20/06/2008
L’affaire du match de basket entre musulmanes
…interdit par un maire UMP de l’Essonne au nom de la laïcité républicaine…
…fournit à Caroline Fourest (de Sciences Po, du Monde, du Wall Street Journal, de Charlie hebdo et de la revue Pro-Choix) l’occasion d’attaquer une fois de plus – à la télévision – « la montée DES intégrismes », et de nous affirmer qu’elle s’inquiète aussi de la dérive de l’Eglise française et de la Fédération protestante.
Pour savoir à quel degré de compétence se situe Mme Fourest, il faut se souvenir qu’en 2004 elle accusait Henri Tincq et Xavier Ternisien de diffuser des idées « anti-laïques » (http://lmsi.net/spip.php?article203) ; grief surréaliste quand on connaît ces deux confrères. Elle prenait d’ailleurs Ternisien pour un ex-jésuite et René Rémond pour un protestant ; cette « spécialiste de la laïcité » ne maîtrise pas complètement le sujet.
Il y a plus grave : Mme Fourest a coopéré en 2006 à l’album de caricatures Charlie blasphème, provocation stridente à la haine envers les religions. Si la laïcité se définit comme un art de vivre en société en harmonisant les différences, cette personne paraît donc peu représentative du domaine. Laissons-la à ses réquisitoires.
Notons plutôt ce que le P. Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, indiquait lundi au sujet du dialogue islamo-chrétien :
<< Dans les rapports entre croyants, il ne peut y avoir d'alternative au dialogue authentique avec l'islam pour arriver à vaincre la violence au nom de Dieu, explique le porte-parole du Vatican, analysant les résultats de la Conférence islamique mondiale, organisée il y a un peu plus d'une semaine à La Mecque à l'initiative du roi d'Arabie Saoudite, Abdallah bin Abdulaziz Al Saud. Dans son dernier éditorial, publié sur Octava Dies, l'hebdomadaire du Centro Televisivo Vaticano dont il est aussi le directeur, le jésuite explique que cette initiative avait été annoncée par le roi lors de sa visite au Vatican. Présentée comme une phase préparatoire au lancement d'un grand dialogue d'abord entre musulmans puis avec les chrétiens et avec les juifs, cette initiative vise « à protéger et promouvoir la dignité de l'être humain, la famille dans son identité et la paix entre les peuples ». Le souverain a clairement révélé que certains adeptes de l'islam, victimes de l'extrémisme, bouleversent de l'intérieur la nature même de l'islam et sa vision de paix. Le congrès a rassemblé plus de 500 personnalités et intellectuels musulmans de divers courants de pensée, venus du monde entier qui, dans leur « appel » final, ont réaffirmé leur opposition au choc des civilisations, invitant les responsables des peuples à l'entente et à la promotion de la culture du dialogue.
Selon le P. Lombardi, « beaucoup de chemin reste encore à faire pour se connaître et s'entendre sur les droits de la personne ; les diversités théologiques resteront ce quelles sont ; les situations concrètes d'un grand nombre de minorités chrétiennes en terre musulmane sont dramatiques… Toutefois, plus nous répéterons et plus s'ancrera dans les esprits la conviction selon laquelle on ne peut haïr au nom de Dieu, et qu'il vaut mieux se rencontrer et dialoguer. Cette voie-là avait déjà été indiquée par Jean-Paul II à Assise ». Le père Lombardi reconnaît que « le chemin n'est pas facile pour les musulmans, qu'il n'est facile ni pour les juifs, ni pour les chrétiens », mais qu' « il faut le suivre avec patience et courage ». >>
Source : Zenit.
00:41 Publié dans Religions | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : christianisme, islam
Commentaires
SPECIALISTE ?
> Caroline Fourest n'est prise pour une "spécialiste de la laïcité" que par des sectaires dans son genre,ou par des zozos d'audiovisuel qui croient que les religions sont illégales.
Écrit par : Emmeline 93 | 19/06/2008
POUVOIR
> en fait, Montesquieu a révolutionné la pensée des hommes en discernant et en définissant, très précisement ce qu'était les 3 pouvoirs que renfermait le pouvoir absolu du roi, c-a-d "l'exécutif, le judiciaire et le législatif", et en en proposant sa séparation des trois.
il est définitivement clair, que le quatrième pouvoir, est le pouvoir médiatique.
or celui-ci n'est pas réglementé, c-a-d que la liberté de dire où d'annoncer tout et son contraire (rien en vérité), n'est pas réglementé mais laissé au bon vouloir de la "bonne conscience" des animateurs de ce pouvoir.
