30/09/2008
Face à l’effondrement de l’ultralibéralisme : l’UE est aveugle et muette. Il va falloir inventer autre chose…
…dont M. Barroso n'a pas idée :
>
En politique, ce blog n’a qu’une boussole : l’esprit de justice et paix, la puissance radicale de l’Evangile à tout moment de l’histoire, capable de susciter des forces toujours nouvelles de résistance et de construction.
D’autre part, nous ne sommes pas de ceux qui mélangent foi chrétienne et souverainisme.
Ceci nous rend d’autant plus libre de dire ce que nous pensons, aujourd’hui, face à l’aphasie de la Commission exécutive devant la crise financière et économique. L'UE est muette face au cataclysme où nous jette la finance folle, fille de l’ultralibéralisme.
Dans cette tempête, la seule mobilisation publique en Europe est celle des chefs d’Etat et de gouvernement qui se téléphonent et se réunissent. De pays à pays.
L’UE en tant que telle semble ne servir à rien.
Tout se passe comme si la formidable mobilisation europhile des années 1990 n’avait été qu’un habillage de la dérégulation ultralibérale, qui se déclenchait au même moment.
Hypothèse qu’a confirmée l’attitude de MM. Mandelson, McCreavy etc : les portiers du libre-échangisme.
Mais dès l’instant où l’ultralibéralisme explose en vol (et c’est maintenant), l’UE n’a plus rien à dire. A l’heure où l’on aurait besoin d’un pôle d’équilibre européen au milieu du chaos planétaire, l’UE refuse ce rôle.
Ceci ne veut pas dire que toute forme d’Europe serait aussi nulle. Mettre en forme politique la civilisation européenne serait un service à rendre au monde. Mais pour cela il faudrait ressusciter l’idée du Politique, et accepter l’idée que l’Europe est une civilisation. (Deux idées contre lesquelles l’UE s’est fabriquée : mécanique d’amnésie et de propulsion aveugle vers on ne sait pas quoi).
Une politique de civilisation n’est ni un repli ni une fermeture. Encore moins un aveuglement devant la situation concrète de l’Europe : populations vieillissantes, engluées dans le matérialisme à très courte vue. Elles ne retrouveront le désir se projeter dans l’avenir (et même d’avoir des enfants) qu’en retrouvant l’idée que la vie a un sens, pour l’individu et les communautés. Et que les sociétés ont un bien commun public, qui ne se résume pas au chaos des instincts privés.
Ici le chrétien dira : ce sens est en germe dans l’Evangile. L’agnostique cherchera d’autres formes à ce même sens. Mais le dialogue sera possible entre eux, parce qu’il aura de nouveau un objet. Et le chrétien ne sera pas le plus mal placé : parce que le désert du sens est devenu si total, qu’il faudra la puissance neuve de l’Evangile pour le faire reverdir.
00:19 Publié dans Europe | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : europe, crise
Commentaires
SCHUMAN
> Pour que l'Europe trouve une vraie place politique dans le monde, on peut prier Robert Schuman, dont le proces de beatification est en court...
Écrit par : Alexandre | 30/09/2008
EUROPE ET CLASSES DE 1ère
> pour enseigner en classe de première, je peux vous dire que dans la génération qui arrive, l'idée simplement de civilisation européenne est totalement abstraite, et ce qui est présenté dans les manuels (ça serait interessant de faire une analyse complète de ce qui est dit dans les manuels de 1ères et de Terminales !) ne va pas les éclairer ! Qu'en est-il dans les autres pays européens ? est ce que l'identité européenne est enseignée dans les autres pays de l'Union? En avez vous une idée ?
Écrit par : marie | 30/09/2008
"propulsion aveugle vers on ne sait pas quoi"
> Il me semble que c'était la critique du président Polonais au moment du traité constitutionnel : plutôt qu'un traité constitutionnel foireux, mieux aurait valu une sorte de décalogue sur les valeurs de l'UE et le but à atteindre.
C'est comme dans un couple, les vraies questions surgissent souvent lorsque sont abordées les questions d'éducation des enfants et de transmission.
On voit bien que l'UE a toujours refusé cette question. On en voit le résultat : Fortis n'est pas européenne selon le Bénélux, après le refus de rachat par une autre banque européenne (et Française).
On voit aussi que 2 questions semblent être ignorées :
- le passé
- le futur
Seul compte le présent.
Écrit par : boris | 30/09/2008
VIVE LA CRISE
> Je ne crois pas vraiment à un effondrement brutal du système économique actuel. Cette économie est tellement totalisante, totalitaire, que la simple idée d'en sortir semble illusoire (même à moi, un défenseur de la décroissance).
L'atroce monstruosité de la bête nous apparaît, à la lueur de l'angoisse irraisonnée des acteurs de la finance. Elle lutte et dispose encore de milliards de têtes à décapiter pour sa survie (le rejet du plan Paulson m'apparait d'ailleurs comme un geste salutaire). On ne peut donc pas encore parler de fin du libéralisme. Mais la perspective d'une autre économie nous devient familière.
Allons nous voir le début d'une économie humaine, à base d'homme ? Le travail prendra-t-il enfin la tournure d'une tâche digne, capable de rendre l'homme fier, de l'ennoblir ? L'argent va-t-il enfin cesser d'être la mesure de la réussite et du bonheur ?
Je pense qu'une bonne partie de la population est prête à quitter l'économie actuelle pour se lancer dans une activité plus humble, une redécouverte de la paysannerie et de l'artisanat... ? Certains l'ont déjà fait. De toute façon, beaucoup ne veulent plus "travailler" au sens actuel du terme. C'est trop d'aliénation. C'est la destruction de la vie de famille, qui est pourtant la vraie richesse d'une société.
