compris l'enjeu de civilisation que représentait ce débat sur l'euthanasie et ne se soient pas inspirés de l'exemple français avec la loi Léonetti.
Mais je vois que le texte luxembourgeois dépénalisant l'euthanasie doit encore être adopté en seconde lecture ; espérons que l'attitude courageuse du grand-duc Henri provoquera un sursaut des députés luxembourgeois...

Écrit par : Michel de Guibert | 03/12/2008

LEONETTI / JUNCKER

> Dès sa page 16 (alors que le texte commence page 11, mais il faut bien faire poids sur un sujet pareil), le rapport Léonetti remis hier au Premier ministre français l'affirme : le grand public bien sûr, mais surtout les professionnels du secteur concerné NE CONNAISSENT PAS la Loi de 2005 sur la fin de vie.
Nous sommes bien là dans un choix de civilisation entre le respect de le vie et la civilisation de mort dénoncée par les Souverains Pontifes.
Les tenants de la mort ne veulent pas permettre de réfléchir à ce qui est bon pour les vivants, mais bien promouvoir et forcer l'ensemble des hommes à accepter comme un progrès le choix de l'homme à la place de l'amour de Dieu.
Pauvres gens !
C'est l'honneur du Grand Duc de résister au flot totalitaire.
C'est sa raison d'être d'indiquer à son peuple le vrai sens de la vie.
Il y est fidèle, simplement, mais résolument.
Accessoirement, M. Juncker a enlevé son masque.

Écrit par : Xavier de Gassart | 03/12/2008

U SENS

> Honneur au Grand Duc pour cette décision courageuse après laquelle il doit se trouver bien seul.
Si la monarchie constitutionnelle a un sens, c'est de confier au Souverain un rôle de gardien des intérêts permanents de la nation au travers des contingences de la vie politique "ordinaire", ici manifestées par une décision légère du Parlement.
Si M. Juncker et les Luxembourgeois avaient le sens de leurs institutions, ils devraient s'interroger sur la gravité du motif pour lequel leur prince n'hésite pas à mettre sa situation en danger et à la respecter plutôt qu'à chercher à contourner l'obstacle dans une logique de courte vue.
En outre, le distinguo entre sanction et promulgation n'apparaît pas convaincant dans ce contexte. Je ne vois pas pourquoi le Grand-Duc Henri accepterait mieux de promulguer que de sanctionner. (Nous verrons.)
Il a certainement, comme ses compatriotes, besoin de nos prières.

Écrit par : A.C. | 03/12/2008

Triste nouvelle...

> J'espère et prie pour que les députés aient un sursaut de conscience et reculent devant cette loi qui fait des ravages en Belgique.
Un ami prêtre de Bruxelles me racontait l'autre jour à quel point la dépénalisation de l'euthanasie créaient des situations paradoxales : avec des personnes en fin de vie demandant la mort pour faire plaisir à leur entourage, car ils culpabilisaient de faire souffir leurs proches, enfants... Du délire !!!
Je crois qu'avec l'euthanasie, on touche les bas-fonds de notre humanité...Pourvu que M. Leonetti tienne !!!

Écrit par : Clémence | 04/12/2008

COURAGE

> Oui, un grand courage. On pourrait souhaiter que le clergé français ait le même courage sur les "sujets sensibles" de société. Ils sont bien rares dans le clergé ceux qui s'opposent ouvertement et en chaire à l'avortement, à l'euthanasie.
Ils sont pas nombreux ceux qui fustigent le divorce ou l'homosexualité. Est-ce un signe du déclin de l'Eglise de France ou une cause de ce déclin ?

JMR

[ De PP à JMR - Aujourd'hui l'Eglise en France parle souvent et fermement, notamment sur l'euthanasie. Ne faisons pas comme si nous étions en 1980. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Jean Michel Roulet | 04/12/2008

BONNE ET TRISTE

> Une bonne nouvelle et une triste à la fois.
Cela confirme que les monarques européens d'aujourd'hui sont devenu les rois fainéants du 3eme millénaire. Exactement comme sous les Mérovingiens, le roi est maintenu, sans pouvoir, quasiment dans une cage dorée avec les insignes du pouvoir...et le Maire du Palais dirige le pays. Au temps des Barbares c'était déja un grave coup d'état...aujourd'hui c'est tout simplement pathétique.
Bravo au Grand Duc Henri ! Il sauve l'honneur des princes d'Europe !

Écrit par : Damien | 04/12/2008

ARGENT

> La saine réaction du Grand Duc ne doit pas masquer la pression des luxembourgeois qui ont forcé sa décision. Ces mêmes luxembourgois qui détiennent le produit brut par habitant le plus élevé au monde ! (71.000 $ par habitant en 2007), ce qui est l'apanage des paradis fiscaux.
S'enrichir reste malgré tout le moyen le plus sûr de perdre son âme.

Écrit par : Frédéric Ripoll | 08/12/2008

> Soutien au Grand Duc du Luxembourg

http://3-6-9.org/kyrielle/web/fsp/index.php?requete=EmailAffichage

Écrit par : Michel de Guibert | 11/12/2008

Les commentaires sont fermés.