01/12/2008
Pendant que la crise du néocapitalisme métastase, le drame des sans-abri s’aggrave en France
Travailleurs pauvres à la rue, cadres licenciés, commerçants et petits entrepreneurs ruinés :
Les médias : << En pleine tempête médiatique sur le sort des sans-abri, les personnes considérées comme prioritaires en matière de demande de logement, sont désormais en droit de saisir le tribunal administratif si l'Etat s'est avéré défaillant. Cette possibilité est ouverte au 1er décembre en vertu de la loi sur le droit au logement opposable (Dalo): au 31 octobre, 50.600 demandes de logement avaient été déposées au titre du Dalo, selon les services de Christine Boutin, ministre du Logement. Sur la totalité de ces recours, 32.000 concernent l'Ile-de-France dont 11.000 à Paris. Un avis favorable a été formulé pour 13.200 demandes (un petit quart de l'ensemble) mais il n'y a eu au bout du compte que 3.300 relogements ou hébergements effectifs, selon le Comité de suivi de la loi Dalo.
Pour Christophe Robert, de la Fondation Abbé Pierre et membre du Comité de suivi du Dalo, "cette date du 1er décembre ne veut évidemment pas dire que tout va changer. Simplement, ce nouveau droit au logement va entrer dans sa phase juridique. On passe d'une obligation de moyens à une obligation de résultats".
La loi du 5 mars 2007 instituant le Dalo et dont la mise en oeuvre a débuté au 1er janvier 2008, est née de l'émotion suscitée par le campement organisé à Paris, durant l'hiver 2006-2007, par les Enfants de Don Quichotte. Ces jeunes gens, qui ne venaient pas du monde associatif, voulaient attirer l'attention de l'opinion publique sur le problème récurrent des sans-abri.
La loi prévoit que les ménages dits "prioritaires" peuvent, depuis le 1er janvier 2008, former un recours amiable auprès de commissions de médiation départementales pour obtenir un logement ou un hébergement. Si aucune solution de relogement ne leur est proposée, les personnes concernées pourront déposer un recours contentieux au tribunal administratif à partir du 1er décembre 2008.
Dans les zones "tendues" - où il y a de graves problèmes de logement -, le préfet dispose d'un délai de 6 mois pour trouver un logement aux demandeurs, de 3 mois ailleurs.
A partir du 1er janvier 2012, le droit de recours devant le tribunal administratif sera étendu à tous les demandeurs d'un logement social depuis un délai "anormalement long".
Avant la mise en oeuvre de la loi, les associations avaient évoqué le chiffre de 600.000 bénéficiaires potentiels. Christine Boutin estime maintenant à quelque 60.000 le nombre de personnes qui auront déposé un dossier d'ici le 31 décembre. "Ce n'est pas peu pour un droit encore largement méconnu et difficile à exercer" vu la complexité des dossiers que les mal-logés peuvent retirer dans les Caisses d'allocations familiales, estime Christophe Robert.
Les associations, depuis la fin de l'été, multiplient les campagnes d'information. Un collectif formé par la Fondation Abbé Pierre, le Secours catholique et les Enfants de Don Quichotte - a affrété un bus pour informer les mal-logés. La tournée a été lancée à Grenoble le 23 et se terminera à Rennes le 5 décembre. Dimanche 30 novembre, leur bus, portant l'inscription "un toit c'est un droit!", était à Paris, au pied de Notre-Dame, pour "informer et sensibiliser habitants et personnes mal-logées".
Les tribunaux administratifs pourront appliquer à l'Etat des pénalités financières qui viendront alimenter un fonds destinés à la construction de logements sociaux. >>
Commentaire - Cet effrayant vieux problème est décuplé désormais par la crise économique. La seule chose que nous puissions faire est d’aller tous donner un coup de main à la plus proche organisation caritative. Sans oublier que le désastre a des causes, et que ces causes résident – en dernière instance – dans la machinerie économique qui nous régit ! Comme le disait tout à l’heure le président de la Fondation Abbé Pierre à un représentant de Christine Boutin qui n’en menait pas large, « le gouvernement trouve des sommes astronomiques pour renflouer les banques sans contrepartie, mais il ne trouve pas assez pour augmenter le parc de logements sociaux en proportion de la croissance du nombre des travailleurs pauvres. »
C’est un fait. Les inscriptions aux Restos du Cœur sont en hausse de 5% à 10% selon les régions, explique leur président Olivier Berthe: « Nous accueillons de plus en plus de personnes âgées et de travailleurs pauvres ». Ces derniers ne sont pas des chômeurs, mais des salariés dont le traitement est trop faible pour leur permettre de faire face à la baisse du pouvoir d’achat et au coût des loyers. Ils se retrouvent sous la tente... La nouvelle pauvreté frappe également des cadres, des commerçants et des patrons de petites entreprises ruinés par la crise financière – et abandonnés à leur sort par des banques « qui ont cessé de financer l’économie bien qu’on les ait renflouées sans contrepartie », tempêtent les syndicats. Les libéraux font silence radio depuis quelque temps. C'est prudent de leur part.