Une telle crise n'aboutira pas forcément à des changements radicaux immédiats, mais contribuera certainement à enfoncer profondément l'idée ancienne que la modernité est diabolique et qu'il faut la quitter. La crise crée enfin suffisamment de place dans la "conscience collective" pour imaginer autre chose. Cela suffit à susciter en nous une grande joie.
Écrit par : Quentin | 30/09/2008
DESACCORD
> pour une fois je tiens à dire mon désaccord avec votre formule cher PP.
l'europe n'est pas ultra libérale; "économiquement" je parle, et non des moeurs présentés par nos télévisions!
la france est le pays d'europe où le taux d'épargne par habitant est le plus faramineux, soit 19% des revenus, contre une moyenne de 11% européenne;
l'inflation immobilière est de 140 % en 10 ans, quand les revenus ont crus de moins de 40% en moyenne en france, alors qu'en angleterre l'inflation immobilière a été de 230% !!!!!
le système très règlementé en france, (30% de taux d'endettement) des conditions de prêt a été un catalyseur énorme, qui a joué contre la bulle immobilière et le système des "subprimes" français (j'applique ce mot au risque de non-paiement des créances de ménages français à leurs établissements bancaires);
enfin, le capital social de nos banques français est tout à fait particulier par sa constitution et son "épaisseur"; ex : le crédit mutuel est "sociétaire", celui du crédit agricole est déténu en très grande partie par ses salariés français, etc, etc...
ce chéma est aussi vrai en allemagne et en italie, sous une forme presque similaire;
c'est pourquoi vous ne voyez pas de banque en faillite dans ces pays là; le risque "direct" n'existe pas, mais le risque "indirect" peut lui subvenir mais beaucoup plus tard.
le mot "crédit" est issus du mot "croire" en latin; qu'en on donne "du crédit à quelqu'un", c'est qu'on lui fait confiance;
ainsi si une banque française devait faire faillite (aujourd'hui c'est impossible), c'est que bien avant ce moment, la crise de la confiance aurait été terrible et que beaucoup d'autre aurait chuté.
gardez confiance pour nos banques, il faut par contre que les américains se modèrent franchement dans leurs idéaux libéraux outranciers! et là je suis d'accord.
je rappelle que je travaille dans la finance, (mais pas pour une banque), depuis 12 ans.
JC
[ De PP à JC - Mais, cher Jean Christian, ce que vous dites n'est pas une objection à ce que je disais de l'idéologie de Bruxelles ! Vous et moi parlons ici de deux choses différentes. ]
Cette réponse s'adresse au commentaire
Écrit par : jean christian | 30/09/2008
PLUS UTILE
> Monsieur Barroso va quitter son poste prochainement. Comme Alexandre le pense, il plus utile de s'en remettre à Robert Schuman.
Écrit par : Annie | 30/09/2008
VIRTUEL
> Pourquoi tout ce charabia et ce charivari ?! J'ai l'impression que tous vous vous croyiez en Europe. Mais l'Europe n'existe pas; on en parle depuis longtemps et beaucoup, mais elle n'existe pas, c'est une vue de l'esprit, c'est du virtuel, comme la finance.Vous savez bien que tout est virtuel aujourd'hui sauf les factures, le chômage, et le prix de l'essence. Même Dieu est virtuel dans notre monde... On sait jamais ça peut "servir".
Écrit par : Gilles | 30/09/2008
DEMANDER DES COMPTES
> Le drame de cette Europe, c'est qu'elle se présente comme la communauté de l'argent, des banques et des affaires, privilégiant la langue anglaise, étant comme chacun sait la langue du fric. Si on s'était appliqué à construire aussi l'Europe de la culture de l'éducation ou de l'enseignement, les choses n'en seraient pas là. Depuis cinquante ans, les hommes politiques de tout bord et de tout poil, nous ont menti, grugé, trompé. Bientôt les pauvres gens seront ruinés. Il faudrait leur demander des comptes
Écrit par : Bernard | 01/10/2008
LA BCE
> Ce n'est pas tout à fait juste : l'une des institution phare de l'UE, la BCE, a injecté plus de 200 milliards d'euros de liquidités pour venir en aide aux banques.
A mon sens, cette intervention est une erreur car une fuite en avant : elle déresponsabilise les banquiers et les financiers qui sont automatiquement absous de leurs méfaits. D'ailleurs, le patron de DEXIA est parti avec plus de 3M€, alors qu'il est un tantinet responsable de la faillite de son établissement.
L'Etat prendra en charge les faillites, selon Fillon. Oui, mais avec quel argent ? Celui des contribuables. Ce qui ne fera qu'aggraver la crise.
L'intervention de l'Etat ne peut se faire qu'au niveau de la justice. L'Etat n'a pas à devenir acteur économique, comme il l'est aujourd'hui, et comme l'est l'UE, mais arbitre, et sanctionner ceux qui jouent avec l'argent des travailleurs.
Écrit par : tg | 01/10/2008
LE VIDE
> Les Européens doivent s'approprier le projet européen en interpellant leurs euro députés, en adressant des courriers à la Commission pour se plaindre de l'orientation qu'elle prend.
Mieux connaître vos eurodéputés :
http://www.europarl.europa.eu/members.do?language=FR
Mieux connaître la commission :
http://ec.europa.eu/dgs_fr.htm
La politique a horreur du vide. L'inertie administrative occupe immédiatement le terrain qui n'est pas occupé par l'opinion.
Écrit par : Annie | 01/10/2008
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