Écrit par : jean christian | 19/06/2008
STRATEGIE
> La "religion", c'est un peu le bouc-émissaire sur qui retombe les péchés du peuple...
A croire Caroline Fourest, "les religions" (oh le beau pluriel) détiendraient le monopole de la violence. C'est sans doute la méthode Coué qui la persuade ainsi.
Sa mémoire est courte. Nous venons à peine de quitter le XXe siècle. Elle oublie les massacres et la répression sanglante des chrétiens dans le Mexique des années 20. Elle oublie l'immense boucherie qui a été commise en Espagne avant et pendant la guerre civile par les républicains [aussi - NDLR]. A elle seule l'Espagne a enregistré le plus grand nombre de martyrs catholiques du siècle dernier. Et ce n'est pas tout : il y a l'Allemagne nazie qui assassine les prêtres, qui ferme les séminaires; il y a l'URSS qui détruit les église, qui torture les chrétiens pour leur foi, les fusille ou les envoie au goulag. Et ça continue, ne nous leurrons pas. En France aussi la violence, bien que contenue, s'est déchainée : les congrégations interdites, un catholique abattu froidement d'une balle par le fils d'un maître d'école lors des inventaires. Guillebaud avait rappelé à cette dame les persécutions contemporaines. Sans succès! que voulez-vous? les crimes "religieux" sont "impardonnables" tandis que les crimes "laïques" sont tellement compréhensibles. La balance de la justice est faussée. Elle utilise deux poids-deux mesures.
Mais crier sans cesse à l'éternelle violence des religions est une habile stratégie pour détourner l'attention des crimes perpétrés par les idéologies athées. Surtout quand on véhicule soi-même une telle idéologie.
Écrit par : Blaise | 20/06/2008
DESIR SAOUDIEN
> Qui s'attendait à un pareil retournement du roi d'Arabie Saoudite? depuis des années, on nous expliquait que ce royaume était la matrice du terrorisme islamiste, que son intolérance était implacable. Ces discours doivent être assez vrais, mais ils nous ont masqué une autre réalité, le désir de remédier à cet état des choses, chez certains musulmans saoudiens. Faisons le pari que le roi est sincère et qu'il n'agit pas par calcul politique, pour rassurer la communauté internationale. En tout cas, pour le moment, le dialogue se poursuit vaille que vaille.
Contrairement à Charlie hebdo, les musulmans savent changer de répertoire.
Écrit par : Blaise | 20/06/2008
TARTUFFES
> Incroyablement énervants, ces tartuffes athées qui n'ont que le mot de tolérance à la bouche et poussent à la haine, qui passent leur temps à agresser ou humilier les croyants et se posent ensuite en victime de l'intégrisme...
Écrit par : Gilles T | 20/06/2008
CHANCE
> Ces « tartuffes athées » comme vous dites, sont des gens comblés. Que voulez-vous? Complètement traumatisés par l'échec des humanismes athées, ils se refusaient à tirer le diagnostic de Henri de Lubac. Quelle chance! des islamistes! vous voyez bien, disent-ils, que « la religion » est à l'origine de tous nos maux « depuis le commencement du monde». Les religions c'est le diable! ils béniraient presque les terroristes de Ben Laden de venir les sauver, s'ils n'avaient décidé d'en faire leurs ennemis.
LA « religion », LES « religions » : soi un singulier trompeusement unificateur, une catégorie abstraite aux contours flous et arbitraires et qui mériterait d'être remise en cause. D'autant plus qu'à partir de ce mot , qui n'est attesté que dans la modernité occidentale, la haine se trouve justifiée avec une facilité étonnante. Inutile de chercher à comprendre LE Christianisme, puisqu'au fond il n'est que la manifestation d'une essence plus universelle, tout en s'habillant de discours singuliers pour attirer les naïfs. Mais au nom de quoi ne pourrait-on pas dire que l'Etat est une religion, avec ses liturgies, ses fêtes, ses sacrifices humains justifiés par la raison d'Etat? Que la Libre Pensée n'est en pas une aussi? et le Grand Orient?
Écrit par : Blaise | 20/06/2008
> Pour offrir un élément de réponse à Blaise...
