Benoît XVI : du bon emploi de la laïcité, et de l’urgence de modifier l’attitude des Etats-Unis envers le reste du monde

Il faut lire la déclaration du pape sans lunettes déformantes :

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À lire certains comptes rendus, on a l’impression que Benoît XVI vient de décerner un brevet d'excellence aux USA dans leur totalité. C’est mutiler le texte de sa déclaration d'avant-hier, et désinformer les lecteurs sur la pensée du pape.  En effet, reprenons la dépêche originelle (je souligne en gras les passages à ne pas escamoter) :

 

<<  Les Etats-Unis sont un grand pays "édifié sur la base d'une heureuse alliance entre principes religieux, éthiques et politiques", a estimé le chef de l'Eglise catholique. Cela constitue "un exemple de saine laïcité où la dimension religieuse, dans la diversité de ses expressions, est non seulement tolérée mais valorisée comme âme de la nation et garantie fondamentale des droits et des devoirs de l'homme", a-t-il expliqué.

Le pape s'est félicité que "dans un tel contexte l'Eglise (puisse) mener librement sa mission d'évangélisation et de promotion humaine, ainsi que de conscience critique, contribuant à la construction d'une société digne de la personne humaine".

L'Eglise catholique peut ainsi "stimuler les Etats-Unis, que tous regardent comme un des principaux acteurs de la scène internationale, à agir pour la solidarité globale toujours plus nécessaire et pour l'exercice patient du dialogue dans les relations internationales", a-t-il encore affirmé. >>

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Le pape pèse ses mots : chaque ligne compte, rien n’est dit au hasard. Tout doit être pris en considération. Loin d’être un satisfecit, sa déclaration a un sens sévère : s’il faut "stimuler"  Washington à agir pour "la solidarité" et "l’exercice patient du dialogue", c’est parce que Washington  ne donne pas satisfaction dans ce domaine ! (Comme disait un philologue étymologiste : s’il faut, c’est que ça manque)*. Qui doit "stimuler " les dirigeants américains ? L’Eglise, dit le pape. Et c’est dans cette perspective qu’il souligne que la place du religieux dans la société américaine donne à l’Eglise les mains libres : l'Eglise peut ainsi exhorter Washington à mieux se conduire dans le monde.

Je lis ici ou là que, par comparaison avec les USA, la liberté de l’Eglise est moins forte en France. Mais de là à tordre le raisonnement de Benoît XVI pour lui faire dire cela (alors qu'il parlait d'autre chose)...

Par ailleurs, est-il sûr que la liberté de l’Eglise soit opprimée en France ?

Certes il y a de la malveillance dans les médias ;  la malveillance n’a jamais tué personne.

Bien entendu les lois françaises vont dans un sens qui n’est pas celui de la vision chrétienne ; mais si l’on regarde les Etats-Unis sans aveuglement extatique, on constate que les nouvelles mœurs – qui y sont nées ! – y prospèrent joyeusement. L’Amérique du Nord n’est pas la "terre bénie du christianisme". C’est seulement un pays où le relativisme fonctionne aussi au bénéfice des religions (toutes les religions), alors qu’en France il fonctionne à leur détriment.

Et les USA sont un pays où les croyants ne sont pas dépressifs…  Sous ce rapport, les Français ont effectivement des leçons à prendre.

 

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(*)  Rappelons à la droite française que la politique internationale US, depuis Bush I, a été constamment critiquée par le Saint-Siège.

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