17:03 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : sans-abri
Commentaires
LE SITE
> Je me permets d'ajouter l'adresse du site sur le "DALO". Pour être informé, "devenir acteur", pour les autres, voire... Malheureusement cela peut servir à de plus en plus de monde, peut-être même à nous ou autour de nous, même lorsque nous pensons être dans un milieu relativement protégé.
http://www.infodalo.fr/
Écrit par : Alina | 01/12/2008
FORTUNES
> Vous avez raison de sensibiliser à cet immense problème et de susciter un élan charitable. Mais il y a la politique et en particulier l'intransigeance de certaines grandes fortunes qui concoctent la politique qui les arrange. Quand vous pensez qu'au Ministère des Finances c'est un consortium de grands patrons qui donne son avis sur la gestion du pays. Il y a les gens qui couchent sous des toiles de tente mais il y a celles qui "grillent" 10.000 euros dans une boîte de nuit!!!
Écrit par : Bernard | 02/12/2008
UNE PARTIE DU PROBLEME
> Il manque, c'est certains, de logements sociaux pour héberger ceux qui en ont besoin.
Il semble cependant qu'une partie du problème vienne du fait qu'une fois installés, les bénéficiaires ne soient plus expulsables même si leur revenus dépassent le plafond, seul leur loyer est réévalué suivant un loi mathématique ne permettant pas de rejoindre les prix du marché.
Ainsi il est plus intéressant de rester dans le logement en payant un supplément plutôt que de le quitter pour laisser la place à ceux qui en ont vraiment besoin.
10 000€ de revenus par mois et en logement social, c'est possible, il suffit de faire une demande à la fin des études de médecine avec 2 enfants et pas de revenus et d'y rester une vingtaine d'années.
Écrit par : Louis | 02/12/2008
PATRONS
> Dans tout cela, ce qui rassure, c'est que tout le monde ne fait pas des pertes pendant cette pèriode difficile. Si l'on en croit la presse de ces jours-ci, les patrons du CAC 40 ont augmenté cette année leur rémunération de 6% et gagnent en moyenne 275 fois le SMIC. Au moins, on peut se dire qu'ils sont au chaud pour un bout de temps. Les négociations salariales, en cas de difficultés, devraient être un peu moins faciles, mais tout est affaire de doigté, n'est ce pas?
Écrit par : olivier le Pivain | 02/12/2008
PAUVRES ET PATRONS
> Terrible problème que celui des travailleurs pauvres, en effet.
Heureusement le RSA de Martin Hirsch devrait permettre aux salariés qui ne joignent pas les deux bouts de cumuler un minimum + leur salaire...
Mais pour rebondir sur les commentaires précédents, si certains patrons ont des rémunérations parfois odieuses, en particulier lors des golden parachutes, beaucoup travaillent pour des rémunérations honnêtes (en particulier les PDG de PME) en contre-partie d'écrasantes responsabilités.
Ne mettons pas tout le monde dans le même sac...
Clémence
[ De PP à C. - Loin de nous l'idée de "mettre tout le monde dans le même sac". Pourquoi adresserait-on aux patrons de PME un reproche qui ne les cocnerne visiblement pas ? Je ne vois d'ailleurs personne le faire.
Il serait salubre que les patrons de PME cessent de se croire solidaires de ceux du CAC 40, du système instauré en la seule faveur de des derniers, et des ultralibéraux feignant de défendre la liberté d'entreprendre - alors qu'ils ont instauré le système qui détruit l'économie réelle.]
Cette réponse s'adresse au commentaire
Écrit par : Clémence | 04/12/2008
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