L'Arabie Saoudite veille sur la Mecque et Médine. Mais la dynastie saoudienne n'en est pas la gardienne légitime ! La légitimité revient à la dynastie qui fut expulsée... en Jordanie, actuelle gardienne de Jérusalem.
Les Saoudiens veulent détenir le leadership mondial de l'islam. Or la Jordanie a soutenu des initiatives particulièrement importantes et constructive : Message d'Amman, Lettre des 138...
Pour reprendre la main, l'Arabie Saoudite cherche donc à étouffer médiatiquement ces actions soutenues par une famille royale qui n'a pas eu la bienséance de disparaître définitivement.
Écrit par : Ren' | 20/06/2008
GIRARD
> Sur cette question de la violence et de la religion, il faut absolument lire "Des choses cachées depuis la fondation du Monde" (Mt 13,35 d'ailleurs) de R. Girard.
Avec une vigueur intellectuelle peu commune, il démontre:
1) que les religions sont en fait la manière pour les peuples de résoudre le problème de la violence
2) que les religions traditionnelles le font de manière imparfaite car la suppression de la violence est fondée sur un meurtre fondateur d'un coupable (le bouc émissaire). Une certaine violence est donc permise.
3) que seul le judéo christianisme refuse ce processus puisque le meurtre fondateur est celui d'un innocent.
4) qu'en retirant à l'homme les mythes, les interdits millénaires l'humanité se place au bord du précipice (elle prépare son autodestruction violente)
Prodigieux !
Écrit par : Ludovic | 20/06/2008
> Ceci dit, on peut, sans aucunement accuser les religions bien sûr, se poser la question d'autoriser un tournoi de basket interdit aux hommes.
Écrit par : Ludovic | 20/06/2008
UN REPROCHE À GIRARD
> J'ai lu ce livre de Girard. Passionnant! sa lecture de Nietzsche dans « La voix méconnue du réel » est aussi très instructive, et permet de réfléchir à ce qu'est la communion Chrétienne, ce que veut dire pour nous le sacrifice eucharistique.
Malgré tout, quant à parler de religion, je reste sceptique. Ce dont parle Girard -fidèle à Durkheim- c'est de l'organisation sociale. La distinction entre « religion » et « société » est au bout du compte inutile. Je reproche à Girard (malgré toute mon admiration) d'utiliser le terme « religion » avec une certaine candeur, sans chercher à interroger les présupposés qu'il cache. Et pourtant, s'il était fidèle à sa propre logique, il reconnaîtrait qu'il n'en a plus besoin.
Les premiers Chrétiens ne pensaient pas que le Christianisme était une religion, en tout cas dans le sens que ce mot a pris à l'époque moderne. Par contre, ils se sont pensés dès le début comme une Ekklesia, l'assemblée de l'Israël eschatologique. L'Eglise est la seule société qui permette à l'homme de s'extirper de la violence. Voilà le point fondamental.
Écrit par : Blaise | 20/06/2008
NOUVELLES IDOLES
1) A l’origine, l’Etat moderne est né des guerres de religion qui ont déchiré l’Europe, de la fin du XVI au début du XVIIe. Il prétendait apporter la paix, en ayant le monopole de la violence légitime. Un véritable mythe de l’Etat sauveur s’est construit à partir de cette époque.
2) L’Etat aussi résout la violence de manière imparfaite. Les crises régulières qui l’ont secoué, les révolutions, les guerres toujours plus totales en sont la preuve.
3) Enfin, les mythes n’ont pas disparu, ils se sont déplacés. L’Etat et la mondialisation ont leurs mythes. A partir de l’abbé Barruel, les mythes complotistes avec leur bouc émissaire ont connu un essor considérable. Pensez ne serait-ce qu’à la haine de la classe bourgeoise et des juifs qui ont conduit à des massacres conséquents.
Modérons la conviction de Girard. Elle n’est pas complètement fausse. Elle est même assez convaincante. Toutefois, constatons que la modernité correspond également à un développement des mythes. Car de nouvelles idoles ont fait leur apparition.
Écrit par : Blaise | 20/06/2008
MAIS POURQUOI PAS ?
> Et sur le fond du problème, pourquoi les femmes (et aussi les hommes d'ailleurs) ne pourraient pas de temps en temps avoir des espaces réservés où l'autre sexe n'est pas là pour le regarder avec convoitise ? Je pose la question, parce que j'ai des souvenirs de séances de piscine mixtes, au collège. C'est l'âge bête, et certains jeunes un peu complexés en ont été traumatisés ! Je ne me leurre pas : la non-mixité ne résoud pas tout. Mais de temps en temps, ça fait du bien !
Pourquoi toujours mettre la religion sur le tapis, quand sa présence n'est que fortuite ? (Et je repense ici à la question de l'annulation récente d'un mariage...)
Certaines questions ne sont pas réservées au domaine religieux !
Pema S
[ De PP à P. - Je partage votre avis. L'affaire de l'Essonne cache un tacle politicien du PS à l'UMP, mais ce tacle joue - subliminalement - sur l'obsession sexuelle qui forme le fond de l'air du temps. Sinon pourquoi interdire à des femmes d'avoir des activités réservées aux femmes ? (Cette obsession de mixité hétérosexuelle est du reste comique, eu égard à l'approbation donnée par ailleurs à la "communauté homosexuelle", qui se définit précisément par la non-mixité. Enfin bon). ]
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Écrit par : Pema S | 20/06/2008
BOUSBIR
> L'autre fond du problème, c'est que les Parisiens excités qui pétitionnaient pour l'immigration sans limites en 1994, s'aperçoivent en 2008 que ces immigrés sont musulmans et tiennent à le rester. Voire le sont de plus en plus, par mépris envers le bousbir ambiant. Alors surexcitation en sens inverse ! On somme l'islam de cesser d'être islam, pour regagner l'estime de Caroline Fourest... Mais l'islam s'en fout. On le comprend.
Écrit par : Baladar | 20/06/2008
AMBIANCE
> Blaise parle de Guillebaud et Ludovic de Girard. Justement, en rapport avec notre sujet sur haine de la religion, Guillebaud, dans "Comment je suis redevenu chrétien" rend hommage à Girard en disant qu'il sait que ce n'est pas politiquement correct. Eh oui,les laïcistes haineux, qui osent se réclamer de la tolérance (et encore tolérance n'est pas pleine acceptation, p.e. le statut de dhimmi est une tolérance) et de l'amour n'ont même pas la capacité de lire quelques pages de Girard. Il leur suffit de savoir qu'il s'agit d'un grand intellectuel chrétien, et les voilà sur lui pour le ridiculiser ! J'ai déjà vu une interview où on semblait vouloir le piéger sur l'Apocalypse (à propos de son ouvrage "Achever Clausewitz").
Si on estime que Tincq est un antilaïque, alors c'est normal de prendre Girard pour un fanatique !
C. Hondelatte avait été déplacé de son journal sur France 2 paraît-il pour des motifs religieux, car on l'aurait accusé de défendre le christianisme aux infos ... !!! Le chrétien le plus tiède risquerait de se faire bannir pour délit d'antilaïcisme !
J'ai assisté à un colloque où une personne de l'assistance, membre d'une association laïcarde, expliquait qu'elle respectait la religion ... tant que le croyait ne cherchait pas à convertir les autres. Elle expliquait que dans son association, il y avait même un prêtre opposé à l'événgélisation. C'était même, selon elle, la preuve de l'ouverture intellectuelle de son groupe !!!
Écrit par : Jean | 20/06/2008
ATTENTIFS
> Le livre "Frère Tariq" ne me semble pourtant pas dénué d'intelligence. Il me semble que l'Europe, avec la France, dort face à la montée de l'Islam. Des amis chrétiens qui vivent en pays musulmans nous y rendent toutefois attentifs. Mais si on ose le dire ici, on risque de se faire taxer "'d'américain".
Domionique Rimaz
[ De PP à DR - Non, Monsieur l'abbé, nous il n'y a pas de bushisme dans le fait d'être lucide envers le danger islamiste. En revanche, il y en aurait si l'on refusait d'entendre le pape et les évêques catholiques, qui prônent le dialogue et l'ouverture réciproque. Ce qui ne veut pas dire : "dialogue et ouverture réciproque sont faciles à établir", mais : "on sortirait du christianisme si l'on s'enfermait nous aussi dans une attitude de guerre sainte"... Vous le savez mieux que nous: être catholique veut dire tenir les deux bouts de la chaîne, et ne pas se laisser manipuler par les pouvoirs séculiers. Même américains.
Quand Washington déclenchera sa guerre fatale contre l'Iran, soyez assuré que le Saint-Siège la condamnera, comme il a déjà condamné les deux guerres contre l'Irak... Et ce jour-là, mieux vaudra être avec Rome qu'avec le Pentagone. ]
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Écrit par : dominique rimaz | 21/06/2008
EN VRAC
> Non, non et non, trois fois non à un match de basket entre corréligonnaires de sexe féminin. Il est important de rappeler des choses simples.
Nous sommes loin dans cette manifestation d'une activité entre gens d'un même sexe.
Oui, a des moments de non mixité, même dans l'espace scolaire.
Oui à des moments de non mixité tout court, librement choisis.
Bien sûr !
Non à l'amalgame entre religions, Mme Fourest.
Non, chers commentateurs, la laïcité ne se réduit pas à des laïcistes ou des laïcards, il ne faut pas faire à la laïcité le même procès qu'on reproche d'intenter à l'Islam.
Voyez cette tendance à voir midi à sa porte !
L'Islam ne se réduit pas à l'islamisme, de même la laïcité ne se résume pas au laïcisme.
Sur la potentielle intolérance religieuse, je vous prie de relire la déclaration de Mgr Hippolyte.
Je considère que la crainte de la violence religieuse est toujours valable même si "violence religieuse" ne relève ni d'un pléonasme ni d'une exclusivité, même si le XXè siècle nous a appris à voir la violence profondément enracinée dans le coeur des hommes, sous toutes latitudes.
Mais ce qui fait l'exclusivité des messages religieux, c'est l'intolérance au nom d'un VRAI transcendant.
Ces VRAIS, créateurs d'INTIMES convictions qui ne se discutent pas.
Croyant dans le message religieux chrétien, je sais que je suis porteur de ce risque.
Non, l'Institution catholique n'eut pas toujours la candeur de l'Ekklesia des premiers temps.
La route est longue vers un dialogue apaisé entre croyant et athée. Il nous faut accepter l'un et l'autre de se regarder à partir de deux Absurdes, au sens littéraire du terme.
Absurde la Foi en Dieu, me dira un athée !
Absurde l'idée d'être traversé par l'aiguillon de la Mort, lui répondrai-je !
Merci René GIRARD pour vos travaux lumineux (préférez d'ailleurs "La violence et le sacré" à "Des choses cachées....").
Et plus laïque que moi, tu meurs !
Et naviguez un peu dans les milieux du théâtre et de certains intellectuels de l'éducation (Charlot, Descomps) et vous y trouverez des références à ses travaux.
Grâce au sacrifice de Dieu fait homme, la création de mythes s'est affadie, et ceux que la société actuelle crée encore ne sont qu'un pâle reflet de leurs ancêtres pré-chrétiens.
La machine à créer des mythes est cassée, réjouissons-nous en tout en sachant que notre possibilité de ne pas arriver à juguler par eux "l'emballement mimétique" et son funeste dénouement devient plus grande !
Oui, la spécificité de l'Islam dont nous devons être conscient au moment d'entamer un dialogue est l'impossibilité de remettre en cause les prescriptions de la sharia, loi d'ALLAH, prescriptions valables pour l'éternité et justifiées par la sagesse d'ALLAH qui n'est pas soumise à l'air du temps et à la faiblesse du coeur des hommes.
Traduction de Kasimirski : "Ceux qui ne jugeront pas conformément à la vérité que Dieu a fait descendre d'en haut sont infidèles, ...impies,... impies. (sourate V, versets 48,49,51).
Et pour ceux qui pratiquent l'amalgame religieux, rappelons que le Christ a développé un discours moral, Mahomet un message juridique.
Soyons clairement conscient de nos différences !
Écrit par : sombre héros | 21/06/2008
A PEMA S:
> je suis assez d'accord avec vous. Au Moyen Age, par exemple, lors des bains dans les rivières, les garçons et les filles étaient séparés et l'Eglise à condamné les bains publics à cette époque justement car ils n'étaient plus séparés. Ce qui est intéressant dans cette histoire, de même dans celle du voile à l'école que j'ai vécu, c'est la remise en question de notre modèle matérialiste exhibitionniste soixante-huitard. Ce qui choque c'est, pour certain que ce soient des motifs religieux qui lancent ce débat, pour d'autres que ce soit l'Islam. Cette histoire remet en cause l'érotisation de notre société et la question des relations homme-femme dans cette même société. Egalité, séduction, soumission, compétition, partenariat,peur,...Quelles sont les relations que des hommes et des femmes peuvent avoir dans notre XXIe s commençant?
Écrit par : vf | 21/06/2008
LES VALEURS ?
> "Ce qui fait l'exclusivité des messages religieux, c'est l'intolérance au nom d'un VRAI transcendant", dites-vous... et encore : "Le Christ a développé un discours moral", dites-vous...
Je ne vous suivrai pas dans ces affirmations ; un dicours moral peut devenir idéologique et intolérant ; ce n'est pas le message du Christ.
Je suis frappé par la récurrence de l'expression : "pour lui transmettre les valeurs chrétiennes", "pour lui transmettre certaines valeurs morales" dans les déclarations d'intention des parents demandant le baptême pour leur enfant.
Cela me gêne à chaque fois et, sans juger quiconque, me paraît révéler une croyance plus "idéologique" qu'une foi en la personne du Christ Sauveur, une conception plus moralisante de notre religion plus qu'une foi vécue comme une libération.
Comme le dit la première lettre de St Pierre : "Vous le savez : ce qui vous a libérés de la vie sans but que vous meniez à la suite de vos pères, [...] c'est le sang précieux du Christ, l'Agneau sans défaut et sans tâche." (1 Pierre 18-19).
La foi chrétienne n'est pas un système de valeurs et ce n'est pas en prêchant une morale que nous convertirons qui que ce soit ! Ce dont crèvent nos contemporains, souvent sans le savoir, c'est d'une "vie sans but" comme dit la lettre de St Pierre ; et ce dont ils ont un besoin vital, c'est de sens et d'espérance !
C'est Nietzsche qui disait qu'il croirait si les chrétiens avaient un peu plus l'air "sauvés"...
Je suis tombé à ce propos sur ce magnifique texte du regretté Mgr Renaudin, qui fut curé de St Philippe du Roule à Paris, puis évêque de Pontoise, dans un livre-entretien avec J.F. Bouthors, paru il y a 6 ans chez Bayard :
- On parle pourtant volontiers des « valeurs chrétiennes ».
- Eh bien, pour parler net, cela m'inquiète un peu. Je ne voudrais pas que, quelle que soit la grandeur de ces valeurs, elles prennent la place de Dieu. Dieu seul est Dieu.
Même la liberté n'est pas Dieu, même la tolérance n'est pas Dieu, même la justice n'est pas Dieu, même la famille n'est pas Dieu.
Moi, comme évêque, je n'ai pas d'abord à défendre des valeurs, aussi grandioses soient-elles. Je souhaite bien sûr que nous partagions tous les valeurs qui découlent de notre foi en Dieu fait homme, mais comme je désire surtout que chacun rencontre personnellement Jésus !
Je dois annoncer Jésus. Parfois, je me demande si nous en sommes toujours persuadés. Si on prend les valeurs pour Dieu, le risque est grand de devenir idolâtre et intolérant. Le fanatisme n'est pas loin. De surcroît, les valeurs peuvent être celles d'une certaine époque, d'une certaine culture. Alors les autres, ceux qui ne s'y reconnaissent pas, qui sont-ils ? des barbares ?
J'insiste, nous annonçons tout autre chose. La Parole. Ni une doctrine, ni une morale, ni une philosophie.
Quelqu'un parle: l'Unique qui s'adresse à chacun de nous, qui nous appelle par notre nom, qui nous rejoint dans le secret de notre cœur et de notre vie.
Pour annoncer cette Parole qui a retenti un jour dans l'histoire, qui a pris un visage et une voix, qui est vivante, il faut d'abord l'écouter. Se soucier de son authenticité est nécessaire, mais cela ne suffit pas. Il faut encore la dire de façon telle que celui à qui elle s'adresse puisse l'entendre, afin d'être en mesure, s'il le veut, de lui répondre. Et cette Parole s'enrichira de sa réponse. Car la parole de l'homme qui écoute, entend et répond à la Parole de Dieu, fait partie de la Parole de Dieu.
Mgr Hervé Renaudin, évêque de Pontoise,
décédé le 18 janvier 2003
Écrit par : Michel de Guibert | 22/06/2008
L'EGLISE, CORPS DU CHRIST
> à Sombre héros - Vous postulez que « ce qui fait l'exclusivité des messages religieux, c'est l'intolérance au nom d'un VRAI transcendant. » J’ai expliqué plus haut pourquoi parler de « religion » était problématique. La « religion » est une case dans laquelle vous pouvez mettre arbitrairement ce que vous voulez.
Vous parlez de « transcendance ». Bien que moins ambigu, ce mot est excessivement vague. Guitton, dans son « Testament Philosophique », a d’ailleurs montré, avec toute son ironie, que lorsque l’on décide de se passer du Dieu chrétien, inévitablement un autre absolu lui est substitué. Tresmontant n’a pas dit autre chose lorsqu’il dialoguait avec les athées au sujet de l’existence de Dieu. Son humour est décapant. A notre époque, Cavanaugh, et plus largement les théologiens de Radical Orthodoxy, ont fait la critique de cette croyance en une soi disant désacralisation du monde. Ils ont montré que la modernité était loin d’être quelque chose de neutre, et qu’elle avait sa métaphysique propre, concurrente de la foi chrétienne. Par conséquent, une distinction tranchée entre les « religieux » et les athées ou les agnostiques n’est pas pertinente.
De plus, les mythes se portent bien, comme je le disais plus haut, ainsi que les rituels. Ils nous entourent, ils sont partout. Mais je rejoins tout de même le diagnostic de René Girard : des mythes tels que ceux de l’antiquité, ou semblables aux récits amérindiens, il n’y en aura plus. Désormais, comme le montre Girard dans « Le Bouc Emissaire », le processus de recouvrement de la vérité ne peut s’accomplir entièrement. On en reste aux récits de persécution. D’ailleurs nous voyons bien que, contrairement à la violence régulée des anciennes sociétés, le déchaînement de la violence est de plus en plus difficile à canaliser.
Enfin, je ne puis que m’opposer à votre affirmation :
« Non, l'Institution catholique n'eut pas toujours la candeur de l'Ekklesia des premiers temps. »
car dans le Credo, nous récitons :
« Je crois en l’Eglise … sainte. »
L’Eglise est sainte. Comment pourrait-il en être autrement puisqu’elle est le Corps du Christ ? l’Eglise est sainte mais les hommes qui la composent sont des pécheurs. Il faut tenir les deux bouts. Et les premiers chrétiens étaient des pécheurs comme nous.
Donc je maintiens ce que j’ai dit plus haut, c’est dans et par l’Eglise que nous apprenons vraiment ce que c’est qu’être image de Dieu. Hors de l’Eglise, l’humanité est défigurée. Ce qui n’exclut pas évidemment que certaines personnes, qui refusent le Christ, soient au bout du compte plus proche de lui que bien des Chrétiens.
Écrit par : Blaise | 23/06/2008
ENJEUX REELS
> Ce match de basket nous a donné une des discussion des plus intéressantes qui soient ! Merci à tous.
Pour en revenir à la question initiale, je ne suis pas encore convaincu de ce que j'ai pu lire. Comme Sombre heros, je ne suis pas sûr que la question ait bien été posée. Je ne pense pas que le problème vienne en l'occurence de l'obsession de la mixité. Le problème aurait pu se poser si la manifestation n'avait été autorisé qu'au musulman par exemple. Quelles sont les raisons invoquées pour réduire à ce point le public ? Quel sont les enjeux réel d'une telle manifestation ?
Écrit par : Ludovic | 23/06/2008
POINT PAR POINT
A Michel de Guibert
> Si l'occasion m'en était donné, je répondrais à Mgr Renaudin qu'il faut faire grandement attention de ne pas trop désincarner Dieu pour mieux laisser la place à son fils !
"Même la liberté n'est pas Dieu, même la tolérance n'est pas Dieu, même la justice n'est pas Dieu, même la famille n'est pas Dieu. "Dieu seul est Dieu" dit-il. Vous m'obligez à faire une analogie entre la position de cet évêque et l'orthodoxie musulmane : Tout comme Mgr Renaudin, les orthodoxes musulmans disent : Allah est miséricordieux, Allah est compensateur, Allah est savant, Allah est juste,… et ils l'ont ainsi doté de 99 attributs, mais attention Allah n'a rien à voir avec ces attributs !
Dans l'orthodoxie musulmane, malheur à celui qui identifie Allah et ses attributs, il commet le péché (suprême) d'anthropomorphisme et court le risque d'être accusé d'associationnisme.
Allah "le plus grand", si lointain, si incompréhensible se télescope durement dans ma tête avec le "Dieu seul est Dieu" de Mgr Renaudin qui fait très ancien testament.
N'oublions pas que Le Christ est Dieu aussi, il s'est incarné et son Verbe donne de la chair à sa Parole.
Forcément cette Parole (articulée en sublimes sentences) va se décliner en actes ! Comment peut-il en être autrement ?
Ecoutez entre autres :
"Tendez l'autre joue"
"Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé !"
"Que celui qui n'a jamais péché…"
"les premiers seront les derniers"
Et j'en passe bien sûr.
Alors, conduite ? morale ? Quelque nom que vous lui donniez, ces mots sont les fruits de l'écoute de la Parole que l'on doit mettre en actes avec le risque de tomber dans l'idéologie. (J'en parle plus haut en disant que je suis conscient d'être moi-même porteur de ce risque).
Y a t-il risque d'idolâtrie dans le désir de parents s'exprimant devant les fonds baptismaux ? Certes c'est possible, le risque de "l'idéologisation" rampante dans tout cœur humain est présent mais faut-il pour autant réduire le prêche chrétien à une rencontre, une Parole ?
Pour moi, liberté, tolérance, justice, famille, etc ne deviendraient plus que des idoles dans la seule mesure où l'on n'aurait évacué l'idée de Dieu au nom d'une hystérie collective guidée par l'émotion.
Et là, je hume de nouveau les travaux de René Girard.
Toutes nos valeurs seront des coussins de bulles si l'on place le souffle de l'Esprit-Saint entre chacune de leurs lettres.
Voilà le seul trait d'union.
Écrit par : sombre héros | 24/06/2008
A BLAISE ET LUDOVIC
> je souhaite vraiment poursuivre l'échange mais...
il se fait très tard, j'essaierai de préciser ma position demain.
Bonne nuit à tous, c'est en effet passionnant.
Cependant, pour continuer 5 mn avec Michel De Guibert, dont je viens de relire le début du message, je suis entièrement d'accord avec lui pour dire que le message du Christ n'est pas une morale en lui-même mais que PAR NATURE, et même s'il est au plus prêt du VERBE, l'Homme est obligé de décliner sa Parole en quelque chose qui relève de ... la morale, ... une conduite de vie, ... une éthique, ...la plus subtile fut-elle.
Coussin de bulles.
Écrit par : sombre héros | 24/06/2008
A SOMBRE HEROS
> Vous voyez une analogie avec les musulmans dans le propos de Mgr Renaudin et le refus d'identifier Dieu avec ses attributs, mais bien avant les musulmans, cette approche de la théologie qui consiste à insister plus sur ce que Dieu n’est pas que sur ce que Dieu est était défendue par St Jean Chrysostome ("Sur l'incompréhensibilité de Dieu") ; c'est ce que l'on a appelé la "théologie négative" ou "apophatique".
Bien sûr le chrétien doit mettre la Parole en actes, mais c'est la Parole qui est première et fonde notre agir.
C'est bien cette Parole que nous devons garder et qui est la Lumière sur notre route.
Écrit par : Michel de Guibert | 24/06/2008
Polémique autour d'un crucifix en Isère
Source : AFP 24/06/2008
" Un musulman a obtenu après l'avoir exigé de façon véhémente le retrait d'un crucifix accroché au mur de la chambre de sa fille soignée dans une clinique catholique de Bourgoin-Jallieu (Isère), indique le Dauphiné libéré dans son édition de mercredi.
Lundi en fin d'après midi, à la clinique Saint-Vincent de Paul, le père d'une petite fille, qui venait de subir une intervention chirurgicale programmée, a demandé que le personnel décroche un crucifix de la chambre de sa fille. "Pendant près d'un quart d'heure, le père en présence de son épouse s'est emporté verbalement, exigeant que le crucifix soit décroché", a raconté un témoin, cité par le Dauphiné libéré. Le personnel de l'établissement a finalement cédé à cette exigence.
La direction de la clinique a exprimé son étonnement. La directrice de la clinique, Marie-Thérèse Besson, a déclaré au Dauphiné libéré que cette demande était "surprenante de la part d'une famille qui a choisi librement notre établissement".
"Quand les gens choisissent d'être soignés dans notre établissement (...) ils savent qu'ils sont dans une maternité catholique", a ajouté Mme Besson."
Écrit par : L'affaire du crucifix | 26/06/2008
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